Mitterrand a fait deux choses bien : la retraite à 60 ans et la 5e semaine

Ce jour, j’ai 65 ans. Je ne peux m’empêcher de penser que quand j’ai commencé à entrer dans la vie active, à l’âge de 17 ans, je n’avais pas d’autre perspective, sauf progrès social d’ici là, que de travailler, debout devant une casse typographique, 8 à 9 heures par jour, jusqu’à 65 ans, ce qui était l’âge de la retraite, à l’époque. J’allais donc passer 48 ans de ma vie au travail, du lundi au vendredi, et durant 48 semaines de l’année.

A cette époque, les entreprises fermaient un mois, dans l’année, souvent au mois d’août, et les salariés devaient suivre. Pas question de garder une semaine pour l’hiver, ou pour partir en vacances dans les périodes creuses, cela se faisait très peu.

L’espérance de vie, en 1970, pour les hommes, s’élevait à 68 ans. Bref, les salariés qui étaient nés dans les années 1905, comme mon grand-père, avaient donc peu de perspectives de bénéficier d’une longue retraite.

Et puis Mitterrand a gagné en 1981. Très souvent, pour justifier les grandes choses qu’il a faites, les humanistes compassionnels, la bouche en cul-de-poule et la larme à l’oeil, disent : « Il a abrogé le peine de mort, grâce à lui, la France est devenue un pays civilisé« . Je m’en fous totalement. Lors du dernier septennat de Giscard, on avait guillotiné trois personnes, ce n’est rien du tout. Et quand, en 1972, Buffet et Bontemps avaient été guillotinés pour avoir assassiné une infirmière et un surveillant, en prison, cela ne m’avait pas ému. Et on aurait raccourci Patrick Henry, j’aurais trouvé cela normal. Tout comme je n’aurais rien à redire si, aujourd’hui, on revenait sur la peine de mort, et qu’on exécute les djihadistes assassins.

Par contre, la cinquième semaine et la retraite à 60 ans, en 1982, cela me parlait, surtout pour mon père et ceux de sa génération. Ils avaient eu faim pendant la guerre, ils avaient travaillé très dur, tout au long de leur vie, à partir de 14 ans, et j’étais vraiment ravi de savoir que grâce à mon vote, il allait pouvoir profiter d’une retraite plus tôt. Entre sa fin d’activité professionnelle et sa mort, il se déroulera 12 ans. Et surtout, il aura l’occasion, dans ses quatre dernières années de travail, d’avoir une semaine de vacances supplémentaires, durant le printemps.

Le temps de travail n’avait pas bougé depuis 1936, on était toujours aux quarante heures. Les 39 heures, laborieusement accordées, ne changèrent rien à la vie quotidienne des Français. La troisième semaine ne sera accordée qu’en 1956, et la quatrième en 1969.

Si Mitterrand a utilisé ces deux mesures pour donner des gages à son électorat, et prouver que lui, vieux politicien de droite, était devenu un homme de gauche, puisque socialiste (qu’est-ce qu’il a dû se marrer à berner ces gogos), le reste de sa politique ne fut pas, par la suite, des plus brillantes pour le salariat, bien au contraire. Fin de l’échelle mobile des salaires, licenciements massifs dans des secteurs essentiels de l’industrie (charbons, sidérurgie, métallurgie), montée du chômage de masse, immigration maintenue, flexibilité, autant de constats qui dégoûtèrent rapidement de cette gauche le salariat. Dès 1983, les Français donnèrent une chance à une droite, moribonde, de revenir aux affaires, ce que fera Chirac en 1986.

La gauche des ouvriers avait été remplacée par celle des énarques et des petits-bourgeois soixante-huitards. Ces deux castes étaient soudées par un rare mépris du monde du travail, et encore plus de l’ouvrier. On décida que le travail manuel était déshonorant, et que chacun devait passer son bac, et même poursuivre des études inutiles pour rentrer plus tard sur le marché du travail. Et Chevènement décida (une connerie de plus) qu’il fallait 80 % de succès au bac ! On est aujourd’hui à 90 %, avec presque autant d’analphabètes !

La gauche de Mitterrand devint alors celle de Delors, Rocard, Fabius, Cresson, Tapie, Béregovoy, BHL, Jospin, Dray, Mélenchon, puis les écolos dégénérés, avec un million d’emplois perdus, et une défaite mémorable en 1993 pour cette gauche de Maastricht. Mitterrand aura deux ans de cohabitation avec Balladur, quittera le pouvoir sans laisser de grands regrets aux Français, dégoûtés par sa fin de règne et les scandales qui s’accumulaient (deuxième épouse et enfant secret payés par le contribuable, la francisque sous Pétain, Bousquet, suicide de Bérégovoy, de Grossouvre, etc.).

