14 Septembre 1960 – Mostaganem : l’attentat du FLN qui a fait basculer ma vie

Il y a 60 ans; le drame qui a fait basculer ma vie. Imaginez du sang partout, des gémissements, des cris de désespoir, des cadavres mutilés, une jeune fille de 16 ans les jambes arrachées. Demain, soyez en certains, la France connaîtra le même sort.
.

Le 14 septembre 1960 le FLN dépose une bombe au cirque Monte Carlo à Mostaganem

Bilan : 5 morts et plus de 50 blessés

Il faisait doux, nous étions pratiquement seuls en ville en cette heure tardive ; nous étions avenue du 1er de ligne face au bar « chez Charlot » lorsqu’une sourde explosion se fit entendre. L’explosion était telle qu’elle fit vibrer les murs des arcades. Alain et moi-même eurent le même réflexe : « c’est au Cirque ». Nous n’étions qu’à une centaine de mètres de l’emplacement du cirque et nous eûmes tôt fait d’y arriver.

 

Le spectacle qui s’offrait à nous était hallucinant : les gens sortaient en courant, se bousculant, hurlant d’effroi ou de douleur, il y avait du sang partout, plusieurs personnes étaient à terre, immobiles.
Alain chercha désespérément sa fiancée Michèle Hernandez qui était venu avec sa sœur et sa mère ; il finit par l’apercevoir écroulée sur son siège, du sang sur tout le corps, sans voix ; c’est en voulant la soulever qu’il se rendit compte que la malheureuse avait les jambes sectionnées.

Je cherche Camille, ma cousine, qui est venue avec monsieur et madame Léger ; impossible de la voir dans la cohue qui règne à l’intérieur du chapiteau ; les cris, les gémissements couvrent nos voix. Les premiers secours sont là et évacuent les morts et blessés ; moi, je reste là, les bras ballants, tel un automate. J’avais déjà vu, il y a fort longtemps, des horreurs mais pas à tel degré. Une rage sourde me gagne, je n’ai plus qu’une pensée : venger ce massacre par n’importe quel moyen. Une haine envers tous les musulmans est à présent en moi ; elle ne cessera jamais et bien au contraire s’amplifiera au fil des semaines et des mois.

.

du lendemain 15 septembre 1960 titre :

« bombe au théâtre espagnol : 5 morts, 50 blessés »

« La ville a connu, hier soir, le plus grave attentat qui se soit perpétré à Mostaganem depuis le début de la rébellion. En effet, les tueurs du FLN ont fait exploser un engin d’une très forte puissance au théâtre espagnol « Monte-Carlo » à l’heure de la représentation.

.
L’explosion a fait de nombreuses victimes :

5 morts : Madame Hernandez et sa fille Jeanine, François Martinez (surnommé Néné) – 30 ans – charcutier domicilié à Saint-Charles, Manuel Diaz –gendarme mobile, Séverine Tuyserne, monsieur Para – coiffeur à Saint-Charles.

… et une cinquantaine de blessés dont une fillette de 7 ans Marie-Claude Calatayud et un garçonnet de 3 ans ; Michèle Hernandez qui a reçu la bombe sur les genoux a eu les jambes sectionnées, Belayassi Bachir, Ben Merzouka, Belaïdouni, Ghamri Abdelkrim, Ghamri Mohamed, Gueddache, Hamissi Hadj, Michel Damasco, 3 membres de la famille Galmès, Joseph Sempéré de la rue Jean Bart, Joseph Sempéré de la route de Bel-Hacel, Emilie Barragan, Mlle Barragan, monsieur Martinez, Michèle Fernandez, Roger Martinez de l’hôtel du même nom, René Fernandez d’Oran, Marcel Pascuito, Josephine Pelin, Manuel Barragan, Roland Réquéna, Henriette Martinez âgée de 3 ans, Henri Faribine, madame Navarro, Charles Léger, Nicole Meadeb – 16 ans, Camille Lazaro – 15 ans, Joseph Manzanarès, Josiane Mamain – 20 ans, Charlette Dupuiis, Georgette Serveul, 3 membres de la famille Marcel Serve, Jacqueline Sempéré, madame Cassao, le gendarme Calatayud, François Barragan, Charlette Goec, René et Colette de Ubeda, Pascal Amédé.

