Le CCIF fera-t-il aussi un procès à Ernest Renan ?

 

Si Ernest Renan (1823-1892) était encore de ce monde, son discours sur l’islamisme et la science lui aurait valu un procès retentissant bien médiatisé.

http://resistancerepublicaine.com/2018/05/24/bensoussan-relaxe-le-ccif-se-pourvoit-en-cassation/
 

Ernest Renan, L’islamisme et la science, 1883 – EXTRAITS

Toute personne un peu instruite des choses de notre temps voit clairement l’infériorité actuelle des pays musulmans, la décadence des États gouvernés par l’islam, la nullité intellectuelle des races qui tiennent uniquement de cette religion leur culture et leur éducation. Tous ceux qui ont été en Orient ou en Afrique sont frappés de ce qu’a de fatalement borné l’esprit d’un vrai croyant, de cette espèce de cercle de fer qui entoure sa tête, la rend absolument fermée à la science, incapable de rien apprendre ni de s’ouvrir à aucune idée nouvelle. A partir de son initiation religieuse, vers l’âge de dix ou douze ans, l’enfant musulman, jusque-là quelquefois assez éveillé, devient tout à coup fanatique, plein d’une sotte fierté de posséder ce qu’il croit la vérité absolue, heureux comme d’un privilège de ce qui fait son infériorité. Ce fol orgueil est le vice radical du musulman. L’apparente simplicité de son culte lui inspire un mépris peu justifié pour les autres religions. Persuadé que Dieu donne la fortune et le pouvoir à qui bon lui semble, sans tenir compte de l’instruction ni du mérite personnel, le musulman a le plus profond mépris pour l’instruction, pour la science, pour tout ce qui constitue l’esprit européen. Ce pli inculqué par la foi musulmane est si fort que toutes les différences de race et de nationalité disparaissent par le fait de la conversion à l’islam. Le Berber, le Soudanien, le Circassien, l’Afghan, le Malais, l’Égyptien, le Nubien, devenus musulmans, ne sont plus des Berbers, des Soudaniens, des Égyptiens, etc. ; ce sont des musulmans.

…………Entre la disparition de la civilisation antique, au sixième siècle, et la naissance du génie européen au douzième et au treizième, il y a eu ce qu’on peut appeler la période arabe, durant laquelle la tradition de l’esprit humain s’est faite par les régions conquises à l’islam.

……..Ce qu’il y a de bien remarquable, en effet, c’est que, parmi les philosophes et les savants dits arabes, il n’y en a guère qu’un seul, Alkindi, qui soit d’origine arabe ; tous les autres sont des Persans, des Transoxiens, des Espagnols, des gens de Bokhara, de Samarkande, de Cordoue, de Séville. Non seulement, ce ne sont pas des Arabes de sang ; mais ils n’ont rien d’arabe d’esprit. Ils se servent de l’arabe ; mais ils en sont gênés, comme les penseurs du moyen âge sont gênés par le latin et le brisent à leur usage. L’arabe, qui se prête si bien à la poésie et à une certaine éloquence, est un instrument fort incommode pour la métaphysique. Les philosophes et les savants arabes sont en général d’assez mauvais écrivains.

Cette science n’est pas arabe. Est-elle du moins musulmane ? L’islamisme a-t-il offert à ces recherches rationnelles quelque secours tutélaire ? Oh ! en aucune façon ! Ce beau mouvement d’études est tout entier l’œuvre de parsis, de chrétiens, de juifs, de harraniens, d’ismaéliens, de musulmans intérieurement révoltés contre leur propre religion. …….. Mamoun, celui des califes qui montra le plus de zèle pour l’introduction de la philosophie grecque, fut damné sans pitié par les théologiens ; les malheurs qui affligèrent son règne furent présentés comme des punitions de sa tolérance pour des doctrines étrangères à l’islam. Il n’était pas rare que, pour plaire à la multitude ameutée par les imans, on brûlât sur les places publiques, on jetât dans les puits et les citernes les livres de philosophie, d’astronomie. Ceux qui cultivaient ces études étaient appelés zendiks (mécréants) ; on les frappait dans les rues, on brûlait leurs maisons, et souvent l’autorité, pour complaire à la foule, les faisait mettre à mort.

