Les gens ne se rendent pas compte du pouvoir qu’ils ont réellement… le peuple, je veux dire.
À propos des migrants, j’ai eu une discussion avec ma grand-mère de 82 ans. Elle a connu la seconde guerre mondiale et m’a souvent raconté dans quelles conditions la famille a dû « évacuer » pour échapper aux bombardements, le courage de mon arrière-grand-père qui a su protéger sa famille, y compris ses propres parents, paralysés et incapables de marcher ; alors, le départ à la hâte du village sur une remorque tirée par des chevaux… les conditions de vie épouvantables dont seuls peuvent témoigner les plus anciens, ceux qui savent que la paix est précieuse et fragile. Les déménagements de village en village, les rencontres fortuites permettant d’apprendre qu’il y aurait ici ou là une possibilité d’accueillir une famille d’une dizaine de personnes dans 50 m²… le travail qui continuait, malgré la guerre et toutes les préoccupations qu’elle engendrait, des « petits boulots » à droite ou à gauche pour continuer à vivre et faire vivre les siens malgré le contexte troublé.
En regrettant l’invasion migratoire, elle m’a dit « on n’y peut rien, c’est la loi« … c’est malheureux de voir ainsi que des gens considèrent que leurs représentants ont autorité sur eux, qu’un pays puisse s’auto-lier à accueillir des éléments nocifs pour lui sans que son peuple ne réagisse, comme si c’était la fatalité. Ma grand-mère est fataliste. Elle n’a jamais lu le « Discours de la servitude volontaire » de la Boétie, car l’école, cela fait 70 ans qu’elle en est sortie.
Alors « la loi« , c’est quoi ? Je connais trop peu le statut des étrangers pour y répondre, mais je sais que le Préambule de la Constitution de 1946 prévoit l’asile pour quiconque est persécuté pour son action pour la paix. Un beau texte, voté au lendemain de la libération, dans une ambiance optimiste, euphorique, de reconstruction, mais naïve, aussi, me semble-t-il… c’est un texte qui s’inscrit dans cette conception universaliste des déclarations de droits en France. Mais cette conception universaliste a toujours été critiquée pour sa dimension « de-quoi-je-me-mêliste », si vous me permettez l’expression, et c’est plus que jamais d’actualité.
Quelle que soit la valeur du texte, il nous est toujours possible de le remettre en cause, de le réviser, car la Constitution n’est pas immuable et on peut admettre l’asile pour des gens réellement valeureux, mais pas pour organiser une invasion migratoire comme celle qui a lieu actuellement… Quant aux conventions internationales comme celle de Genève, il est toujours possible aussi d’en sortir… le peuple, le constituant, c’est nous et notre Constitution, nous en avons la maîtrise et elle est au-dessus de tout. Elle nous appartient, on en fait ce que l’on veut, mais pour la réviser, il faut les 3/5 du Parlement, donc envoyer au préalable les gens qu’il faut au Parlement…
Alors, on ne fait pas la leçon à ses grands-parents… mais je crois que ma grand-mère a tort de penser que nous ne pourrions rien faire. Moi qui n’ai pas voté depuis 8 ans, je reviendrai, « au village » sur les listes électorales duquel je suis inscrit, le village que mon arrière-grand-père alors « chef de famille » avait fui, pour voter comme il l’aurait fait : comme un patriote. Je n’aurais jamais pensé le faire, mais je sais que j’agis rationnellement et personne ne pourra m’en empêcher car la démocratie n’est pas encore morte, quoi qu’on en dise.
Je repense souvent à Octave, mon arrière-grand-père et ces anecdotes familiales qui me furent racontées par ma grand-mère, qui n’a que peu connu l’école étant donné ces événements. Elle a travaillé dur comme agricultrice, combien d’anecdotes encore me furent racontées sur les souffrances endurées (le mot n’est pas trop fort lorsque vous recevez un coup de corne de vache au coin de l’œil pendant la traite, par exemple) pour, aujourd’hui, toucher 900 euros par mois (et encore, grâce à la réversion de la pension de mon grand-père décédé, lui aussi agriculteur et qui prit sa retraite à 65 ans pour l’améliorer légèrement). Ma grand-mère est comme bien des gens de son époque : elle a des belles valeurs, mais elle n’a pas reçu une éducation suffisante pour comprendre les enjeux de pouvoir et le fonctionnement de la société.
J’ai parfois l’impression que les générations suivantes ont eu la possibilité d’accéder au savoir et à l’esprit critique, mais, préservées par le confort moderne et croyant les trente glorieuses perpétuelles, n’ont pas la même conscience des dangers que l’on encourt. Le virtuel, la télévision, le mode de vie moderne expliquent sans doute cette « distanciation » dont nous sommes tous victimes. Nous sommes bien plus assoupis que les « Octave » le seraient, qui ne connaissaient ni la télévision, ni l’ordinateur, ni le confort, ni la bureaucratie au niveau kafkaïen qu’elle a atteint aujourd’hui, qui s’auto-entretient par des politiques qui suscitent un sentiment de sécurité artificielle… quand l’Etat est trop présent, le peuple oublie qu’il a encore le pouvoir. Trop de production normative, trop de présence médiatique des dirigeants, trop de désintérêt pour notre histoire et les rouages essentiels de notre droit constitutionnel, entre autres, par manque d’éducation ou par fainéantise, ont fait que le peuple n’a plus conscience de son pouvoir.
Alors une bonne fois pour toutes, la Constitution comme les conventions internationales ne lient pas le peuple éternellement : le peuple se soumet aux lois, aux traités et à ses textes constitutionnels tant qu’ils sont en vigueur. Libre à lui de les remettre en cause pour se préserver. Rien n’est immuable dans notre système juridique, nous avons encore le pouvoir.
