30 octobre 2017, entièrement revu le 15 novembre
Le Notre Père français retouché pour l’Avent 2017
1 – Un changement de sens, non expliqué
Depuis 1966, le Notre Père de la messe est récité dans une traduction commune adoptée par la Conférence épiscopale catholique, les quatre Églises luthériennes et réformées en France et les trois juridictions de l’Église orthodoxe en France. Voici, grandeur nature, le papier façon image pieuse qui fut alors distribué et que j’ai toujours dans mon Novum Testamentum græce et latine :
Or voilà qu’une légère modification entrera en vigueur au 3 décembre, 1er dimanche de l’Avent : sur la fin, les mots « Et ne nous soumets pas à la tentation » sont changés en « Et ne nous laisse pas entrer en tentation ». Ce changement aurait été accepté par les autres églises chrétiennes de France, au moins pour l’usage en cérémonies œcuméniques, ce qui est relativement rare! D’après l’information officielle (http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/prier/445090-dimension- oecumenique-pere/) cela fait suite à un vœu exprimé par les évêques catholiques français lors de leur assemblée du printemps 2009, mais on n’en donne aucune justification.
Pourtant, ce n’est pas un simple changement de mots, le sens n’est plus le même : dans « ne nous soumets pas à la tentation », c’est le Père qui est acteur de la mise en « tentation » et qui est prié de s’en abstenir, tandis que dans « ne nous laisse pas entrer en tentation », c’est le fidèle qui est ac- teur, en s’exposant à la « tentation », et le Père est prié de l’en empêcher.
2 – Une phrase qui dérange
Dans la mesure où nous comprenons la « tentation » comme le « mouvement intérieur portant l’homme au mal », nous avons du mal à admettre que Dieu puisse nous y pousser. Or tel est bien le sens que « tentation » a pris en français, « dans un contexte chrétien », selon le Dictionniare histori- que de la langue française dirigé par Alain Rey (éd. 2016, peu différente sur ce point de la 1ère édition de 1992). D’où la succession des traductions françaises depuis les premières au XVIe s.
3 – Quatre traductions françaises en près de 500 ans
3-1 – La traduction “normale”, « Et ne nous induis pas en tentation. »
Google m’a permis de la trouver dès 1540 :
– dans une Bible, bien datée mais sans indication de nom de lieu ni d’approbations ecclésiastiques, très probablement la Bible protestante dite d’Olivétan ; elle s’achève par cette mention « Fin du nouueau Testament, translaté De Grec en François. » ; dans la pagination propre du Nouveau Testa- ment, notre phrase du Pater en St Matthieu est à la p. 3 r° et en St Luc, à la p. p. 29 v° : « Et ne nous induis/induys point en tentation » ;
– dans un opuscule de 142 pages publié à Paris, Le Sermon que nostre Seigneur feist en la montai- gne auecques L’exposition contenant les huit beatitudes, […selon] sainct Matthieu ; p. 8, « & ne nous induis point en tentation » ; c’est repris en pp. 81 et 84, sauf l’orthographe, « …temptacion ».
Toujours en tutoyant le Père, Calvin fera de même dans le Catéchisme de Genève de 1549, suivi notamment par des auteurs catholiques jusqu’en 1653, dans Le Nouveau Testament de Nostre Sei- gneur Iesus Christ, traduction de Michel de Marolles, Abbé de Villeloin, Paris : Hure, pp. 16 et 217.
Le catéchisme en béarnais publié en 1583 par le pasteur Arnaud de Salette à la suite de son adap- tation des Psaumes suit naturellement Calvin : « Et no nous indusesquas pas en tentatioo ».
Le vouvoiement apparait cependant dès 1610 dans les Pieux gemissemens des catholiques du P. Antoine d’Averoult, S.J. (Douai : Bogaert) ; le Notre Père des Litanies des Saints comporte la formule habituelle, p. 36, mais celui des Litanies de N.-D. de Lorette passe au vouvoiement : « Et ne nous in- duisez pas en tentation. » (p. 209). On le rencontre jusqu’en 1688.