Récit de cet attentat pages 193 et 194 de « Et la Levêche souffla sur l’Oranie« .
Note de Christine Tasin
A lire également, cet article du Centre de Documentation Historique sur l’Algérie

Deux livres sortis récemment reviennent sur ce dramatique évènement :

LA BOMBE de Nicole Simon et LA LEVECHE SOUFFLA SUR L’ORANIE de Régis Guillem

Nicole Simon avait 15 ans et assistait à ce spectacle. Elle se retrouva parmi les nombreuses victimes, avec d’atroces plaies aux jambes : « alors que les artistes montaient sur scène, un monumental éclair et une colossale boule de feu explosa en mille fusées rouges enflammées qui filaient à toute allure dans le ciel ….. Emportée dans les vents de ces flammes, mes vêtements étaient déchiquetés et brulés, mes chaussures arrachées, et assommée, j’atterris dans une allée, près d’un siège du premier range, face à la scène. ….Je baissai les yeux sur mes plaies … Je n’étais plus qu’une sans chaussures aux habits déchirés et carbonisés, clouée au sol, impuissante et humiliée. Mon pied droit n’était qu’une plaie ouverte …..Sur ma jambe et ma cuisse gauches, il n’y avait plus un seul grain d’épiderme indemne». Désormais les souffrances tant physiques que morales ne la quitteront plus. Interne dans un lycée parisien à la rentrée 1961, elle découvre le mot « pied noir » ainsi que le dénigrement permanent de ces derniers. Pour se protéger et survivre, elle cache ses jambes et ses douleurs permanentes, se mure dans le silence et enfouit ce passé qu’elle ne veut plus regarder : « se taire et oublier, telle était et sera longtemps ma destinée ». « J’avais tout perdu, la bombe m’avait tuée ». Puis ce sont les études de médecine, le mariage, la maternité, mais elle doit constamment « lutter contre les brûlures, la claudication et le martyre imposé par la mémoire ». En 2002 elle a l’occasion de retrouver des anciens camarades de Mostaganem, puis une amie d’enfance musulmane. Le lien avec son passé était renoué mais elle n’en était pas délivrée jusqu’à ce 23 février 2009 où une jeune française est tuée dans un attentat au Caire. C’est le déclic : « je compris alors que l’unique solution passait par l’écriture  si je voulais être un jour libérée des gangrènes que l’attentat avait statufiées en moi-même ». Ce fut une réelle épreuve physique allant jusqu’à un abcès sur sa jambe martyrisée mais ce fut « le recommencement paisible de mes souvenirs revus, corrigés et relativisés par le temps ….. Tout s’en allait dans la sérénité, la paix et la tranquillité ».

Rien de tel dans le récit de Régis Guillem qui vivait depuis peu avec ses parents à Mostaganem après quelques années passées à Aïn Sefra. Il avait alors 16 ans ce 16 septembre 1960 et deux de ses cousines, venues d’Assi Bou Nif assistaient à la représentation. Il fut l’un des premiers sur place après l’explosion ; le spectacle est tel que son cœur s’emplit de haine « une rage sourde me gagne. Je n’ai plus qu’une pensée : venger ce massacre par n’importe quel moyen…. Elle ne cessera jamais et bien au contraire s’amplifiera au fil des semaines et des mois ». Ce qui le conduira à s’engager dans la lutte anti FLN puis dans les rangs de l’OAS, notamment dans les monts du Dahra puis à Mostaganem et Oran. Il sera arrêté le 19 juin 1962 par la force locale, récupéré dans un premier temps par les gendarmes puis les gardes mobiles. Libéré sans explication après quelques jours d’interrogatoires  musclés, il se retrouve démuni de tout dans les rues d’Oran et parviendra très difficilement à embarquer sur un avion en partance pour Marseille.

Notons que, en 1967, alors en poste à Colomb Bechar avec le 2eme REI dans lequel il s’était engagé, il est apostrophé par un musulman présent qui, après l’avoir longuement dévisagé, lui dit «  tu t’appelles Régis et tu habitais à Aïn Sefra ». Il s’agissait de l’un de ses anciens compagnons d’enfance, devenu officier de l’ALN. «  Dans un même élan, à la stupéfaction des autres consommateurs et du patron du bar qui visiblement ne pouvaient comprendre qu’un musulman et un légionnaire, pied-noir qui plus est, s’étreignent, nous nous jetâmes dans les bras l’un de l’autre ». Et pourtant «  cela avait un sens profond, cela faisait apparaître qu’il n’y avait pas le fossé et la rupture que l’on a bien voulu faire croire ». Puis ce furent les retrouvailles avec un autre de ses camarades musulmans d’Aïn Sefra et toutes les permissions désormais passées avec ses deux amis d’enfance, dans une ambiance chaleureuse mais teintée d’une pointe d’amertume pour ces derniers.

