Meurtres au Maroc, rien à voir avec le djihad ?

25 décembre 2018, par Bruce Bawer

 

Ce n’est que le 29 juillet dernier que Jay Austin et Lauren Geoghegan, un jeune couple américain qui avait parcouru l’année précédente à bicyclette une grande partie de l’Afrique, de l’Europe et de l’Asie du Sud, ont été assassinés par des membres de l’État islamique au Tadjikistan.

L’histoire a fait la une des journaux internationaux.

Ce qui a ajouté à l’intérêt général suscité par leur destin, c’est le fait qu’ils avaient tenu un blog de leur voyage, avec des photos et des réflexions philosophiques.

À plusieurs reprises, ils ont nié la réalité du mal et exprimé l’opinion que les gens sont fondamentalement bons.

Un article du New York Timessur le couple, paru après leur décès, les célèbre comme « héroïques», « authentiques », « idéalistes», « inspirants», « un bel exemple de pureté et de lumière», etc. Je ne suis pas d’accord. « Leur naïveté », ai-je fait remarquer dans un articleque j’ai écrit à leur sujet, « ne fait rien d’autre que de vous couper le souffle».

Voici maintenant l’histoire de Maren Ueland et Louisa Vesterager Jespersen, qui a suscité l’intérêt des Norvégiens et des Danois toute la semaine dernière. Maren (28 ans) était Norvégienne ; Louisa (24 ans) était Danoise.

Elles étaient étudiantes ensemble à l’Université du sud-est de la Norvège à Bø, petite ville de montagne située dans le Telemark (environ 6 000 habitants), qui se trouve dans mon coin du pays.

Maren et Louisa se spécialisaient dans ce que l’on appelle « friluftsliv og kulturogilveiledning», une combinaison de mots qui définit un sujet conçu pour les étudiants qui souhaitent travailler en plein air, organiser des visites guidées dans les bois et signaler des éléments présentant un intérêt culturel pour les randonneurs, ce genre de choses.

Aucun sujet d’étude ne pourrait être plus archétypique norvégien.

Jusqu’à récemment, la religion officielle de la Norvège était le luthéranisme, mais la vraie religion du pays, c’est la nature, plus précisément la randonnée en montagne : air pur, calme, sérénité, sens du contact avec l’éternel et le divin.

Cette activité a même son propre ensemble de rituels, parmi lesquels la pratique d’emporter deux oranges, une barre de chocolat Kvikk Lunsj(nom de marque), un thermos de chocolat chaud et un autre contenant des hot-dogs bouillis.

Une expression courante ici est « Ut på tur, aldri sur» (promenez-vous dans les bois et vous vous sentirez toujours bien !)

Étant donné le choix de leurs études, il semble fort à parier que les collines ont rempli le cœur de Maren et Louisa du son de leur musique.

Non, Louisa n’était pas Norvégienne, mais pendant trois étés de suite, selon un article paru dans Dagbladet,cette « chercheuse d’aventure» travaillait pour une entreprise proposant des vacances comportant des sports extrêmes, comme la descente de torrents en radeau.

On imagine que les deux jeunes filles ont fait de longues marches dans la campagne sauvage et escarpée autour de Bø.

Et une vénération à la façon des Norvégiens pour les montagnes expliquerait certainement le voyage prévu pour leurs vacances de Noël cette année : à savoir, une randonnée dans les montagnes de l’Atlas au Maroc.

Hélas, la randonnée ne s’est pas déroulée comme prévu.

Lundi matin 17 décembre, Maren et Louisa ont été retrouvées mortes dans une zone isolée des montagnes de l’Atlas. Plus précisément, elles ont été trouvéesprès d’Imlil, sur le chemin du Toubkal, le plus haut sommet d’Afrique du Nord et une destination prisée des randonneurs.

Toute la semaine, les médias ont offert des nouvelles de l’affaire.

Bien que ni Maren ni Louisa ne se soient jamais rendues auparavant au Maroc et ne connaissent pas le territoire, elles y ont allées seules, armées de leurs sacs à dos.

Le dernier soir de leur vie, elles ont planté leur tente pour passer la nuit. Le lendemain matin, un couple de touristes français les a trouvées mortes, l’une dans la tente, l’autre juste à l’extérieur.

Toutes les deux ont subi un viol brutal puis ont été massacrées. L’une ou les deux (les sources diffèrent) ont été décapitées.

Les meurtres ont été décrits comme des « massacres» réalisés « à la manière d’ISIS».

