QUI SÈME LE VENT RÉCOLTE LA TEMPÊTE
Maintenant que la guerre est terminée, les Britanniques vont devoir se confronter aux conséquences de leurs choix qui, à n’en pas douter, sonneront l’hallali d’un siècle de conflits – circonstance déjà vécue – n’avaient-ils mené la guerre de cent ans avec la France ?
La guerre de Cent Ans est un conflit entrecoupé de trêves plus ou moins longues, opposant, de 1337 à 1453, la dynastie des Plantagenêts à celle des Valois, à travers elles, le royaume d’Angleterre et celui de France.
Après la conquête de Damas en 1918, l’armée britannique confie à Fayçal et à ses hommes la responsabilité d’une zone d’occupation militaire, que Fayçal s’empresse de nommer « Royaume arabe de Syrie ». Comment non ? Voyons.
Frustrés, les Français qui souhaitaient maintenir leur influence dans la région, expulsent Fayçal au cours d’une guerre éclair. Coup dur pour la cause panarabe. Mais ce seront plutôt les puissances alliées victorieuses qui dessineront les nouvelles frontières du Moyen-Orient, lors d’une série de conférences entre 1919 et 1923.
Avec la création de la Société des Nations, la Grande-Bretagne et la France obtiennent le contrôle de la région dans le cadre d’une série de mandats. Ces mandats avaient pour but de préparer les populations locales à l’indépendance (Indépendance qui plafonnera par la création de royaumes – c’est à mourir de rire). On constate le niveau déplorable des Occidentaux et leur ignorance en matière de connaissance des us et coutumes arabes. Et c’est en fait, là où le bât blesse.
Au départ, la France se vit confier les mandats sur la Syrie et le Liban, tandis que la Grande-Bretagne obtenait ceux sur la Mésopotamie et la Palestine. Mais après la défaite de Fayçal, les Britanniques décident de diviser la Palestine en deux. Fayçal reçoit la couronne de Mésopotamie et son frère, Abdullah, celle de la Transjordanie nouvellement créée. Un altruisme mal placé sur le compte des juifs. Le reste de la Palestine demeure strictement britannique.

Cette carte de 1924 montre la Palestine telle qu’elle est apparue après la Première Guerre mondiale. Elle ne fait pas partie d’un État panarabe, car il n’existe en fait aucun État panarabe dans cette région. Il ne s’agit pas non plus d’une zone sous contrôle international ou d’une zone sur laquelle les Français exercent un contrôle quelconque. Il s’agit d’un mandat de la Société des Nations administré par les Britanniques. Ce mandat pour la Palestine stipule toutefois dans son statut la déclaration Balfour, qui prévoit la création d’un foyer pour le peuple juif en Palestine, (totale ou morcelée ?).
L’immigration juive vers la Palestine mandataire continue de croître. En 1931, 176 000 Juifs y vivaient, soit 17 % de la population. Ce qui décupla les tensions, les émeutes et les violences entre les nouveaux arrivants et les Arabes locaux qui, avec les populations chrétiennes existantes, commençaient à se considérer non seulement comme des Arabes, mais aussi comme un peuple palestinien distinct. Avaient-ils ne fût-ce qu’une fois considéré que ces terres étaient avant tout JUIVES ? Non.
Jérusalem – Archives de l’empire ottoman, recensement réel :
– En 1844, Jérusalem comptait 15.510 personnes dont 7.120 juifs, 5.000 musulmans et 3.390 chrétiens.
– En 1860, Jérusalem comptait 18.000 personnes dont 8.000 juifs, 6.000 musulmans et 4.000 chrétiens.
– En 1876, Jérusalem comptait 25.030 personnes dont 12.000 juifs, 7.560 musulmans et 5.470 chrétiens.
– En 1896, Jérusalem comptait 45.420 personnes dont 28.112 juifs, 8.560 musulmans et 8.748 chrétiens.
– En 1910, Jérusalem comptait 73.700 personnes dont 47.400 juifs, 9.800 musulmans et 16.500 chrétiens.

Sources : Scholch (1985) pour la population arabe de 1872 à 1882, McCarthy (2001) pour la population arabe de 1890 à 1948 et Gresh et Vidal (2011) pour les chiffres sur la population juive. (Extrait du canular de l’invention du peuple juif)
Jérusalem Mandataire (Archives britanniques)
– En 1922, Jérusalem comptait 52.081 personnes dont 33.971 juifs, 13.411 musulmans et 4.699 chrétiens (baisse de la population chrétienne due à la Première Guerre mondiale).
