Illustration tirée de cet article http://jpevitalamatanza.blogspot.fr/2011/08/mural-por-la-memoria-de-los-martires-de.html
Je suis allé hier à un enterrement d’un grand père de presque 100 ans, dans la grande tradition d’une famille gauchiste et indépendantiste catalane, il fallait voir le mort dans le pur style stalinien ; le drapeau de l’ERC (gauche républicaine catalane) avec son étoile rouge sur les quatre barres catalanes, bouquet de fleurs et écusson du Parti, membres du Parti défilant devant le cercueil et devant mon co-beau-père et de ma co-belle mère (deux néologismes que je viens d’inventer à partir de l’espagnol).
Bien entendu je me suis bien gardé de toute réflexion, moi catholique plutôt de droite, je n’étais là que pour un hommage amical, mué par une solidarité générationnelle et une compassion sincère.
J’ai pu m’empêcher de remarquer les stéréotypes que je croyais pourtant dépassés : la camarade de soixante ans avec la casquette à étoile rouge et la salopette très guerre civile espagnole, genre brigades anarcho- trotkistes des années 34-36, avec l’inimitable barbu intello ex soixante-huitard sur le tard nous abreuvant de ses théories fumeuses sur la liberté des nations jeunes, ne parlons pas de la révolution permanente, personne n’ osa me le sortir encore, j’avais pourtant la tentation perverse de lancer le sujet la-dessus !
Voici la traduction de l’épitaphe du défunt :
« Antoni Fornés i Aràs est mort, un des derniers survivants de la Guerre Civile et du POUM (Parti Ouvrier d’Union Marxiste). Il lui manquait un mois pour arriver à cent ans. Il a perdu l’unique combat qu’il ne pouvait pas gagner. Dans tous les autre, il a toujours é(é le plus fort. Il avait vingt ans quant a éclaté la guerre civile et qu’il s’est enrôlé de façon la plus rapide qu’il pouvait, en s’intégrant à une colonne du POUM qui sortait de Barcelone en direction du front d’Aragon. Le Parti Ouvrier d’Unification Marxiste est né de l’union du Bloc Ouvrier et Paysan et la Gauche Communiste, et représentait les courants marxistes opposés au stalinisme.
Antoni Fornés a lutté au front au sein de la 29 eme division, sous les ordres d’un autre chef historique, Josep Rovira. Il a connu Gorges Orwell et a participé à de nombreuses batailles, participant entre autres à la prise de la bien nommée «»(NTD en espagnol dans le texte), près d’Osca (NDT Huesca en espagnol), en juin 1937. Il a été nommé lieutenant de l’armée de la République. Mais après les évènements de Mai 1937, qui ont vu s’affronter la Gouvernement (NDT de la République) et le PSUC (Parti Socialiste Unifié de Catalogne) d’une côté , et de l’autre la CNT (Confédération Nationale du Travail d’obédience anarchiste) et le POUM (Parti Ouvrier ’Unification Marxiste, d’obédience Trotkiste), la 29eme division a été dissoute et il a été envoyé en Andalousie.
Une persécution de « poumistes» commença au sein même du camp républicain (NDT appelé communément les ROUGES) et avant d’être arrêté il a fui au Portugal Mais comme il l’explique « Je décidai que ce seraient les franquistes (NTD nationalistes de Franco) qui me fusilleraient plutôt que les miens » (NTD sic de la part du traducteur !). Il se livra prisonnier à l’armée nationale. Ce sont des moments très durs qu’il va passer en tenant pour acquis qu’il serait exécuté ;
Il est passé par divers tribunaux et camps de concentrations jusqu’à arriver à la Prison Model de Barcelone, où on voulait l’envoyer travailler à ce qui serait après « El Valle de les Caidos » (NDT en espagnol dans le texte la Vallée de ceux qui sont tombés). L’intervention d’un officier franquiste va faire qu’il sera libéré.
Fornés va sortir de la période de la post guerre en faisant beaucoup d’effort, et arrivant à être chef comptable de la FIATC. Il va être fidèle jusqu’à la fin à ses idéaux de gauche et à la cause catalaniste. L’histoire d’un pays est faite par les protagonistes qui l’ont vécue. Antoni Fornés est l’un d’eux. Il laisse six fils, petits enfants et arrières petits enfants. Un de ses fils, Josep, est directeur d’un musée célèbre et à hérité du père la vision critique et engagée envers son pays
Et les valeurs de progrès. »
Traduit du catalan par Alain de Catalogne
Note de Christine Tasin
Merci Alain de nous avoir fait partager cet émouvant hommage. Nous ne sommes pas tous d’accord politiquement, je suis et resterai une adepte et un soutien inconditionnels des Républicains contre Franco, celui qui avait accepté l’aide d’Hitler pour bombarder Guernica.
