Dimanche cinéma : « La belle et la bête », de Cocteau

AMOUR  et PSYCHE 

Apulée

Psyché est une princesse d’une beauté si parfaite qu’elle éveille la jalousie d’Aphrodite à laquelle on la compare. Elle a deux sœurs aînées, d’une grande beauté également, mais sur lesquelles Psyché l’emporte de loin. Toutefois, contrairement à ses sœurs, elle ne trouve pas d’époux. Les foules se contentent de venir la contempler comme une œuvre d’art et de la vénérer comme une déesse au point d’oublier de célébrer Aphrodite. La déesse, jalouse de cette rivale et offensée par un tel sacrilège, ordonne à Éros de la rendre amoureuse du mortel le plus méprisable qui soit. Alors que le dieu s’apprête à remplir sa mission, il tombe lui-même amoureux de Psyché en se blessant avec l’une de ses flèches.

Le père de Psyché, désespéré de voir sa fille sans époux, se rend à Delphes pour supplier Apollon de permettre à Psyché de se marier. L’oracle est catégorique : Psyché doit être abandonnée sur un rocher, au sommet d’une colline, où viendra la chercher son futur époux, un horrible monstre.

Suite ici  

 

Je vous invite, cette semaine, à revoir et à faire découvrir à vos enfants et petits-enfants le film culte, le film envoûtant qui n’a pas pris une ride, bien qu’il date de 1946, avec l’exquis et talentueux Jean Cocteau.

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La Belle et la bête ou la transposition au cinéma du conte de fées.. Magique… autrement propice au rêve et à la capacité de rassurer et faire grandir les enfants, comme l’a montré Bettelheim dans sa remarquable Psychanalyse des Contes de fée.

Le conte permet à l’enfant de grandir, de comprendre qu’il doit quitter ses parents – son père dans l’histoire- pour faire sa vie, et qu’il doit, à un moment donné, choisir l’autre, l’être aimé et non les parents. Il permet aussi de comprendre que l’habit ne fait pas le moine, et que la beauté de l’âme compte plus que celle du corps…et que l’on devient un être accompli quand l’esprit domine le corps, le côté animal se retrouvent. C’est la leçon des anciens Grecs, reprise par les Romains… et à laquelle adhéraient, évidemment Cocteau et Marais.

Les Romains ont vaincu les Grecs mais les Grecs les ont vaincus.

Graecia capta ferum victorem cepit (la Grèce conquise a conquis son farouche vainqueur)

Horace, Epîtres II, 1, vers 156 –

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C’est très moral, surtout quand, à la fin, la bête se métamorphose en divin Marais, mais c’est, surtout, une leçon de vie : il faut lutter, les choses sont parfois difficiles, repoussantes, mais on gagne toujours quand on fait des efforts. Bref, le contraire de ce que nous gosses apprennent avec les séries contemporaines où les « héros » ne sont que superficialité…. rien à voir non plus avec les films de Disney…  

Cocteau n’a pas imaginé l’histoire, il a adapté une version d’un conte ancien, celle écrite par Madame Leprince de Beaumont (sans doute l’arrière-grand-mère de Mérimée) dans la seconde moitié du XXème siècle. Ce conte, dont on trouve des versions différentes dans le monde entier vient sans doute d’Apulée (Amour et Psyché, au second siècle de notre ère), il avait déjà subi au moins une adaptation par Madame de Villeneuve vers 1740 et que Madame de Beaumont a quelque peu modifiée et raccourcie.

Mais il est parvenu, par son imagination, par le monde onirique qu’il a imaginé et mis en oeuvre, par le talent de Jean Marais et par son talent de réalisateur à faire sortir de l’oubli les différentes versions de La Belle et la Bête.

 

Quelques extraits, pour le bonheur de ce dimanche, en attendant la version intégrale que vous pouvez trouver facilement.

La bande-annonce

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7 Comments

  1. Ado j’avais vu au cinéma la trilogie « Angelique  » a l’époque cela ne m »avais pas vraiment passionné . Puis au Hazard d’une bibliothèque
    de ma boite j’ai lu les livres écrit par les époux Golon. dernièrement a la télé j’ai revu avec grand plaisir les films . pas d’effets spéciaux, un français parlé parfait, les acteurs fabuleux bref un moment de vrai bonheur.
    Mercier, Hossen, Lefevre plaisirs a écouter et a voir . La scène de la vente d’Angélique au marché des esclaves au bled est un morceau d’ anthologie . a montrer aux imbéciles qui ont retirés « autant en emporte le vent »

  2. Merci à Christine Tasin pour ces évocations magiques et merveilleuses…
    Mais c’est la Bête que la Belle aimait; la Bête se transformant en Prince Charmant, la Belle a perdu la Bête qu’elle avait fini par aimer…

  3. J’ai vu ce film quand j’étais sans emploi car enfin je me trouvais avec un peu de temps dans ma vie pour faire tout ce que j’avais toujours rêvé de faire sans en avoir le temps…
    Ce n’était qu’un vague souvenir de 6ème où l’on avait vu une partie du film seulement (à cause du trop faible nombre d’heures de cours !).
    Cela m’a aussi donné envie de voir Orphée de Cocteau, qui est un beau film également avec un jeu sur les miroirs, les mondes parallèles…
    J’ai eu la chance d’avoir eu de passionnants professeurs de français pendant ma scolarité, dont certains aimaient Cocteau et le faisaient découvrir à leurs élèves.
    Hélas, je n’ai jamais su ce qu’étaient devenus ces enseignants qui m’ont tant apporté, je le vis comme une véritable blessure, je ne sais pas si beaucoup ressentent cela ?
    Quand ceux qui nous ont ouvert une porte vers l’art, la beauté, le fantastique, la poésie sont introuvables, on se sent orphelin.

  4. Un excellent film.
    Je signale également Le Testament d’Orphée . Un autre chef-d’œuvre.
    Cocteau a bercé ma jeunesse. Qui la berce aujourd’hui?

  5. Ce « J’aime bien avoir peur…avec vous! » que dit la Belle a la Bete , on le retrouve prononce par la meme Josette Day dans « La Fille du Puisatier, » realise par Marcel Pagnol. C’est une belle declaration d’amour. Merci, chere Christine,de remettre a l’honneur ces merveilleuses oeuvres et formidables artistes du cinema francais, merci de ne pas avoir honte d’aimer par dela l’age des choses et des gens.

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