Comme Macron, Louis XIV soutenait les Turcs et s’opposait à Innocent XI, acteur de la bataille de Vienne

Jean Laffitte avait déjà évoqué Innocent XI dans un de ses articles :

http://resistancerepublicaine.com/2018/08/11/quand-louis-xiv-annoncait-macron-avec-de-bonnes-raisons-de-ne-pas-sopposer-aux-turcs-musulmans/

 

Innocent XI : les Turcs  et le roi de France

 

Les papes n’ont pas toujours été des défenseurs acharnés de l’islam. C’est ce que nous allons voir avec Innocent XI ,pape de 1676 à 1689.

 

Elu contre l’avis de Louis XIV qui  le suspectaitI, de ne pas lui être soumis, ce pape mènera  de grands combats.   Il commence par réduire les frais de son couronnement : l’argent économisé ira aux pauvres et aux paroisses de Rome.

 

Ensuite,  c’est le temps du combat contre l’Empire ottoman et  Louis XIV, que le pape tente de réconcilier avec le Saint Empire.  Apres avoir fait reculer Louis XIV,   à qui il reproche ses bonnes relations  avec l’Empire turc et son manque de catholicisme,  il l’oblige à revenir sur la promulgation des fameux quatre articles publies par le clergé français.

La Déclaration des Quatre articles rédigée par Jacques-Bénigne Bossuet, fut adoptée en 1682 par l’assemblée extraordinaire du clergé du royaume de France, convoquée par Louis XIV dans le conflit qui l’opposait au pape Innocent XI au sujet du droit de régale.

La déclaration définit les « libertés de l’Église gallicane », selon lesquelles :

  • le souverain pontife n’a qu’une autorité spirituelle ; les princes ne sont donc pas soumis à l’autorité de l’Église dans les choses temporelles ; le pape ne peut juger les rois ni les déposer ; les sujets du roi ne sauraient être déliés du serment d’obéissance ;
  • l’usage de la puissance pontificale est réglé par les canons de l’Église ; mais, à côté d’eux, les principes et les coutumes de l’Église gallicane qui existent depuis toujours doivent demeurer en vigueur ;
  • le concile œcuménique, réunion de tous les évêques de la chrétienté, prend des décisions qui ont une valeur supérieure à celles du pape dont l’autorité est donc limitée par celle des conciles généraux ;
  • en matière de dogme, le pape n’est infaillible qu’avec le consentement de l’Église universelle.

Elle est l’aboutissement d’une évolution des États européens vers des régimes de monarchie absolutiste et la mise en œuvre de la volonté des souverains de s’ingérer dans le fonctionnement de l’Église dans leur royaume respectif.

Cette évolution a débuté en 1438 avec la publication à Bourges de la Pragmatique Sanction par laquelle le roi Charles VII de France, sans en référer au pape :

  • proclame la supériorité du concile sur le souverain pontife ;
  • se donne la haute main sur la nomination des évêques et des abbés des monastères ;
  • et impose d’importantes restrictions aux impôts perçus par Rome sur le clergé du royaume de France.

La Pragmatique Sanction est elle-même fondée sur la théorie conciliaire qui avait été développée surtout par l’enseignement théologique de l’université de Paris soutenant la thèse de la supériorité des conciles sur le souverain pontife. Cette théorie déboucha sur l’hérésie de l’Anglais John Wyclif qui dans les années 1370 nia l’autorité du pape et des évêques, rejeta le culte des saints, les vœux monastiques, la confession et la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Certaines de ses positions furent reprises par Jean Hus, le recteur de l’université de Prague qui reconnaissait seulement comme sources de la croyance, l’Écriture Sainte de l’Ancien Testament et des Évangiles. Ces deux dernières théories sont considérées comme le prélude de la Réforme protestante qui brisera l’unité de l’Église au siècle suivant.

