Affaire Benalla : «Pour la première fois, Emmanuel Macron n’est plus le maître des horloges»

Du Figaro:

FIGAROVOX/ENTRETIEN – David Desgouilles analyse les retombées politiques de l’affaire Benalla pour Emmanuel Macron. Il y voit le délitement de la stature jupitérienne du président.


David Desgouilles est membre de la rédaction de Causeur. Il a publié Le bruit de la douche, une uchronie qui imagine le destin de DSK sans l’affaire du Sofitel (éd. Michalon, juin 2015), et Dérapage (éd. du Rocher, 2017).


FIGAROVOX.- L’affaire Benalla semble prendre une importance considérable. Est-on en train d’assister à un «scandale politique», à une «affaire d’État», comme certains la qualifient?

David DESGOUILLES.- L’accumulation de toutes les informations que nous recevons depuis mercredi soir nous incite à le penser.

Et ce n’est sans doute pas fini.

Finalement, après que les députés LREM avaient refusé une commission d’enquête parlementaire dans un premier temps, c’est la Commission des lois qui va en prendre la forme à partir de la semaine prochaine.

Nous ne sommes peut-être pas au bout de nos surprises.

Il semble que le ministre de l’Intérieur et le directeur de cabinet du Chef de l’État avaient connaissance de faits délictueux – dont le plus grave est sans doute l’usurpation de la qualité de policier par un membre du cabinet du président – et qu’ils n’ont pas saisi le Parquet comme le code de procédure pénale les y obligeait. Nous sommes au cœur du fonctionnement de l’appareil d’État. C’est grave.

Comment comprendre la communication discrète et en retrait d’Emmanuel Macron dans cette affaire? A-t-il perdu la main?

Jeudi matin, il a laissé le porte-parole de l’Élysée, Bruno Roger-Petit monter au front.

C’est symptomatique de l’appréciation que le Château avait de cette affaire.

En effet, Bruno Roger-Petit joue un rôle de porte-parole auprès des journalistes.

Cela signifiait donc qu’ils pensaient que c’était une histoire de journalistes qui ne concernerait pas les Français en plein été après la victoire française en coupe du monde.

L’erreur de communication est là.

Mais la com’ n’est pas tout.

Cette affaire – même si elle s’arrêtait après la seule démission d’Alexandre Benalla, ce qui serait étonnant – aura des répercussions sur la vision que les Français ont de l’incarnation de la fonction présidentielle par celui qu’ils ont élu en mai 2017.

Pour deux raisons.

La première tient au fait que pour la première fois, Emmanuel Macron n’a plus été le maître des horloges.

Il n’a pas pu imposer son calendrier, cédant à la pression ce vendredi matin de lancer la procédure de licenciement alors qu’hier, son porte-parole expliquait que le conseiller fautif avait été déjà sanctionné.

La seconde, c’est que l’idée de monarque républicain qu’il souhaitait incarner part en quenouille.

Le monarque républicain, Jupiter, ne tient sa légitimité que grâce à la garantie qu’il se tient au-dessus des partis.

Dès lors qu’on apprend qu’il ne se comporte plus ainsi mais protège des proches, lesquels se croient tout permis du fait de ladite proximité, l’édifice s’écroule.

Il n’est plus Jupiter, il n’est plus le monarque mais un chef de bande, de clan, ou de faction, pour rappeler la philippique de François Mitterrand.

La communication des membres de l’Élysée (Benjamin Griveaux et Bruno Roger-Petit) explique que le gouvernement n’est pas en tort, de même que les députés LREM ont refusé dans un premier temps une commission d’enquête. Pourquoi un tel déni?

Parce qu’ils ne peuvent plus guère faire autrement.

Pour toutes les raisons que je viens de vous expliquer.

On touche au cœur de la pratique de la fonction présidentielle.

Nous avions eu une présidence «De Funès», puis une présidence «Bourvil».

Les Français pensaient avoir élu un homme qui allait renouer avec une pratique gaullo-mitterandienne de la fonction présidentielle et ils se retrouvent avec une présidence «Rambo».