– En 1931, Jérusalem comptait 90.451 personnes dont 51.222 juifs, 19.894 musulmans et 19.335 chrétiens
– En 1948, Jérusalem comptait 165.000 personnes dont 100.000 juifs, 40.000 musulmans et 25.000 chrétiens. Ce qui détruit toute revendication musulmane ou chrétienne sur Jérusalem. (Extrait du canular de l’invention du peuple juif).
Ces pionniers juifs, nouvellement arrivés, porteurs d’un soutien financier important, s’attèlent à acheter de plus en plus de terres. Ce sont donc les terres agricoles fertiles (des bourbiers infestés de malaria que ces pionniers avaient défrichés) de Palestine qui permettent à la population juive de devenir de plus en plus dominante sur le plan économique dans la région, défiant les contestations du gouvernement britannique.
En 1930, le secrétaire aux Colonies présente un livre blanc visant à limiter considérablement l’immigration juive dans le mandat palestinien. L’année suivante, en 1931, les pressions exercées par les sionistes au sein du gouvernement britannique et par les dirigeants sionistes mondiaux convainquent Ramsay McDonald d’abandonner le livre blanc. À partir de ce moment, l’immigration juive en Palestine n’est plus limitée.
Ce revirement coïncide avec d’autres événements qui vont exacerber le conflit. En 1933, Adolf Hitler s’empare du pouvoir en Allemagne et commence à mettre en place une vague de politiques antisémites. Ce qui provoque une onde de choc dans les communautés juives d’Europe. Ceux qui cherchaient à fuir avaient peu d’alternatives, surtout en raison des strictes restrictions à l’immigration juive de la plupart des gouvernements. Pour de nombreux Juifs, sionistes ou non, partir en Palestine devenait l’unique porte de sortie.
En 1936, la population juive au sein du mandat britannique en Palestine avait doublé pour atteindre 28 % de la population totale. Intensification de tensions à un rythme alarmant. Ce qui se développait comme une grève générale parmi les Arabes de Palestine en 1936, dégénéra en attaques violentes contre les implantations juives et les installations militaires britanniques. Cet épisode est connu sous le nom de la « Grande Révolte ».
À partir de ce moment, on peut facilement entrevoir un semblant de nationalisme arabo-palestinien qui s’oppose au nationalisme panarabe. Leur problème : les prémices de la patrie juive et le contrôle britannique dans la région, contre lequel aucun autre mandat ou autre n’a à lutter. Les Arabes de Palestine veulent leur propre État palestinien, un pays indépendant Judenrein, libre du contrôle britannique.
La réponse britannique a été d’abattre la révolte le plus rapidement possible à l’aide d’une force écrasante. Un afflux de troupes nouvelles, plus nombreuses que celles qui servaient en Inde à l’époque, sous l’égide de la loi martiale en 1937, permettaient aux Anglais de passer aux tactiques de punition collective, rasant des maisons, brûlant des villages, recourant même à des bombardements aériens sur des zones urbaines. Les Anglais ont arrêté, tué ou exilé des dirigeants arabes, fracturant ainsi leur mouvement.
Excédés, les britanniques font appel aux unités auxiliaires juives afin de les épauler dans leur lutte contre la révolte des Arabes. C’est un véritable revirement par rapport à 1921, lorsqu’ils avaient dissous la Légion juive. Ils avaient juste besoin de troupes sur le terrain pour régler la situation et mettre fin à cette révolte le plus rapidement possible. À la fin de la révolte arabe, 17 % de la population masculine arabe est soit tuée, blessée, emprisonnée ou exilée. La cause arabe en Palestine est considérablement affaiblie au moment même où la population juive acquiert de plus en plus de pouvoir.
En 1936, la Palestine sous mandat britannique était en proie aux flammes. En réponse à l’immigration juive croissante et à la domination économique, les Arabes de Palestine se révoltent contre les Britanniques, attaquant leurs installations militaires et des implantations juives.
Les autorités britanniques cherchent désespérément une solution.
Dr James Bulgin (est responsable de l’histoire publique à l’Imperial War Museum de Londres et était auparavant responsable du contenu des galeries consacrées à l’Holocauste au sein du même musée) : Les Britanniques ont envoyé une commission dirigée par Lord Peel pour enquêter sur les causes de la violence. En 1937, cette commission conclut que les problèmes en Palestine sont « si profondément enracinés que l’unique espoir de les résoudre nécessite une opération chirurgicale ». Certains dirigeants juifs semblaient enthousiastes à cette idée, même s’ils ne l’admettaient pas publiquement. Néanmoins, la plupart des dirigeants arabes rejetèrent catégoriquement ces propositions. Au lieu de mettre fin à la violence, le rapport Peel a aggravé la situation.
Thérèse Zrihen-Dvir
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