Qu’est-ce que Mers el-Kébir ? Que s’y est-il passé ?
1) Géographiquement, qu’est-ce que Mers el-Kébir ?
Mers El Kébir, c’était une charmante petite ville portuaire d’environ 16 000 habitants le long de la mer Méditerranée en Algérie, dans le nord-africain et située sur le golfe d’Oran. Du temps de la présence française, les Kébiriens étaient heureux de vivre dans cette ville qui leur donnait tout ce dont ils avaient besoin.
Dans quel état est désormais cette charmante petite bourgade ? Je n’en sais rien. En effet, la dégradation de l’Algérie et de toutes ses villes sont telles, qu’on ne peut plus affirmer qu’il fait toujours bon vivre dans ces villes comme cela était le cas du temps de la présence française (hum, je ne vais, peut-être, pas me faire que des amis…). Toujours est-il qu’elle abritait, et abrite toujours, la principale base navale algérienne.
2) Que s’est-il passé à Mers el-Kébir pour en parler ?
Un évènement dramatique. Le 3 juillet 1940, la Royal Navy (donc, la flotte anglaise comme tout le monde le sait) ouvre le feu, sur ordre de Churchill, sur la flotte française présente dans la rade nord-africaine. Cette attaque n’est pas sans conséquence, puisqu’outre le fait de détruire presque tous les bâtiments de la flotte militaire française présents sur place, elle provoqua la mort de 1.297 marins français et en en blessant 350. Ce n’est pas rien.
Le Premier ministre britannique Winston Churchill manifeste ainsi sa détermination à poursuivre la guerre envers et contre tout, mais c’est au prix d’une rupture sanglante avec son ancien allié français.
3) L’Opération Catapult
a) Signature de l’armistice du 22/06/1940 et sort de la marine française
L’essentiel de la flotte française, à l’époque très réputée et puissante, se trouvait principalement dans deux endroits : la rade de Toulon et celle de Mers el-Kébir.
Au début de la seconde guerre mondiale, un armistice est signé en forêt de Compiègne à Rethondes le 22/06/1940 entre le Troisième Reich allemand et le gouvernement français de Philippe Pétain pour mettre fin aux hostilités ouvertes par la déclaration de guerre de la France envers l’Allemagne le 3 septembre 1939.
Le gouvernement allemand déclare solennellement, par l’article 8 du texte de l’armistice, au Gouvernement français qu’il n’a pas l’intention d’utiliser pendant la guerre, à ses propres fins, la flotte de guerre française stationnée dans les ports sous contrôle allemand, sauf les unités nécessaires à la surveillance des côtes et au dragage des mines. Sa promesse n’a pas duré longtemps comme on va le voir ci-dessous !
b) Que pense Churchill de cet accord ?
Pas beaucoup de bien ! D’abord, parce qu’il pense qu’un gouvernement comme celui de Vichy qui a signé des accords de collaboration avec l’occupant à changé de bord, et ne fait plus partie des alliés durant la guerre. Certes, au début de la guerre, la France faisait partie des alliés, mais pour Churchill après cette collaboration officielle avec l’Allemagne d’Hitler, la France a changé de camp et fait désormais partie des ennemis. Et ça change tout !
Puis, Churchill et les Britanniques étaient très inquiets car ils ne faisaient évidemment pas confiance à la parole d’Hitler. Il ne faut pas oublier, qu’à l’époque, la flotte française, était la deuxième du monde, puissante et moderne. Ainsi, si elle tombait entre les mains des nazis, la Grande-Bretagne, affaiblie et isolée, qui ne comptait plus que sur la Royal Navy et sur ses jeunes pilotes de chasse, se trouvait dans une situation critique.
Churchill lance donc l’Opération Catapult qui comporte tous les éléments suivants.
c) Quelle différence entre la marine française de Mers el Kébir et de Toulon et les autres ports d’attaches ?
De part l’armistice signé le 22/06/1940 en son Article 8, les bateaux de la marine française mouillant dans leurs ports d’attaches, où n’importe quels autres ports français en métropole, dont principalement la rade de Toulon, ont l’obligation de rester immobile. Ils doivent être désarmés et désamorcés sous contrôle allemand ou italien. Ils sont donc rendus totalement immobiles et incapables de faire feu.
Dans les autres ports français où étrangers qui ne sont pas sous contrôle allemand ou italien, comme Mers el-Kébir, Alexandrie en Égypte ou Dakar au Sénégal les navires peuvent avoir la liberté de mouvement qu’ils souhaitent.
d) L’ultimatum
Churchill voulait coûte que coûte que les bateaux français ne tombent pas aux mains des Allemands. Ceux de la rade de Toulon étaient déjà coincés et le gouvernement collaborateur de Vichy aurait empêché toute action anglaise. Churchill a donc renoncé à bombarder ces bateaux.
