Illustration : cette photo représente le paquebot allemand Bremen. Contrairement aux autres paquebots présentés ici, ce jouet des années trente a été produit pendant l’existence réelle de ce paquebot.
Le ruban bleu
De quoi s’agit-il ? Aux 19ème et 20ème siècle, plusieurs nations occidentales se sont affrontées pour remporter la course du navire le plus rapide pour la traversée de l’Océan Atlantique Nord. L’enjeu de celle-ci mêlait à la fois le prestige national des nations engagées et les intérêts commerciaux des compagnies de navigation qui affrétaient leurs navires.
Cette compétition reste toujours ouverte aujourd’hui mais n’a plus vraiment de raison d’être pour deux raisons essentielles. En effet, l’essor de l’aviation a remplacé les déplacements en paquebots sur les océans et les avions sont évidemment infiniment plus rapides dans le ciel que les navires sur les mers. Aujourd’hui, on ne traverse plus l’Atlantique en paquebot par nécessité mais par plaisir et donc plus rien ne presse.
Le ruban bleu est une compétition de vitesse qui a accompagné le développement des paquebots à vapeur qui étaient non seulement plus rapides que la plupart des voiliers mais qui, surtout, ne dépendaient pas du bon vouloir du vent qui, comme chacun sait, est une énergie intermittente. Dès lors, il fut possible également de prévoir avec une assez grande précision le temps de parcours nécessaire pour traverser l’océan et approvisionner en conséquence les navires, d’abord au charbon et ensuite, plus tard, au gas-oil. Mais également assurer avec précision l’approvisionnement en nourriture nécessaire à la survie des équipages et passagers durant la traversée.
Cette « bataille » de paquebots transatlantiques s’est jouée sur une période de 114 ans entre 1838 et 1952. Après cette date, plus aucun paquebot n’a cherché à reprendre le ruban bleu qui a finalement été repris par quelques catamarans dont la conception et capacité en passagers ne peut être comparée à celle des paquebots.
Durant ces 114 années, cinq nations se sont disputées et attribuées le ruban bleu. Il s’agit respectivement des Anglais, des Américains, des Allemands, des Italiens et des Français. La compétition se joue également en deux volets. Celui du navire le plus rapide sur la traversée Est/Ouest et du plus rapide dans le sens inverse Ouest/Est.
Dans le sens Est/Ouest, les Anglais ont remporté la mise 43 fois, les Allemands 9 fois, les Américains 4 fois, les Français 2 fois et les Italiens une fois.
Dans le sens Ouest/Est, les Anglais 45 fois, les Allemands 8 fois, les Américains 3 fois, les Français 3 fois. Exit les Italiens.
Toutefois, l’Italien Rex est le premier à avoir reçu en 1933 le trophée Hales réalisé alors seulement pour célébrer le ruban bleu du paquebot le plus rapide. Trophée qu’il a dû transmettre en 1935 au paquebot français Normandie, qui l’a cédé après une bataille acharnée au Queen Mary en 1938, qui s’est finalement incliné devant l’américain United States en 1952, dernier paquebot ayant remporté le trophée à ce jour.
Voici un lien détaillé qui vous conte cette épopée mémorable de temps désormais révolus mais qui ont marqué la grandeur de nos nations occidentales :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ruban_bleu
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L’Oncle John possède une collection de plus de 80 paquebots (tous du XXème siècle) et est en mesure de vous en présenter huit des cinq nations qui se sont disputé le ruban bleu au siècle passé. Il s’agit respectivement des Anglais Lusitania, Mauretania et Queen Mary. Des Allemands Bremen et Europa, de l’Italien Rex, du Français Normandie et de l’Américain United States. Tous ces modèles réduits (sauf celui d’illustration en tête d’article) sont réalisés en métal à l’échelle du 1/1250ème. Le modèle d’illustration en tête d’article représente le paquebot allemand Bremen. Ce jouet en tôle de 35 Cm de long de la firme CKO Kellerman a été réalisé dans les années trente durant l’existence réelle de ce paquebot.
Sur la photo qui suit, l’Oncle John les a classés de gauche à droite dans l’ordre chronologique de leurs exploits : Lusitania, Mauretania, Bremen, Europa, Rex, Normandie, Queen Mary, United States.