L’esprit et la lettre de la Déclaration des Quatre articles vont être adoptés par de nombreux États européens qui verront dans le principe de prépondérance des Conciles, la possibilité donnée à leurs souverains de s’émanciper de la tutelle pontificale et de traiter désormais d’égal à égal avec le Saint-Siège pour le règlement des affaires religieuses de leurs royaumes respectifs en signant avec l’administration vaticane des concordats.

Au plus fort du conflit le pape Innocent XI fit remarquer à l’ambassadeur de France que « si les conciles sont supérieurs aux papes qui tirent leur pouvoir de Dieu, les états généraux devraient avoir loisir de formuler la même revendication à l’encontre du roi » ; une phrase prophétique, un siècle à peine avant la Révolution française1.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Déclaration_des_Quatre_articles

Le pape se passera de Louis XIV pour remporter la victoire de Kahleenberg  près de Vienne le 12 septembre 1683.  

La coalition de 100 000 catholiques était formée par des hommes provenant des États allemands, de l’Empire, de la noblesse italienne, et de Pologne emmenés par leur propre roi, Jean Sobieski. Allié  au duc Charles V de Lorraine qui commandait des armées impériales, elle  remporte un triomphe sans précédent sur les forces turques constituées de 300 000 hommes.

Les Ottomans  venaient de mettre à feu et à sang les Balkans, et  les villes de Buda et Pest. .

Cette coalition ne comprenait pas la France, qui s’était engagée à soutenir matériellement l’avance turque au détriment du Saint-Empire, constituant par là  une menace pour l’Europe. C’est la raison pour laquelle le roi Louis XIV sera appelé « le roi maure ». Cependant quelques Français tel le prince de Conti — un prince du sang — guerroiera en Hongrie quitte à subir les foudres du Roi.

Le pape condamna aussi  l’édit de Fontainebleau de  Louis XIV en affirmant : « Ce n’est pas avec des missionnaires armés que le Christ a pu convertir le monde».

En octobre 1685, Louis XIV signe l’édit de Fontainebleau qui révoque l’édit de Nantes. Il interdit tout exercice de la religion protestante et toute émigration des protestants. Les pasteurs, eux, sont bannis.

À partir de 1661, Louis XIV détruit pièce à pièce l’édit de Nantes, signé par Henri IV en 1598. Il interdit progressivement la plupart des professions aux protestants réformés et fait peu à peu démolir leurs temples. En octobre 1685, il ne reste plus qu’une vingtaine de temples réformés encore en service.

Le recours à la violence (dès 1681 en Poitou) va contraindre les protestants à abjurer. Terrorisés par les atrocités des dragonnades déclenchées à partir de mai 1685 en Béarn, puis Languedoc, Dauphiné, Aunis, Saintonge, Poitou, les protestants se convertissent en masse. Des communiqués triomphants parviennent à la Cour : la France est presque entièrement catholique.

Aussi le 18 octobre 1685 Louis XIV signe l’édit de Fontainebleau qui révoque l’édit de Nantes.

https://www.museeprotestant.org/notice/ledit-de-fontainebleau-ou-la-revocation-1685/

 

La Sainte Ligue  continuait son travail. Elle avait vaincu et repoussé les Turcs de Vienne. Les troupes impériales du duc Charles V et de Louis Guillaume de Bade-Bade   écrasèrent les forces turques du sultan Mehmet IV à la bataille de Mohacs le 12 août 1687.

Apres la mort du pape survenue en 1689  l’Autriche remporte la victoire décisive sur l’empire Ottoman à la bataille de Zenta, le 11 septembre 1697. Les Turcs sont totalement vaincus et rejetés hors de Hongrie.

