Coca prive des millions de personnes d'eau potable et avec le CETA ils gagneront contre les peuples

Au moment où l’infâme CETA est mis en application par le nom moins infâme Macron, il est bon de se rappeler les méfaits des multinationales comme Coca, pour comprendre que, dorénavant, Coca et ses semblables gagneront contre les Etats tous les procès qu’ils intenteront contre ceux qui voudraient préserver l’eau de leur pays et le réserver à leur population. Il n’y a plus de bien gratuit, ni l’eau, ni l’air…
Christine Tasin

Elles l’ont voulu ! Elles l’ont fait ! Elles l’ont obtenu !

Une leçon ; un exemple !

Une histoire réelle qui n’est pourtant ni d’ici, ni d’aujourd’hui. Une histoire qui prouve que ce que les gouvernements véreux peuvent faire au bénéfice des entreprises ; et comment les peuples même les plus démunis déjouent les plans des multinationales au service desquelles sont les gouvernants.


Raconté par le monde diplomatique en mars 2005
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::. LA BATAILLE de L’EAU .::
ARTICLE : Les femmes du Kerala contre Coca-Cola
URL : http://bf.9vegetarien.free.fr/9vandanashivacoca.htm
AUTEUR : Vandana Shiva

Expulsé en 1977 par le gouvernement, Coca-Cola a repris pied en Inde le 23 octobre 1993, au moment même où Pepsi-Cola s’y implantait. Les deux entreprises possèdent 90 « usines d’embouteillage » qui sont en réalité… des « usines de pompage » : 52 unités appartiennent à Coca-Cola et 38 à Pepsi-Cola. Chacune extrait entre 1 million et 1,5 million de litres d’eau par jour.

En raison de leurs procédés de fabrication, ces boissons gazeuses présentent des risques. D’abord, parce que le pompage des nappes pratiqué par leurs usines dépouille les pauvres du droit à se fournir en eau potable. Ensuite, parce que ces usines rejettent des déchets toxiques qui menacent l’environnement et la santé. Enfin, parce que les sodas sont des boissons dangereuses – le Parlement indien a mis sur pied une commission mixte chargée d’enquêter sur la présence de résidus de pesticides.
Pendant plus d’un an, des femmes des tribus de Plachimada, dans le district de Palaghat, au Kerala, ont organisé des sit-in pour protester contre l’assèchement des nappes phréatiques par Coca-Cola.

« Les habitants, écrit Virender Kumar, journaliste au quotidien Mathrubhumi, portent sur la tête de lourdes charges d’eau potable qu’ils doivent aller chercher loin, pendant que des camions de boissons gazeuses sortent de l’usine Coca (1). » Il faut 9 litres d’eau potable pour faire 1 litre de Coca.

Les femmes adivasies (2) de Plachimada ont entamé leur mouvement peu après l’ouverture de l’usine Coca-Cola, dont la production devait atteindre, en mars 2000, 1 224 000 bouteilles de Coca-Cola, Fanta, Sprite, Limca, Thums Up, Kinley Soda et Maaza.

Le panchayat local (3) lui avait accordé sous conditions l’autorisation de puiser l’eau à l’aide de pompes motorisées. Mais la multinationale s’est mise à puiser, en toute illégalité, des millions de litres d’eau pure dans plus de six puits forés par ses soins et équipés de pompes électriques ultrapuissantes. Le niveau des nappes a terriblement baissé, passant de 45 mètres à 150 mètres de profondeur.

Non contente de voler l’eau de la collectivité, Coca-Cola a pollué le peu qu’il en restait, rejetant les eaux souillées dans les forages à sec creusés sur ses installations pour enfouir les déchets solides. Auparavant, l’entreprise déposait ses déchets en dehors, si bien qu’à la saison des pluies leur dissémination dans les rizières, les canaux et les puits constituait une menace des plus sérieuses pour la santé publique. Ce n’est plus le cas. Mais la contamination des sources aquifères n’en est pas moins réelle.
D’où l’assèchement de 260 puits, dont le forage avait été assuré par les autorités pour subvenir aux besoins en eau potable et à l’arrosage agricole. Dans cette région du Kerala, appelée « grenier à riz », les rendements agricoles ont diminué de 10 %.

Et Coca-Cola, c’est le comble, redistribue ses déchets toxiques aux villageois sous forme d’engrais. Les tests ont pourtant montré que ceux-ci ont une forte teneur en cadmium et en plomb, substances cancérigènes.

Des représentants des tribus et des paysans ont donc également dénoncé la contamination des réserves aquifères et des sources, et les forages effectués à tort et à travers, qui ont gravement compromis les récoltes ; ils ont réclamé la protection des sources d’eau potable, des mares et des réservoirs, l’entretien des voies navigables et des canaux.