Ce n’était pas du tout le contrat!

Les communicants d’Emmanuel Macron en sont tout à fait conscients. C’est pourquoi la seule solution qu’il leur reste est de minimiser, minimiser, et encore minimiser, le temps que tout le monde parte en vacances.

C’est pourquoi le président de la République n’intervient pas lui-même. Il veut donner l’impression qu’il est au-dessus de tout cela.

Céder une nouvelle fois en intervenant directement constituerait un aveu qu’il a renoncé à être Jupiter.

Qu’il subit les événements.

C’est pourquoi il serre les dents en attendant que ça passe, bénissant le fait que l’affaire sorte en plein mois de juillet. Au mois de septembre, cela aurait été pire encore.

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28 Commentaires

  1. Le commandat de police Rouget (Syndicat des cadres Sécurité Intérieure)précise (13:24):
    que Benalla disposait d’une voiture avec tout le matériel de police et qu’il avait obtenu le grade de lieutenant-colonel de réserve de gendarmerie !!
    Que la gendarmerie occupe suffisamment de spécialistes en sécurité rapprochée.
    https://www.youtube.com/watch?v=cbxYQTOAT_4

    On ne peut pas poursuivre les “Fake News” et couvrir un “Fake flic” (S. Chenu)
    48 heures pour limoger le Général De Villiers, 2 1/2 mois pour un barbouze ? (M Ménard)
    A. Benalla : U. Bernalicis (FI) exige que Brigitte Macron soit auditionnée! 21/7
    Est-ce que ce sont des agents privés qui prennent le contrôle de la police ?
    RTL: https://www.youtube.com/watch?v=d4xTlt_L-rw

  2. Oui, je pense aussi qu’il ne sera pas réélu dans quatre ans. En attendant, il va falloir le supporter encore quatre ans et il peut encore faire de sacré dégâts pendant cette période.

    • “Il va falloir le supporter encore 4 ans”!
      Coup d’Etat et Révolution, c’est pour les chiens?

  3. Affaire benalla macron va s’en tirer avec une pirouette , vous verrez bien , cela dit certain français ne lui feront plus du tout confiance et pour certain se sera le réveil , un peu tardif certes mais ils comprendrons leur erreur , attendons encore un peu , il y a une suite logique dans cette histoire trouble…

  4. Tout devient clair.
    Macron doit être éjecté manu militari sans autre forme de procès.

  5. La France championne du monde de la magouille étatique!

    On ne dirige pas un pays en shootant dans la baballe avec des chiens islamogauchistes pour la rapporter!

    Mais ce n’est pas tout!
    Je reviendrais vers vous!

  6. Autre époque, autres moeurs ?
    Au 16ème siécle, c’était au Louvre que résidaient Henri III et ses “Mignons”.
    Depuis 2017, l’ Elysé abrite les memes “coups foireux”.
    L’odeur de la rose de Mitterrand est devenue nauséabonde.

  7. ce type EST un dictateur de bas étage, très bas ! c’est un incapable, incompétent, un traitre à son pays, un menteur ! QUI a financé sa campagne présidentielle ? QUI a financé son parti ? Inconnu en 2014, en 2017 il est président de la république ! et ça ne choque personne ? personne ne s’est posé de questions ? ceux qui l’ont placé là ont voulu, non seulement détruire la France, mais en sus, la ridiculiser aux yeux du monde entier ! bravo ! très réussi ! et maintenant ?

  8. Il n’a jamais été que le maître des nuls et des racailles, comment aurait-il pu être le maître du temps?
    Il a l’horloge, nous avons le temps.
    Quand on croit être maître du temps c’est qu’on est en train de se faire mettre par le temps.
    Le temps est un grand maître qui tu ses élèves.

  9. Macron, députés LREM ; tous complices. Et ils se permettent de nous faire la morale et Macron en rajoute en nous traitant de lépreux dernièrement. À vomir !