3-2 – Une formule “révisée”, « Et ne nous laissez pas succomber à la tentation. »
Très tôt cependant cette nouvelle formule va concurrencer puis supplanter la première. Google en signale les prémisses dans Le Rosaire de la très-sacrée Vierge Marie, Lyon : Rigaud, 1606. Ce gros ouvrage de quelque 700 pages comporte notamment une longue « Dévote méditation sur l’oraison du Pater noster », pp. 417 à 484 ; elle aborde sa dernière partie par l’énoncé de la fin de la prière : « Et ne nos inducas […] à malo. Amen. Ne nous permettés point succomber aux assaux de la tentation, mais délivrez nous des astuces de Sathan. » ; c’est de la paraphrase, pas de la traduction.
Sur la fin, cependant, un appendice de 38 pages, à numérotation spéciale, donne la traduction fran- çaise du Pater et de l’Ave Maria pour ceux qui préfèrent en user pour la récitation du Rosaire. Le No- tre Père s’achève ainsi, p. 26 : « & ne permets, que nous tombions en tentation ; mais deliure nous du mal. Amen. »
Je n’ai pourtant trouvé la formulation définitive qu’en 1648 dans Le Livre de St Augustin, de la Foy, de l’Espérance et de la Charité, traduit par Antoine Arnauld, Paris : Vitré. Elle est dans le texte français du Pater cité pp. 123 et 167 : « Et ne nous laissez pas succomber dans la tentation. »
Elle revient bientôt dans l’Office de l’Eglise et de la Vierge en latin et en français, publié sous le nom de Dumont, pseudonyme d’Isaac Lemaistre de Sacy, Paris : Camusat, 1653, pp. xxxij, 29 et 169. Notons au passage qu’Arnaud et Lemaistre de Sacy étaient des prêtres de la mouvance janséniste…
Et curieusement, alors qu’en 1651 l’Office de la Semaine Sainte latin-françois, par Michel de Ma- rolles, Abbé de Ville-loin (Paris : Hure) avait encore « …ne nous induisez point… », p. 343, sa réédi- tion en 1666 par le Franciscain Daniel de Cigogné (Paris : Rocolet) lui substitue la nouvelle formule, p. 95, avec deux variantes en concurrence, « Et ne permettez pas que nous succombions à la tenta- tion. », pp. 298 et 340, et « Et ne nous laissez point tomber en tentation. », p. 468.
En tout cas, c’est sans surprise que nous trouvons cette traduction dans Le Nouveau Testament De Nostre Seigneur Jesus Christ, traduit en François…, puisqu’il est de Le Maistre de Sacy (3ème éd. Mons : Migeot, 1667, p. 19 : « Et 5 ne nous laissez pas succomber à la tentation. » et note « 5 l ne nous induisez pas. » Le petit l minuscule et italique en début de note doit très probablement s’interpréter selon l’« EXPLICATION des lettres que l’on a mises aux notes » qui termine la Préface : « L. Let- tre. », soit en réalité « l. Littéralement. »
Enfin, en 1688, les deux formules cohabitent dans Le bréviaire romain, en latin et en François, Paris : Thierry : dans une 1ère pagination, de 1 à 845, pp. 1 , 30, 61, « &/Et ne nous induisez point en tentation : » et dans une 2nde, de i à cccl, pp. cclxxiij, cccxiv, cccxxviij, cccxliij, cccxliv, cccxlv et cccxlviiij, « Et ne nous laissez pas succomber à la tentation. »
Tout naturellement, le Catéchisme a l’usadge deu diocèse d’Aulorou, publié en 1706 à Oloron (Pyrénées-Atlantiques), retient cette formule en béarnais : « et nou permetias pas que succombem à la tentatiou » (p. 11).