La casse en termes d’emplois fut si énorme, sous cette gauche, qu’il fallut même avoir recours à des plans sociaux (c’est ainsi qu’on appelait les licenciements massifs), avec des départs parfois à l’âge de 50 ans. C’était le modèle social issu de la Résistance, dans une France où on ne considérait pas, contrairement au modèle anglo-saxon, que le travailleur était jetable, et que cela ne regardait pas l’Etat. Ainsi, dans ma branche, je n’ai jamais vu un salarié partir à 60 ans, je n’ai connu, tout au long de ma carrière professionnelle, que des départs, négociés entre patronat, gouvernement et organisations syndicales, entre 50 et 57 ans. Je trouvais ces solutions plutôt humaines, et préférables à des chômeurs supplémentaires, même si un syndicaliste préfère négocier des embauches que des pertes d’effectifs.

Le pire crime de cette gauche fut de remplacer la valeur travail par l’assistanat, avec le fameux RMI de Rocard. Avant, c’était le travail de l’ouvrier qui le rendait fier, et lui permettait de faire face aux besoins de sa famille. A présent, il faut être un héros pour travailler au smic, plutôt que de glander et de profiter des combines.

Cette gauche méprisante et donneuse de leçons abandonnera définitivement le salariat et le monde du travail, surtout celui du privé, avec la ligne Terra Nova, parfaitement assumée. Elle cherchera dans l’immigration un nouveau prolétariat, dans les minorités un nouvel électorat, et dans le mondialisme la continuité de l’internationalisme de jeunesse de nombre d’anciens gauchistes recyclés en antiracistes socialistes. Et cela en piétinant ouvertement le salariat, surtout le plus modeste, dont les familles subiront de plein fouet, chômage de masse, invasion migratoire et insécurité, et se verront insultées par cette caste qui osera les traiter de « petits blancs racistes » et de « fachos ».

Mais c’est une autre histoire…

A part cela, en 1981, 60 ans et la 5e semaine de congés payés, c’était bien, et on n’aurait jamais eu cela avec Giscard. Mais il n’y eut rien d’autre, au contraire !

https://ripostelaique.com/mitterrand-a-fait-deux-choses-bien-la-retraite-a-60-ans-et-la-5e-semaine.html

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17 Commentaires

  1. « Le pire crime de cette gauche fut de remplacer la valeur travail par l’assistanat, avec le fameux RMI de Rocard. Avant, c’était le travail de l’ouvrier qui le rendait fier, et lui permettait de faire face aux besoins de sa famille. A présent, il faut être un héros pour travailler au smic, plutôt que de glander et de profiter des combines. »

    Oui je suis tout à fait d’accord. Je me souviens du contexte politique de l’époque où certains de la Gauche militaient pour un salaire de base pour tous ce qui a été très mal perçu et bien sur n’est pas passé….

    Ils ont contourné le problème en instituant le RMI en oubliant, dans les faits, le » I  » d’insertion car pratiquement jamais il n’y a de contrats d’insertion de mis en place (ex : les SDF). C’est donc devenu un « salaire » rajouté à tout ce qui s’y rajoute en aides diverses (dont cotisation mutuelle épargnée car CMU systématique) exonéré d’impôts et taxes diverses y compris pour certains qui n’ont strictement aucun frais puisque pris en charge totalement….

