FIGAROVOX/TRIBUNE – La Turquie n’a jamais renoncé, au cours du XXe siècle, à l’attitude belliciste qu’elle assume désormais ouvertement. Seuls les Européens l’ont oublié et peuvent croire qu’on arrêtera Erdogan par la bienveillance, argumente l’historien et théologien.
Par Jean-François Colosimo
L’Orient commence au Bosphore.
Il n’a de vraiment compliqué que les illusions, les méprises et les oublis que l’Europe se complaît à entretenir à son sujet.
À force de médiocres calculs sur un siècle de son existence, il nous est ainsi devenu naturel de juger la Turquie incompréhensible, puis ordinaire d’en subir les diktats.
Aujourd’hui encore, nous refusons de voir avec quelle symétrie elle s’applique à transgresser les frontières au Levant et à agresser l’Union européenne à ses frontières.
Nous préférons ignorer qu’user des migrants comme une troupe d’appoint en les faisant passer du statut d’otages au rang de supplétifs et en les convoyant massivement vers l’Ouest ne suppose pas moins une logique d’affrontement qu’intervenir à l’Est en y transportant des blindés pour asseoir un projet d’annexion.
Nous nions combien un troc engageant la rétention d’une crise humanitaire contre l’octroi d’un soutien diplomatique à un insensé aventurisme militaire représente un insoutenable ultimatum.
Or toute paix que l’on croit pouvoir acheter à un belliciste a pour prix sa surenchère.
Les chancelleries et la Commission ont beau protester du droit, l’Europe, à la manière de la dernière Rome, finira par payer un nouveau tribut à la force et, immanquablement, le montant de la rançon s’aggravera.
Pour autant, notre faute la plus essentielle consiste dans notre amnésie consentie.
Il est bien une invariance chez notre voisin qui, de Lépante (1571) aux Dardanelles (1915) en passant par Vienne (1529 puis 1683), n’aura cessé d’être notre rival.
À rebours du modèle de tolérance qu’a mythifié l’irénisme contemporain, l’instrumentalisation des peuples à l’intérieur et le chantage au massacre ou à la déportation de ces mêmes populations face à l’extérieur, autrement dit l’emploi indifférencié du matériau humain à fin d’hégémonie politique, lui ont été une pratique constante.
Sautant par-dessus les âges et les régimes, elle s’est étendue de la construction ottomane à la reconstruction turque et a prévalu sous Atatürk comme elle vaut sous Erdogan.
L’exécution puis la négation du génocide commis contre les Arméniens par la mouvance des officiers progressistes en 1915, qui faisait suite aux massacres perpétrés par le sultan réactionnaire Abdülhamid en 1894 et dont la reconnaissance est encore punie par une loi parlementaire en 2020, illustre abyssalement cette permanence.
À l’évidence, nous, Européens, avons substitué une double croyance: d’abord qu’une nation turque avait définitivement succédé à un empire, ensuite que cette nation était nécessairement appelée à un devenir démocratique.
Or il s’avère que l’instant national turc n’a jamais été qu’une position de repli entre deux moments impériaux, la décomposition et la recomposition ottomane qui l’encadrent.
Or il ressort qu’en lieu et place de l’opposition convenue entre deux Turquie, une bonne et une mauvaise au choix, il a toujours été une seule et même Turquie qui, sur cent ans, aura essayé tous les extrêmes.
NDLR : Cent ans !
Un peu (beaucoup) limitatif !!
C’est depuis 1000 ans que les Turcs, sous leurs différents avatars envahissent, massacrent les Européens.
Mais céder aux trompe-l’œil aura disculpé l’Europe de ses propres abandons et compromissions dont l’addition désormais la rattrape.
La pureté du Turc requiert la purification de ses adversaires désignés, c’est-à-dire tous les autres que lui.
Jean-François Colosimo
Nous avons omis la violence fondatrice de ce pays qui, issu d’une faillite en 1918, a lui-même failli ne pas être et qui, depuis, fuit son angoisse initiale du néant et poursuit sa course hallucinée à la survie.
Nous avons mésestimé l’aliénation qu’a causée l’occidentalisation d’Atatürk parce qu’elle nous arrangeait.