Sommé de s’expliquer, Coca-Cola a refusé de fournir au panchayat les explications demandées. Ce dernier lui a donc notifié la suppression de sa licence d’exploitation. La multinationale a essayé d’acheter le président, M. Anil Krishnan, en lui offrant 300 millions de roupies. En vain. Toutefois, si le panchayat lui a retiré son permis d’exploiter, le gouvernement du Kerala a continué à protéger l’entreprise. Il lui verse quelque 2 millions de roupies (36 000 euros) au titre de subvention à la politique industrielle régionale. Dans tous les Etats où ils ont des usines, Pepsi et Coca touchent des aides similaires, pour des boissons dont la valeur nutritionnelle est nulle, en comparaison des boissons indiennes (nimbu pani, lassi, panna, sattu…).

De plus en plus, l’industrie des boissons gazeuses utilise le sirop de maïs, à haute teneur en fructose. Non seulement cet édulcorant est néfaste pour la santé, mais la production de maïs sert déjà à la fabrication industrielle d’aliments pour le bétail. C’est autant de moins pour la consommation humaine, et, en réalité, cela prive les pauvres d’un produit de base essentiel, à bon marché. En outre, le remplacement d’édulcorants plus sains tirés de la canne à sucre, tels que le gur et le khandsari, lèse les paysans, à qui ces produits assuraient des moyens de subsistance. Bref, Coca-Cola et Pepsi-Cola ont sur la chaîne alimentaire et l’économie un impact énorme.
En 2003, les autorités sanitaires ont informé les habitants de Plachimada que la pollution de l’eau la rendait impropre à la consommation. Les femmes furent les premières à dénoncer cet « hydropiratage » lors d’un dharna (sit-in) devant les grilles de la compagnie.

Amorcé à l’initiative des femmes adivasies, le mouvement a déclenché une vague de soutien nationale et internationale. Sous la pression de ce mouvement de plus en plus puissant et en raison de la sécheresse venue encore aggraver la crise de l’eau, le chef du gouvernement du Kerala a enfin ordonné, le 17 février 2004, la fermeture de l’usine Coca-Cola. Les alliances arc-en-ciel forgées au départ entre les femmes de la région ont fini par mobiliser l’ensemble du panchayat. De son côté, celui de Perumatty (au Kerala) a déposé auprès du tribunal suprême de cet Etat une plainte contre la multinationale, au nom de l’intérêt public.

Le 16 décembre 2003, le juge Balakrishnana Nair a ordonné à Coca-Cola de cesser ses pompages pirates dans la nappe de Plachimada. Les attendus du jugement valent autant que la décision elle-même. En effet, le magistrat a notamment précisé : « La doctrine de la confiance publique repose avant tout sur le principe voulant que certaines ressources telles que l’air, l’eau de mer, les forêts ont pour la population dans son ensemble une si grande importance qu’il serait totalement injustifié d’en faire l’objet de la propriété privée. Lesdites ressources sont un don de la nature et devraient être gratuitement mises à la disposition de chacun, quelle que soit sa position sociale. »

Et le magistrat de poursuivre : « Puisque cette doctrine impose au gouvernement de protéger ces ressources de telle sorte que tout le monde puisse en profiter, il ne peut autoriser qu’elles soient utilisées par des propriétaires privés ou à des fins commerciales (…). Tous les citoyens sans exception sont les bénéficiaires des côtes, des cours d’eau, de l’air, des forêts, des terres fragiles d’un point de vue écologique. En tant qu’administrateur, l’Etat a de par la loi le devoir de protéger les ressources naturelles, ne peuvent être transférées à la propriété privée. » En clair : l’eau est un bien public. L’Etat et ses diverses administrations ont le devoir de protéger les nappes phréatiques contre une exploitation excessive, et, en la matière, leur inaction est une violation du droit à la vie garanti par l’article 21 de la Constitution indienne. La Cour suprême a toujours affirmé que le droit de jouir d’une eau et d’un air non pollués faisait partie intégrante du droit à la vie défini dans cet article.

Même en l’absence d’une loi régissant l’utilisation des nappes phréatiques, le panchayat et l’Etat sont tenus de s’opposer à la surexploitation de ces réserves souterraines. Et le droit de propriété de Coca-Cola ne s’étend pas aux nappes situées sous les terres lui appartenant. Nul n’a le droit de s’en arroger une grande partie, et le gouvernement aucun pouvoir d’autoriser un tiers privé à extraire cette eau dans de telles quantités. D’où les deux ordres émis par le tribunal : Coca-Cola cessera de pomper l’eau pour son usage dans un délai d’un mois jour pour jour ; le panchayat et l’Etat s’assureront que, passé ce délai, la décision sera appliquée.

