VIDÉO – « Je suis dans la vraie vie » : l’interview exclusive de Didier Raoult sur LCI

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INTERVIEW – Recherches sur l’hydroxychloroquine, courbe épidémiologique, politique sanitaire… Comme à son habitude, le professeur Didier Raoult n’a pas mâché ses mots ce mardi 26 mai face à David Pujadas. On vous résume cet entretien exclusif sur LCI.

La parole à la défense. Le « pêcheur de microbes », grand avocat d’un traitement à base de chloroquine, devenu l’un des visages marquants de cette pandémie, était l’invité exceptionnel de LCI ce mardi. Didier Raoult a répondu à toutes nos questions, portant aussi bien sur la courbe des infections que sur l’avis de la Haute autorité de santé à propos de l’hydroxychloroquine. Un entretien riche dont voici les principaux temps forts. 

Où en est-on de l’épidémie?

Dans ses fréquentes vidéos sur YouTube, Didier Raoult n’a eu cesse de se montrer optimiste, déclarant dernièrement que l’épidémie était « terminée« . Face à David Pujadas, le professeur à la tête de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, à Marseille, précise ces propos. Oui, « la plupart des courbes épidémiques des maladies saisonnières ont, en général, cette forme-là« . A savoir une « courbe en U, avec une queue d’épidémie qui s’allonge plus ou moins« . Pour lui, donc, il n’y aura pas de seconde vague, et ce pour des raisons « très complexes et extrêmement difficiles à comprendre« . « Les épidémies sont des écosystèmes complexes dans lequel la contagiosité a une mode de développement qui est incompréhensible. » 

C’est pourquoi, interrogé sur un possible retour du Covid-19 à l’automne, le virologue marseillais assume de ne pas savoir. « L’avenir est toujours imprévisible. » Si, « jusqu’à présent« , dans les phénomènes de cette nature, « on observe plus des formes de dromadaires, que de chameaux », à savoir avec une bosse au lieu de deux, « tout est envisageable ». « Je n’en sais rien. » Une forme de prudence qu’on ne lui connaissait pas jusqu’à aujourd’hui? « Non, non, non« , martèle le chercheur. Décriant la supposée « simplification extrême » de ses vidéos, il assure ne jamais avoir fait autre chose que formuler une « hypothèse principale ». « Rien à voir avec une affirmation. »

L’avenir est imprévisible– Didier Raoult à LCI

Même son de cloche lorsqu’il s’agit d’évoquer la suite de cette crise sanitaire. Considérant qu’il faut « atteindre la fin de la pièce, la fin du combat », avant d’évoquer l’efficacité du confinement, et refusant notamment de se prononcer sur une éventuelle sortie de celui-ci, Didier Raoult a tout de même tenu à saluer l’intérêt de cette « décision politique« . Mais pas pour les raisons qu’on imaginerait. Lui y voit une bonne manière de lutter contre la panique : « Si le confinement a aidé à gérer la peur, alors c’était une très, très bonne décision politique. Ça a empêché des conduites dangereuses. »

C’est la seule conclusion que se permet le chercheur, préférant « attendre que l’on puisse faire les comptes« . C’est pourquoi, à la vidéo du ministère de la Santé qui l’accuse de s’être « planté », le principal intéressé préfère se passer de commentaires. Plaidant vouloir faire preuve de « beaucoup d’indulgence » envers Olivier Véran, « d’abord parce que je ne veux pas être désagréable avec lui, il a l’âge d’être mon fils« , il confie aussi que ce dernier se trouve « dans une situation complexe« . « Si on m’avait proposé le même métier, je ne l’aurais pas fait.« 

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Si le professeur Didier Raoult a dit ne pas être « dérangé » par la décision du Haut conseil de la santé publique, qui recommande l’arrêt des prescriptions en traitement du coronavirus, estimant qu’elle n’était qu’une « opinion comme une autre« , le grand défenseur de cette molécule en a tout de même profité pour évoquer la fameuse question de la « crédibilité« . Dénonçant à nouveau l’étude, qu’il juge « foireuse », parue dans The Lancet, sur la chloroquine et l’hydroxychloroquine, jugées inefficaces voire dangereuses, celle-ci aurait « changé la donne » quant à la « crédibilité » de la revue scientifique. « Ce n’est pas une étude clinique mais une étude rétrospective. Les quatre professeurs n’ont pas vu un seul malade mais 96.000 dossiers de patients venant de 671 hôpitaux dans le monde. » Tandis que lui, à contrario, se place du côté des patients et de la « vie réelle« , pour reprendre son expression. « Nous, ici, on a traité 4000 personnes. Je les ai vues, je suis dans la réalité ».

Quant à la dangerosité pointée du doigt par cette publication, Didier Raoult rappelle que d’autres traitements peuvent l’être tout autant. Et de prendre un exemple : « Le Doliprane fait partie des médicaments pour lesquels la dose toxique est deux fois la dose thérapeutique« . Plaidant même pour que ce traitement « soit prescrit par ordonnance« , le chercheur défend que c’est le rôle du « médecin de décider du traitement » du patient. 

Critiquant des problèmes de « saisie des données« , le virologue pointe désormais du doigt la « pression financière » qui existerait autour de la recherche. « Le financement de la recherche médicale devient trop puissant », lance-t-il, observant que ce secteur est désormais « guidé par le désir de continuer à vendre des médicaments« . 

Des pays sont-ils aujourd’hui confrontés à une deuxième vague de l’épidémie ?La progression du Covid-19 dans le monde

Au-delà de tout débat, cet expert, de renommée mondiale, est persuadé d’avoir géré cette pandémie à Marseille de la meilleure façon. A savoir sans être « défaitiste« . Car s’il se dit « convaincu » que la gestion de cette pandémie est « liée au nombre de tests réalisés« , il y en avait « visiblement » pas assez au moment où une stratégie de grande ampleur était nécessaire. Dès lors, une attitude défaitiste était de dire « on ne peut pas faire les tests et donc on ne va rien faire« , pour citer Didier Raoult. « On va dire aux gens vous restez chez vous, on ne vous soigne pas et vous attendez que ça passe en prenant du Doliprane. » Une attitude que ce fils de médecin militaire va jusqu’à comparer au régime de Vichy : « C’est la même chose qu’en 40, dire il n’y a plus rien à faire et donc on se rend », a lancé celui qui s’en était pris au Conseil scientifique en assénant que « le consensus, c’est Pétain ». « Moi,je suis pour le combat. Je suis pour essayer de trouver les moyens. »