Le 16 avril, les Turcs donneront-ils les pleins pouvoirs à Erdogan ?

Ci-dessous une analyse intéressante qui nous vient du Canada, merci à Cécile Comeau qui nous l’a fait parvenir.

Certes, l’auteur fait un curieux parallèle entre Erdogan et Trump, Poutine, Orban… Appelant autoritarisme ce qui est l’autorité pour sauver son peuple pour ces derniers.

Mais le résumé de la progression d’Erdogan liée inexorablement à la progression de l’islam dans toute son horreur est très claire.

On retiendra tout particulièrement ce passage :

La Turquie de 2017 est un beau cas d’école : l’entrisme des islamistes qui, utilisant les libertés démocratiques, s’avançant masqués et dénonçant « l’islamophobie » et la corruption occidentale… se hissent au pouvoir et dévoilent progressivement leur programme.

Cela ne vous rappelle rien ?

Ne pas oublier qu’un Macron et un Hamon sont plus que favorables à la prise de pouvoir des musulmans auxquels on donne des postes clé, comme ils sont favorables à l’entrée de la Turquie d’Erdogan dans l’UE. La Turquie d’Erdogan, pas celle d’Atatürk, disparue à jamais.

Bref, le referendum du 16 avril prochain, destiné à renforcer les pouvoirs d’Erdogan est clair. Erdogan demande au peuple s’il est d’accord pour devenir une République islamique à l ‘instar de l’Iran.

Premier président turc élu au suffrage universel, en août 2014, après avoir été onze ans premier ministre, Recep Tayyip Erdogan veut graver dans le marbre un état de fait, puisque c’est lui qui, actuellement, dirige l’exécutif et non le premier ministre, comme le voudrait la Constitution en vigueur, issue du coup d’Etat militaire de 1980. Jusqu’ici, la Turquie était une République parlementaire, le rôle du président étant en principe purement honorifique.

La réforme inverse la tendance. Le président gouvernera par décret. Il nommera le haut commandement militaire, le chef du service de renseignement, les recteurs d’université, certains hauts fonctionnaires et magistrats. Le Parlement deviendra une chambre d’enregistrement. La fonction de premier ministre sera supprimée. Deux vice-présidents seront nommés.

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/12/10/erdogan-veut-un-referendum-en-2017-pour-renforcer-ses-pouvoirs_5046833_3218.html

A lire en complément cet article montrant que, malgré les apparences, malgré la terrible répression qui a suivi la tentative de coup d’Etat, le scrutin s’annonce serré. Il reste en Turquie de vrais laïques et de vrais démocrates… et le modèle des tyrans à la tête de la plupart des 57 pays musulmans fait un peu peur…

http://www.rfi.fr/europe/20170225-turquie-campagne-referendaire-referendum-binali-yildrim-oui-non

Laïcité taillée en pièces

27 février 2017 | François Brousseau – François Brousseau est chroniqueur d’information internationale à Radio-Canada.Europe | Chroniques

À deux mois d’un référendum visant à donner les pleins pouvoirs au président Recep Tayyip Erdogan, la reprise en mains en cours en Turquie a plusieurs dimensions.

C’est une poussée d’autoritarisme comme on en voit dans plusieurs pays, des États-Unis à la Russie en passant par la Hongrie et la Pologne…

Conception plébiscitaire de la démocratie autour d’un chef puissant, affaiblissement ou dénonciation des contre-pouvoirs (médias, justice, parlement, entités locales), avec des publications libérales décrétées « ennemies du peuple ».

En juillet 2016, la tentative de coup d’État — réelle ou « mise en scène » — contre le régime Erdogan a donné un nouvel élan à une tendance déjà bien enclenchée. Elle a justifié une purge d’une brutalité inouïe dans l’appareil d’État (des dizaines de milliers de congédiements, voire d’arrestations, parmi les fonctionnaires, enseignants, juges et procureurs). Les partis d’opposition sont décimés par les mesures d’interdiction et des arrestations arbitraires. Sans oublier des douzaines de journaux fermés de force.

C’est également un durcissement sur la question de l’identité turque, avec l’offensive en règle contre les droits de l’importante minorité kurde, qui annule toutes les ouvertures — timides mais réelles — de la décennie précédente.