L’islamisme, en réalité, a donc toujours persécuté la science et la philosophie. Il a fini par les étouffer. ……… L’islamisme offre cette particularité qu’il a obtenu de ses adeptes une foi toujours de plus en plus forte. …….. La liberté n’est jamais plus profondément blessée que par une organisation sociale où le dogme règne et domine absolument la vie civile. Dans les temps modernes, nous n’avons vu que deux exemples d’un tel régime : d’une part, les États musulmans ; de l’autre, l’ancien État pontifical du temps du pouvoir temporel. Et il faut dire que la papauté temporelle n’a pesé que sur un bien petit pays, tandis que l’islamisme écrase de vastes portions de notre globe et y maintient l’idée la plus opposée au progrès : l’État fondé sur une prétendue révélation, le dogme gouvernant la société.

Les libéraux qui défendent l’islam ne le connaissent pas. L’islam, c’est l’union indiscernable du spirituel et du temporel, c’est le règne d’un dogme, c’est la chaîne la plus lourde que l’humanité ait jamais portée. ……………. La théologie occidentale n’a pas été moins persécutrice que celle de l’islamisme. Seulement, elle n’a pas réussi, elle n’a pas écrasé l’esprit moderne, comme l’islamisme a écrasé l’esprit des pays qu’il a conquis. ………… Dans les pays musulmans, il s’est passé ce qui serait arrivé en Europe si l’Inquisition, Philippe II et Pie V avaient réussi dans leur plan d’arrêter l’esprit humain……….

……..Ce qui distingue, en effet, essentiellement le musulman, c’est la haine de la science, c’est la persuasion que la recherche est inutile, frivole, presque impie: la science de la nature, parce qu’elle est une concurrence faite à Dieu ; la science historique, parce que, s’appliquant à des temps antérieurs à l’islam, elle pourrait raviver d’anciennes erreurs. …………. Un dogme révélé est toujours opposé à la recherche libre, qui peut le contredire. Le résultat de la science est non pas d’expulser, mais d’éloigner toujours le divin, de l’éloigner, dis-je, du monde des faits particuliers où l’on croyait le voir. L’expérience fait reculer le surnaturel et restreint son domaine. Or le surnaturel est la base de toute théologie. L’islam, en traitant la science comme son ennemie, n’est que conséquent ; …….. L’islam a réussi pour son malheur. En tuant la science, il s’est tué lui-même, et s’est condamné dans le monde à une complète infériorité.

Quand on part de cette idée que la recherche est une chose attentatoire aux droits de Dieu, on arrive inévitablement à la paresse d’esprit, au manque de précision, à l’incapacité d’être exact. Allah aalam, « Dieu sait mieux ce qui en est », est le dernier mot de toute discussion musulmane.

Texte complet : https://archive.org/details/lislamismeetlas00renagoog

 

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16 Commentaires

  1. Tout est vrai dans ce texte de Renan, ou presque,
    Que l’islam se soit condamné à l’infériorité, cela dépend sur quel plan….
    Il y a un plan où il est très supérieur, et prédominant : la violence assorti d’une persévérance à toute épreuve et le mépris de la vie ,
    Que les esprits emprisonnés par ce dogme, soient particulièrement obtus et fermés, leur donne une supériorité pour la conquête d’autres peuples et la destruction d’autres civilisations.
    Si les occidentaux ne sont pas capables de voir cette évidence qui est aussi grosse que le nez au milieu de la figure, ils sont perdus.
    On aura beau se dire que nous sommes supérieurs sur tous les plans, y compris en ce qui concerne les  » droits de l’homme « , le respect des individus et la liberté, si on respecte l’islam, on court tout droit à la destruction