  10. Macron n’a JAMAIS été un président de la France, ne s’étant jamais comporté comme tel.
    Ses déclarations tous azimuts sur tous sujets, ses insultes et ses provocations – la dernière en date, transformer l’Élysée en Cage aux Folles avec des décérébrés qui braillent des grossièretés en guise de chansons à faire rougir un grenadier – quasi constantes envers les Français ne le grandissent pas.
    En outre s’autoproclamer Jupiter signifie que l’on n’est ni plus ni moins qu’un personnage de fiction. Ce n’est pas parce que l’on agit comme un petit dictateur de bas étage par les pouvoirs dont on abuse à outrance, que l’on est un vrai dirigeant.
    Personnellement, même du temps de son ministère sous Hollande, mais dans un autre contexte, je ne l’ai jamais trouvé ni digne ni honnête ni respectueux non seulement envers les devoirs de sa charge mais également envers le peuple de France et ce n’est pas maintenant qu’il va changer, ayant un nouveau joujou à sa portée : le destin de la France et attendons-nous au pire.
    À mon avis, cette affaire Benalla n’est que la partie visible de l’iceberg et constitue l’arbre qui cache la forêt.

  11. Bonjour Antiislam,
    je vous laisse le lien de la dernière vidéo d’Aldo Stérone… ça faisait un moment mais là il a réalisé une bonne vidéo.. A mon avis ça mériterait d’être mis en article ! https://youtu.be/AgCAu9LBwkw

  12. Micro-con croit que les français vont oubliés ce scandale d’état à la rentrée , hé bien il se fout le doigt dans l’œil , nous n’allons pas l’oublier cette saloperie d’affaire et s’il le faut nous la remettront sur le tapis , nous n’aurons pas la mémoire courte ,vacances ou pas ,salopards et pourris qu’ils sont au gouvernement .

  13. Une remarque la presse a mis deux mois ! pour sortir l’affaire qui ne va pas s’arrêter à cause des vacances . C’est un Elyséegate trop grave : il y a des choses à expliquer des comptes à rendre . Dans tous les cas Macron est tombé et les gens ne laisseront pas passer un pourrissement pareil au sommet de l’Etat .

    • Le spin-off a déja commencé de la part des media, c’est-à-dire, on fait semblant d’informer mais on présente l’histoire sous un jour favorable au président. Les media nous présentent cela comme l’affaire Benalla. Or, ils étaient au moins DEUX: Benalla et Crase. Crase, d’ailleurs, a été viré illico presto, pas Benalla. Bizarre, non ? La presse présente les faits comme si Benalla avait agressé une personne, alors qu’il en a agressé DEUX. C’est là toute la différence, il s’agit d’un procédé systématique. La presse présente le tout comme une erreur de comm’. En réalité il s’agit d’une atteinte au droit de manifester dans la rue. Par ailleurs, la destructuration et le délitement (voulu) se poursuit puisque maintenant, des gens normaux et attentifs, pas forcément rebelles, ne peuvent plus faire confiance à la police: 1° car on ne sait pas s’il s’agit d’un usurpateur et 2° car la police n’est pas intervenue pour le stopper quand il a commencé à agresser ces deux personnes. Ainsi donc, la personne qu’ils avaient auprès d’eux en qualité d’observateur se met à agresser des personnes et les policiers supposés l’encadrer n’interviennent pas ???
      Et alors, on peut se demander: à qui profite le crime ? Qui va divulguer ce dossier le lendemain de la Coupe du Monde et la veille du mariage de Benalla (purée, quel timing !) ? Qui distille les informations au compte-gouttes pour faire monter la pression ? Qui a intérêt à raconter une nouvelle histoire (un seul coupable, une seule personne agressée en taisant tout le reste ?) Qui a décidé de plomber l’avenir d’Emmanuel ?
      Je salue la pugnacité des députés qui refusent de reprendre leurs travaux car je pense que quelques-uns, au-delà du calcul politique, ont compris que c’était réellement le droit de manifester qui était en danger (et c’est un droit von-da-men-tal). Je pense aussi que le message caché, il est là: il est dangereux d’aller manifester.
      Je me pose, comme d’autres, des questions quant aux personnes invisibles qui tirent les ficelles en l’arrière-plan. On sait tous que les propriétaires auxquels appartiennent les media constituent le 4è pouvoir d’un pays. Et donc: à qui profite le crime ? À qui le président a-t-il refusé quelque chose ? (c’est la même histoire, la même mécanique médiatique que celle qui avait opérée pour Weinstein et DSK. Pour DSK, le timing ne laissait aucun doute. Pour Weinstein, nous n’en connaissons pas les raisons. Je ne les défends pas, je dis juste: “bizarre, tout le monde était au courant, cela durait depuis plusieurs années, tout le monde gardait le silence et soudain, paf ! ils sont tués sur le plan social (plus besoin d’élimination physique).
      Bien sûr, nous, les lépreux (et fière de l’être !) ne connaîtrons jamais la vérité mais que cela ne nous empêche pas de garder les yeux ouverts sur les manipulations auxquelles nous sommes soumis à notre corps défendant.

