La charia gagne du terrain… avec l’aide allemande

Une femme en burka traverse la Odeonsplatz à Munich

L’avancée permanente de l’islamisme

La charia gagne du terrain – avec l’aide allemande

L’islamisme s’établit de plus en plus en Allemagne et en Europe – avec l’acceptation des politiques. Ce sont particulièrement les partis de gauche qui soutiennent de manière active les exigences islamiques et délégitiment toute thématisation de cet extrémisme comme étant islamophobe.

 Par Susanne Schröter

Susanne Schröter est ethnologue à l’Université Goethe de Francfort et dirige depuis 2014 le Centre de recherche Islam dans le monde à Francfort.

Deux événements islamistes génèrent actuellement en Allemagne une certaine consternation, parce qu’ils mettent en lumière que cette forme d’extrémisme est manifestement arrivée dans les instituts d’enseignement supérieur. Dans les locaux de la Charité à Berlin et de l’Université Christian Albrecht de Kiel, des associations d’étudiants musulmans ont organisé des événements auxquels femmes et hommes étaient obligés d’assister dans des rangées séparées, selon les prescriptions de la charia. À Kiel, l’influenceur salafiste Sertac Odaba serait de plus intervenu comme orateur, lui qui sur Instagram harcèle  chrétiens et athées, réclame la peine de mort pour l’apostasie et impose un strict parcours missionnaire à ses partisans.

Que des petits enfants commencent déjà à agir dans l’esprit de l’islamisme est mis en évidence par plusieurs exemples de harcèlement religieux dans des écoles qui viennent justement d’être rendus publics. L’un d’entre eux concerne un enseignant berlinois, dont la vie s’est transformée en cauchemar après qu’il a répondu à ses élèves en majorité musulmans à leur demande concernant son épouse qu’il était marié avec un homme. Auprès des enfants avec lesquels il entretenait jusque là de bonnes relations, il s’est gâché toute sympathie. Ils l’insultaient à chaque occasion imaginable après sa révélation jusqu’à ce qu’il s’effondre finalement, victime d’un syndrome posttraumatique de fatigue chronique. L’hostilité haineuse envers des homosexuels était manifestement à fondement islamique. Il est une honte pour l’islam, lui a-t-on crié, et : c’est l’islam qui commande ici.   

Que les écoles de Berlin aient un problème avec l’islamisme est connu depuis longtemps. Dès 2012, une étude de la fondation « Sozialpädagogisches Institut Berlin » avait attiré l’attention sur l’influence croissante d’élèves marqués par l’islamisme, qui se manifestait aussi par une hostilité à l’égard des homosexuels, des chrétiens, des alawites et des femmes. Un code de comportements à base islamique serait imposé avec des moyens répressifs, selon les auteurs, et même des élèves débutantes en CP seraient mises sous pression pour s’habiller de manière « islamique ». 

Même les lycéens ne sont pas à l’abri de la pensée islamiste 

Le fait que des écolières qui ne se soumettaient pas aux règles de comportement islamiques s’exposaient à une quantité de chicanes et même de harcèlement sexuel avait été critiqué dix ans plus tard par l’association démocratique de Neukölln « Verein für Demokratie und Vielfalt », qui avait demandé une saisie exacte du problème. Des agissements islamistes dans des écoles ne sont pas un problème spécifiquement berlinois. Des conditions analogues à Hambourg viennent justement d’être connues. Que les lycéens ne soient pas non plus à l’abri de la pensée islamiste, nous le savons au plus tard depuis qu’un bal de baccalauréat avec séparation hommes-femmes a été proposé à Essen.  

Les scandales islamistes n’ont qu’une courte durée de vie médiale. Après un bref emportement, le compte-rendu prend habituellement fin et tout reste comme avant. Ce sont des cas isolés – disent les politiciens pour tenter de calmer le jeu -, des déficits d’intégration auxquels il est possible de remédier avec les moyens du travail social, ou c’est même la conséquence d’expériences de discrimination et d’un manque de possibilités de participation – donc la responsabilité d’une société apparemment à structures racistes. C’est ainsi qu’il a été argumenté dès l’année 2010, quand le syndicat Éducation et Sciences a organisé une conférence sur le sujet de la germanophobie islamique.  

