On peut combattre la liberté de pensée en donnant aux abrutis le droit de la recouvrir de leurs bavardages

Le théâtre des opérations, Journal métaphysique et polémique 1999,

Relire Maurice G Dantec

La triste et très rapide disparition de Maurice G Dantec  donne l’occasion de revenir vers ce Journal, unique et inclassable, soucieux de spiritualité, exigeant, et qui n’hésite pas à croiser le fer avec les tenants de l’ordre établi des athées « islamo soumis », si j’ose la redondance.

Dans ses diatribes, Maurice G. Dantec n’oublie pas la littérature et s’en prend violemment au roman français qu’il qualifie de « scolaire pour ne pas dire scolastique, dissertatif et contemplatif » et auquel il reproche « son refus ostentatoire d’intégrer cette littérature d’outre Atlantique  et son sens de l’action » P 173

Il évoque les injonctions qui lui sont faites de « ne pas soulever les interrogations métaphysiques de l’homme schizophrène du XXI eme siècle »  et de « ne pas placer le cadavre de l’humanité sur la table d’opération de la littérature » p 157. Alors que c’est là justement le cœur de sa littérature.

Sur le rap commun entre Bernard Tapie et DoC Gyneco il observe que les « gangsters parlent aux gangsters » et rappelle que ce genre d’initiative inaugure ce que Sloterdjik appelle  le « cynisme de masse ». Pour sa part il y voit « la victoire sans doute définitive  de la pègre sur la civilisation,  de la crasse sur la noblesse,  de la stupidité sur l’intelligence » p 159

Prophète, il observe que « la France ne tient plus que par l’Etat. C’est-à-dire par rien ; une fiction à laquelle plus personne ne croit, y compris ses serviteurs ».  J’enfoncerai encore le clou en faisant le parallèle avec l’époque dite des invasions barbares lorsqu’ils déferlent sur l’empire Romain déliquescent.  Pour maintenant debout ce qui avait été la Gaule, et qui, grâce a quelques chefs germanique fougueux, allait devenir la France, ce furent les évêques qui maintenir la tête de ce peule hors de l’eau. Par charité chrétienne on ne fera pas le parallèle avec nos chefs religieux d’aujourd’hui toujours si prompt à justifier excuser et défendre les nouveaux barbares. On peut observer également que construite par la volonté des rois de France et ne survivant que grâce au cadre administratif le France est en effet privée de sa tête est en effet devenu une coquille vide en quête d’identité.

Adepte des extra-terrestres (faut-il rappeler que selon la théologie catholique il a au ciel au moins Notre Seigner et Notre Dame) il lui semble « tout à fait crédible qu’une fois le pied mis sur Mars et la planète sur la  voie de l’unification politique l’homme sera admis plus ou moins rapidement dans le club des civilisations galactiques »  p 161

Il observe également que « la nouvelle ligne de fracture entre « euro fédéralistes » et « nationaux souverainistes » ne me semble pas sur la voie de la résorption, c’est le moins que je puisse en dire » p200.

Adepte du travail forcené et consommateur de produits bizarres il s’interroge après travaillé durant 28 heures : « Mais où étais je donc quand on a écrit cela ? ». Il est à craindre que ces produits bizarres ne  soient à l’origine de la disparition bien trop  précoce d’un écrivain unique et qui était d’abord un homme de grande littérature,  mais aussi un prophète et un combattant politique.

Un rien méprisant,  il observe « il y a deux manières de combattre la liberté de pensée : sa suppression pure et simple et le droit donné aux abrutis de la recouvrir de leurs bavardages. » « Donner des « droits » à une population inculte et misérable  au lieu de les éduquer dans l’exigence toujours maintenue de la liberté voilà  comment les démocraties occidentales ont décidé d’en finir avec elles- mêmes ». p270

Si l’on rajoute à cela le Grand Remplacement, on est dans le vrai …

Véritable généalogiste des idées, affirme  que la terrible « révolution des idées » du XIX eme siècle « s’est établie sur la base déficiente du nihilisme chrétien ». p 448

Il remarque  qu’entre la Magna Carta et la constitution de 1875 il s’est écoulé six siècles…. P 450

Le mot de la fin « Je en défends rien.  Puisque j’attaque tout »P 591.

Amoureux fou  de liberté, auteur unique par son style, ses idées, ses aphorismes, et ses délires, Maurice G Dantec est un prophète qu’il faut lire et relire. Comme un dopant.

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