    Après, il y a eu aussi la CSG du temps de Jospin……

  2. L’opinion de Pierre Cassen peut être discutée…
    Nombreux sont les retraités encore en âge de travailler à 60 ans, étant en excellente santé grâce aux progrès constants de la médecine occidentale et d’ailleurs certains investissent leur temps libre dans des activités bénévoles comme l’accueil des migrants. Ils déploient tant d’énergie, se sentant coupable d’avoir un tel confort, qu’ils montrent qu’ils pourraient encore produire et participer à l’effort national de redressement des comptes publics et sociaux par leur travail.
    Je pense qu’il aurait été préférable de laisser l’âge de la retraite à 65 ans mais en améliorant le sort de tous les salariés grâce à des formules audacieuses, afin qu’un progrès social équivalent soit réalisé.
    On voit par exemple des vidéos sur internet de conférences de l’université « inter âges », un concept qui s’est développé ces dernières années : des universitaires tiennent des conférences auxquelles les retraités peuvent assister pour se cultiver, apprendre, se former.
    La formule semble remporter du succès pour les conférences que j’ai pu voir grâce à la retransmission, qui font salle comble.
    On aurait tout à fait pu développer le concept plus tôt et le généraliser, le rendre accessible à tout salarié en octroyant par exemple 20 jours de congés supplémentaires annuels pris en charge par le même budget que les retraites, pour pouvoir se cultiver et/ou participer à la gestion des affaires publiques, sous réserve de justifier de sa présence et de son investissement dans de telles tâches, bien sûr. Ce ne serait pas irréalisable puisque l’Etat organise par ailleurs des journées comme la JAPD (formation militaire) ou les examens, les concours où la présence des citoyens est vérifiée par ses services.
    Les citoyens athéniens recevaient une somme versée par l’Etat pour participer aux délibérations de l’assemblée ou aux procès. De la sorte, même les moins instruits pouvaient participer à la vie publique sérieusement et il semble que ça ne fonctionnait pas si mal, malgré les critiques contre la démocratie. Tout système est perfectible et les Athéniens assumaient mieux leur démocratie que nous de ce point de vue.
    Ils avaient l’esclavage qui leur permettait ce luxe. Je n’irai pas jusqu’à proposer sa restauration, mais il est évident que les Athéniens pouvaient se permettre aussi cette liberté politique parce qu’ils n’avaient pas idée d’aller distribuer de l’argent public aux Argiens, aux Spartiates ou aux Barbares. Ils pratiquaient la préférence nationale qui était le meilleur gage d’un mieux être pour tous. Chacun veillait scrupuleusement au bon développement de sa cité au lieu de faire passer l’intérêt de l’autre avant le sien propre et c’était la meilleure façon de bien administrer le monde grec dans son ensemble.
    On a récupéré le concept de la démocratie et la république de la Grèce mais sans tout à fait transposer. Aujourd’hui, les forces contrerévolutionnaires et antirépublicaines sont encore vives car elles n’ont pas confiance dans le peuple, sa capacité à s’autodéterminer, à gérer correctement ses intérêts politiques. La démocratie est soupçonnée de mener la république à sa perte… à juste titre, hélas. D’aucuns prônent un retour illusoire d’un roi ou d’une oligarchie, d’un fascisme pour restaurer l’ordre. Nous en sommes arrivés à un tel état de désenchantement. Ce n’était pourtant pas inévitable en 1789.
    Certes, la proposition d’encadrer ainsi la vie des citoyens et travailleurs peut sembler spartiate, intrusive, mais elle ne l’est pas puisqu’elle est le prix de la foi en l’Homme. Trop de gens meurent encore sans avoir atteint l’âge de la retraite encore et sans avoir pu développer un intérêt pour l’universel au sein de la cité, de la patrie française, qu’il soit culturel ou politique, étant toujours accaparés par leurs vies professionnelle ou familiale. Un effet de lissage découlant de l’octroi de jours supplémentaires de congés tout en laissant l’âge de la retraite à 65 ans aurait permis de l’éviter.

    • Les Athéniens n’étaient pas 65 millions, seuls les hommes, majeurs, votaient et pouvaient participer à la vie démocratique. Le modèle n’est pas transposable à l’échelle d’un pays comme la France.
      La retraite à 60 ans est une magnifique idée, qui laisse espérer que la majorité de nos contemporains quels que soient leurs métiers, difficultés… aient au moins quelques années pour eux, en forme. Juste récompense pour une vie active, boulot, éducation des enfants, soins aux anciens etc. On en a les moyens. Pour le reste je considère qu’il appartient à chacun de choisir ses activités, de se cultiver ou de jouer à la pétanque. Ce n’est pas le rôle de l’Etat de gérer et surveiller les activités individuelles sauf à devenir totalitaires. ils en rêvent, je vois d’ici le ticket tamponné  » conférence de Résistance républicaine  » et hop les jours de congé supprimés….

  3. J’étais à Singapour il y’a deux semaines et les vieux blancs sont vraiment un fléau. Des têtes de cons de mal élevés qui se traînent dans les aéroports, négligés, avec la touriste blanche qui impose ses énormes cuisses de jument à la vue du monde entier. Des femmes de 40 ans affalées dans les canapés de l’aéroport comme des ados. Des connasses décolorées avec leur beta-hippie qui laissent déborder leur vieux soutif sous leur débardeur. Franchement, les blancs méritent des tartes. Et cette nonchalance… Ces regards de poissons morts…. Quand il va falloir redresser ce foutoir appelez moi je viendrais mettre des coups de pieds au cul avec plaisir. Assez de laisser-aller !!