Aujourd’hui les nations de l’ex Saint Empire et la Ligue  sont  de nouveau remobilisés contre la menace islamique,   tandis que la France est fidèle à sa tradition

 

 

 

 

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7 Commentaires

  1. Suite à l’intervention d’Anne Lauwaert permettez-moi de prendre le risque d’évoquer la question cruciale des apparitions du Sacré-Coeur de Jésus à sainte Marguerite Marie à Paray-le-Monial et du message délivré à Louis XIV, désigné comme étant le  » fils aîné de Son Sacré-Coeur  » alors qu’il avait été excommunié en secret par le pape Innocent XI en raison de son état de pécheur public …
    Mais nous touchons là à un aspect du mystère de la Royauté Capétienne et de la France en général, puisqu’un siècle après – jour pour jour, selon une tradition historique qui semble bien établie – la Révolution éclatait le 17 juin 1789 …
    Pour le jugement à apporter sur Louis XIV, par rapport à la question évoquée ici on ne peut que renvoyer à 2 livres de référence :
    – « Marguerite-Marie, La sainte de Paray » , Ed Resiac, 1994, (ISBN 2-85268-118-8)
    – et le  » Louis XIV » de François Bluche …
    Quant au présent et à l’avenir qui vivra verra ! …

  2. un événement qu’en générale on ignore mais qui est très important: le Pape Jean Paul II qui était polonais et se souvenait des “Turcs aux frontières de la Pologne” a béatifié un capucin Marco d’Aviano dont personne ne se souvenait mais qui avait mené la bataille pour libérer Vienne et avait aussi inventé le croissant café-crème – lisez cette histoire et surtout faisons des neuvaines au Beat Marco d’Aviano pour qu’il nous aide à nous libérer encore une fois. Pour les détails voir https://atelier-ca-della-fiola.blogspot.com/p/histoire-la-bataille-pendant-laquelle.html

  3. Bonjour,

    Merci pour cet article très intéressant.

    N’oublions pas que dans les origines lointaines du Gallicanisme, il y a un Berbère,Saint Augustin : preuve que l’Afrique du Nord était grande quand elle était catholique …

    Un petit bémol à l’islamophilie de Louis XIV.

    Malgré les demandes pressantes du sultan du Maroc, Moulay Ismaël, il n’est jamais entré en guerre contre l’Espagne catholique aux côtés des musulmans.

    Moulay Ismaël a compris que la partie était totalement perdue quand le petit-fils de Louis XIV est devenu roi d’Espagne …

    Pour finir, avec François, on a rudement envie de redevenir gallican :=)

    • BONJOUR

      JE CROIS ME SOUVENIR D’UNE DEMANDE EN MARIAGE DE LA  » GRANDE MADEMOISELLE » ….? PAR UN SULTAN MAROCAIN?

      A LA DEMANDE DUQUEL IL FUT REPONDU PAR DES SARCASMES MEPRISANTS ,, 😆

      quand a «  »Saint Augustin : preuve que l’Afrique du Nord était grande quand elle était catholique … » »

      sa pauvre maman en a bavé avec ce rejeton, elle en a dit des prières cette bonne Sainte Monique, pour le sortir de cette vie de patachon qu il a longtemps menée……..a Thagaste ? a Madaure, a Hippone ??

      on ne dirait pas, mais les lieux de « perdition » ne semblaient pas manquer en cette époque.. 😆

  4. bah! comme avant lui François 1er et aprés lui Charles de Gaulle

    vieille tradition française de s’ opposer a la chrétienneté depuis charles-quint

  5.  » … tandis que la France est fidèle à sa tradition… »

    Si la France était fidèle à sa tradition, elle retrouverait l’amour des Lois Fondamentales du Royaume de France …Mais ceci est une autre histoire, selon une formule célèbre !…

    Il semblerait donc qu’il y ait une erreur de raisonnement dans votre argumentation, dont rend parfaitement compte le texte anachronique du titre même de votre tribune  » Comme Macron, Louis XIV soutenait les Turcs et s’opposait à Innocent XI, acteur de la bataille de Vienne ».

    PS : Quant à votre tribune précédente à laquelle renvoie celle-ci pourriez-vous nous dire SVP quel est votre objectif que vous partageriez avec RR ?

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