Ce qui a été décidé lors d’une conférence à Istanbul pourrait bientôt se répercuter sur l’Allemagne
GUERRE SAINTE CONTRE ISRAËL
Stefan Laurin
Au mois d’août, des islamistes du monde entier se sont retrouvés à Istanbul à l’occasion d’une conférence de la Internationale Union muslimischer Gelehrter (IUMS) – Union internationale des savants musulmans –. Cette IUMS fondée en 2002 au Qatar se revendique comme la représentante des musulmans des confessions les plus diverses. En raison de sa proximité avec le régime du Qatar, elle a été interdite en 2022 en Égypte, en Arabie saoudite, dans les Émirats arabes unis et le Bahreïn et classifiée comme organisation terroriste, ce qui a suscité une vive indignation en Turquie.
Les participants à la conférence, et parmi eux notamment Ali Erbas, dont relève en sa qualité de président de Diyanet, l’autorité religieuse turque, la DITIB qui sévit en Allemagne, ont décidé d’un commun accord : « En tant que savants participant à la conférence, nous sommes résolument opposés au désarmement de l’opposition. Nous refusons catégoriquement tous les appels visant à faire renoncer le peuple de Palestine à son droit légitime à se défendre. Nous soulignons avec fermeté que le peuple palestinien est détenteur de toutes les formes légitimes d’opposition contre l’occupation sioniste, y compris l’opposition armée. De plus, nous estimons nécessaire de mobiliser la oummah (communauté islamique) pour toutes les formes de djihad sur le chemin d’Allah. »
Ali Erbas, l’homme qui décide quels imams prêchent dans les plus de 1 000 mosquées de l’union turco-islamique DITIB en Allemagne et qui dirige toute l’organisation qui les paie, soutient la demande d’une guerre sainte contre Israël et refuse le désarmement de l’organisation terroriste, Hamas, qui a assassiné le 7 octobre 2023 lors de l’agression d’Israël près de 1 200 personnes et enlevé plusieurs centaines d’otages. En outre, Erbas a appelé au boycott des marchandises israéliennes et a évité de nommer Israël par son nom. Pour lui, ce pays n’est que « le régime sioniste ». Il serait « haram », donc interdit pour des motifs religieux de faire le silence sur le, à son sens, « complet génocide » commis par Israël à Gaza.
Le politicien CDU de Hambourg, Ali Ertan Toprak, président honoraire du groupe de travail fédéral des associations d’immigrants voit un danger après l’intervention d’Erbas : « Si le chef de l’autorité religieuse de la Turquie, Diyanet, démonise Israël et appelle les musulmans au djihad, ce qui signifie que le combat contre Israël est voulu par Dieu, cela a naturellement des effets sur les musulmans turcs en Allemagne. » Pour les juifs vivant en Allemagne, cet appel signifie qu’ils ne doivent pas seulement avoir peur de l’antisémitisme arabo-islamiste, mais également de l’antisémitisme turco-islamiste. « Dans le passé, la Turquie était un État laïque et avait également des relations politiques, économiques et même militaires avec Israël. C’est-à-dire qu’Israël et les juifs étaient protégés des attaques par les gens d’origine turque. » Depuis Erdogan, c’est différent. Les autorités allemandes ont connaissance depuis des années de la radicalisation de la DITIB. Et pourtant, on a coopéré avec cette organisation et l’a soutenue financièrement. « Parce qu’on ne voulait pas mettre en danger les relations avec l’État turc, on a simplement accepté tout cela ces dernières années. »
Le fait que le ministère de l’Intérieur, selon un article de Die Welt, ait décidé à la suite de la conférence à Istanbul de surveiller la DITIB et qu’un de ses porte-paroles ait déclaré au journal qu’Erbas ne représentait pas l’association fédérale DITIB et que ses déclarations ne représentaient pas la position ou l’attitude de la DITIB n’impressionne pas Toprak : « Si la DITIB dit qu’Erbas ne parle pas pour elle, c’est comme si la Conférence allemande des évêques disait que le Pape ne parle pas pour elle. » La politique doit enfin tirer des conséquences. C’est seulement si la DITIB se sépare totalement de l’autorité religieuse turque, Diyanet, qu’elle pourra être un partenaire de la politique. Pour l’heure, l’objectif de la DITIB n’est pas d’établir une société parallèle turque en Allemagne, mais une contre-société.
Traduction Jean Schoving pour Résistance républicaine
60 total views, 59 views today
Je ne crois pas. Une religion de pet et d’amour ne peut pas faire ça.