  4. Merci pour cette excellente synthèse Pierre et heureux anniversaire !
    Le coup de maître de mitrand a été d’endormir PCF et syndicats, ce qui lui permit d’abroger l’échelle mobile et de réduire très sensiblement l’inflation qui était quand même à 2 chiffres…
    La France était suffisamment prospère pour assumer les deux avancées sociales en question, mais aujourd’hui, nous devons même payer des retraites à des gens qui n’ont jamais cotisé et qui quittent leur bled et leur brousse pour venir en profiter et peupler (et bientôt sur-peupler) jusqu’à nos maisons de retraite.
    Ce parasitage conjugué aux délocalisations nous conduit à une situation sociale catastrophique…et le slogan subversif « le nationalisme c’est la guerre » est plus que jamais d’actualité –cf Davos2018, cop 21 etc..) prétexte avancé pour justifier la mort des Etats-Nations qui étaient pourtant l’aboutissement de deux millénaires de civilisation !….
    Avec ce genre de petits trous du c.l, c’est maintenant du forcené « welcome the immigrants »!! et retour à la loi de la jungle !…
    Le tout avec le soutien de la Fondation J.Jaurès qui doit se retourner dans sa tombe …
    Bises à Christine et toi Pierre et à très bientôt pour une sortie pêche avec ma barquasse !!…

  5. Celui ou celle qui vit du travail de ses mains est aujourd’hui considéré comme du bétail et ses acquis et revenus réduisent comme peau de chagrin , je regrette amèrement d’avoir passé plus de 40 ans a bosser très dur pour finalement vraiment pas grand chose , j’aurais mieux fait de glander dans une quelconque administration ,banque ou planqué dans un bureau . Dans la dernière boite ou j’ai bossé il y avait plus de monde dans les bureaux  » en réunion  » la plupart du temps que de gars productifs …..trente dans le wagon et dix qui poussent et tirent et ce sont eux les moins rémunérés …..et de loin !!

    Bon anniversaire Mr Cassen .

  6. Avec notre système de retraite par répartition, je ne suis pas sûr que la retraite à 60 ans en 1982 fut une bonne chose. En revanche, je suis tout à fait d’accord avec vous concernant « le pire crime de cette gauche ».

  7. On pourrait croire que les émeutiers se révoltaient – enfin – pour ne plus être pris pour des cons par le gouvernement, pour ne plus être envahis par la vermine immigrée, etc etc. Mais non! Des émeutes ont éclaté suite à une promotion sur des pots de Nutella! On croit réver! Ils se font enculer à sec et ferment leur gueule, mais pour économiser 4 ou 5 euros ils se battent comme des bêtes!
    http://www.leprogres.fr/loire-42/2018/01/25/la-guerre-pour-du-nutella
    http://www.dailymotion.com/video/x6do98n

  8. Comportement de la part des Blancs.
    En France, émeute pour un produit de première nécessité.
    Promo sur le Nutella à Intermarché. 1,80 euro le pot
    https://twitter.com/kennyLebon/status/956481551621066753/video/1
    Heureusement que la démocratie est là pour donner à ces mammifères le droit de vote. Y avait un diamant caché dans un des pots?
    On dirait une bande de porc se vautrant dans leurs fange.

  9. merci pour ces rappels , Pierre , je ne sais même plus pour qui j’ai voté tellement je prends des virages , et surtout je suis un peu , beaucoup , tellement « embrumée » de tout ce qui arrive à notre pays , il n’y a plus de gauche ni de droite ( si un peu .;) , c’est tellement grave que tous les patriotes n’ont plus qu’un parti , je pense …
    MAIS BON ANNIVERSAIRE , à cette âme lumineuse , champagne !

  10. « La gauche des ouvriers avait été remplacée par celle des énarques et des petits-bourgeois soixante-huitards. Ces deux castes étaient soudées par un rare mépris du monde du travail, et encore plus de l’ouvrier …  » , c’est ce qui est le plus insupportable , surtout maintenant c’est d’entendre ,  » ces fainéants de Français  » , ces ouvriers qui continuent à monter sur les toits , travailler dur , élever leurs familles , sans rien dire . Certains tombent ( devant les impôts ) ,( remplacés par des travailleurs  » détachés  » ) , artisans ferment leur petite entreprise , sans un mot . Ils sont des millions !

  11. Bravo Pierre pour cette analyse si lucide et qui aura détruit 2 ou 3 générations de travailleurs, d’intellectuels, d’artisans et de commerçants compétents. … pour avoir voulu détourner contre nature et pour leur seul profit tout un système virtuel, antilogique parfois. …
    Le résultat est là, hélas. Notre belle France se meurt, pleinement dénaturée. .. Et il y a peu d’espoir de la remettre sur pied, même si je continue de me battre, non plus pour moi mais pour l’avenir de mes 6 petits fils.

    De quoi avoir honte de tous ces politiciens que certains vénèrent encore. ..

  12. Il y a eu 100 000 naturalisations automatiques par an pour faire baisser les chiffres de l’immigration…

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