  2. Ce qui prouve que plus on est cultivé et plus on s’éloigne du Coran . Les imams n’aiment pas trop les gens qui réfléchissent ou qui s’instruisent.
    Ils leur faut des moutons bien soumis avec rien dans la chéchia car l’instruction mène à l’émancipation donc la liberté d’esprit qui les rend suspects et même coupables aux yeux des islamistes.
    C’est pour cela que la France et l’ universalisme des esprits qui en on fait sa réputation sont un enjeux de taille pour les radicaux de l’Islam qui veulent démontrer que leur pouvoir de persuasion est supérieur aujourd’hui à celui de ceux des philosophes des lumières aidés en cela par ceux qui sont chloroformés par le mondialisme et la bien pensance la tolérance et tous ces concepts bidons importés des USA pour standardiser les esprits à l’instar des marchandises.
    La civilisation Arabo-andalouse est bien séduisante mais ne correspond plus à une réalité et elle a fait long feu en autre avec l’indépendance Algérienne elle est un fantasme comme le melting pot Brésilien ou autres métissages que l’on voudrais appliquer à la France.
    C’est nous qui avons le meilleur système pour vivre ensemble grâce à ces fichus Français mais la terre entière y compris les mondialistes voudraient nous prouver le contraire!

  3. question à Christine :
    sachant que l’on peut citer des auteurs comme Voltaire , Pascal ou plus près de nous Comte -Sponville
    as t’on le droit de citer RENAN
    je pense que oui et cela va être réjouissant car il suffira alors d’écrire ceci
    comme disait E Renan que je cite et ouvrir les guillemets pour faire un bras d’honneur à la XVII ième

  4. Parmi nos écrivains illustres il n’y a pas qu’Ernest Renan( qui donna sans doute la meilleure définition de ce qu’est une république) qui serait dans le collimateur mais également un Flaubert, un Malraux, et combien d’autres, ce serait intéressant de recenser tous nos grands écrivains de ceux qui ont eu le courage de dire ce qu’il pensaient de l’islam et qui seraient passibles aujourd’hui d’une convocation à la 17e chambre.
    Sans oublier aussi nos hommes politiques du passé, un Clémenceau après son voyage en Orient et bien d’autres.
    Peut-être qu’en les citant cela finira-t-il par mettre mettre un peu plus de plomb dans les têtes.
    Sans oublier tous les européens illustres de Schopenhauer(« l’exécrable islam ») à Churchill;ils sont morts ont dit bien plus même qu’un Tommy Robinson et au moins il sera difficile de les faire sortir leur tombes pour les traîner devant un juge.
    À moins que l’on crée une censure rétroactive sur leurs publications.
    Nos plumes seront les sarisses de nos modernes hoplites, inutile d’insulter qui que ce soit, mais serrer les rangs et avancer pour faire reculer ceux qui veulent soumettre nos sociétés à leurs obscurités.

  5. Ils ruinent tous les pays dans lesquels ils sont. Leur idole est un Mahomet ignare donc pour l’essentiel d’entre eux ils le sont aussi.
    Quel modèle!
    Si la connerie tuait c’est sûr que beaucoup n’y serait plus!
    Malheureusement elle ne tue pas elle perdure de siècle en siècle.

  6. Renan était un homme libre et pas Fasciste comme ceux aux pouvoirs comme aujourd’hui.
    Ce Rena aurait été horrifié de voir la France se faire islamiser par les dirigeants de la France d’aujourd’hui, il les auraient traité de fou! d’accepter une saloperie pareille en Europe.
    Il faut avoir l’esprit vraiment très mauvais pour imposer l’islam en Europe.
    L’islam c’est la haine absolu et pas une once d’amour, rien! et nos dirigeants surprotègent cette haine bien plus que les autres communautés et aux risques de la vie des peuples européens autochtones.

  7. Sylvie2
    merci pour ce texte qui démontre à merveille que la répulsion que nous éprouvons à l’égard de l’islam n’a rien d’un sentiment haineux primaire, mais qu’il s’impose parce que l’islam et le monde civilisé moderne n’ont rien en commun.

  8. Bonjour Machinchose.
    Magnifique texte, je l’ai mis de côté pour en faire profiter quelques sceptiques de ma connaissance.
    Malheureusement on dirait qu’ils n’ont pas changer, ce sont toujours et encore des parasites.

  9. Bonjour,
    Remarquable texte de Renan qui n’a pas pris une ride.
    Encore merci de nous l’avoir fait connaître …

  10. FABULEUX !!
    «  » Le Yémen, où vivent les Arabes, est en ruine, à part quelques villes. La civilisation persane en Iraq est complètement ruinée. Il en est de même, aujourd’hui, en Syrie. «  » »
    Nom de Nom d’ un Coran !!
    ce constat est vieux de 6 4 1 Ans !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
    incroyable !!!!
    on dirait écrit hier !!