La révolte des femmes, cœur et âme du mouvement, a été relayée par des juristes, des parlementaires, des scientifiques, des écrivains… La lutte s’étend à d’autres régions où Coca et Pepsi pompent les réserves aquifères. A Jaipur, la capitale du Rajasthan, après l’ouverture de l’usine Coca-Cola, en 1999, le niveau des nappes est passé de 12 mètres de profondeur à 37,5 mètres. A Mehdiganj, une localité située à 20 kilomètres de la ville sainte de Varanasi (Bénarès), il s’est approfondi de 12 mètres, et les champs cultivés autour de l’usine sont désormais pollués. A Singhchancher, un village du district de Ballia (dans l’est de l’Uttar Pradesh), l’unité de Coca-Cola a pollué eaux et terres. Partout la protestation s’organise. Mais, le plus souvent, les autorités publiques répondent aux manifestations par la violence. A Jaipur, le militant pacifiste Siddharaj Dodda a été arrêté en octobre 2004 pour avoir participé à une marche exigeant la fermeture de l’usine.

Des chaînes humaines autour des usines

A l’assèchement des puits s’ajoutent les risques de contamination. Le tribunal suprême du Rajasthan a interdit à la vente les boissons produites par Coca et Pepsi, car ces derniers ont refusé de détailler la liste de leurs composants, alors que des études ont montré qu’elles contenaient des pesticides dangereux pour la santé (4). Les deux géants ont porté l’affaire devant la Cour suprême, mais celle-ci a rejeté l’appel et suivi le tribunal du Rajasthan en ordonnant la publication de la composition précise des produits. Pour l’heure, ces boissons demeurent interdites dans la région.

Une étude menée en 1999 par All India Coordinated Research Project on Pesticide Residue (AICRP) a montré que 60 % des produits alimentaires vendus sur le marché sont contaminés par des pesticides et que 14 % d’entre eux contenaient des doses supérieures au maximum autorisé. Cela remet en cause le mythe selon lequel les multinationales privilégient la sécurité, ce qui les rendrait plus fiables que le secteur public. Ce préjugé contre l’administration publique des biens et des services a contribué à faire accepter la privatisation. Pourtant, ce recours au privé ne permet pas de fournir une eau de qualité à un prix abordable.

Le 20 janvier 2005, dans toute l’Inde, des chaînes humaines se sont formées autour des usines Coca et Pepsi. Des tribunaux populaires ont notifié aux « hydropirates » l’ordre de quitter le pays. Le cas de Plachimada prouve que la population peut l’emporter sur des entreprises privées. Les mouvements pour la préservation de l’eau vont d’ailleurs bien au-delà. Ils concernent aussi les barrages – et les grands projets qui prévoient de détourner le cours de toutes les rivières de la péninsule indienne suscitent une opposition croissante (5). Ils dénoncent les privatisations encouragées par la Banque mondiale et la privatisation de la fourniture d’eau à Delhi (6).

Le pillage ne pourrait avoir lieu sans l’aide des Etats centralisateurs. Cette bataille contre le vol de l’eau ne concerne pas que l’Inde. La surexploitation des nappes phréatiques et les grands projets jouent à l’encontre de la préservation de la Terre. Il faut savoir que si chaque partie de la planète recevait autant de précipitations, à la même fréquence et selon le même schéma, les mêmes plantes pousseraient partout et l’on trouverait partout les mêmes espèces animales. La planète est faite de diversité. Le cycle hydrologique est une démocratie – un système de distribution pour toutes les espèces vivantes. Faute de démocratie de l’eau, il ne peut y avoir de vie démocratique.
Vandana Shiva
Directrice de la Research Foundation for Science, Technology and Ecology (RFSTE, Inde), auteure notamment de La Guerre de l’eau, L’Aventurine, Paris, 2003, et de La vie n’est pas une marchandise, L’Atelier, Paris, 2004.


 
(1) Virender Kumar, « lettre ouverte au chef du gouvernement », Mathrubhumi, Thiruvananthapuram (Kerala), 10 mars 2003.
(2) NdT : le terme « adivasi » désigne les tribus autochtones où le système de castes n’a pas cours.
(3) Conseil exerçant l’autorité au niveau du village.
(4) Les boissons contenaient divers pesticides. La commission du gouvernement a conclu que ces résidus étaient « dans les limites des normes » acceptées en Inde… Aux Etats-Unis, les bouteilles de Coca ne contiennent aucune trace de pesticides.
(5) Arundhati Roy, Le Coût de la vie, Gallimard, Paris, 1999.
(6) Le retraitement des eaux a été confié à Degremont, filiale de Suez. A Delhi, les prix de l’eau ont été multiplié par dix ces dernières année

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Et au Mexique ?