C’est non seulement la guerre, sanglante, contre la guérilla du PKK, mais une répression contre toute représentation politique des Kurdes et contre ce parti, le HDP (Parti démocratique des peuples), qui avait su rallier, en juin 2015, des minorités de tendances diverses et atteindre près de 15 % des suffrages exprimés.

Enfin, la reprise en main en Turquie, c’est aussi — peut-être surtout — un test crucial sur la compatibilité entre l’islam politique dans un pays majoritairement musulman, et le pluralisme, la laïcité, la démocratie…

Entre 2005 et 2010, lorsqu’on demandait « Islam politique et démocratie… est-ce possible ? » la réponse était : « Mais oui, regardez la Turquie ! » C’est ce qu’on répétait par exemple à Washington, face à des officiels français sceptiques.

Mais aujourd’hui en Turquie, le diagnostic n’est plus celui, optimiste et naïf, de 2005 ou de 2010. En 2017, le « test » pluraliste et laïque a manifestement échoué.

En plus de toutes ses guerres, de sa diplomatie opportuniste (rapprochement avec la Russie) et de ses règlements de comptes personnels, l’autocrate Erdogan est aussi un véritable militant islamiste. Un homme qui rêve de voiler les femmes, de les faire rentrer à la maison pour qu’elles aient « trois enfants, idéalement cinq » (sic), qui multiplie les inscriptions aux écoles religieuses, restreint progressivement l’accessibilité à l’alcool, lève l’interdiction du voile pour les femmes fonctionnaires, dans l’enseignement public, dans la police… et maintenant (la semaine dernière) dans l’armée.

Depuis 2010, le gouvernement d’Ankara a multiplié les gestes de rupture par rapport à la laïcité de la République d’Atatürk, un régime à poigne qui, il y a un siècle, avait remis les islamistes à leur place et hors de la politique.

Le passage au pluripartisme, survenu après la Deuxième Guerre mondiale, n’avait pas empêché putschs (1960, 1971, 1980) et régressions autoritaires. Mais c’est l’avènement, à l’aube du XXIe siècle, d’une démocratie enfin « stabilisée et consolidée » (disait-on), qui aura permis l’émergence — à l’abri du pluralisme et des droits… et même en les invoquant ! — d’un nouveau pouvoir, conquis par les urnes, qui se proclamait au départ « islamiste modéré ».

Après deux mandats au cours desquels, sur fond de croissance économique, la séparation des pouvoirs et les droits de l’opposition avaient été respectés, le régime Erdogan a commencé à se durcir… et — selon ses opposants — à mettre « bas les masques ».

Aujourd’hui, en s’alliant aux ultranationalistes du parti MHP, il reprend les traits autoritaires de l’ancien régime… tout en leur donnant une saveur nouvelle : celle de l’islam militant.

La Turquie de 2017 est un beau cas d’école : l’entrisme des islamistes qui, utilisant les libertés démocratiques, s’avançant masqués et dénonçant « l’islamophobie » et la corruption occidentale… se hissent au pouvoir et dévoilent progressivement leur programme.

Malgré un autoritarisme qui ne se cache plus, il semble qu’on compte encore, en Turquie, les voix de façon honnête aux élections. La moitié de la société turque qui s’oppose au projet en cours saura-t-elle se lever et se mobiliser, lors du référendum du 16 avril prochain ?

Question capitale pour les Turcs… mais pas seulement pour eux.

http://www.ledevoir.com/international/europe/492724/laicite-taillee-en-pieces 

 

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7 Commentaires

  1. ça fait longtemps que le feu couve sous la cendre,
    y a que nos connards politichiens qui ne voient rien venir
    Comment a-t-on pu héberger, à nos frais, une saloperie comme le khomeini ?
    ça commence à péter de toutes parts, et ces connards vont encore chercher des muzz en Afrique !!