J’ai même une Bible espagnole du XXe s. qui en use, la Sagrada Biblia, versión crítica sobre los textos hebreo y griego, de José María Bover, S.J. y Francisco Cantera Burgos, Madrid : Biblióteca de autores cristianos, 1947 : mais tandis qu’elle l’adopte pour Matt. 6:13, c’est la traduction littérale qu’on lit pour Luc 11:4 : « y no nos metas en la tentación », « ne nous mets pas dans la tentation. »
3-3 – La traduction “œcuménique” de 1966 : « Et ne nous soumets pas à la tentation. »
Je n’ai pas l’explication du choix de cette formule, mais il marquait à l’évidence un retour au sens original qui fait du Père l’acteur de la mise en tentation.
3-4 – La nouvelle formule de 2017 : « Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »Paradoxalement, cette formule, qui peut nous sembler « parachutée » par une étrange initiative de nos évêques, s’avère antérieure à la Vulgate ! On a en effet la trace de la forme latine d’une variante de cette phrase dans la Vetus italica, nom savant qui regroupe les différentes traductions latines que St Jé- rôme (347-420) a savamment revues et unifiées pour aboutir à la Vulgate, traduction latine explicite- ment consacrée comme authentique par le Concile de Trente (1545-1563). La voici : « Et ne passus nos fueris induci in tentationem. », soit « Et ne supporte pas que nous soyons conduits en tenta- tion » (Bibliorum sacrorum latinæ versiones antiquæ, seu vetus italica etc. P. Sabatier OSB, t. III, Paris : Didot, 1751). Et contemporain de St Jérôme, St Augustin débutait son sermon sur le Pater par sa citaion intégrale d’aprsè l’évangile de St Luc, avec la fomule suivante « Et ne nos patiaris induci in tentationem » à la suite de laquelle il glissait « quam ferre non possumus », soit « Et ne supporte pas que nous soyons induis en tentation, que nous ne pouvons porter ». À en juger par une revue rapide de ce qu’on peut lire au sujet de ces variantes, il est probable qu’elles furent largement employées dans la prière des Chrétiens de langue latine des premiers siècles.
J’en ai même trouvé une intelligente justification chez le grand Bossuet, qui y voit l’interpréta- tion évidente de la traduction normale « Ne nous induisez point en tentation » ; c’est dans les Œuvres de Bossuet, t. IX, Versailles : Lebel, 1815, Méditations sur l’Évangile, p. 67. Mais plus près de nous, le site biblique https://www.info-bible.org/credo/3.4.1.htm propose une collecion de textes qui per- mettent de mieux cerner les approches multiples de la « tentation » dans les textes sacrés.
3-5 – N’a-t-on pas mal abordé le problème ?
On observe que ces quatre traductions en 500 ans ont toutes usé du mot « tentation », et n’ont fait porter leurs changements que sur le verbe de la demande. Pourtant, les acceptions multiples de ce mot « tentation » auraient dû inciter très tôt les théologiens à rechercher quelle était celle qu’il avait dans la bouche de Jésus quand il a dicté le Pater. Je propose donc de le faire maintenant.
4 – Le texte original grec du Pater dans l’Évangile
Le Pater est donné par St Matthieu et, en plus bref, par St. Luc. Le passage en cause y est dans destermes rigoureusement identiques, tant dans mon vieux Novum Testamentum græce et latine du P. Merk, Jésuite (Rome : Institut biblique pontifical, 1944) que dans le Nouveau Testament français- grec, © P.H.C. 2011, téléchargeable sur Internet :
http://bible.free.fr/archives/bible/NT%20JND%20Interlin%C3%A9aire.pdf
Voici ce passage : « καὶ μὴ εἰσενέγκῃς ἡμᾶς εἰς πειρασμόν » Matt. 6:13, Luc 11:4.
C’est aussi la forme exacte dans le Πάτερ liturgique des églises orthodoxes. On pourra lire à son sujet une intéressante réflexion d’un orthodoxe non nommé, au lien suivant : http://religion-orthodoxe.eu/article-notre-pere-en-grec-59582725.html.