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Moi, mon arrière-grand-oncle est mort à Auschwitz en 1945, non pas gazé mais de maladie. C’était un juif polonais dont la famille était plutôt très à droite, voire même à l’extrême-droite. Ce qui est un comble !
Et pourtant, je n’en veut pas à Hitler ni à son pouvoir d’avoir été durs avec les juifs. Non, j’en veut seulement à ceux qui ont fait le traité de Versailles, d’avoir destabilisé les empires centraux, mis à mal la vieille Europe et détruit les régimes impériaux qui dominaient jusqu’en 1918 l’Allemagne, l’Autriche et la Russie.
Le troisième Reich n’a pas été un régime dictatorial mais un sytême politique basé sur des libertés économiques et sociales que le peuple allemand avait réclamé à cors et à cris durant les années 1920. Il était pour un pouvoir fort et solide avec des valeurs sûres, un chef déterminé à défendre l’identité et la nation allemande.
cette vision idyllique de l’Allemagne nazie n’est pas défendable, tout simplement, parce que défendre l’identité et la nation allemande ne nécessitait pas d’exterminer les juifs, les homos, les handicapés, les opposants politiques… ni de faire la guerre à toute l’Europe ou presque. Faut quand même pas pousser ! C’est très dangereux et trop facile de déresponsabiliser les monstres, Hitler, l’EI, les assassins d’enfants et autres pédophiles etc sous prétexte qu’ils auraient de bonnes excuses et que les coupables ce serait les autres.
Le »viva la muerte » des fascistes équivaut au »nous aimons la mort autant que vous aimez la vie » de ben Laden, ou encore au nihilisme arrogant des Toten-Kopf qui ont bien éradiqué les terroirs européens.. Aujourd’hui ce sont les pays de l’Est qui résistent le mieux à l’islamisation culturelle… Nous luttons pour des valeurs et pour une humanité…et pour une souveraineté… On sait que les conservateurs occidentaux ont largement favorisé la repansion de l’islamisme par peur du socialisme (fut-il démocratique)… Afghanistan, Indonésie, Maroc, Algérie, etc etc. Et jusque dans nos banlieues où le Pouvoir a soustrait les immigrés à l’influence »néfaste » des communistes, pour les mettre sous la coupe d’imams musulmans… D’ailleurs il n’y a qu’à voir comment le PS et maintenant l’UDI ont depuis longtemps pris le contrôle des »banlieues »… Avec quel résultat
Moi aussi Christine j’ai été un défenseur des républicains, espagnols, j’ai lu de Georges Orwells ‘ »Hommage à la Catalogne ». et j’ai été contre les crimes des nazis à Guernica, cependant il faut se replacer dans le contexte, je vous ferai parvenir le livre de mon beau père qui lui aussi a combattu sur le front de l’Ebre , et a assisté aux purges staliniènes à Badalona même ^ù il devait tirer sur des anarchistes, et également avant guerre les crimes des gauchistes d’alors qui sont les mêmes que ceux de maintenant, ils ont assassiné de sang froid des ecclésiastiques, des religieuses qui n’avaient rien fait,comprenez moi je je je défends pas systématiquement, les franquistes, qui n’étaient pas tous des fascistes , (d ailleurs Antoni Fornes a été sauvé par une officier franquiste !) de même que chez les républicains tous n’étaient pas communistes, il faut voir le film de ken Loach « land and Freedom » sur les b rigades internationales. De même Franco s’est bien gardé de prendre parti pour l’Axe, même si c’est loin d’être un héro, situation en Espagne était catastrophique au début de la guerre civile: anarchie totale !!!
j’entends, Alain, nous savons tous ici qu’il n’y a pas de monde ni d’histoire manichéenne, qu’il y a des horreurs des deux côtés dans les guerres civiles… mais rien ne pourra jamais me faire épouser la cause de Franco contre les communistes de l »époque…Le bruit des bottes en Europe à l’époque ça n’était pas rien…