Ces petites gens, héros inconnus de la Résistance : « nous avons fait ce que nous devions faire »

QUAND LES PETITES GENS DEVENAIENT DES HÉROS

Christian Jour m’a donné l’idée de rechercher dans un livre récemment lu une histoire de passeurs, que nous pouvons dédier à tous les héros anonymes et à son grand-père. Ceci vient d’un commentaire qu’il a posté sur mon dernier article :

http://resistancerepublicaine.com/2018/01/23/nos-heros-sappellent-leclerc-estienne-dorves-patton-montgomery-maloubier-rol-tanguy/

Son commentaire est ici.

Ce livre est :

DU PUITS À LA RIVIÈRE

Métiers d’eau et professions riveraines

de Gérard Boutet

Éditions Jean-Cyrille Godefroy

Si toutefois ce livre -particulièrement intéressant autant par la présentation de métiers d’autrefois autour de l’eau et des rivières que par ses illustrations d’époque- ne traite pas particulièrement de la Résistance, on y trouve cependant un passage à ce sujet :

« Durant deux mois, la ville de Beaugency essuya dix-neuf attaques aériennes… Objectif prioritaire des aviateurs américains, le viaduc du chemin de fer s’effondra sous les mêmes lâchers de bombes que le pont. Une passerelle provisoire fut établie à l’intention des piétons, tandis que les autorités préfectorales commandaient aux sabliers d’assurer un service régulier de bac… Le père Ferdinand Jallat affecta aussitôt deux de ses trois barques à cet effet. Le passage des voitures à cheval et des véhicules automobiles nécessitait que l’on couplât deux bateaux, à l’aide de madriers et de planches. Le plus souvent on manœuvrait à la bourde, comme dans l’ancien temps, afin d’économiser le carburant… Le père Jallat, secondé de ses deux fils, effectuait quotidiennement une soixantaine de traversées…

Hormis les traficoteurs et les combinards que l’on croise toujours en période de restrictions, il se présentait souvent d’autres individus qui, à l’évidence, ne tenaient guère à être remarqués de la maréchaussée. Il s’agissait de prisonniers évadés, de réfractaires au Service obligatoire du travail, de partisans porteurs de messages pour les maquis de Sologne, de clandestins qui devaient gagner la frontière espagnole au plus vite. Les Jallat contribuèrent peut-être au salut, sans même le soupçonner, de responsables très importants de la Résistance ! Les fugitifs venaient en fin de journée, à la brune, en rasant les murs. Ils disaient seulement : « Je suis envoyé par Untel. » Pas de mot de passe, pas de signe de reconnaissance. Le père Ferdinand avait une confiance aveugle en autrui, c’était dans son caractère. Jamais il n’interrogeait quiconque, jamais il ne questionnait ceux qu’il passait à la sauvette. Ni nom, ni destination. Une franche poignée de main lui suffisait. Une taupe aurait pu le confondre aussitôt. Par chance, la filière ne fut jamais infiltrée… Quand un voisin s’attardait à discuter… Marthe Jallat ajoutait un couvert à son intention et lui déclarait : « Tu nous raconteras la suite en mangeant ! » Il n’en allait pas autrement pour les transfuges dont on ne savait rien, sinon qu’ils n’avaient rien à finir de raconter. Le père Jallat les hébergeait pour la nuit, en cachette. Il leur conseillait de se débarbouiller, de se raser, d’adopter une démarche ordinaire… Le lendemain, bien avant l’aurore, Marthe leur fourrait un casse-croûte en poche, tandis que Ferdinand, ou l’un de ses deux fils, les conduisait au bateau… Nul n’en recevait jamais de nouvelles… « On n’a jamais réclamé quelque chose pour compenser les risques qu’on a pris ! » se flatte Marcel. Ni médaille, ni merci. Nous avons fait ce que nous devions faire. Il n’y a pas à se glorifier de cela ! »

Rien à ajouter, sans doute…

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13 Commentaires

  1. Les collabos sont toujours les mêmes, à ce que je vois,
    L’excellente série sur la 3,  » Un village français  » a été arrêtée, sans aucune explication, la seule production télévisuelle de valeur, au milieu de toutes les sous-merdes pondues à longueur d’année,

    Dans l’avant- dernier épisode, on voit le dirigeant communiste du maquis , fournir une fausse information, pour prolonger une grève et faire parler du parti,
    ce qui a entrainé la mort d’un résistant et il le savait, et il l’a expliqué par la pré-éminence du parti sur toute considération humaine, le parfait idéologue, faux cul et inhumain,
    Tous les acteurs de cette série, très peu connus ou pas du tout, jouent à la perfection, chose rarissime dans les téléfilms français,
    ça a surement dérangé quelques copains de la gauche actuelle