– Le Mexique va-t-il se vider de son eau au profit des multinationales ?
:: http://multinationales.org/Le-Mexique-va-t-il-se-vider-de-son-eau-au-profit-des-multinationales
30/10/2015
AUTEUR : Marie-Pia Rieublanc

– Neuf millions de Mexicains – sur une population de 121 millions – n’ont pas accès à l’eau potable. La situation empire dans le pays : en 50 ans, la disponibilité de l’eau par habitant au Mexique a chuté de 64% ! En cause notamment, la libéralisation du marché de l’eau instaurée en 1992

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Coca-Cola a ainsi le droit d’extraire 33,7 millions m3 d’eau par an au Mexique, l’équivalent de la consommation annuelle minimale pour faire vivre 20 000 personnes. Le groupe américain exploite 50 nappes d’eau, dont 15 sont surexploitées.

– Les eaux du Mexique sont à vendre
– Arsenic, pesticides et hydrocarbures
– Gaz de schiste et fracturation hydraulique, la nouvelle menace
– Une nouvelle Loi des Eaux qui viole les droits humains
– Mettre fin à la privatisation, l’accaparement et la surexploitation de l’eau

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7 Commentaires

  1. Pour en rajouter: l’ Inde est autosuffisante sur le plan alimentaire. Elle a de quoi nourrir toute sa population. Ce qui empêche toute la population de manger à sa faim ? La corruption. La corruption qui laissent des tonnes de riz, de blé…pourrir dans des hangars. Cette corruption qui gangrène la société indienne et ce à tous les niveaux. J’en ai été plusieurs fois témoin. Du simple employé de la poste au hauts pontes du gouvernements.
    Le rêve pour de grandes firmes comme coca cola.

  2. Terrible n’est ce pas ? Vous trouverez la video de coca au Mexique sur You tube ou tout simplement en tapant: “coca cola la formule secrète”. Reportage diffusé plusieurs fois sur Public Sénat.
    Comme méchante prof que je suis, je l’ai montré à mes élèves et leur ai “ordonnés” de consommer du Breizh cola. Fabriqué en France avec l’eau des nappes phréatiques morbihannaises.

  3. Les écolos ne sont en rien écolos , puisqu’ils touchent des subsides des multinationales c’est pour cette raison que ces maudits écolos de mes deux , ne s’en prennent jamais aux gros pollueurs agro-alimentaires ,industries chimiques , pétro-chimies ,groupes pharmaceutiques , etc.. des vendu(e)s et des traîtres et complices de tous ces empoisonneurs .

  4. Il y a quelques années j’avais vu un documentaire sur un fleuve de l’Inde pollué par 1200 sites industriels, dont de nombreux étrangers. Le gouvernement corrompu acceptait d’être payé par ces entreprises, leur octroyant sans vergogne le droit de rejeter leurs produits chimiques dans l’eau. Et les habitants buvaient de l’eau aux relents de pétrole, avec du mercure et du plomb, entre autres…

    • Bonsoir @MALLI ;
      Si vous voyiez toutes les malformations congénitales ; la multiplication des naissances de ce que ignominieusement l’on appelle “des monstres” alors qu’il s’agit de bébés, d’enfants, d’êtres humains. Oui ! dans ces zones ; des choses impensables et horribles, non pour ce qu’elles sont mais pour ce qu’elles sont très dures à voir et donc extrêmement difficiles à vivre pour ces êtres et leur famille.
      Je ne mets pas de liens parce que c’est encore plus difficile à voir que les images des atrocités de l’état islamique.
      Et il y en a à foison et une multitude de malformations différentes.
      On pourra toujours dire qu’avant ça existait mais que ça ne se savait pas…. mon oeil et les deux !
      S’il y a eu des cas de malformation à la naissances ce n’était pas aussi répandu et ce n’était pas des cas aussi terribles que ce que l’on voit aujourd’hui et le nombre de types de malformations n’était pas aussi important que celui d’aujourd’hui.
      Il y a bien des raisons à cela.
      Par ailleurs on retrouve le même phénomène chez les animaux, encore plus les animaux marins. Des étrangetés sans nom ; d’un autre monde ; alien sur terre.
      Depuis quelques années le phénomènes frappant les humains s’étend des pays du tiers monde que l’on est allé pourrir vers l’occident.
      Il y a bien une ou des raisons à cela.
      Et on a une poignée de gens qui nous parlent écologie mais qui dans les faits ne parlent ni n’agissent sur les causes des véritables problèmes du non respect de la nature et de l’écosystème. Ce sont des “vers irradiés”
      .

  5. Le pot de terre contre le pot de fer. Le monde est au bord de l’explosion, mais cela n’ inquiète pas les grands patrons des multinationales bien à l’abri, dans leurs bunker avec gardes du corps. Ils se foutent des peuples qui crèvent de faim, car pour eux c’est le fric, toujours plus de fric.
    L’homme est capable du meilleur comme du pire mais dans le pire il est le meilleur.

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