« Il faut voter pour François Hollande pour avoir le mariage homo ».
Cette phrase, ma compagne et moi l’avons entendue à de nombreuses reprises. Cependant, même si nous sommes homosexuelles, résolument féministes et même si nous souhaitons nous marier et avoir des enfants, nous ne voterons pas pour François Hollande le 6 mai 2012.
Le PS nous a trahis.
Nous pourrions développer les arguments d’ordre économique qui motivent notre choix, en plus de notre rejet du laxisme de gauche vis-à-vis de ceux que Chevènement appelait les « sauvageons ».
Nous sommes féministes, car nous revendiquons l’égalité entre les hommes et les femmes. N’y voyez aucune haine de l’homme. Nous aimons nos frères et nos amis hommes même si notre préférence affective se tourne vers les femmes, point.
Cette égalité hommes-femmes, c’est une grande victoire de la République.
Fille et petite-fille de hussards de la République, ancienne enseignante, je suis catastrophée par le recul de cette égalité à l’école. Comme l’a rappelé un article récent de Marianne (grand journal d’extrême droite, n’est-ce pas amis bobo ?), l’autorité des professeurs femmes est contestée, les cours de sports en piscine sont zappés et les cours de SVT sont boycottés quand on aborde les thèmes de l’évolution et de l’éducation sexuelle. Certains collèges ont même fait appel à des imams pour qu’ils expliquent « qu’on pouvait aborder ces sujets, que c’était permis ». Quand va-t-on faire appel donc « aux curés » ?
La République capitule devant des théories politiques, devant cette horrible charia qui fait honte aux croyants qui ne demandent qu’à vivre en paix. Les modérés sont les premières victimes, tout comme les femmes et les homosexuels. Il suffit de voir comment finissent les femmes adultères et les homosexuels dans ces pays où la charia domine. On critique l’Église catholique à cause de ses positions sur la sexualité. J’aimerais rappeler que Jésus n’a pas appelé à lapider la femme adultère comme le font les fous de Dieu. Quant à l’homosexualité, même si des chrétiens intégristes, catholiques ou protestants, invitent à soigner ces personnes, ils ne se demandent pas s’il faut brûler vifs ou jeter d’une colline les homosexuels.
Il aura fallu l’affreux massacre de Toulouse, pour qu’on interdise la venue dans la patrie des Lumières de prédicateurs homophobes qui s’interrogent sur la façon de tuer les homosexuels !
Comme le rappelle l’extraordinaire Malika Sorel sur son blog dans son billet du 19 avril 2012: « Le “halal” est central dans la dégradation de l’intégration culturelle des populations de l’immigration du Sud car il ne concerne pas seulement l’abattage rituel : il s’agit d’une philosophie de vie qui consiste, au travers des concepts de “pur” et d’“impur”, de “licite” et d’“illicite” à bâtir une muraille identitaire autour d’une communauté d’appartenance qui se base sur des principes religieux et non sur les principes républicains . »
Voilà où le bât blesse, la République laisse entrer la religion à l’école, à l’hôpital, dans le monde du travail, dans la rue, avec cette notion de « permis », de « licite », de « hallal ».
C’est un poison mortel pour nous les femmes, issues de l’immigration ou non, pour nous homosexuels, mais en règle générale, pour tous ceux qui veulent vivre librement et toujours dans le respect de la loi républicaine.
En voulant ne pas stigmatiser, grand mot à la mode, on a fini par accepter l’inacceptable.
Nous avons observé dans notre quartier l’application de cette théorie :
C’est avec effroi que nous avons vu dans notre rue des petites filles voilées d’environ 6 ans. « Normalement », il faut que la personne soit pubère et consentante. À 6 ans ? Parce que cette petite gamine est une horrible tentatrice impure ? Sommes-nous revenus des siècles en arrière ? Ma compagne se souvient que, lors d’un voyage en Arabie Saoudite, elle a été exclue d’un centre commercial, car sa robe ne cachait pas assez ses chevilles en sortant de la voiture. Quelle vision méprisante de l’homme, considéré comme étant incapable de contenir ses pulsions !