Maxime
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Le concept du « peuple souverain » n’est plus qu’un concept fumeux aujourd’hui. Et c’est justement parce que nous sommes privés non seulement de tout pouvoir, mais même du droit de dire quelque chose, que nous devrons peut-être prendre le pouvoir.
De toute façon ont à déjà piétiné la démocratie alors les lois ils les arrangent à leur grès. Rien de nouveaux.
Belle analyse : oui la souveraineté appartient au peuple.
Qui peut « abroger » des lois et en adopter d’autres(par ses représentants) théoriquement.
Cependant notre démocratie est composée d’une grande masse « gélatineuse », anesthésiée, qui ne pense pas, et boit, comme du petit lait, les messes médiatiques. En gros : dans beaucoup d’esprits le bien est du côté de la gauche, généreuse, altruiste et bien-pensante, pro-immigrationniste et alliée de l’islam radical qu’elle le veuille ou non.
Quant au mal il est du côté de la droite et de « l’extrême droite ». Si vous pensez qu’une identité, un patrimoine historique se défendent, si vous pensez que le multiculturalisme menace la cohésion d’une société, si vous pensez que l’Union Européenne est un vaste machin qui permet surtout à des technocrates de justifier leurs généreux salaires à coups de normes imbéciles.
Si vous pensez que la population change, que les mosquées se multiplient vous ne pouvez être qu’un salaud.
Quelquefois les mollusques ont un éclair de lucidité mais se ravisent rapidement car le bien est, dans leurs esprits formatés, définitivement du côté de la gauche et la pensée nuancée : ils ne la connaissent pas; et ce, même si on peut être patriote sans être « raciste », si on peut être ouvert d’esprit sans être mondialiste…
Souvenez-vous (la situation actuelle est néanmoins différente) peu de français étaient résistants durant la dernière guerre mondiale.
A l’heure actuelle : ceux qui pensent hors des clous existent et s’expriment mais demeurent minoritaires par rapport à la masse gélatineuse…
« Vous, en Europe, vous êtes dans une éclipse de l’intelligence. Vous allez souffrir. Le gouffre est profond. Vous êtes malades. Vous avez la maladie du vide. » Alexandre Soljenitsyne se confiant à Philippe de Villiers.
Diogène le clébard
Le droit d’asile est trop flou et de toute façon obsolète car correspondant à une situation donnée à un moment donné.
On pourrait me rétorquer que nombre de Français ont fui l’agresseur allemand en 1940 pour se réfugier en Grande Bretagne ou d’autres pays amis. Fort bien ! Mais il faut savoir qu’ils sont revenus quand la France à été libérée et au final bien d’entre eux sont restés dans les pays d’accueil.
Aujourd’hui, les demandeurs d’asile n’ont qu’une envie, c’est de rester en France et de profiter d’une liberté et de services sociaux inexistants dans leur pays d’origine.
Le droit d’asile est alors complètement dévoyé de sa fonction initiale, Il faut le réformer d’urgence. Ce ne sont pas nos dirigeants actuels qui le feront. Il serait temps que les français assoupis se réveillent, comme le dit si bien Maxime Duval.
« Rien n’est immuable dans notre système juridique, nous avons encore le pouvoir ». Rien n’est moins sûr. Est ce que le cadre juridique des élections de la V République permet aux opinions publiques profondes de s’exprimer ? Est ce que la représentation juridique sur laquelle vous vous fondez est en phase avec la représentation sociologique de la société ? Toutes les nations sont composées de catégories sociales différentes dont les comportements aux élections ne sont pas rationnels. Dans le vote de rejet par exemple il n’y a pas d’identification entre les représentants et les représentés. Notre assemblée ressemble t elle au peuple ? Clairement non. La psychologie des électeurs est un facteur qu’il ne faut pas négliger. La manipulation médiatique est courante dans notre système.
Notre démocratie n’est qu’une démocratie formelle qui recèle en son sein plus d’autocratie que de démocratie réelle. L’hérédité et la cooptation ont été intégrées dans le processus démocratique. Ainsi le pouvoir économique intervient couramment dans les décisions gouvernementales pourtant il s’agit d’un pouvoir hautement autocratique. En effet, on devient chef d’une grande entreprise par héritage ou cooptation (les actionnaires nomment le chef d’entreprise). Ils sont rares en France, ceux qui ont créé leur propre entreprise, grande entreprise je veux dire. Le pouvoir en France vient de l’argent et en très petite partie du peuple. Pour agir sur la psychologie de l’électeur il faut faire de la propagande. Il faut des moyens de pression importants. Or, la presse et tous les moyens d’informations coûtent chers. La bureaucratie tenue par les hauts fonctionnaires issus de quelques mêmes grandes écoles tient dans sa main nos élus devenus de simples exécutants. Ne soyez pas aussi sévère avec votre grand-mère. Elle a de l’expérience tout simplement. Elle comprend plus que vous ne croyez le fonctionnement de la société.
Cependant, vous avez raison il faut agir. Utiliser tous les moyens à notre disposition pour peser autant que possible sur nos institutions mais il faut rester lucide sur nos chances démocratiques réelles.
Bonjour Villeneuve,
vous avez raison et mon article comporte une part d’utopie assumée… (il y a une erreur d’identification de l’auteur, je ne suis pas Maxime Duval).
D’une part, parce que beaucoup de gens manquent aujourd’hui de temps pour s’informer. Je parle de fainéantise ou de manque d’éducation, mais il n’y a pas que cela.
D’autre part, le respect de l’Etat de droit est un idéal et mon article vise à montrer que cette voie est théoriquement praticable et idéalement, je persiste à penser que c’est la meilleure.
Merci pour vos réactions intéressantes.