Pour Mers el-Kébir Churchill a missionnée l’amiral Sir James Somerville, basé à Gibraltar, de s’y rendre avec une puissante flotte britannique (la force H).
L’amiral Sir James Somerville n’était quand même pas très chaud, le pauvre, d’aller, éventuellement, massacrer une flotte qui était son allié quelques mois plus tôt. Mais les ordres sont les ordres !
Il a essayé d’établir une négociation avec les amiraux français. Pour cela, il envoie un plénipotentiaire (diplomate qui a les pouvoirs pour l’accomplissement d’une mission), le capitaine à l’époque Cedric Holland.
Le capitaine Cedric Holland rencontre le vice-amiral Gensoul, commandant l’escadre mouillant à Mers el-Kébir.
Les anglais proposent au vice-amiral Gensoul un ultimatum expirant dans les 6 heures avec quatre options, à choisir l’une d’entre elles :
– se rallier à la Royal Navy
– aller aux Antilles pour désarmer les bâtiments
– se déplacer sous bonne escorte vers un port britannique
– se saborder
Le vice-amiral Gensoul informe sa hiérarchie, notamment l’amiral Darlan grand patron de la marine française, de l’ultimatum imposé par les Anglais. Après consultations entre eux des hautes autorités de la marine française, l’ultimatum et les propositions anglaises sont rejetées dans leur totalité.
e) L’attaque
Churchill décide donc de déclencher l’opération Catapult. Il ordonne à ses bateaux de bombarder la flotte française se trouvant dans la rade de Mers el-Kébir. Les amiraux anglais ont obéi mais étaient très mal à l’aise de bombarder, non plus des alliés de par la collaboration de Vichy, mais des anciens alliés du début de la guerre.
Le 3 juillet 1940, la Royal Navy attaque la flotte française amarrée dans la rade nord-africaine de Mers el-Kébir, près d’Oran ouvrant le feu à 16 h 57. À 17 h 15 tout était terminé. Trente-six salves, soixante-trois tonnes d’acier et d’explosifs avaient déchiqueté dans la rade de Mers-El-Kébir (Algérie) une flotte à l’ancre, incapable de répliquer avec ses canons tournés vers la côte : Dunkerque, Strasbourg, Provence, Bretagne, ainsi que de 15 torpilleurs, 6 sous-marins etc. Coulé à la troisième minute du combat, le Bretagne entraîne 977 marins français dans la mort. Les avions anglais reviennent à la charge le 6 juillet et endommagent gravement le Dunkerque.
Bilan total de cette attaque : 1 297 tués (dont 977 à bord du cuirassé Bretagne) et 350 blessés chez les marins français.
f) Poursuite de l’opération Catapult
L’Opération Catapult se déroule également en Angleterre. Le 2 juillet 1940, des officiers britanniques montent à bord, de force, des navires français amarrés dans leurs ports, à Portsmouth et Plymouth afin de les neutraliser pour qu’ils ne rejoignent pas la France au cas où Vichy en donnerait l’ordre.
Elle se déroule également à Alexandrie en Égypte, et à Dakar au Sénégal. En Égypte, l’amiral Godfroy accepte l’ultimatum de l’amiral Sir Andrew Cunningham et fait désarmer ses navires sur place, sous contrôle britannique. Deux ans plus tard, ces navires seront réarmés et entreront dans la guerre aux côtés des Alliés.
À Dakar, le cuirassé Richelieu est endommagé dans la nuit du 7 au 8 juillet 1940 par des avions qui ont décollé d’un porte-avions britannique.
g) Le ressenti dans le Monde de l’opération Catapult
L’attaque de Mers el-Kébir a un immense impact dans tous les pays. Le président américain Roosevelt tout comme Hitler comprennent que les Anglais ne renonceront jamais à la lutte, quelqu’un soit le prix à payer. Les députés anglais sont également rassurés et font une ovation à Churchill dans les Communes.
Côté français, les réactions sont amères. La brutalité de l’attaque réveille en France une anglophobie latente. C’est une aubaine pour les partisans d’une collaboration avec l’occupant allemand. Une semaine plus tard, le 10 juillet, l’Assemblée nationale (Chambre des députés et Sénat réunis) vote à une écrasante majorité les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Le général De Gaulle après avoir désapprouvé cette attaque, l’a finalement reconnue, selon lui et compte tenu des circonstances, nécessaires.
h) Conséquences inattendues
Le sabordage des navires français dans la rade de Toulon est dû en grande partie à l’existence de Mers el-Kébir. Mais ceci est une autre histoire…
4) Discussion
Bien entendu une telle attaque provoque automatiquement des appréciations très différentes. C’est un peu comme le maréchal Pétain, fallait-il ou non qu’il collabore avec l’occupant allemand ? Je crois que dans un siècle on en discutera encore. Il en sera probablement de même pour l’opération Catapult.