http://www.cdha.fr/le-drame-de-mostaganem-regards-croises

 825 total views,  1 views today

image_pdf

15 Commentaires

  1. @Conan, c’est vraiment dégueulasse, je parle de cette exécution, je n’étais même pas au courant, comme une majorité de Français, je suppose.
    On ne le crie pas sur les toits, là aussi l’omerta est de rigueur,
    on veut noyer cette partie de l’Histoire dans l’oubli.
    A force d’effacer la mémoire du pays, on fabrique des milliers de malades d’Alzheimer, retrouver le passé, c’est retrouver notre mémoire

  2. Oui, tu l’as dit Fréjusien !!…
    Les français n’ont jamais aussi bien reçu les malheureux Harkis et Pieds-noirs, par rapport à toute cette racaille qui vient vivre en parasite en nous insultant et en nous promettant de nous imposer leur religion de MERDE !!!….
    Ils ont en outre approuvé l’exécution des meilleurs fils de France !!!…

  3. Je pense que la bombe qu’ils ont fait exploser leur a été probablement donnée par les cocos français, ceux qui travaillaient déjà contre la France,
    ils les ont formés, leur ont procuré des armes et les ont excités.
    Seuls, ils ne disposaient ni d’explosifs, ni d’armes qu’ils étaient incapables de fabriquer,

    et aujourd’hui, les descendants de ces traîtres, trônent à l’Assemblée Nationale et continuent leur travail de destruction : dénigrement de leur nation , soutien aux ennemis, accusation de la France.
    Après la deuxième guerre, les Français ont tondu les femmes qui avaient frayé avec les boches,

    Après la fin de la guerre d’Algérie, les traîtres collabos français n’ont pas été dénigrés, ni montrés du doigt,
    ils auraient dû subir une cérémonie d’indignité nationale,
    au lieu de quoi, certains s’en glorifient aujourd’hui, car personne ne leur a expliqué la noirceur et l’ignominie de leurs actes, ils sont fiers d’être les descendants des porteurs de valise

  4. et la saloperie de traître de macron continue de se prosterner devant ces résidus en leur ouvrant les portes de la FRANCE !!!! quel scandale …..

  5. Moi non plus !! qu’attend t-on pour leur botter le cul afin qu’ils rentrent au bled !!!! il y en a marre !

  6. Moi aussi j’ai vomi De Gaulle , mais avec le recule je comprends que nous avions la démographie contre nous et le grand Charles ne les voulait pas en France ( il voyait loin ) . Ensuite les couilles molles qui ont suivi ont fait tout l’inverse et maintenant nous en payons le prix fort . Les alloc que nous leurs donnons a un rôle d’amplificateur et surtout d’accélérateur de notre destin , si nous ne prenons pas rapidement le taureau par les cornes nous allons être a terme et raidement chassés de notre terre ( c’est mathématique ). Malheureusement pour nous les hommes les vrais ceux qui ont fait notre histoire sont disparus et les nouvelles générations d’enfants trop gâtés qui ont suivi sont très loin d’être de ce bois là . Il faut en être conscient ! et plus ont attendra plus cela sera insurmontable , c’est pour ça que Bruxelles étoffe sa législation pour la suppression des états et leur souveraineté , mais les veaux en sont-ils conscients ? . Conclusion :L’Europe c’est ne plus arrêter aux frontières pour faire du change et toto avec son camping-car et content mais la chose qu’il ne voit pas c’est qu’il est en train de perdre tout le reste et en premier son pays .

  7. Merci Régis pour ce rappel historique dont beaucoup ignore; et ce fait, comme bien d’autres encore parus sur RR ou RL.
    Cependant, je me permettrai de vous reprendre sur la phrase suivante:  » Demain, soyez en certains, la France connaîtra le même sort « .
    Je serai enclin à vous dire que demain a déjà commencé avec Charlie et le Bataclan.
    Quant aux personnes se faisant agresser au couteau, voler par violence, escroquer, menacer, violer, ne sont que d’autres actes révélant que ce danger prend de l’ampleur. Je rappelle que de tels agissements de la part de musulmans, ne sont pas péché au regard de l’islam tant qu’ils sont perpétrés contre des non-musulmans; car le coran est leur code social, religieux, pénal et politique.
    N’oubliez pas qu’ils sont prêts eux mais attendent le signal de la bonne heure d’action.

