Du Figaro :
Christophe Guilluy: «Ce n’est pas au peuple d’écouter les prescripteurs d’opinion, mais l’inverse»
ENTRETIEN – Les attentes des catégories populaires vont dicter l’agenda politique des années à venir, argumente le géographe*, dont les travaux sur «la France périphérique» ont rencontré un vif succès.
LE FIGARO.- Comment renouer une alliance entre catégories sociales en France?
Christophe GUILLUY.- Sans représentants politiques satisfaisants, rendues invisibles par leur éloignement géographique des métropoles, culturellement reléguées, les classes populaires se sont rendues visibles avec un gilet jaune.
Une grande partie du monde politique, médiatique et universitaire semble découvrir le peuple comme on découvrirait une tribu perdue d’Amazonie. Leur sidération donne la mesure du travail à réaliser.
La technique de délégitimation morale est utilisée à plein contre les «gilets jaunes», décrits comme pollueurs, factieux, xénophobes, homophobes, etc.
Il est symbolique qu’à quelques exceptions près, ce mouvement social n’ait pas reçu le soutien massif du monde des arts et du show-business. C’est très révélateur d’une fracture historique entre les milieux populaires et le monde d’en haut.
Le gouvernement, pour sa part, a commencé par ostraciser les «gilets jaunes», puis, changeant de ton, il a annoncé des mesures technocratiques qui révèlent un gouffre culturel et ne font qu’accentuer la fracture. S
i l’on souhaite un atterrissage en douceur, le monde d’en haut et singulièrement la classe politique doit désormais prendre au sérieux l’exaspération du peuple et adapter une offre politique aux réalités sociales d’aujourd’hui.
Aucune société n’est viable sans un lien entre le haut et le bas.
Les catégories supérieures doivent réapprendre à vivre avec leur arrière-pays.
Vous estimez que le pouvoir d’influence, désormais, s’exerce de bas en haut dans la société. Qu’entendez-vous par là?
Les tentatives de délégitimisation que j’évoquais n’ont eu aucun succès.
Le mouvement a continué à être soutenu très majoritairement par l’opinion qui y voit pour la première fois un mouvement représentatif de l’état réel du pays.
Dans ce sens, et quelle que soit son issue, on peut déjà dire que le mouvement des «gilets jaunes», et des classes populaires, a gagné sur l’essentiel: la bataille des représentations culturelles.
Ces frondeurs inversent les notions de pouvoir et de puissance, en démontrant que le peuple n’a pas disparu.
C’est le mouvement réel de la société.
Les aspirations des «gilets jaunes», leurs demandes ne peuvent pas être écartées, car l’enjeu n’est pas l’intégration des marges de la société, mais celle de la société tout entière.
Demandes d’intégration économique par le travail mais aussi de préservation d’un capital social et culturel sont désormais sur la table.
On ne pourra plus les éluder. C’est ça le soft power des classes populaires. Elles n’écoutent plus ni partis, ni prescripteurs d’opinions. Ce sont à eux qu’il appartient d’écouter ouvriers, employés et petits agriculteurs.
Le problème crucial politique et social de la France, argumentez-vous, c’est que la majeure partie des catégories populaires ne vit plus là où se crée la richesse. Comment faire pour que le marché ait de nouveau besoin des classes populaires?
Ce diagnostic est celui de tous les élus de la France périphérique qui croient dans leur majorité à la nécessité et la possibilité d’un développement local.
Les travaux du géographe Gérard-François Dumont sont à ce titre très éclairants.
Il a ainsi démontré que ce développement est possible à plusieurs conditions. Il doit s’appuyer sur les spécificités culturelles et économiques des territoires, une bonne gouvernance territoriale et un esprit d’entrepreneuriat.
Naturellement, la redistribution est importante dans notre pays.
C’est bien pourquoi nous n’avons pas assisté à un basculement politique à l’italienne dans notre pays, notamment dans ces territoires de la France périphérique où le manque de création d’emplois privés a longtemps été compensé par de la redistribution et la création d’emplois publics.
Mais ce modèle est à bout de souffle.
On ne pourra s’en sortir sans redynamiser économiquement ces territoires.
L’adhésion au libre-échange doit-elle être nuancée et un certain protectionnisme envisagé?
Il faut être pragmatique, aujourd’hui les métropoles mondialisées produisent l’essentiel des richesses. Impossible de s’en passer.
Pourtant ce modèle atteint ses limites, en France comme dans de nombreux pays européens, parce qu’il n’intègre plus le plus grand nombre. Dans ce contexte il ne faut rien s’interdire.
Par ailleurs, comme le rappelle Jean-Luc Gréau, «le protectionnisme n’est pas une idéologie.
Il s’agit de d’abord de politiques de protection» qui consistent à protéger certains secteurs de l’économie et donc certaines catégories de la population.
