Israël, après le 7 octobre 2023…

Tout a basculé ; tout n’est plus ce qu’il était hier…
Finies les illusions, finis les rêves immatériels d’une paix bienfaitrice entre les hommes.

Entre Israël et ses voisins… Entre le juif d’Israël et le monde extérieur. C’était une utopie que tous ces amoureux de l’apparente perfection trompeuse, poursuivaient même au prix de leurs vies. Nonchalamment, le juif israélien et d’ailleurs, se complaisait à démentir l’improbabilité d’une paix rafistolée, refusant d’admettre son incohérence, son inaptitude à tenir dans un voisinage antisémite, repoussant toute logique, effaçant toute vision de cauchemar… N’avions-nous pas progressé dans la voie de la fraternité, de l’humanisme, de la galanterie, de l’abolition de ces frontières psychologiques ? Le progrès nous a aidé à oublier la bassesse et la futilité de l’être humain, surtout dans ses moments de creux.

Brusquement, l’innocence a quitté les yeux des juifs du monde entier. C’est une déclaration de guerre que personne ne voulait évoquer tant elle lui semblait absurde et sans substance fondamentale, même dans ses heures les plus dramatiques… Concevoir une nouvelle Shoah !!! C’est à mourir de rire.
Il était une fois une chanson de John Lennon que l’on retrouvait sur toutes les lèvres  – Imagine all the people… Mais qui s’est subitement coincée, balbutiée, éteinte dans toutes les gorges. Beaucoup l’ont bredouillée, d’autres l’ont piétinée, démentie, l’ont remisée dans le tiroir de l’oubli. Pas ceux de la gauche, profondément ancrée dans ses chimères, à jamais renouvelées.

Ce jeune pays appelé Israël, cet adolescent, ce soldat israélien à la tête pleine d’espoir, de rêves, de projets, de joie, a disparu… il s’est retrouvé d’une heure à la suivante sur un champ de bataille apocalyptique, ne sachant réellement comment se frayer une voie dans cette nouvelle promiscuité, hétéroclite, effrayante, ayant été élevé dans une enfance pétrie à l’eau de rose. La terreur soudaine qui s’est abattue sur lui, l’avait découvert complètement inepte, désarmé, ne sachant comment réagir, se guider, s’affubler d’un uniforme, décrocher une mitraillette qu’il avait reléguée dans l’un des coins de sa chambre d’étudiant. 

Le 7 octobre, c’est la nuit de cristal qui réapparaît dans toute son horreur.  Le jeune juif d’Israël s’est vu brutalement projeté dans une étuve démente, incohérente, sans but, ni solution, qu’il fallait sans tarder gérer, ou du moins s’y confronter. C’est dans cet espace de l’incompréhension, du désordre, de la surprise, de la violence à laquelle il n’était guère familier, qu’il fallait composer. Il mit beaucoup de temps avant de réaliser que l’enjeu, c’est sa vie et celles de tous ceux qui l’entouraient. 
C’est dans cet espace poisseux, dans ce remue-ménage assourdissant et ces obus qui pleuvaient sur toute la région, sur son quartier, sur ses semblables, qu’il devenait nécessaire de récupérer ses sens, regagner un courage qu’il croyait invraisemblable, mais qui soudain gonflait le sang dans ses veines. Exaspéré, désabusé, c’était une girouette qui peinait à suivre une direction quelconque.

Le chaos persiste et s’amplifie à des dimensions grotesques. Comment n’avions-nous pas vu ce qui se tramait derrière nos portes ? Se demanda-t-il, à bout de souffle. Comment nous sommes-nous retrouvés aussi nus qu’un ver qui, dans sa panique, roule sur le sable glissant de Gaza ? 

Une guerre entre deux armées, NON. L’invasion brutale d’une marée de terroristes qui ne connaît ni loi, ni décence, ni humanité… La barbarie personnifiée… Le visage hideux de l’horreur, là où le désordre est roi, l’arbitraire son fanion, là où tout ce qui reste de cette prétendue mansuétude s’est complètement dérobée. 
La guerre et les balles tirées n’ont qu’une seule adresse, la mort. On ne voit plus le drapeau, ni les visages, seul le feu gouverne, le noir où tous se perdent, mais où le sang coule à flot.
Dans toute cette misère, on cesse de distinguer l’innocent de l’assassin, en se demandant si dans cette fournaise, toute innocence peut encore subsister dans les yeux des envahisseurs, des adducteurs, des voleurs de dépouilles et ceux des combattants pour leurs vies. La masse d’assassins semble maîtrisée par une transe insolite, une surexcitation diabolique, un coït d’enfer.
Pour l’offensé, c’est la défense qui l’emporte… on ne cherche plus à épargner ou à différencier l’un de l’autre. On tire dans le tas. Un soldat peut dans la mêlée, tirer sur son camarade. On a vu cela. C’est la débandade… c’est la lutte entre l’instinct de résilience et celui d’une conscience surmenée au point de se liquéfier. La conscience en ces instances dramatiques n’a aucune place, ni ne peut donner tout signe.
Mais tout comme après l’orage et la tempête, le capitaine du navire, déblaie le parquet, répare ses filets, raccommode ses voiles, regarde les cieux et les nuages et, dans un sourire narquois, lance aux vagues qui viennent lécher les parois de son embarcation malmenée… « Vous ne m’avez pas eu cette fois aussi… Oh, je sais que la bataille reprendra et que je ne dois jamais m’endormir dans mon quart. Je fais aussi confiance à mes matelots et à leurs bras forts et musclés… à leur exemplarité.

Le soldat d’Israël qui a subi l’épreuve d’un feu d’enfer et qui s’est battu pour sa vérité, son droit de vivre, son peuple et sa patrie, sera-t-il le même que celui d’avant le 7 octobre 2023 ?
Non, il a muri et a fait sa sélection, peu lui importe ce que les autres penseront de lui. Il est plus décisif, plus téméraire et son humanisme s’accroche à son pragmatisme… Si je flanche, c’est toute ma patrie qui s’effondrera. Si j’hésite, ce sera moi le mort. Les faiseurs de morale n’ont pas subi ce que je viens de vivre. Je préfère être haï mais vivant, que mort et apitoyé. Cessez donc de m’observer à travers l’oculaire de votre microscope. Je suis et serai votre cauchemar. J’ai été trop longtemps votre baudet. À votre tour d’endurer quelques relents de mes peines, de ma solitude face aux haineux, aux jaloux et aux méchants. Il faudra bien qu’un jour ou l’autre, vous vous retrouverez pataugeant dans les marécages de la défense pour vivre. Ce sera mon heure, car en ce bas-monde rien ne nous a été promis et la lutte pour demeurer en surface reprendra dans chaque coin de notre planète. Soyez prêts !!!

 Thérèse Zrihen-Dvir

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