  11. Merci de ce splendide argumentaire, concis, et que l’on devrait donner en commentaire de texte à tous les postulants au bac de français ou de philosophie. A charge à vous et aux autres rédacteurs, bien sûr, d’avoir un argumentaire aussi motivé concernant Philippe II et Pie V!

  12. scusi, j’ ai omis de vous dire la date de rédaction de ce petit bijou
    1377 de l’ ère Chrétienne

  13. et moi, je vais vous infliger ce délicieux pensum, d’ un Arabe Musulman célèbre IBN KHALDOUN
    «  » »Les Arabes vus par Iben Khaldoune
    La moqaddima de Iben Khaldoune
    …Précurseur de la sociologie moderne, Ibn Khaldoun est une référence incontournable dans le domaine de la réflexion sur l’histoire sociale des peuples et civilisations méditerranéennes. En réponse aux arabo-staliniens et aux arabo-intégristes, qui érigent les arabes et leurs « civilisation  » en modèle « universaliste « , nous publions un extrait d’ « AI Muqaddima » d’Ibn Khaldoun qui parle, justement de cette civilisation arabe et des arabes. Notre objectif est de lutter contre l’amnésie et permettre à nos lecteurs de se faire leur propre opinion. Ce serait ainsi que les arabistes seront invités à davantage de modestie et de relativisme, à se remettre en question et à se situer « objectivement » dans le concert des civilisations. …
    En raison de leur nature sauvage, les arabes sont des pillards et des destructeurs. Ils pillent tout ce qu’ils trouvent sans combattre ou sans s’exposer. Puis ils se replient sur leurs pâturages au désert. Ils n’attaquent ou ne combattent que pour se défendre. Ils préfèrent éviter les forteresses ou les positions difficiles: ils ne les attaquent pas. Les tribus que protègent d’inaccessibles montagnes sont à l’abri de la malfaisance et des déprédations des Arabes. Ceux-ci ne franchiront pas de collines ou ne prendront pas de risque pour aller chercher les montagnards.
    Au contraire, les plaines sont livrées à leur pillage et en proie à leur avidité, si leur dynastie est faible ou qu’elles n’aient pas de troupes pour les défendre. Alors- les Arabes y fond des incursions, des pillages, des attaques répétées, parce qu’il s’agit de territoires accessibles. Les habitants peuvent succomber et devenir les jouets des changements de pouvoir, jusqu’à ce que leur civilisation disparaisse. Dieu est tout puissant!
    Les Arabes sont une nation sauvage (umma washiyya), aux habitudes de sauvagerie invétérées. La sauvagerie est devenue leur caractère et leur nature. Ils s’y complaisent, parce qu’elle signifie qu’ils sont affranchis de toute autorité et de toute soumission au pouvoir. Mais cette attitude naturelle est incompatible (mund-fiya) et en contradiction (munâqida) avec la civilisation (‘ùmrân). Toutes les habitudes des Arabes les conduisent au nomadisme et au déplacement. Or, c’est là l’antithèse et la négation de la sédentarisation (maskûn), qui produit la civilisation. Par exemple: les Arabes ont besoin de pierres pour leurs foyers et leur cuisine -ils les prennent aux maisons, qu’ils détruisent dans ce but. Ils ont besoin de bois pour leurs tentes, pour les étayer et en faire des piquets: ils abattent les toits, pour en tirer le bois dans ce but. La véritable nature de leur existence est la négation de la construction (binâ’), qui est le fondement de la civilisation. Tel est, généralement, leur cas. De plus, c’est leur nature de piller autrui. Ils trouvent leur pain quotidien à l’ombre de leurs lances (rizqu- hum fi zilâl rimâ-i-him). Rien ne les arrête pour prendre le bien d’autrui.
    Que leurs yeux tombent sur n’importe quel bien, mobilier ou ustensile, et ils s’en emparent. S’ils arrivent à la domination et au pouvoir royal, ils pillent tout à leur aise. Il n’y a plus rien pour protéger la propriété et la civilisation est détruite.