C’est avec colère que nous avons dû supporter les réflexions méprisantes de messieurs en chemise de nuit nous demandant si nous étions sœurs ou cousines. J’ai été insultée et menacée en revenant tard le soir du travail. Je partais travailler la peur au ventre.
Est-ce normal qu’en 2012 certaines jeunes filles ne puissent pas épouser qui elles veulent ni porter ce qu’elles veulent ? Est-ce normal que le fait d’être homosexuel dans une cité fasse de vous une cible potentielle de viol ? Est-ce normal que tant de jeunes filles et jeunes hommes se suicident quand ils découvrent leur différence car ils savent que leur famille les rejettera ?
Les féministes sont inaudibles. La gauche se tait.
Des personnes très religieuses donc forcément très respectables ont menacé d’égorger notre petit chien, « animal impur » qui avait frôlé leur chemise de nuit. Nous avons donc mis en place une stratégie d’évitement des commerces « sensibles » pour éviter de passer devant. Ne pas pouvoir se rendre là où on le souhaite, n’est-ce pas cela le fascisme, amis bobos ?
Au travail, une collègue ne sert pas la main aux hommes ou alors elle met des gants. Elle fait de même avec une lesbienne, impure… Les sandwichs au porc ne doivent pas être placés dans le frigo des purs…
Est-ce normal que deux lesbiennes se fassent agresser en 2012 par deux énergumènes qui leur ont demandé cela : « C’est toi qui fais l’homme, non ? Si c’est toi, il faut que tu dresses ta femme» (cf http://www.tetu.com/actualites/france/lyon-douze-mois-avec-sursis-pour-avoir-agresse-un-couple-de-femmes-21465 ).
Comment s’étonner alors que des femmes, des homosexuels votent pour Marine Le Pen comme nous l’avons fait au premier tour ? Il suffit de parcourir les forums des discussions LGBT pour voir que tous ne votent pas Hollande et que souvent des lesbiennes, doublement menacées par ce fascisme vert, déclarent voter pour le FN. Elles se font traiter de fachos bien sûr, de ploucs par les électeurs PS des beaux quartiers.
À quoi bon le droit de pouvoir se marier si l’on ne peut pas sortir de chez soi sans se faire agresser ? Si l’on ne peut pas vivre tout simplement ? Il faut noter d’ailleurs que François Hollande n’est même pas sûr de tenir cette promesse, il veut prendre son temps… Sans rentrer dans le détail des répercussions économiques de son programme, nous savons que les femmes gagnent globalement moins que les hommes. Beaucoup d’amies craignent les conséquences de la suppression des heures supplémentaires défiscalisées pour leurs petits salaires.
Nous avons fini par quitter la France pour vivre en paix. En déménageant le matin, durant le ramadan, pour être tranquilles… Comme le dit ma compagne : « Ici, nous sommes libres. Je retrouve la France de mon enfance. »
Le 6 mai, nous ferons 4 heures de route pour aller voter au consulat contre François Hollande. Nicolas Sarkozy nous a tous déçus, trahis même, mais entre Charybde et Scylla, notre choix est fait.
Nous avons peur de voir avec l’arrivée de la gauche celle de « grands frères » supplémentaires qui normaliseront encore plus les comportements, enfermant les femmes et les homosexuels dans un piège mortel.
Nos grands-parents et grands-oncles ont lutté dans la Résistance.
Nos mères ont fait mai 1968 et elles ont pu s’affranchir des cadres moraux pour travailler et ne plus être uniquement des femmes au foyer. Ma grand-mère est fière de rappeler que sa tante fut l’une des premières titulaires du Baccalauréat et elle m’a toujours encouragée à être économiquement indépendante et surtout libre.
Nous poursuivons leur combat contre un nouveau fascisme.
Merci à Riposte Laïque et à Résistance Républicaine d’exister.
Vive la République et vive la France !
Annie Esposito
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Merci pour votre témoignage, bravo pour votre prise de position.
Chère Annie,
Merci pour votre lettre, elle est criante de vérité. Lorsque l’on a vécu dans ces zones on peut confirmer la vérité de votre témoignage. L’urgence est d’éviter Hollande.
Défendons la République.
Dominique Bética