Une carte d’identité trouvée dans la tente a permis à la police locale de retrouver et d’arrêter un suspect à Marrakech.

Dans la soirée de mardi, trois autres personnes ont été appréhendées dans cette ville. Les autorités marocaines et danoises ont rapidement suggéré que les coupables étaient liés à ISIS ; à la fin de la semaine, leur adhésion à cette organisation était établie.

Vendredi 21 dans l’après-midi, nous avons appris que neuf autres membres présumés de la même cellule de l’État islamique avaient été arrêtés à Marrakech, à Tanger et dans d’autres villes.

Ces meurtres sont traités, au moins par le Maroc et le Danemark, comme un acte de terrorisme, une conclusion étayée par une vidéode l’atrocité qui circule sur les médias sociaux marocains et qui est certifiée authentique par les services de renseignement danois.

Dans la vidéo, un homme dit en français :

« Ceci est pour la Syrie, voici les têtes de vos dieux».

Varden, l’un de nos journaux locaux du Telemark, a précisé que les parents de Louisa n’avaient pas approuvé ses projets de vacances.

« Nous lui avions conseillé de ne pas y aller», a déclaré la mère de Louisa, Helle.

La mère de Maren, Irene, semble avoir été moins inquiète : dans sa déclaration parue dans plusieurs journaux, elle s’étonne du sort de la jeune fille, car après tout, elles avaient « pris toutes les précautions» avant de partir.

Bien sûr, la meilleure précaution aurait été de ne pas y aller.

Un autre articlecite Thor Arne Hauer, un Norvégien à l’allure sportive qui a travaillé comme guide dans les montagnes de l’Atlas.

Il a ajouté que même après 35 ans d’expérience au Maroc, il s’arrangeait toujours pour être accompagné par un guide autochtone autorisé lorsqu’il s’aventurait dans les montagnes de l’Atlas.

Il a souligné que personne ne devrait y aller seul.

Cette information n’a rien de surprenant. Pourquoi, alors, ces deux jeunes filles étaient-elles si peu conscientes des dangers qu’elles couraient ?

Elles semblent être parties à l’aventure en pensant que les montagnes du Maroc n’étaient pas moins menaçantes que celles du Telemark.

Comment cela se peut-il ?

Elles avaient dans la vingtaine ou la fin de la vingtaine, n’étaient plus des enfants.

Elles avaient vécu le 11 septembre et tous les actes djihadistes majeurs survenus en Europe occidentale au cours des années qui ont suivi.

Elles avaient certainement entendu parler d’ISIS. Elles savaient sûrement que le Maroc était un pays islamique (bien qu’il soit censé être « modéré»).

Et pourtant, elles ont toutes les deux décidé que c’était une bonne idée de passer leurs vacances de Noël à marcher, sans escorte, dans les montagnes de l’Atlas au Maroc et à dormir, toutes les deux, sans armes, sous une tente, au milieu de nulle part.

Dire que ces pauvres jeunes filles étaient ignorantes ne consiste pas à les critiquer, mais à pointer du doigt les personnes qui ont façonné leur image du monde musulman.

Toutes deux ont grandi dans des pays où, à la suite de chaque acte meurtrier de terrorisme djihadiste, les journalistes et les politiciens ont vite fait d’éviter ou de nier le lien de ces atrocités à l’islam.

Tout au long de leurs jeunes années, les chaînes de télévision à leur disposition étaient pleines de programmes optimistes, et les journaux et magazines populaires en vente à leurs comptoirs d’épiceries étaient remplis de profils joyeux, célébrant les merveilleuses contributions apportées par les immigrants musulmans à leur société.

Tout ce lavage de cerveau a clairement eu un impact.

En 2015, Maren avait publié sur sa page Facebook une vidéo montrant un homme barbu aux allures arabes marchant le long d’un trottoir et portant un grand sac à l’air suspect.

A proximité, une voiture de police s’arrête et une flopée de policiers se précipitent vers lui.

Mais ils passent à côté de lui et attrapent un jeune homme blanc bien net, vêtu d’un costume, dans le porte-documents duquel ils trouvent de la drogue.

Entre-temps, l’Arabe a retrouvé sa femme et ses deux jeunes enfants et a sorti de son sac un vélo pliant qu’il présente à sa petite fille souriante.

Il soulève ensuite son petit garçon pour le placer sur ses épaules et la famille continue son chemin.