Mais pour mener au mieux notre réflexion, il me parait utile d’en rapprocher un autre passage rap- porté par les trois synoptiques : lorsqu’au soir du Jeudi saint, après que Jésus soit allé prier dans le jardin de Gethsémani, il trouve Pierre, Jacques et Jean endormis. Il leur dit sa déception et les invite à rester éveillés, pour « ne pas entrer en tentation ». Ici, la phrase grecque est identique chez Matthieu 26:41 et Marc 14:38 : « ἵνα μὴ εἰσέλθητε εἰς πειρασμόν· », et à peine différente chez Luc 22:40 qui use des mêmes mots mais dans une autre construction syntaxique : « Προσεύχεσθε μὴ εἰσελθεῖν εἰς πειρασμόν. »
Ces cinq passages ont en commun : l’adverbe de négation μὴ ; la préposition εἰς, dans, après un verbe de mouvement qui, en la circonstance, est lui-même préfixé par ces trois mêmes lettres ; et le substantif πειρασμόν ; ces deux derniers mots sont évidemment essentiels pour la compréhension.
Or le verbe de mouvement du Pater est εἰσενέγκῃς, temps du verbe εἰσφέρω, apporter, porter à ou dans, introduire, soit pour la formule négative n’apporte pas, n’introduis pas… St Jérôme, le tra- duit par « non inducas », n’induis pas, et cela ne laisse aucune place à une autre interprétation. Mais c’est tout autre chose avec le substantif !
5 – Le premier sens du substantif grec πειρασμός : « épreuve »
Pour le dictionnaire Bailly, ce mot a pour premier sens « 1 épreuve, essai, expérience », et les occurrences signalées sont dans la traduction du livre de Sirach (ou Ecclésiastique) par les Septante (vers 270 av. Jésus-Christ) et dans la 1ère épitre de St Pierre du Nouveau Testament ; « tentation » n’est que le second sens, et l’occurrence citée est chez l’écrivain chrétien Origène (vers 185-253).
Ce sens premier d’« épreuve » est largement confirmé par le long article sur le mot πεῖρα, d’où πειρασμός dérive, et ceux de trois autres dérivés, dont spécialement le verbe πειράω. Voici les sens de πεῖρα : « I épreuve, c. à. d. 1 expérience, tentative, essai, […] 2 p. suite expérience acquise […] II particul.. : 1 essai de nuire à qqn par la ruse, ruse, tromperie, […] 2 essai de séduire une femme, […] 3 en gén. proposition, projet, entreprise… »
Les occurrences de πειρασμός témoignent bien de ce sens ; les voici, avec en regard leurs versions latine de St Jérôme dans la Vulgate et française dans la Traduction Œcuménique de la Bible (T.O.B.).
Texte grec (Septante et N.T.) | Vulgate | T.O.B. |
Le Siracide 6, 7. « εἰ κτᾶσαι φίλον, ἐν πειρασμῷ κτῆσαι αὐτὸν … » 1ère épitre de St Pierre, 4, 12 « Ἀγαπητοί, μὴ ξενίζεσθε τῇ ἐν ὑμῖν πυρώσει πρὸς πειρασμὸν ὑμῖν γινομένῃ, ὡς ξένου ὑμῖν συμβαίνοντος: » | « si possides amicum in temp- tatione posside eum… » « Carissimi nolite peregrinari in fervore qui ad temptatio- nem vobis fit quasi novi ali- quid vobis contingat. » | « Si tu acquiers un ami, acquiers- le en l’éprouvant,… » « Bien-aimés, ne trouvez pas étrange d’être dans la fournaise de l’épreuve, comme s’il vous arri- vait quelque chose d’anormal. » |
Texte grec (N.T.) | Vulgate | T.O.B. |
Matthieu, 4:1-7, passim « (4:1) Τότε ὁ Ἰησοῦς ἀνήχ- θη εἰς τὴν ἔρημον ὑπὸ τοῦ πνεύματος, πειρασθῆναι ὑπὸ | « (4:1) Tunc Iesus ductus est in desertum ab Spiritu ut temptaretur a diabolo […] | « (4:1) Alors Jésus fut conduit par l’Esprit au désert, pour être tenté par le diable. […] (4:3) Le tenta- |