Vous jugez qu’il est établi de longue date que l’importance des flux migratoires est au cœur des préoccupations des Français. Regrettez-vous que la question ait été exclue du débat national qui s’annonce, contrairement à l’annonce initiale d’Emmanuel Macron?
Une enquête récente de la Fondation Jean-Jaurès consacrée à la perception de l’immigration confirmait ce que l’on sait depuis des décennies à savoir que la majorité de la population est favorable à l’arrêt de l’immigration.
Cette opinion est majoritaire quelles que soient les catégories sociales et les pays considérés, de la Chine au Brésil, de l’Algérie à Israël. Il n’y a guère qu’en Europe de l’Ouest, que les dirigeants se caractérisent par une si grande irresponsabilité sur cette question.
En réalité, en France, si ce débat est très clivé politiquement et idéologisé, il y a consensus dans la population – singulièrement dans les milieux populaires et, soulignons-le, quelle que soit l’origine des individus.
Cette opinion n’est pas celle du «petit Blanc», mais celle du «petit» qu’il soit blanc, noir, maghrébin, qu’il soit catholique, juif, ou musulman
. Bref, c’est l’opinion de ceux qui n’ont pas les moyens, contrairement aux catégories supérieures, d’instaurer une frontière, invisible mais bien réelle, avec l’Autre.
Ils aspirent au contraire à une stabilisation de leur environnement.
Qu’on le veuille ou non la régulation des flux se fera, car elle repose sur le mouvement réel des sociétés et une volonté majoritaire, celle de préserver son capital social et culturel.
* Dernier ouvrage paru: No Society. La fin de la classe moyenne occidentale (Flammarion, 2018, 242 p., 18 €).
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Dire que les métropoles créent la richesse, ça c’est du bidon complet,
le gouvernement aspire l’argent de la périphérie et ne le redistribue qu’aux métropoles, la nuance est grande,
que les agriculteurs, par exemple, stoppent leurs livraisons aux métropoles et rira bien qui rira le dernier
Selon moi les Arabes et les Noirs bien intégrés ne tiennent pas à une augmentation de l’immigration car ils craignent les retours de bâtons contre eux sans discernement qui risquent d’arriver. J’ai connu une Turque en ce sens et un Arabe aussi dans son commerce local qui souhaite bonne fête de Noël à ses clients. Je compare avec le panneau « non à l’extension du lotissement » posé par les habitants du lotissement installés dans la première partie de l’urbanisation.
« les mégapoles et leurs alentours créent essentiellement la richesse »: ils créent surtout des usines à gaz destinées à les enrichir en ne produisant pas grand chose de concret. On en reparlera lorsque les ressources s’amenuiseront. .
Je ne suis pas d’accord avec la partie concernant le refus de l’immigration: « Cette opinion n’est pas celle du «petit Blanc», mais celle du «petit» qu’il soit blanc, noir, maghrébin, qu’il soit catholique, juif, ou musulman ».
Les noirs, maghrébins et musulmans veulent que l’immigration continue pour pouvoir mettre la main sur la France et imposer leurs cultures!
Tout à fait.
Je rajouterai une autre critique à l’analyse de Guilluy, et non des moindres, qui voient dans les gilets jaunes cette France périphérique des « employés, ouvriers et petits agriculteurs ». On retrouve la même erreur dans bien des analyses, dans les médias notamment.
Or la France des gilets jaunes, c’est une réalité sociologique plus large, au-delà de celle des « petits » : on y trouve des cadres, des retraités (pas que « petits »), des employeurs…, qui gagne bien plus que les 800-1200 euros généralement avancés.
Car le mouvement des gilets jaunes ne se limite pas aux seuls activistes des ronds-points mais à s’élargit à tous ceux qui les soutiennent, et vivent cette révolte par procuration.
Bref, c’est donc la France blanche qui bosse et qui finance, celle qui a été oubliée, qui soit subir et se la fermer. La France qui ne veut pas crever sous les impôts qui financent largement une UE ogresse et une tiers mondisation et l’africanisation du pays, décidés par nos élites traitresses.
D’accord avec vous.
On peut gagner correctement sa vie et être GJ. Il n’y a pas que la hausse du gazole qui heurte la population.
En revanche, les exogènes ne sont certainement pas avec les GJ !
au Soudan, le dictateur El Bachir, au pouvoir depuis 30 ans a décidé d’ entendre ses « gilets » protestant contre la hausse du prix du pain
40 morts, parmi les braillards qui protestaient
Omar el Bachir est le dictateur somalien condamné par l’ ONU qui a mis sa tête a prix
il s’ en bat les couilles et va ou il veut….
http://www.lefigaro.fr/international/2018/12/25/01003-20181225ARTFIG00033-soudan-les-manifestations-contre-la-hausse-du-prix-du-pain-font-des-dizaines-de-morts.php
OMAR EL BACHIR un nom a retenir! lui, il sait causer a ses flics!!