Les nouveaux barbares habitent notre mondialisation. Ils sont là, ce sont nos voisins.

Barbares le retour, Vincent Aucante, Desclée  De Brouwer 2016

Le titre est un peu trompeur.  On nous parle beaucoup de psychologie et de barbares du passé,   mais assez peu  des barbares d‘aujourd’hui. Je veux parler, par exemple,  du célébrissime « état islamique » qui fait rêver tous les dépressifs musulmans du monde,  et ils sont légion.

Il est vrai que l’amplitude et le passé de la barbarie  dans la longue  histoire  de l’humanité ne manque pas. Mais Vincent Aucade pousse le bouchon un peu loin,  en justifiant les massacres de l’empire mongol « le plus grand que la terre ait connu », et qui aurait « instauré un long règne de paix »,   « aménageant les voies de communications entre Orient et Occident,  inventant le papier monnaie ». Si tel est le cas on peut se demander comment st Thomas a pu aller évangéliser l’Inde et, sans doute, la Chine,  durant les toutes premières décennies de notre ère ?  Quelles voies de communications a-t-il pu emprunter ?

L’ambiguïté,  mais la force et, peut-être, la pertinence de cette analyse c’est de  voir  la barbarie en nous,  aussi. Certes ! Qui peut prétendre, s’il disposait d’un pouvoir sans limite sur ses semblables, qu’il ne deviendrait  pas barbare?

L’auteur se pose clairement dans la continuité de René Girard,  dont « l’ombre du mimétisme plane sur tous ces sujets ».

Il est vrai que « la frontière semble s’estomper entre la barbarie et la civilisation  ».  C’est le retour de la bonne vieille sauvagerie humaine proposée à tous sur youtube,  avec, en prime,  le risque de le vivre comme quelques chose de virtuel.

La question centrale est : « la  barbarie est-elle le miroir de la civilisation ? »

Attila le fléau de Dieu,  sera repoussé par une vierge catholique  armée de sa raison et de sa force de caractère.

L’industrie et l’économie des grands empires se sont effondrée sous les coups des barbares. Mais après cette purge, on peut reconstruire : la guerre comme moyen de résoudre les crises économiques ?  La stratégie du chaos ? Non ce livre est plutôt une sorte d’analyse de  psychologie  collective  du concept de barbarie et du comportement des barbares.

L’auteur s’efforce donc  de cerner la structure de la culture barbare, puis de décrypter les  indices de cette barbarie dormante, à la fois si proche et si différente de celle des anciens temps.

Un des indices pourrait être son absence de localisation géographique, ce qui ne permet pas de le situer en dehors du limes ou de la muraille de Chine. Les nouveaux barbares habitent notre mondialisation. Ils sont là,  ce sont nos voisins.

L’immense combat pour la civilisation doit être mené, aujourd’hui, comme hier et comme avant-hier. Qui acceptera de le mener, au risque de sa vie personnelle,  pour sauver l’avenir de tous ?

Pourra-t-on libérer  les barbes de la barbarie qui est en eux et qu’ils veulent faire nôtre ?

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1 Commentaire

  1. La barbarie n’est pas étendue à toute l’humanité, mais quand elle préside au destin d’un groupe, elle légitime soit l’appât du gain et le besoin de domination, soit la nécessité de se défendre par des procédés ultimement équivalents à ceux qu’on a subi. Un contre-exemple est celui des indiens Zoé, en Amazonie, chez qui la notion de propriété n’existe pas. Pas de biens en nom propre, pas de conflit. Mais force est de constater qu’une telle philosophie de vie n’est applicable qu’ aux sujets partageant le même idéal et à la condition que cet idéal ne soit pas perverti par un agent venu de l’extérieur, qu’il soit garanti par un système interne qui en assure la logique et la pérennité. Il semble que la barbarie soit implicitement liée au nombre, lequel serait le premier ennemi de l’Homme. Plus la quantité d’individus est importante, plus elle devient difficile à satisfaire sans coercition, plus cette coercition prend les allures d’une dictature qui cherche à s’imposer au-delà d’elle-même, par la violence. La barbarie, en dormance chez la plupart d’entre nous, pourrait bien en rester à son stade larvaire si nous n’étions pas exposés très tôt au culte impérialiste du progrès à tout prix, qu’il s’agisse du bien ou des idées, donc poussés par la fausse nécessité d’une expansion obligatoire, comme si se suffire à soi-même était impossible à réaliser. Dans ce sens d’une barbarie implicite au bon fonctionnement progressiste des idées, l’islam est un cas d’école.

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