    D’autre part, étant donné qu’ils font travailler de force les artisans et les ouvriers, le travail leur parait sans valeur et ils refusent de le payer. Or, comme on le verra plus loin, le travail est le fondement du profit (al- a’mâl, aslu I-makâsib). Si le travail n’est pas apprécié, s’il est fait pour rien, l’espoir de profit disparaît, et le travail n’est pas productif. Les sédentaires se dispersent et la civilisation décline. Autre chose encore : les Arabes ne portent aucun intérêt (‘inâya) aux lois (ahkâm). Ils ne cherchent pas à dissuader les malfaiteurs ou à assurer l’ordre public. Ils ne s’intéressent (hammu-hum) qu’à ce qu’ils peuvent soustraire aux autres, sous forme de butin ou d’impôt. Quand ils ont obtenu cela, ils ne s’occupent ni de prendre soin des gens, ni de suivre leurs intérêts, ni de les forcer à se bien conduire. Ils lèvent des amendes sur les propriétés, pour en tirer quelque avantage, quelque taxe, quelque profit. Telle est leur habitude. Mais elle n’aide pas à prévenir les méfaits ou à dissuader les malfaiteurs. Au contraire, le nombre en augmente: comparée au bénéfice du crime, la perte représentée par l’amende est insignifiante. En régime arabe, les sujets vivent sans lois, dans l’anarchie (fawda). L’anarchie détruit l’humanité et ruine la civilisation. En effet, le pouvoir royal tient à une qualité naturelle de l’homme. C’est lui qui garantit l’existence des hommes et leur vie sociale (ijtimâ’). On a déjà vu cela au début du chapitre.
    Et puis, tout Arabe veut être le chef : Aucun ne veut s’effacer devant un autre, fût-il son père, son frère ou l’aîné de sa famille. Il ne s’y résout que rarement, et parce qu’on lui fait honte (-ayâ’). Aussi y a-t-il, chez eux, beaucoup de chefs et de princes, et les sujets doivent-ils obéir à plusieurs maîtres – pour les impôts et pour les lois. C’est ainsi que la civilisation décline et disparaît. ‘Abd-al-Malik reçut un jour une délégation arabe. Il questionna un nomade (a’rabî) sur (le gouverneur) AIhajjâj, en escomptant en entendre un éloge pour sa façon de commander et son oeuvre civilisatrice. Mais l’Arabe répondit :  » Quand je l’ai quitté, il était injuste tout seul!  » On remarquera que la civilisation s’est toujours effondrée avec la poussée de la conquête arabe : les établissements se sont dépeuplés et la terre devint toute autre que la terre (tabaddalati l-ard ghayra l-ard). Le Yémen, où vivent les Arabes, est en ruine, à part quelques villes. La civilisation persane en Iraq est complètement ruinée. Il en est de même, aujourd’hui, en Syrie. Quand les Hilâliens et les Banû Sulaym ont poussé jusqu’à la Tunisie et au Maroc, au début du Xie siècle, et qu’ils s’y sont débattus pendant 350 ans, ils ont fini par s’y fixer et les plaines en ont été dévastées. Autrefois, toute la région entre la Méditerranée et le Soudan était peuplée, comme le montrent les vestiges de civilisation, tels que monuments, sculptures monumentales, ruines de villages et d’agglomérations.  » Dieu hérite la terre et tout ce qui vit sur elle. Il est le meilleur héritier  » (XXI, 89).
    En effet, en raison de leur sauvagerie innée, ils sont, de tous les peuples, trop réfractaires pour accepter l’autorité d’autrui, par rudesse, orgueil, ambition et jalousie. Leurs aspirations tendent rarement vers un seul but. Il leur faut l’influence de la loi religieuse, par la prophétie ou la sainteté, pour qu’ils se modèrent d’eux-mêmes et qu’ils perdent leur caractère hautain et jaloux. Il leur est, alors, facile de se soumettre et de s’unir, grâce à leur communauté religieuse. Ainsi, rudesse et orgueil s’effacent et l’envie et la jalousie sont freinées. Quand un prophète ou un saint, parmi eux, les appelle à observer les commandements de Dieu et les débarrasse de leurs défauts pour leur substituer des vertus, les fait tous unir leurs voix pour faire triompher la vérité, ils deviennent alors pleinement unis et ils arrivent à la supériorité et au pouvoir royal. D’ailleurs, aucun peuple n’accepte aussi vite que les Arabes la vérité religieuse et la Bonne Voie, parce que leurs natures sont restées pures d’habitudes déformantes et à l’abri de la médiocrité. La sauvagerie peut être surveillée et s’ouvrir aux vertus, car elle est restée dans l’état de religion naturelle (fitra); loin des mauvaises habitudes qui laissent leur empreinte sur les âmes. Selon la Tradition:  » Tout enfant naît dans l’état de religion naturelle.  »