  14. Il est quand même curieux que cet homme ( M. Benalla ) soit le chef des forces de l’ordre françaises . En principe , sans réfléchir pendant des jours et des jours , on met à la tête des forces de l’ordre , un Ministre de l’Intérieur compétent intellectuellement , physiquement quelqu’un qui puisse diriger les hauts fonctionnaires responsables de la Sécurité des Français ,qui tous , sortent d’écoles prestigieuses , hommes et femmes au QI dépassant largement la moyenne ( l’excellence ) , ayant un fort potentiel et travaillant beaucoup et prenant rapidement les décisions .
    Les forces de l’ordre doivent recevoir des consignes , des ordres ,de l’exécutif ( Ministre de l’Intérieur ,Premier Ministre en accord avec le Président de la République , répercutés aux hauts responsables de la Sécurité , ordres adaptés aux situations , agir avec doigté , frapper si on est frappé ( là nous sommes tous d’accord ) se servir de ses armes si nécessaire ( nous prenons sur nous le fait qu’ils tirent ) .

    Là nous avons un individu , sans formation , sans diplôme , sans compétences qui pourrait être un videur ( sous contrôle ) d’une boîte de nuit chargé ” de la sécurité du Président ” avec accès à la Chambre des Députés , on croit rêver .

    C’est quoi ce foutoir !

  15. L’affaire Benalla a certainement pris Macron au dépourvu, mais, ne vous y trompez pas, Macron reste au second plan de peur d’enfoncer le clou. Non Macron n’est pas fini (voir mon commentaire sous l’article de Christine, vers la fin : http://resistancerepublicaine.com/2018/07/21/laffaire-benalla-fera-t-elle-tomber-macron-cest-pire-que-le-watergate/. D’ailleurs, bien des Français sont sur les plages, espérons pas trop envahies par les burkinis et autres sac poubelles. Le moment est donc parfait pour attendre que tout se calme d’ici la rentrée. Bon, il va peut-être falloir que quelqu’un paye la casse : Collomb ? (qui sera recasé ailleurs pour conserver son niveau de vie ?). Quelqu’un devra essuyer les plâtres, et puis on passera à autre chose. La grande muette va rester muette, la police va rester aux ordres, la loi « fake news » va être votée, les « réfugiés », y compris porteur de gale, vont continuer leur invasion, etc… Vive la France.

    • @ Jack
      Il ne restera donc que les patriotes vigilants pour ne pas laisser s’éteindre cette affaire et tous les scandales à venir. Et continuer d’informer…

  16. Macron l’autruche, vacances ou pas ce scandale ne va pas s’éteindre de lui-même, il est beaucoup trop grave pour être oublié. Le silence de Macron peut aussi être pris pour un aveu, qui de plus montre les limites de ses magouilles.
    Une intervention ne serait plus crédible face à la tentation de dissimulation qui a été faite. Personne ne croira plus en ses belles paroles, son attitude est indéfendable.

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