L’argument de l’intégration méconnait toutefois que l’islamisme actuel représente un phénomène mondial qui n’a rien à voir avec des déficits locaux en matière de participation. Il a plutôt ses racines dans des bouleversements historiques qui ébranlent l’univers à connotation islamique depuis l’effondrement de l’Empire ottoman. Sa série de victoires impériales a pris fin en 1683 aux portes de Vienne et du même coup le rêve d’un islam qui s’arroge le pouvoir sur le monde. Depuis lors, l’Europe en pleine évolution est devenue un modèle pour les intellectuels à orientation réformatoire. Ceux-là ont demandé dès le XIXe siècle une mise à l’écart des élites islamiques et un renversement en faveur d’une modernité laïque. Le symbole de cette modernité a été la femme qui se débarrasse de son foulard. 

Certains particulièrement ambitieux espèrent même une incorporation de l’Europe à la „maison de l’islam“

Dans de nombreux pays, des gouvernements séculiers ont pris le pouvoir au XXe siècle. Des musulmans à orientation fondamentaliste ne voulaient pas assister à cette évolution sans réagir et se sont alliés pour organiser la résistance. L’association la plus puissante créée à l’époque est jusqu’à nos jours la communauté des Frères musulmans. Le crédo de son fondateur, Hasan al-Banna inspire continue encore à inspirer des millions de musulmans. Il est le suivant : « Dieu est notre objectif. Le prophète est notre guide. Le coran est notre constitution. Le djihad est notre chemin. La mort pour Dieu est notre plus noble souhait. » 

Malgré ces paroles martiales, la force n’était pas le moyen primaire du choix de remplacer l’ordre séculier par l’ordre islamique. L’endoctrinement des jeunes dans des organisations éducatives créées spécialement et l’infiltration de la politique étaient plus importants. « Vous devez vous mouvoir dans les artères du système sans que personne ne remarque votre présence, jusqu’à ce que vous ayez tous atteint le centre du pouvoir », est censé avoir déclaré également le prédicateur Fethullah Gülen, qui avait créé dans les années 1980 des milliers d’écoles et d’internats pour faire retourner la Turquie laïciste sur la voie de l’islam.

Illuminations du ramadan

Les activités islamistes étaient dirigées dans un premier temps sur des pays d’obédience islamique, mais depuis le milieu du XXesiècle, des États occidentaux sont eux aussi pris en ligne de mire. Les acteurs islamistes tentent d’empêcher que les immigrants musulmans ne s’intègrent dans les sociétés d’accueil, ne prennent goût à la sécularité et ne soient perdus pour la communauté islamique mondiale. Certains particulièrement ambitieux espèrent même une incorporation de l’Europe à la « maison de l’islam ». L’un d’entre eux était le Frère musulman bien connu, Yusuf Al-Qaradâwi, qui parlait d’une nouvelle conquête de l’Europe sans que l’islam ne soit obligé pour autant de prendre les armes. 

En dernier ressort, l’objectif est l’islamisation de la société entière

De pareils propos avaient déjà été tenus en 1962 par la « Ligue islamique mondiale » – toutefois avec le complément que la paix ne régnerait qu’à partir du moment où les principes de l’islam seraient imposés au monde entier. Le refus des droits de la femme et l’ancrage de la charia comme source de la législation étaient explicitement classés parmi ces principes. Pour Al-Qaradâwi également, la soumission de la femme, le port intégral du voile et une stricte séparation des sexes figuraient tout en haut d’une liste de règles du comportement pour une vie conforme à l’islam.  