La marine française, comme les marines de tous les pays du Monde, sont sous l’autorité suprême du chef de l’État du pays. Pétain, avait choisi la voie de la collaboration avec l’occupant allemand. Je ne porte aucun avis sur cette question, ceci n’étant pas le sujet qui nous anime dans cet article. L’armistice signé le 22/06/1940 devait garantir que l’ensemble de la marine française resterait sous commandement français. Il n’empêche qu’il exigeait cependant le désarmement complet des navires. Pouvait-on faire confiance à Hitler quant à sa parole ?
Pas des masses, puisque le 11 novembre 1942 Hitler envahit la zone libre de la France contrairement à toutes ses promesses antérieures, en violant totalement la convention d’armistice qu’il avait autoproclamée comme étant devenue caduque. Par l’opération Attila, Hitler amène ses troupes jusqu’à la côte méditerranéenne. Dans la dernière version de cette opération Attila, par une nouvelle opération nommée Lila, les Allemands essaient de s’emparer de la flotte dans la rade de Toulon. Ceci aboutit au sabordage de la flotte par les marins français eux-mêmes.
Ainsi, l’objectif d’Hitler, contrairement à toutes ses promesses, était de récupérer un maximum de navires français et de s’en servir contre les alliés. Pétain était aux ordres d’Hitler, n’aurait-il pas très rapidement donné l’ordre à l’ensemble des navires français dans le Monde de réintégrer les bases navales françaises et d’Hitler d’en récupérer les navires.
Alors, Churchill salaud ou héros ? Pourquoi pas du côté héros ? Le débat est ouvert !
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@ Rene Demanet du 24 octobre 2020 à 20 h 39 min
*****
Cher ami patriote, je ne comprends pas bien ce que tu viens d’écrire. Tu commences par féliciter LAURENT-MICHEL DE WOILLEMONT lequel a essayé de démontrer tout au long de son post que l’action ordonnée par Churchill était une « lâche action ».
Puis, par la suite, tu écris : « Oui, les Anglais ont eu chaud !! » ce qui laisse entendre que nous nous réjouissons qu’ils n’aient pas été envahis par Hitler. Or, en mettant la main mise sur l’ensemble de la marine française, Hitler avait largement de quoi bombarder et envahir l’Angleterre. D’où l’action de Churchill à Mers el-Kébir Comprenne qui pourra.
Pour la suite, ton avis est que les critiques contre Pétain ne sont pas justifiées. Il n’est pas question de repartir sur ce débat ici car il est éternel et les arguments des uns et des autres sont nombreux.
Il faut admettre quand même que la position de Pétain face à un ennemi envahisseur n’a pas été facile. Cela justifie-t-il pour autant toutes les horreurs que le régime de Pétain a commises ??
@ LAURENT-MICHEL DE WOILLEMONT du 24 octobre 2020 à 17 h 59 min
Cher ami, patriote je suppose, ce que tu écris est étonnant, même si cela est respectable en tant qu’opinion.
Tu parles de « lâche action ». Je prends note.
Qu’aurais-tu écrit lorsqu’Hitler aurait capturé l’ensemble de la marine française, la deuxième plus puissante au monde à l’époque, et ce sans aucune difficulté puisque le gouvernement français était devenu collaborateur de la puissance allemande ?
Qu’aurais-tu écrit que s’étant emparé de la marine française Hitler aurait, avec certitude, pu envahir l’Angleterre sous le feu des bateaux français ?
Qu’aurais-tu écrit si Hitler avec la marine française, allemande, japonaise et italienne aurait massacré l’ensemble des autres marine car militairement il pouvait le faire, et aurait ainsi continué sa conquête du monde par l’idéologie nazie ?
Dans l’attente de te lire
Bien cordialement
Merci, Monsieur de Woillemont.
Si la France a déclaré la guerre à l’Allemagne
c’était en vertu un pacte signé entre les deux
pays.
Les critiques contre Pétain ne sont pas justifiées.
Oui, les Anglais ont eu chaud !! Mais Hitler a commis une erreur en arrêtant sa progression, pour signer l’armistice avec Pétain. C’est une période de huit jours dont les Anglais ont su tirer
profit .
Étrange tout de même de valider cette très lâche action d’une puissance que nous venions de sauver à Dunkerqe
L ‘idolâtrie gaulliste ne s’arrêtera donc jamais
Churchill n’avait pas d’autre alternative,
par contre, si nous avions la plus belle flotte de guerre, nous n’avions pas de chefs à la hauteur.