Tout cela est observé par une passante, une femme blanche qui, accompagnée de sa propre petite fille, a regardé avec inquiétude l’Arabe et son sac avant de se rendre compte, à la fin, que ses soupçons étaient complètement égarés et enracinés dans un affreux bigotisme. « Réfléchissez», dit le message final à l’écran, soulignant que la peur de l’islam est basée sur une propagande islamophobe sans fondement.

Bien sûr, la vidéo elle-même est une pure propagande, suggérant malhonnêtement qu’il n’y a aucune raison de s’inquiéter de l’islam.

Il est clair que ce type d’agitation a contribué à façonner la pensée de Maren et a ainsi contribué à sa mort violente.

Il convient également de noter qu’aucune de ces deux jeunes filles n’a grandi dans ou à proximité d’une grande ville où elles auraient peut-être été exposées plus pleinement qu’elles ne le furent apparemment à la dure réalité de l’islam : Maren vivait à Bryne (11 000 habitants), sur la côte ouest de la Norvège ; Louisa était originaire d’Ikast (15 000 habitants) dans la péninsule essentiellement rurale du Jutland, Danemark.

Non, ces deux jeunes filles ont grandi en voyant relativement peu d’islam dans la vie réelle et en étant régulièrement gavées d’assurances rassurantes de personnalités politiques telles que le Premier Ministre norvégien, Erna Solberg, qui, dans ses commentaires officiels sur le double meurtre, l’a défini comme « sans signification».

Non, cet acte n’était pas sans signification ; c’était bel et bien un acte de guerre de musulmans voués à la conquête et à l’éradication des infidèles.

En fait, le 20 décembre, le jour même où le Ministre Erna Solberg a fait cette déclaration, le Sénat italien a observéune minute de silence à la mémoire de Maren et Louisa, qui ont été décrites explicitement comme des victimes du « terrorisme islamique».

Mais Erna Solberg a évité un tel langage.

Même si, au moment de sa déclaration sur les meurtres, une vidéo des quatre auteurs se déclarant loyaux envers ISIS était apparue en ligne, et que les autorités marocaines et danoises avaient déclaré que les meurtres étaient un acte terroriste.

Erna Solberg, dont la priorité était invariablement dans de telles circonstances de protéger le bon nom de l’islam, a refusé de suivre l’exemple de l’Italie.

Entre-temps, à la veille de Noël, aucun des six principaux chefs de parti norvégiens dotés de comptes Twitter ou Facebook n’avait mentionné les meurtres dans leurs médias, même si plusieurs d’entre eux avaient pris le temps de féliciter le footballeur norvégien Ole Gunnar Solskjær d’avoir été nommé directeur de Manchester United.

De toute évidence, ils sont déterminés à laisser passer ces assassinats en silence.

Ne laissons pas ces crimes  sombrer dans l’oubli.

Bruce Bawer est l’auteur de « While Europe Slept », « Surrender » et « The Victims’ Revolution ». Il vient de publier son roman « The Alhambra ».

Traduit par Jack pour « Résistance Républicaine ».

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13 Commentaires

  1. Voyager dans ces pays de m…. peuplés d’islamopithèques plus haineux les uns que les autres, c’est une véritable candidature au suicide!!… Il faut vraiment être totalement inconscient ou suicidaire pour voyager dans des pays où on vous déteste avec une passion brûlante et fanatique!

  2. @poum : c’est bien pour cela que le Maroc et les islamophiles se dépêchent de parler de terroristes et d’EI pour ne pas avoir à dire que ce sont de braves musulmans bien modérés : vous imaginez la une du journal titrant :
    Des musulmans modérés violent et décapitent des mécréantes  »

    c’est mauvais pour le tourisme !

  3. Il faut bien se dire qu’avec les frontières passoires de tels individus ont pu entrer en France et bénéficier en plus de la mansuétude de certains partis politiques qui se distinguent par leur lâcheté et leur cynisme; Nous aussi, en quelque sorte, avec cette immigration de masse, nous marchons sur un sentier de l’Atlas!
    Il faut rester vigilant!