  2. Rappel:
    La loi allemande des pleins pouvoirs de 1933, également connue sous le nom de loi d’habilitation ou sous sa dénomination officielle de Gesetz zur Behebung der Not von Volk und Reich vom 24. März 1933 (Loi du 24 mars 1933 de réparation de la détresse du peuple et du Reich), est une loi allemande qui donna à Adolf Hitler le droit de gouverner par décret, c’est-à-dire de promulguer des textes à portée législative sans approbation parlementaire.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_allemande_des_pleins_pouvoirs_de_1933

      • Le Shah d’Iran avait fait de son pays une nation libre et moderne. Et nous on a dû se taper le Khomeini à Neauphle-le-Château. Après la mort du Shah les Iraniennes et Iraniens ont préféré la régression islamique. Maintenant ce sont les Turques et les Turcs qui choisissent cette régression…tout en insistant pour entrer dans l’Union Européenne! Et pourquoi, à votre avis? Pour achever le travail de destruction de la France déjà si bien commencé chez nous dans nos banlieues, si “touristiques” qu’on inviterait bien Donald Trump à y effectuer un séjour découverte!

  3. HYPER DANGER sur les frontières de l’Europe.
    Erdogan l’a dit et redit:l’islam gagnera.
    Il n’y a même plus à se poser la question :L’armée aux frontières.
    Demandez aux grecs,aux grecs crétois de la montagne crétoise.On raconte aujourd’hui encore les faits et gestes des Pallikares qui ne bronchaient pas sous les tortures des turcs,préférant se faire “découper la peau du dos en lanières “plutôt que dénoncer les patriotes cachés dans les montagnes.
    Ces incroyables guerriers ont fini par foutre les mahometans dehors au prix de souffrances indescriptibles.
    Et quand les turcs ont envahi CHYPRE l’été 73 ,TOUS les grecs -hommes ont été rappelés sous les drapeaux.Les îles étaient vides,seulement des femmes et des enfants dans les rues., les hommes étaient tous partis rejoindre la patrie en danger en à peine quelques heures.
    Non,les grecs ne se laisseront pas faire,on peut vraiment compter sur eux et ce serait bien qu’ils comptent sur nous aussi.Car ils sont en première ligne.
    Alors,Merkel qu’est ce que tu les em… avec ton budget et ta dette.Bientôt ce seront eux qui te sauveront la peau.
    NB pour ceux qui veulent retrouver les racines de l’histoire de la Grèce de toujours,lisez “L’été grec ” de Jacques Lacarrière

  4. Atterrant
    Comment arrêter cette vague de salafisme et d’islamisme qui déferle sur le monde comme une pandémie de peste? Erdogan veut rétablir l’Empire ottoman en Europe, laissant pour le moment le Proche-Orient aux Saoudiens, le temps de se renforcir encore plus. Après, ce sera une autre histoire, avec son armée moderne de 500 000 hommes équipée par l’OTAN et plus personne de capable pour l’arrêter militairement dans cette région du monde. Avec un allié pareil, pas besoin d’ennemi. Et personne ne le voit venir avec ses gros sabots. Si jamais l’Occident refusait de lui vendre des armes, il pourra toujours se tourner vers la Russie avec qui il vient de renouer. Comment expliquer que ce dictateur lié avec l’organisation des frères musulmans ne soit pas expulsé de l’OTAN? Question de géopolitique et d’alliances nécessaires afin d’éviter un mal pire encore. Et si ce mal était en train de se produire sous nos yeux fermés?
    Erdogan n’a pas grand-chose à craindre de l’Europe. Un rapport des services de renseignement allemands qui a transpiré stipule que 6 millions de migrants attendraient que la Turquie les laisse sortir du pays et les laisse emprunter le territoire national en provenance des pays limitrophes pour aller se réfugier dans les pays de l’UE. Ensuite, cette UE veut se défaire de sa dépendance de la Russie pour son approvisionnement en gaz naturel et en pétrole. Elle doit nécessairement compter sur les quatre infrastructures (port, gazoducs et oléoduc) qui sont sur le territoire de la Turquie et qui distribuent gaz naturel et pétrole en provenance d’Asie Mineure et des pays du Golfe persique. Erdogan peut fermer le robinet quand il le jugera opportun pour exercer son chantage énergétique. Lisez le détail sur le site suivant :
    https://fr.express.live/2016/07/26/pourquoi-les-dirigeants-europeens-semblent-ils-tout-accepter-derdogan/

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