L’influence exercée par des islamistes comme Al-Qaradâwi sur les jeunes musulmans en Occident ne devrait pas être sous-estimée. Une partie importante d’entre eux reconnaissent lors de sondages être partisans d’un ordre archaïque des sexes, tiennent les commandements de Dieu pour plus importants que les lois laïques et justifient même   l’usage de la force si cela est utile à l’islam. Une conséquence de l’endoctrinement est également le souhait de se distancier de la société afin d’organiser la vie de façon individuelle selon des normes islamiques. C’est la raison pour laquelle partout où des musulmans forment des minorités numériquement fortes se constituent des communautés islamiques séparées – souvent même avec une propre justice parallèle.  

Mais la distanciation n’est pas le seul but des islamistes – même si la séparation est recommandée comme stratégie tant qu’on est trop faible pour imposer ses propres normes à la société. Mais au bout du compte l’objectif est exactement ceci : une islamisation de l’ensemble de la société. Dans une étude de l’université de Münster concernant des étudiants en théologie islamique en Allemagne, la moitié des étudiants interrogés a indiqué n’avoir choisi cette matière que pour mieux pouvoir faire du prosélytisme 

Dans les banlieues françaises, les salafistes ont déjà pris le pouvoir

Il faut aussi comprendre les événements de la Charité et de Kiel dans le contexte d’une telle idée. Il s’agit de tentatives pour tester jusqu’où on peut aller sans être arrêté. La même chose vaut pour les campagnes pour des droits particuliers à fondement islamique, donc par exemple une séparation des sexes dans les cours de sport, le renoncement à la viande de porc dans les cantines scolaires ou même un assouplissement de l’exigence constitutionnelle de neutralité politique et religieuse.  

Dans les banlieues françaises selon l’islamologue Bernard Rougier, les salafistes ont déjà pris le pouvoir et créé un contre-univers islamiste. Cela n’a toutefois pu avoir lieu que parce que les maires ont conclu leur paix avec les zones de non-droit pour des raisons d’intérêt personnel. Sans l’assentiment de la politique, l’islamisme ne pourra pas s’implanter en Europe. 

Paradoxalement, ce sont particulièrement les partis de gauche qui soutiennent activement les exigences islamiques et délégitiment toute thématisation de cet extrémisme comme étant anti-islamique. Le président du groupe parlementaire du SPD, Raden Saleh, a réagi à la proposition du bourgmestre en fonctions à Berlin visant à inscrire la lutte contre l’antisémitisme dans la Constitution nationale par la contre-proposition d’y ajouter également le racisme antimusulman. De plus, le 15 mars doit désormais être célébré dans la capitale allemande comme jour fixe contre l’anti-islamisme. Par prudence, l’islamisme endémique n’est pas nommé. 

Source 

Traduction Jean Schoving pour Résistance républicaine 

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4 Commentaires

  1. « femmes et hommes étaient obligés d’assister dans des rangées séparées, selon les prescriptions de la charia. À Kiel, l’influenceur salafiste Sertac Odaba  »
    Comment peuvent ‘ils en être encore au stade du consternèrent .A la lecture de ce simple paragraphe l’on comprend que même le stade de l’entrisme est largement dépassé .Qui aujourd’hui ne sait qu’une fois la gangrène installer le corps entier pourri . Ils sont consterner à l’insu de leur plein grès de qui se moque t’on .Désolé pour votre travail, je me suis arrêté là dans sa lecture .
    A quoi bon les universités allemande ne sont ‘elles pas une autre partie du corps que la gangrène a finit de pourrir .

  2. Le pire, c’est qu(il y a des cons pour leur donner la nationalité du pays qu’ils cherchent à détruire. Ainsi, tout retour en arrière est impossible.

    • Bonjour Joël. La nationalité est donnée par des salopards dhimmis, corrompus et complices, adeptes du vivre ensemble, qui n’aiment pas leur propre pays, dans le but de le détruire. Ces gens là sont des traîtres et des collabos.