  4. Ces personnalités politiques sont particulièrement répugnantes, et surtout elles sont responsables, aussi responsables que les nôtres et aussi mains sanglantes que les nôtres,

    Voyez l’effet que ça donne, c’est un peu comme des parents ou des instituteurs qui auraient la charge d’enfants, et qui s’appliqueraient tous les jours à répéter aux petits que les lions sont très gentils , que les lions sont inoffensifs, que les lions sont fréquentables,

    un jour, les enfants réussissent à ouvrir la cage des lions et entrent jouer à l’intérieur avec ces grosses peluches inoffensives, ils entrent en toute confiance et en toute innocence, suivant les enseignements qu’ils ont reçus,

    et bien sûr, la suite, c’est l’égorgement de ces deux innocentes

  5. Vu ce qui est dit sur les deux personnes assassinées, je ne les plains pas du tout car elles font partie de cette part de la population qui non seulement prêche la colonisation mais qui en plus stigmatise et dégrade les autochtones avec une propagande mensongère !
    Vous faites bien de mettre en cause la propagande mais avant de relayer la propagande et de se jeter dans la gueule du loup, elles n’avaient qu’à allumer leur cerveau. On est responsable de ses actes comme de ses opinions, c’est pour ça qu’un jour, cette partie collabo de la population sera jugée.

  6. Quand on pense que c’est dans ce pays que M&M sont allés signer un pacte infâme… pour faciliter les basses œuvres de ce genre de monstres?

  7. Le Maroc, un pays dangereux ? Ben non, la preuve, demain soir sur Paris Première,  » Le Marrakech du rire », présenté par l’ineffable Djamel Debbouze. Le Maroc, pays de l’humour…

  8. «  » assassinés par des membres de l’État islamique au Tadjikistan. » »

    merci Jack de préciser que c’est dans un de ces « authentique » shithole, en STAN que ça c’est passé, manque que le A de SATAN

    grace a toi, moi qui comptais faire un ..?? Trak ? Tric ? j’ ai eu le trac et fini ces Bantoustan, ah! non! c’est en Afrique ça, , donc je n’ irais pas au Khirghizstan, même invité par Tchingis Aïtmatov!!

    je préfenre aller visite, avec une étoile de David autour du cou, et une belle croix au dos de mon sac de vohage, le Soudan !
    chais pas trop encore lequel, celui du nord , islamique ou celui du sud animiste et chrétien…
    bAH dans le nord comme dans le sud, les camps de réfugiés n’ abritent que des Noirs, , le pays est plat, je partirais en vélo, avec porte sacoches, et avec quelques rudiments de Sous-damnés de la Terre pour tenter de me faire comprendre un minima…

    quel con! alors que tu pourrais te payer le Causse Méjean ou de Sauveterre. au mois de mai……temperature idéale, beau temps, floraisons époustouflantes et personne pour t’ égorger en voulant te piquer tes tickets restau ou tes billets UGC …….

    • On n’ose imaginer la réaction du Maroc, du gouvernement et des médias officiels si des touristes marocains se faisaient massacrer dans nos magnifiques campagnes.

  9. « De toute évidence, ils sont déterminés à laisser passer ces assassinats en silence. »
    Ben en France, on en parle pas trop non plus, je trouve. A moins que je n’aie raté un entrefilet, je n’en ai pas entendu parler à la télé.

  10. Culture typiquement protestante du culte des grands espaces mais très différente selon que l’on soit en Europe ou aux États-Unis le protestantisme reste très rousseauiste en Europe nous sommes en terres calvinistes ou luthériennes l’homme est naturellement bon comme la nature est aussi naturellement bonne et généreuse il n’est pas possible qu’on y fasse de mauvaises rencontres alors qu’aux États-Unis le protestantisme qui voue le même culte aux grands espaces ne se sépare jamais certes de sa Bible mais aussi de ces armes.
    Des mentalités complètement différente un calviniste français ce sera l’Église réformée de France qui dialogue avec l’islam qui est bienveillant un calviniste américain ce sera la Bible Belt où ce sera l’Afrikaner la Bible d’un côté et le pistolet ou le revolver de l’autre côté, la langue de ces derniers a donné le mot trek et le trek le Grand Trek à donner le trekking mais le trekking des uns, pacifique et bienveillant n’a plus grand-chose à voir avec le Trek des autres.
    Le trekking et pas forcément inconscient du caractère hostile de la nature mais elle oublie aussi le caractère hostile de certaines communautés qui vivent dans cette nature et il est clair qu’un trekking au Bhoutan présentera des risques bien moindre qu’un trekking au Cachemire pourtant il s’agit bien de la même chaîne de montagne avec les mêmes risques naturels la vie des populations tellement différentes!
    Quant à choisir auto faire du trekking dans des montagnes sûres, les stuppa bouddhistes, les pagodes où les églises présentent tout de même moins de menaces que les mosquées des vallées.
    Alors faire un trek en terre d’Islam très peu pour moi!

    N’oublions pas au passage Hervé Gourdel.

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