Contrairement à l’attendrissement qui peut n’être qu’un moment de grâce, y compris chez des brutes, des ivrognes et des êtres superficiels, soudain sous le coup d’une pulsion éphémère… la vraie tendresse se prouve dans la profondeur et la durée. C’est ainsi qu’elle resplendit, d’un éclat patiné par le temps, d’interprète en interprète, qui en colorent les mots, chacun avec sa sensibilité personnelle.
« Chanson tendre » avait été écrite par Francis Carco sur une musique de Jacques Larmanjat. Elle a été d’abord enregistrée par Fréhel en 1935. D’autres interprètes l’ont incluse à leur répertoire dont Tino Rossi. Dans le midi, on disait d’un chanteur comme lui, quand il adoucissait tendrement la voix, faisant se pâmer à coup sûr le public féminin : « Là, il caresse ! ». Tino, « le crooner à la française », le ténor populaire à l’accent corse, n’était-il pas né-avec la voix de velours faite exprès pour caresser sans jamais forcer ? Mais son interprétation n’est pas niaise pour autant… https://youtu.uwBK4jwL1uY
« Petite fleur » fut d’abord enregistrée en 1952 par Sidney Bechet lui-même dans une version instrumentale. C’est une ballade, genre traditionnel du jazz de la Nouvelle-Orléans, qui retrouve ici une part de ses racines : la mélodie française. Le succès du clarinettiste/ saxophoniste soprano était désormais mondial. Arrivé une première fois à Paris en 1925 avec Joséphine Baker et la Revue nègre, cet immense jazzman se fit naturaliser français en 1951, par amour de notre pays. Tout l’honneur est pour nous. On voulut composer des paroles françaises sur la musique de Bechet, ce fut l’oeuvre de Fernand Bonifay et Mario Bu en 1959. A cheval entre jazz et variétés, Henri Salvador en fit son miel. La même année, Danielle Darrieux enregistra une version d’un style différent avec l’orchestre de Jo Moutet (spécialisé dans les opérettes et comédies musicales, les arrangements pour les plus grandes vedettes de l’époque, les musiques de film comme La Strada…) Accompagnée de ce grand orchestre, la voix de l’actrice ressort, limpide, souple, vibrante, travaillée de manière classique. Trop ? Les amateurs de jazz d’aujourd’hui sont-ils capables d’en apprécier la grâce ?
En 1963, “La Tendresse” fut écrite par Noël Roux et composée par Hubert Giraud. Une belle réussite, très française par le primat d’un texte sobre sur une musique qui semble couler de source. C’est pourquoi cette chanson tenta de nombreux interprètes. Qui saurait faire oublier la version la plus touchante, celle de Bourvil (1963), ni la plus élégante, celle de Marie Laforêt (1964) ?
La tendresse est donnée comme l’aboutissement apaisé d’une passion longue et tumultueuse dans la célèbre « Chanson des vieux amants ». Jacques Brel a écrit les paroles en 1967, sur une musique de Gérard Jouannest (piano, composition) et Jean Corti (accordéon). Elle fut reprise par Juliette Gréco Mireille Mathieu, Nana Mouskouri, Maurane, Johnny Hallyday… mais c’est l’original qui est resté dans les mémoires.
La même année, Serge Gainsbourg avait écrit « L’herbe tendre » et en avait composé la musique avec Michel Colombier. Sentant peut-être qu’il lui manquait une certaine bonhomie pour être crédible dans l’interprétation, il a eu l’idée -stupéfiante !- de l’enregistrer avec Michel Simon. Alors, il se rendit sur le lieu où ce dernier tournait Ce sacré grand-père (réalisé par Jacques Poitrenaud). C’était en octobre 1968 . Dans la video qui suit on voit les deux artistes, complices. Ils se lancent en prise directe, sans accompagnement, à leur rythme, et voilà qu’ils chantent aussi naturellement qu’ils respirent. Quelques accords discrets furent ajoutés après coup.
« La tendresse » écrite par Daniel Guichard et Jacques Ferrière, sur une musique de Patricia Carli, avait été écrite pour Mireille Mathieu mais elle fut refusée par son mentor, Johnny Stark. Daniel Guichard l’a alors légèrement remodelée puis interprétée lui-même en 1972. Ce fut un grand succès qui décida de sa carrière et reste encore emblématique de la chanson française à texte des années 1970. Le public y est toujours sensible comme dans cet enregistrement de 2005 :
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Merci Agathe, j’aime beaucoup la chanson « la tendresse « , moi aussi ,je préfère la version Bourvil, c’est sans doute une des plus belle chanson française, comme j’en avais parlé naguère, je suis guitariste de rock progressif à mes heures perdues, mais « la tendresse » est une des rares chansons de variété que je chante très souvent, 1u moins deux ou trois fois par mois. Je propose cette magnifique chanson du merveilleux Francois Deguelt, auteur du « ciel, le soleil et la mer » que tout le monde connaît, mais ici, cette chanson d’amour, met l’accent sur le côté tendre., à vous de voir si elle mérite de faire partie du sujet de ce jour. Elle s’appelle simplement « c’etait nous ». Bonne journée.
https://youtu.be/CX4Ws1kGXzE?feature=shared
Merci Agathe pour ce bon moment. Les époques passent et ne se ressemblent pas, l’actuelle est désespérante. Pour Tino Rossi, je me rappelle les ados du lycée que je fréquentais, qui brocardaient Tino Rossi en pastichant une de ses chansons, Marinella. Je ne vous livre pas la totalité du premier couplet par respect pour vos lecteurs.
MARINELLA
Marinella
J’ai pris tes jambes pour tes bras
Et quand je m’en suis aperçu
…etc.
La jeunesse ne respecte rien mais ça n’était pas méchant…