Que s’imaginaient-ils ?
Ils ont cru crâner face à l’ultimatum, on leur offrait 4 choix possibles, ils se sont contentés de n’en accepter aucun, mais par ailleurs, ils n’ont pris aucune décision pour contrer la réaction logique de Churchill à leur refus.
Quelle bande de nazes ! pareils que les nuls dans l’ armée de terre qui ont sacrifié des milliers de soldats sans grand état d’âme,
pour cette raison , les boches l’ont emporté si rapidement.
Je me demande , si actuellement nous aurions de bons généraux….
merci cachou pour cette excellente synthèse du naufrage de la marine française de 1940
dans cette tranche d’histoire, il n’y a que deux protagonistes , deux chefs de guerre qui confrontent leurs volontés , leurs déterminations , CHURCHILL et HITLER.
l’Angleterre a subi l’humiliante défaite de Dunkerque, moins d’un mois après elle élimine de la guerre, la première marine nationale du monde.
Churchill est un guerrier, il fait la guerre à l’ennemi.
pétain et tous ses comparses voulaient la paix, ils se sont soumis à l’ennemi.
pacifisme ou résistance, c’est encore d’actualité…
Merci pour cet article.
Mon beau-père, commissaire de la marine dans ces années-là, était prisonnier des anglais, à Alexandrie, avec toute la flotte X. Le principe était le même partout: empêcher que les navires français tombent aux main des allemands…
Churchill est un héro et un grand homme . même si en tant que Français ça fait mal au cœur que notre flotte eu était bombardé .il faut tout de même se remettre dans le contexte de l’époque . je pense que si nous aurions étaient Anglais nous aurions réagis de la même sorte . il a agit en patriote , ce fut un grand homme politique , le plus grand de tous . en tout cas a cette époque !
c’est des homme d’état de cette tranche que nous avons besoins aujourd’hui .
Merci Cachou de nous avoir rappelé cette douloureuse page d’histoire. Ce fut, pour Churchill, l’une de ses plus douloureuse décision. Mais c’était un mal nécessaire. Il était hors de question que la flotte française tombe aux mains de l’ennemi. Les seuls qui auraient pu éviter cette tragédie étaient les responsables … français … Ils n’ont pas saisi les enjeux, avec les conséquences funestes qui s’en suivirent.
Bonjour,
Merci pour le rappel de cette sinistre histoire.
Le frère de ma tante est mort à Mers El Kébir, sur le Dunkerque.
Il était tout jeune et venait de se marier.
A noter (Wikipédia) que le cimetière a été profané par les Algériens en 2004.
Il a éré quand même restauré, mais sans les croix !
Les musulmans agressent, officiellement, nos morts même.
Et ils osent exiger de la « visibilité » (Tariq Ramadan), chez nous, dans l’espace public.
Seul le programme que veut imposer Christine est efficace : interdiction, chez nous, de toute visibilité de l’islam dans l’espace public.
Merci pour cet article instructif.
A mon sens il n’y a pas de débat au vu de l’histoire que nous connaissons. La flotte devait se rendre aux alliés ou périr.
Pour moi la seule interrogation vient de l’état d’esprit et de la connaissance de la situation des responsables Français en 1940. Je pense qu’ils étaient inconscients de la situation. Ou peut-être pensaient ils que les allemands allaient gagner la guerre. Ils devaient être bien partagés.
Par contre, ce qui est impardonnable c’est d’avoir promis à une mort certaine plus de 1000 marins Français. Les responsables de l’époque sont comme nos responsables d’aujourd’hui, comme ceux des 2 guerres mondiales : INCOMPETENTS jusqu’à la moelle et prêt à sacrifier le sang du peuple sans état d’âme.
Ayant servi quelques années dans la « royale » il n’y était guère apprécié que notre ennemi depuis tant de siècles, devenu un « allié » par la magie d’un papier, devienne l’assassin de tant de marins.
Et s’il est vrai que De Gaulle ne représentait pas grand chose pour les goddons à cette époque, il est difficile d’admettre qu’il n’ait même pas été informé.
En outre, il y a eu Mers el Kébir….. mais pourquoi on ne parle jamais de la flotte réfugiée en Grèce?
Churchill est pour moi un héro tout comme Clémenceau, Bonaparte, De Gaulle, et bien d’autres,
ils ont eu le courage de resister, de ne pas plier, de se battre même dans des combats perdus d’avance, comme disait Surcouf(un autre grand homme) a un anglais qui lui disait » vous les Francais vous vous battez pour de l’argent nous les Anglais nous nous battons pour l’honneur, et Surcouf de lui répondre « monsieur, on se bat toujours pour ce qui nous manque! », et cette fois ci c’est aux Francais que l’honneur a beaucoup manqué!