  2. Il faut que je trouve les noms de famille de certaines de ces personnes mais je vais m’occuper des demain de vous envoyez une liste prelimaire

  3. @ Alexandre, je suis arrivé en France dans le petit bled ou je réside en 2008. Arrivant des USA je ne connaissais personne et bien que né dans le coin quelques cinquantaine d’années plus tôt d’un père GI la plupart des gens que j’aurais pu connaître ou reconnaître était parti (ou mort de ce Chernobyl qui n’avait passé la frontiere m’a t’on dit) . En moins de 6 mois j’avais reconnu pour l’etre 8 extrémistes islamistes (l’un d’eux essaie désespérément de mettre un virus sur mon ordi chaque fois que je dois faire imprimer un document provenant de ma clé USB car il possède le seul magasin ou on peut le faire). Je me suis vite aperçu que le maire communiste les supportait et au bout de 2 ans j’avais appris comment simplement en me renseignant. Un peu de travail, surtout si vous avez des amis qui pensent comme vous, vous pouvez très vite decouvrir ce qui se passe. Personnellement, je suis du mauvais côté de la soixantaine et dès que j’ai vendu ma maison je pars en Tchéquie. Je ne connais personne a qui passer mes informations.

    • Mais a l’époque beaucoup de collabos étaient identifiables et identifiés en ce moment ils sont quasi invisibles tout en faisant leurs basses œuvres contre leur pays en toutes libertés sans être inquiétés car ils ont mis en place les outils qui leurs permettent pratiquement tout .

  4. Il ne faut pas vous en vouloir de quoi que se soit amis résistants, les véritables ennemis sont aux pouvoirs aujourd’hui, ce qui rend la tache plus difficile pour la résistance, car ces ennemis là ne s’affichent pas clairement comme l’avait été le cas pour nos anciens, et encore, il faut voir.
    Mais nos anciens savaient à qui ils avaient à faire, c’était claire et pouvaient prendre les décisions adéquates pour survive en temps de guerre, sans hésitations.
    La plupart des gens aujourd’hui ne savent pas qu’ils sont en guerre et ne réagissent pas en résistance et croient même vivre une vie normale.

  5.  » Ni médaille, ni merci. Nous avons fait ce que nous devions faire. Il n’y a pas à se glorifier de cela ! » » Quand on voit certains titulaires de médailles et croix de ceci et chevalier de cela aujourd’hui………on poufferait de rire si ce n’était si pitoyable.

  6. Merci Mr Daniel Pollett . En complément sur l’histoire de mon grand père .
    Son métier était après son mariage pécheur de rivière au filet sur la Garonne ou la famille avait une concession de pèche. Le poisson était vendu sur Tonneins et Damazan. Ils possédaient également un bac, petit bateau assez large pour passer les personnes avec leur vélo qui se rendaient au marché à Aiguillon, petite ville qui se situe au confluent du Lot et de la Garonne. Ils péchaient également l’alose avec un bateau à filet tournant, que mon grand père avait construit lui même car son premier métier était menuisier. Pendant la guerre ils avaient été contactés par un chef de la résistance pour être passeur et mon arrière grand père et mon grand père avaient accepté de passer de l’autre côté de la Garonne les résistants avec des bateaux plus petit au niveaux du confluent. ou les résistant étaient pris en charge par un autre passeur. C’est autre passeur a été dénoncé, arrêté et torturé puis fusillé devant la poste d’Aiguillon, devant sa fille et sa femme. Cet homme n’a jamais parlé malgré la torture et on pouvait l’entendre hurler de douleur depuis la place. C’était ça les hommes, les vrais, les héros. Ils ne demandaient rien, ils le faisaient c’est tout car ils voulaient rester Français. Aujourd’hui Aiguillon Tonneins, Damazan et d’autres petites villes sont envahies par le cancer islamique. Quelle honte de cette France qui se laisse marché dessus.

    • Belle histoire de famille mais aussi dramatique ce passeur courageux , oui quelle honte et quel poids dans l’estomac de voir partir son pays sans la moindre réaction de nos élites pour tenter de le garder.

      • Vous vous trompez ! Ce n’est pas sans la moindre réaction de nos élites ( il ne peut y en avoir car ce sont des gens – je mettrais bien d’autres mots mais désormais la Liberté d’Expression n’existe plus – qui ne font que servir leurs intérêts ), c’est surtout sans la moindre réaction des Français ou des souchiens suivant ceux qui parlent d’eux !

  7. Daniel il ne faut pas oublier que dès le debut de la guerre de nombreux soldats Polonais qui avaient échappés au carnage ont rejoint les mouvement de la résistance en France, je pense en particulier au Colonel Zdrojewsk. Ce sont eux qui ont facilité les parachutages d’armes et autres équipements

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