Le Lusitania : Ce paquebot, véritable lévrier des mers au début du XXème siècle a connut un destin funeste. Torpillé par un sous-marin allemand le 7 mai 1915, son naufrage contribua à l’entrée en guerre des Etats-Unis contre l’Allemagne en 1917 :
Lusitania : https://fr.wikipedia.org/wiki/RMS_Lusitania
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Le Mauretania : Ce paquebot, sister ship du Lusitania, détient l’honneur d’avoir conservé le ruban bleu le plus longtemps. En effet, il est resté invaincu sur l’Atlantique Nord pendant vingt ans, de 1909 à 1929 :
Mauretania : https://fr.wikipedia.org/wiki/RMS_Mauretania_(1906)
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Le Bremen : Ce paquebot allemand a ravi le ruban bleu au Mauretania en 1929 et a fini sa carrière incendié suite à un sabotage le 16 mars 1941 :
Bremen : https://fr.wikipedia.org/wiki/SS_Bremen
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L’Europa : Ce paquebot allemand, sister ship du Bremen, a connu une carrière honorable pendant une trentaine d’années. Après la guerre il fut cédé à la France comme dommage de guerre et en remplacement du malheureux Normandie. Complètement refondu, il fut le navire amiral de la Transat jusqu’au lancement du France qui prit sa relève en 1962 :
Europa : https://fr.wikipedia.org/wiki/SS_Europa
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Le Rex : Fierté du régime fasciste, le Rex fut le plus gros (en tonnage) et plus rapide paquebot italien du XXème siècle. Bombardé et incendié par la RAF en septembre 1944, il fut victime, comme son rival français le Normandie, des aléas de la guerre :
Rex : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rex_(paquebot)
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Le Normandie : Le Normandie reste probablement à ce jour le plus majestueux et le plus luxueux paquebot jamais construit (en tout cas aux yeux de l’Oncle John). Le modèle qui vous est présenté ici a été réalisé par la firme allemande Mercator (ainsi que le Lusitania, Mauretania et Rex qui vous sont présentés ici).
Le Queen Mary : Ce célèbre paquebot qui a remarquablement contribué à l’effort de guerre comme transport de troupes, est le seul qui a été dignement préservé et qui existe toujours aujourd’hui ainsi que le United States qui lui, hélas, est laissé à l’abandon et pratiquement réduit à l’état d’épave. Ces deux modèles réduits sont des reproductions de la firme anglaise Tri Ang et ont été réalisés par celle-ci entre 1958 et 1964. L’Oncle John a complètement restauré son Queen Mary et l’a amélioré et repeint comme le vrai suivant la documentation disponible.
Queen Mary : https://fr.wikipedia.org/wiki/Queen_Mary
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Le United States : Ce paquebot fut le dernier et le plus rapide (de loin) de tous les paquebots participants à la course transatlantique. Malheureusement, il est aujourd’hui abandonné et dans un triste état. L’Oncle John craint fort qu’il ne finisse par subir le même sort, malgré son nom qui incarne ses origines, que le regretté paquebot France :
United States : https://fr.wikipedia.org/wiki/United_States_(paquebot)
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Finalement, la seule nation qui veille sérieusement à la préservation de son patrimoine maritime semble être la Grande Bretagne. C’est aussi elle qui conserve à ce jour le plus glorieux passé sur les mers du globe à en juger tant dans le domaine civil que militaire. Enfin, curieusement, en étudiant l’histoire des grand paquebots, l’Oncle John a remarqué qu’un grand nombre d’entre eux n’ont pas été détruits ou engloutis dans la mer mais sont partis en fumée dans des incendies. Et la liste est longue des paquebots qui ont brûlé…
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@ bm77. C’est vrai, mais le Titanic était conçu plus pour le luxe que pour la vitesse. Il aurait été incapable, de par sa conception, à pouvoir se mesurer au Lusitania et Mauretania contemporains, plus petits, mais beaucoup plus rapides. Du reste, son sister ship, l’Olympic (qui a navigué jusqu’en 1935), n’a jamais réussi à battre de vitesse le Mauretania. Ce dernier a conservé son record jusqu’en 1929 avant de se voir détrôné par l’allemand Bremen. C’est une légende qui veut nous faire croire que le Titanic, lors de sa première et dernière traversée, a cherché à battre un record de vitesse. Et les légendes ont la vie dure …
Bonjour oncle John , le Titanic, lui ,n’a pas eu le temps de se confronter à ses concurrents !
Philippe DANJOU du 26 octobre 2020 à 9 h 24 min
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Merci Philippe de ton très beau reportage photo. Je l’ai dévoré avec beaucoup de nostalgie de ces paquebots qui faisaient vivre dans un autre monde le temps d’une traversée.
Un monde feutré, sans soucis, confortable,
Que de nostalgie, de nostalgie…
Oncle John a encore frappé très fort ! Que de choses j’ai apprises en lisant son article, que j’ignorais et qui sont tellement passionnantes !
Un grand merci à l’Oncle John.
@ Philippe DANJOU. Merci Philippe. Le paquebot Ile de France fera aussi l’objet d’une présentation de l’Oncle John dans le futur. Je signale que ce paquebot est très difficile à dénicher en miniature. Sur les 80 paquebots de l’Oncle John, c’est celui qui a été le plus difficile à obtenir. La firme allemande Mercator l’a produit en version avant-guerre à trois cheminées et après guerre à deux cheminées.
Le paquebot Ile De France de la compagnie Transat a également participé à cette compétition. Une exposition lui a été consacrée en 2019 par ma ville de Boulogne Billancourt.
J’ai réalisé un reportage photo qui a été mus en ligne sur Youtube:
https://youtu.be/SkF4li0vFbY