τοῦ διαβόλου. […] (4:3) Καὶ προσελθὼν αὐτῷ ὁ πειράζων εἶπεν, Εἰ υἱὸς εἶ τοῦ θεοῦ, εἰπὲ ἵνα οἱ λίθοι οὗτοι ἄρτοι γέ- νωνται. […] (4:7) Ἔφη αὐτῷ ὁ Ἰησοῦς, Πάλιν γέγραπται, Οὐκ ἐκπειράσεις κύριον τὸν θεόν σου. » | (4:3) et accedens temptator dixit ei si Filius Dei es dic ut lapides isti panes fiant […] (4:7) ait illi Iesus rursum scriptum est non temptabis Dominum Deum tuum. » | teur s’approcha et lui dit : “Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains.” […] (4:7) Jésus lui dit : “Il est aussi écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.” » |
6 – Du grec πειρασμός au latin tentatio, puis au français tentation
On voit que dans tous les cas, St Jérôme a traduit πειρασμός et apparentés par tentatio et apparen- tés et qu’en dehors de l’action maligne du démon, la T.O.B. a usé des mots «épreuve» et « éprouver ». Cela laisse entendre que tentatio et tentare avaient pour St Jérôme les mêmes acceptions que πειρασμός, d’abord « épreuve », puis « manœuvre, ruse pour tromper, séduire ».
Dans son édition originale de 1934, le Dictionnaire latin de Félix Gaffiot nous le confirme :
– temptare, forme classique de tentare, a deux séries d’acceptions : « I ¶ 1 toucher, tâter […]. ¶ 2 attaquer, assaillir… » ; puis « II ¶ 1 examiner, sonder, essayer, tenter, mettre à l’épreuve […]. ¶ 2 tâter, essayer de venir à bout de quelqu’un, tâcher de gagner quelqu’un … » ;
– et temptatio, en a trois, évidemment apparentées : ¶ 1 atteinte, attaque de maladie […].¶ 2 essai, expérience… ¶ 3 tentation. » ; cette dernière est marquée d’un « ECCL. », soit « Auctores ecclesiasti- ci », sans indication d’époque.
L’« édition revue » de 2001 apporte certainement beaucoup à l’œuvre de Félix Gaffiot, et spécia- lement « un accès beaucoup plus large au vocabulaire chrétien, ancien et tardif » (Préface du respon- sable et coordinateur de la révision, le Pr. Pierre Flobert).
Ainsi, à l’article temptare, la toute dernière acception (tâter, essayer de venir à bout…) est com- plétée par ceci : « || [chrét.] tenter [Dieu], provoquer [sa patience] : VULG. Psal. 77, 18. » Et surtout, la 3ème acception de temptatio est entièrement refaite : « 3 [chrét.] tentation : VULG. Matth. 6, 13 ; AUG. Civ. 1, 27 || tentation, provocation [contre Dieu, par les murmures qui semblent vouloir tenter sa pa- tience] : VULG. Exod. 17, 7. »
En fait, le complément apporté à temptare et la dernière acception de temptatio qui lui correspond relèvent de « mettre à l’épreuve » déjà explicitement mentionné pour temptare, et cautionné par la T.O.B. dans la dernière répone de Jésus au démon (Matth. 4, 7). En revanche, si l’acception chrétienne « tentation » de temptatio convient bien pour le passage du Ch. 1, 27 de la Cité de Dieu de St Augus- tin donné en second exemple, mon étude qui précède sur le texte grec montre qu’elle trahit le passage du Pater en Matth. 6, 13. Sans doute est-ce dû à la pregnance du sens traditonnel donné en français contemporain au « ne nos inducas in tentationem », mais cela me parait regrettable : on consacre un « faux ami » comme disent les professeurs de langues, qui prévaut sur les autres sens, alors qu’ils n’ont jamais été effacés par le « contexte chrétien » !