    François des Groux, c’est normal que les musulmans viennent chez nous car, il leur est ouvert grande la porte afin d’y répandre l’islam dans l’Europe et la France en particulier, car représentant un symbole de choix à conquérir.
    Pour le comprendre, il faut se mettre dans leur esprit ( entendons-nous bien sur le sens de cette phrase, je ne dis pas que je les accepte).
    Comme le dit Moktar:  » l’islam, l’islam  » car c’est à travers cette idéologie mortifère qu’ils existent; ce dont les français découvrent de jour en jour.
    Vous avez raison de souligner le fait que parmi les victimes, se trouvaient des musulmans car, en assistant à ce genre de spectacle, ils fraternisaient avec le mécréant et étaient donc à éliminer.
    D’ailleurs, vous devez savoir, que le FLN a éliminé physiquement tous ses opposants comme l’ALN, mouvement jugé trop timoré par le FLN.

  8. On ne peut pas demander d’oublier, ce serait plus qu’indécent. On ne peut pas demander de pardonner, ce serait impardonnable. Régis. Tu fais partie de ceux qui ont vécu le pire. La sagesse est venue prendre sa place à côté de la colère. Et à ce titre ton expérience a une grande valeur pour bon nombre d’entre nous. Ces choses que beaucoup n’ont pas envie d’entendre, je te fais totalement confiance pour avoir l’énergie de dire et redire. Moi, sur ces sujets là je t’écouterais toujours. merci de ce partage. Paco

  9. La France est une terre d’asile…psychiatrique!
    Allez expliquer à l’autre chtarbé de l’Élysée que le grand Charlot a fait une super connerie en abandonnant l’Algérie.

  10. Merci Christine de relayer ce triste anniversaire; sans doute que nombreux seront ceux qui se diront: « c’était hier dans un autre pays »; mais il faudra retenir que les racailles d’aujourd’hui sont les fruits véreux des assassins d’hier.
    Il ne faut pas avoir peur de dénoncer la religion maléfique qui en est la cause: ISLAM, toujours et encore l’ISLAM.
    La France connaitra le même sort et pire que là-bas; là-bas nous avions tout de même eu le courage de prendre les armes; la France d’aujourd’hui en aura t’elle le courage pour sauver ce qui reste à sauver?
    Et pour reprendre le titre d’un livre de Roger Holleindre (paix à son âme)  » QUE DIEU SAUVE LA FRANCE »

  11. Grâce a notre classe politique sans couille et immigrationniste la France nourrit les fils des salauds qui ont fait de nombreux drames de ce genre , nous sommes vraiment les rois des imbéciles et des couillons et eux les rois des gens sans honneur et sans amour propre .

  12. Ils nous ont fait la guerre, ils nous ont virer malgré tous ce qu’on leur a apporter et on les accepte en France.!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Je comprendrais jamais. Dehors.

    • @Christian Jour

      Je pense que c’est culturel : avec l’Allemagne, nous nous sommes entretués trois fois et pourtant, je n’ai jamais rencontré d’Allemands habitant la France désirant imposer, par exemple, sa religion protestante, sa langue et sa culture.

      Je pense qu’avec les Vietnamiens, c’est pareil.

      Il n’y a que les Algériens fans du FLN pour avoir le toupet de venir chez l’ancien ennemi « raciste et islamophobe », profiter de la belle vie chez l’ancien et odieux colonisateur, s’y comporter mal et exiger des droits qu’ils ne donnent même pas à leurs minorités.

      Finalement, c’est de l’ordre de la vengeance, du djihad : les Ottomans avaient asservi les Barbaresques beaucoup plus longtemps que les Français (1521-1830) qui, eux, ont su développer le pays. MAIS, ils n’étaient pas musulmans…

      Remarquez, toutefois, dans le récit poignant de Régis, que parmi les victimes de la bombe de Mostaghanem, il y avait des noms musulmans. Peut-être que, déjà, ceux qui participaient à un spectacle « impie » devaient aussi payer.

Les commentaires sont fermés.