    Les Arabes, plus qu’aucune autre nation, sont enracinés dans la vie bédouine et s’enfoncent profondément dans le désert. Ils ont moins besoin, pour leur vie rude et dure, des produits et des céréales des collines. Ils peuvent donc se passer des autres. Il leur est difficile de se soumettre les uns aux autres, parce qu’ils sont un peuple sans loi, à l’état sauvage. Leur souverain a donc le plus grand besoin des liens du sang (‘asabiyya), nécessaires à l’autodéfense.
    Il est forcé de gouverner ses sujets en douceur et d’éviter de les heurter. Sinon, il aurait des difficultés avec l’esprit tribal, ce qui causerait sa perte et la leur. D’autre part, cependant, la monarchie et le gouvernement demandent une poigne de fer, seul gage de durée.
    Comme les Arabes; par nature s’emparent des biens d’autrui, de même, ils s’abstiennent de tout arbitrage et de maintenir l’ordre public. Quand ils ont conquis une nation, leur objectif est d’en profiter pour s’emparer des biens de celle-ci. De plus, ils se passent de loi. Ils punissent parfois les crimes par des amendes, pour accroître les revenus du fisc et en tirer, financièrement, avantage. Mais ce n’est pas là un frein pour le crime. Ce serait même plutôt un encouragement, car le mobile d’un crime doit être assez puissant pour compenser le simple paiement d’une amende insignifiante. Ainsi, les méfaits deviennent de plus en plus nombreux et la civilisation décline. Une nation dominée par les Arabes est dans un état voisin de l’anarchie, où chacun s’oppose à l’autre. Ce genre de civilisation ne peut durer: il court à sa perte, aussi vite que l’anarchie elle-même.
    Toutes ces raisons éloignent, naturellement, les Arabes de la monarchie. Il faut que leur nature soit profondément transformée par une structure (sibgha), religieuse, qui les amène à se modérer et à maintenir l’ordre public. C’est ce que montrent les dynasties arabes musulmanes. La religion a soudé leur pouvoir temporel à la loi religieuse et à ses prescriptions, qui -de façon explicite ou implicite- sont dans l’intérêt de la civilisation. Les califes suivirent cette voie. La monarchie et le gouvernement des Arabes devinrent grands et forts. Quand Rostam vit les Musulmans rassemblés pour la prière, il s’écria: « ‘Omar m’a rongé le foie! Il apprend aux chiens les bonnes manières!  » 2.
    Plus tard, les Arabes furent écartés des dynasties régnantes, pour des générations. Ils négligèrent leur religion, oublièrent la politique et retournèrent au désert. Ils ignoraient le rapport de leur esprit de clan avec la dynastie régnante, car l’obéissance et la loi leur étaient redevenues étrangères. Ils redevinrent aussi sauvages que dans le passé. Le titre de  » roi  » cessa de leur être appliqué, à l’exception des califes de race (jîl) arabe. Après la disparition du califat, le pouvoir sortit de leurs mains : des Barbares s’en emparèrent. Les Arabes restèrent alors Bédouins au désert, ignorant la monarchie et la politique. La plupart ne savent même plus qu’ils ont régné autrefois, ou qu’aucune autre nation n’a rayonné autant que la leur. Avant l’Islâm, ce furent les dynasties de’ Âd et de Thamûd, les Amalécites, les Ijimyarites et les Tubba’; depuis, les Mudarites, les Omayyades et les Abbâsides. Mais, quand les Arabes oublièrent leur religion, ils n’eurent plus de rapport avec la politique, et ils retournèrent à leur désert originel. Farfbis encore, comme au Maroc actuel, ils dominent des dynasties trop faibles, mais leur supériorité ne peut conduire qu’à la ruine de la civilisation. Dieu est le meilleur héritier (XXI, 89) !

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