7 – Conclusion
Le sens le plus probable du grec original, comme du latin de St Jérôme, est donc « ne nous mets pas à l’épreuve », dans la crainte que nous sommes de ne pas la surmonter. C’est dire à Dieu, dans les termes mêmes de la T.O.B. rappelés plus haut, que nous voulons être ses amis sans qu’il ait besoin de nous éprouver, comme le sage Sirach de l’Ancien Testament le conseillait entre humains.
En toute fidélité l’Église, j’offre donc à tous les Chrétiens de France cette formule respectueuse de la lettre comme de l’esprit de l’original grec.
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Manifestement certains vont avoir droit à des cours particuliers : http://www.fdesouche.com/915529-thal-marmoutier-67-soeurs-franciscaines-partager-couvent-migrants
» Ne nous soumets pas à la tentation » ne peut en aucun cas , être attribué au Dieu d’amour des chrétiens .
Le Dieu des chrétiens , ne se mêle pas des affaires des hommes ( hormi quelques cas notamment les suppliants et d’autres 4 ou 5 maximum par exemple quand l’homme passe les limites communisme ou nazisme et probablement islamisme actuellement il intervient ) . Il a laissé aux hommes la liberté de conscience et a expliqué avec sérieux dans la Bible , la marche à suivre .
Le Dieu des chrétiens n’a pas d’enfer , cette notion n’a pas de sens chez les véritables chrétiens , Dieu n’est qu’amour et ce qu’on appelle la » colère de Dieu » c’est quand l’homme ou la femme n’ayant pas suivi ce que Dieu demande , ce dernier les délaisse .
Si Dieu , dont la puissance est tellement grande , intervenait ( soumettre ) dans les affaires des hommes , ces derniers ne pourraient absolument rien , et cette liberté de conscience n’aurait aucun sens .
Pour les suppliants » et ne nous laissez pas succomber à la tentation » doit être la phrase .
Bonjour,
En bonne doctrine, il se mêle (un peu) des affaires des hommes quand même puisqu’il a envoyé son Fils sur la Terre …
Hypothèse très forte si on y réfléchit un peu : Dieu a habité parmi les hommes …
J’ai quand même du mal à penser que nous venons d’entrer dans le III ème millénaire !
Manque plus que le retour des flagellations et les bûchers !
Après » délivrez-nous du mal » , j’ajoute délivrez-nous de bergoglio, et de l’islam
Voilà, on peut ajouter de quel mal on parle aussi .
Puisqu’on peut lui parler comme à un père.
Bien dit ! au moins là, le mal est bien défini, merci !
De rien, fréjusien, bien nommer les choses , ça va déjà mieux !
Cet article doit représenter des heures de travail de recherche, et nous sommes bien obligés de vous croire, pour ceux qui ne lisent pas le grec dans le texte ancien,
en tout cas, cela suscite des réactions et des réflexions,
comme Christine B, le « MAIS » me semble peu approprié quelque soit la traduction,
Selon les traductions, le libre-arbitre intervient ou non,
Selon les traductions, le diable joue un rôle ou non,
On comprend mieux pourquoi cette prière a soulevé bien des controverses, car le sujet est plus philosophique que le sexe des anges,
A l’époque d’Abraham, Dieu le met à l’épreuve en lui demandant de sacrifier son fils,
Quelques millénaires plus tard, Jésus est « tenté » par le diable dans le désert,
Mais qui est le diable ?
Est-ce une entité aussi puissante que Yahvé ? son alter ego en négatif ?
Et si c’est Dieu qui envoie le Mal, est-il Dieu et Diable à la fois , comme le Janus aux deux visages ?
Jésus est-il venu créer ou renforcer l’archétype du Démon pour laver Dieu de toute cruauté présente dans l’ancien testament ?
Quel bonheur de lire quelqu’un qui connait encore quelque chose… Un autre personnage de cette qualité : le prof (flamand) Etienne Vermeersch – Mais… y a-t-il encore quelqu’un qui récite des prières ?
oui !! Certains se prosternent 5 fois par jours !!
ils disent qu’ils font la prière ……………………!!!!