Nous avons méjugé l’oppression qu’a engagée l’islamisation d’Erdogan tant qu’elle ne nous dérangeait pas.
Nous avons opposé, à tort, les deux autocrates qui se tiennent chacun à l’un des bouts d’un identique mirage produit par une unique fabrique identitaire.
Ennemis en apparence, frères en réalité, partageant le même culte la régénération démiurgique, leur duel présumé se révèle un duo éprouvé.
Nationaliser l’islam et islamiser la nation reviennent au même dès lors qu’il s’agit de créer un citoyen modèle, ethniquement turc, confessionnellement sunnite qui, enrégimenté par la caserne ou par la mosquée, sera mécaniquement usiné et calibré afin de réparer l’injustice de l’histoire et de retrouver le pouvoir de la dominer.
Chez les deux chefs providentiels, le parallélisme des destins n’a d’égal que le télescopage des programmes: la pureté du Turc requiert la purification de ses adversaires désignés, c’est-à-dire tous les autres que lui.
L’ennemi est intérieur. Arméniens, Grecs, Juifs, Dönme, Lazes, Zazas, Yézidis: les communautés ancestrales ont été systématiquement éradiquées.
Les Kurdes, minorité ethnique, et les alévis, minorité confessionnelle, continuent de résister au bénéfice de leur nombre, mais au prix de persécutions recommencées.
L’ennemi est extérieur.
Il réside à Washington, Moscou, Berlin, Paris, Jérusalem, Damas, La Mecque.
Les circonstances ont changé induisant des variations à la marge vite résorbées, mais la stratégie demeure: le successeur se veut, comme le prédécesseur, un maître-chanteur planétaire qui monnaie le spectre d’une instabilité générale contre l’assurance de sa propre stabilité.
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Naïveté ? ah bon ? c’est le nouveau nom de la corruption ? on connaissait déjà ‘lobbyisme’ en voila donc un nouveau…
Naïveté ?
Non, je ne crois pas, mais déni ou négationnisme, ça c’est certain.
La Turquie est en train de forcer notre porte par effraction et nos politiques regardent les petits oiseaux par la fenêtre côté jardin.
Alors que nous avons une supériorité militaire sans comparaison, et qu’on pourrait écraser ce scorpion en qq semaines,
on continue, les deux traîtres principaux , la maquerelle et le choupinet, à s’aplatir et à payer la djizia ,
honte pour nous !!
soit sortir la Turquie de l’OTAN, soit en sortir nous mêmes, car nous n’en avons plus besoin,
mais en aucun cas, nous ne devons garder ce faux ami comme allié,
Le Turc est notre ennemi ancestral, son unique but est d’islamiser
Pour que la Turquie sorte de l’OTAN, ce n’est pas demain, à cause des bases militaires américaines en Turquie (il en reste au moins 2) !
Les USA vivent sur le souvenir de la guerre froide, il y a longtemps que l’ours URSS-russe a perdu des griffes !
Il serait surtout nécessaire que la France sorte de l’OTAN !
Il serait aussi temps que l’UE cesse ses aides à la Turquie !
deux bases militaires, c’est pour ça, !
sortir de l’OTAN, et ne plus rien payer à Erdogan, ne plus lui laisser penser qu’il entrera dans l’UE, comme il est entré dans l’OTAN,
je ne comprends pas cet attrait de Bruxelles pour la Turquie , sauf si la maquerelle considère la Turquie comme un réservoir de main d’oeuvre,et c’est elle qui décide de presque tout, mais nous n’avons pas à entrer dans son jeu
Nous n’avons pas fini de payer la destructions des empires
Ottoman
Russe
Austro-Hongrois
Germanique
décidée par les vainqueurs de la premieres guerre mondiale
Tous à la joie de récupérer de nouveaux territoires et de developper leur puissance.
Jusqu’où ils iront? Ils ont montré qu’ils savent aller très loin, voyez ce qui s’est passé à la fin des années 30. Selon Chamberlain, « herr Hitler is a gentlemen »…..si, si il l’a dit ! Et actuellement les gens de l’UE signent des documents avec le sultan ! Au final, un champ de ruines et une catastrophe pour l’Europe.
Déjà sortons la Turquie de l’OTAN