« Sans précédent. » Les commentaires étaient sur toutes les lèvres, lundi 7 mars, en Tunisie pour qualifier les affrontements spectaculaires, le matin même, entre assaillants djihadistes et forces de l’ordre, ayant fait cinquante-quatre morts à Ben Gardane, ville tunisienne située à 25 kilomètres de la frontière avec la Libye. Depuis que le pays a commencé à être frappé par le terrorisme, après la révolution de 2011, jamais, en effet, une ville tunisienne n’avait été le théâtre de telles scènes de guerre. A l’aube, des groupes liés à l’organisation Etat islamique (EI), dont les effectifs devaient osciller entre cinquante et soixante membres avaient lancé des assauts coordonnés contre une caserne de l’armée, un poste de police et le quartier général de la garde nationale.
Profitant de l’effet de surprise, ils ont pu sillonner le centre-ville de Ben Gardane, établir des points de contrôle, s’adresser aux passants afin de les rassurer – « Nous ne sommes pas contre vous, mais contre l’armée et la police », selon un habitant rapportant leurs propos – et se livrer même à des assassinats de représentants des forces de l’ordre, surpris à leur domicile.
Pendant ces longues minutes, l’EI s’est bel et bien rendu maître du cœur de cette ville frontalière de soixante mille habitants, avant que les forces de sécurité ripostent et reprennent le contrôle de la situation, à l’issue d’affrontements très meurtriers. Le bilan diffusé par les autorités fait état de trente-six tués parmi les assaillants, onze parmi les forces de sécurité et sept parmi les civils.
Il est le plus lourd jamais enregistré en Tunisie depuis l’émergence, à partir des années 2000, d’un mouvement islamiste armé, entré ensuite dans une mobilisation de plus grande ampleur après la révolution de 2011. « Le peuple tunisien est, dans son immense majorité, en guerre contre cette barbarie et ces rats que nous allons exterminer », a commenté le président Béji Caïd Essebsi.
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