Très bonne remarque d’Amélie Poulain.
Ce débat est quand même très sain,cela veut dire qu’en France il y a des gens qui se servent de leur cerveau.
Un matin à Paris , l’auteur d’un ouvrage sur l’histoire de l’inceste de l’Antiquité au moyen âge (eh oui) m’avait donné rendez vous 8 heures .Je me demandais ce que je pouvais bien f…;dans les embouteillages ,pour un bouquin qui allait se vendre à 14 exemplaires.
Et puis je refléchis ,je me dis que si je commence à faire de le sélection par le chiffre ,si je ne donnais aucune chance à cet auteur de s’exprimer,c’était un peu de place que je laissais à la barbarie ….
Chaque pensée,réflexion,partage d’opinion et de connaissance est un rempart contre la barbarie.
Merci ,Monsieur Lafitte.
Des personnes comme vous,nous en avons un besoin vital aujourd’hui.
Moi je trouve que c’est bien d’être sollicité par la « tentation » car c’est un des côtés de la vie tout simplement, qui a du sens, et doit avoir ne fonction sur cette terre car rien n’est parfait et heureusement.
De plus, la notion de « mal » est très subjective et dépend aussi des circonstances donc cela ne veut pas dire grand chose.
Enfin, et c’est fondamental, l’être humain a besoin d’être confronté à l’épreuve de la tentation pour se construire et se trouver, c’est même essentiel (on voit ce que donnent des gens hyper-protégés, les exemples foisonnent). actuellement).
Très intéressant, ne peut-on cependant, vu les textes les plus anciens que vous présentez traduire par « ne nous laisse pas êtres soumis à la tentation », ie ne permets pas au Mal, à Satan, de s’approcher de nous, ne lui laisse pas la possibilité de nous tenter?
le texte, rien que le texte, et seulement le texte… et non nos souhaits
Le problème vient du MAIS
S’il y a un « mais » originel, Mais délivre nous du Mal, « délivre nous du mal » fait forcément référence à ce qui vient avant, et alors « ne nous mets pas à l’épreuve » ne convient pas.
De « ne nous soumets pas à la tentation » on peut par exemple déduire que la nature du dieu en question serait à la fois le bien ET le mal, et on lui demande donc de nous épargner le côté sombre de sa force..sinon pour que ça fasse sens c’est plûtot « fais en sorte que nous ne soyons pas soumis à la tentation » mais…
Enfin c’est mon avis 🙂
quel est le mot grec qui vient après ? Telle est la question, je n’ai pas le temps d’aller chercher le texte mais l’ami Jean va nous éclairer
Christine B.
Et notre libre-arbitre ?
Magistral ! merci Monsieur de nous faire profiter de vos connaissances et de vos réflexions
Oui, M Lafitte parle d’un sujet qu’il maîtrise parfaitement. Assez ardu au demeurant.
Ces batailles phraséologiques au sein de l’Eglise et de ses fidèles me semblent toutefois incongrues quand une autre guerre menace.
Je reprendrais bien l’image des religieux byzantins discutant du sexe des anges pendant le siège de Constantinople en 1453.
L’islam, lui, nous met véritablement à l’épreuve…
Remarquable travail. Merci
Monsieur, votre immense culture sur le sujet m’impressionne. A mon modeste niveau, je me demande si le « Notre Père » ne devrait pas s’intituler dans un proche avenir « Notre Parent (1 ou 2) » histoire de ne froisser personne.
Dieu ne tente pas.
Mais notre propre convoitise, elle si !!
Elle est facilement assise a la porte de notre coeur.
Mais toi homme de Dieu, rends toi en maître, et domine la.
Moi, (69 ans) j’ai appris : « ne nous laissez pas succomber à la tentation ».
La tentation venant du démon (qui fait son boulot en nous tentant), on demande l’aide de Dieu pour y résister. maintenant, on lui demande de contrer le diable, et d’agir à notre place. Nous n’avons donc plus de libre arbitre.
comme partout, d’ailleurs..