Ukraine : l’usage de la religion comme arme politique

Centre d’études géostratégiques / 01/07/2025

Serbie : l’Orthodoxie au cœur des conflits politiques

 

Le 30 juin 2025, à Belgrade, s’est tenue une conférence internationale sur un sujet brûlant : la division de l’Église orthodoxe et l’usage de la religion comme arme politique. Organisée par le Centre pour les études géostratégiques, dirigé par Dragana Trifković, cette rencontre a rassemblé des responsables religieux, des analystes et des journalistes venus de Serbie, d’Ukraine, de Russie, de Moldavie, de Grèce ou encore de Bulgarie.


Tous dénoncent le rôle du patriarche Bartholomée Ier de Constantinople, accusé d’avoir aggravé les divisions entre les Églises orthodoxes en soutenant une nouvelle Église ukrainienne indépendante, en rupture avec l’Église historique liée à Moscou.
La conférence alerte : en Ukraine et ailleurs, la foi orthodoxe est aujourd’hui instrumentalisée, au service de stratégies politiques et de puissances extérieures.

 

Photo : Dragana Trifković, directrice générale du Centre d’études géostratégiques

 

Une conférence pour alerter
La conférence, organisée par le Centre pour les études géostratégiques, portait sur un sujet brûlant : comment des décisions religieuses peuvent aggraver des conflits politiques. Plusieurs intervenants sont venus de Serbie, de Russie, de Moldavie ou encore de Bulgarie.

Le principal accusé : le patriarche Bartholomée Ier, chef spirituel du patriarcat de Constantinople (aujourd’hui basé à Istanbul). Il est accusé d’avoir provoqué des divisions entre les Églises orthodoxes, notamment en Ukraine.

 

Que lui reproche-t-on exactement ?

En 2019, Bartholomée a reconnu une nouvelle Église indépendante en Ukraine, appelée OCU.
Il lui a donné un document officiel appelé tomos, qui signifie que cette Église n’est plus rattachée au patriarcat de Moscou.

Mais pour beaucoup d’orthodoxes, cette décision est illégitime et politique.
Ils estiment que seule l’Église fidèle à Moscou, appelée UOC, est légitime en Ukraine. Cette situation a provoqué des conflits violents sur place.

 

Des violences sur le terrain

Pendant la conférence, une vidéo a montré des scènes d’églises prises de force par des groupes proches de l’OCU.


Un évêque ukrainien, le métropolite Luka, a envoyé une lettre lue sur place, demandant aux autres Églises de soutenir les fidèles de l’UOC, parfois menacés ou attaqués.

Critiques plus larges contre l’Occident

D’autres intervenants ont élargi le débat.

  • Diogenis Valavanidis, un penseur grec, a accusé l’Union européenne d’effacer les racines chrétiennes de l’Europe.

  • Victor Zhosu, journaliste moldave, a rappelé que des divisions similaires ont lieu en Moldavie, où le gouvernement veut couper les liens avec l’Église russe.

  • Goran Igić, écrivain serbe, a dénoncé des pressions politiques qui poussent à séparer certaines régions des Églises historiques, notamment au Monténégro et en Macédoine du Nord.

 

Des églises détruites en zone de guerre

Tatjana Stojanović, correspondante militaire et journaliste en Russie (Forum des journalistes eurasien), a parlé de la destruction programmée des églises dans les régions frontalières russes. Elle a expliqué qu’en particulier dans Tatjala, région de Koursk, envahie par l’armée ukrainienne, les églises et monastères orthodoxes sont souvent utilisés à des fins militaires (bases de drones, dépôts d’armes, postes médicaux), puis détruits ou profanés, attirant la condamnation internationale.

Un retour en arrière est-il possible ?

Dane Čanković, président du mouvement serbe Le choix est à nous en Bosnie (République serbe), affirme que le patriarche Bartholomée lui-même commence à reconnaître ses erreurs.
Selon lui, il pourrait même retirer le tomos accordé à l’OCU pour calmer la situation.

Un tomos (en grec : τόμος) dans l’Église orthodoxe est un décret du Primat d’une Église orthodoxe particulière sur certaines questions (telles que le niveau de dépendance d’une église par rapport à son Église Mère)[1].Tomos est un mot grec qui peut être traduit littéralement par « une section ». Dans le sens plus précis de la terminologie utilisée par l’Église orthodoxe, un Tomos est un rouleau ou un petit ouvrage avec un but très précis ; il codifie une décision du Saint Synode ou d’un Concile d’évêques orthodoxes[2]. La traduction du mot tomos en anglais est document[3]. Source encyclopaedia

 

Une foi en tension entre tradition et puissance

Cette conférence a mis en lumière une fracture grave dans le monde orthodoxe. Au cœur des tensions : la manière dont certaines décisions religieuses sont influencées, voire dictées, par des intérêts politiques.
Pour de nombreux intervenants, l’orthodoxie traditionnelle – enracinée dans la légitimité canonique – est attaquée, non seulement par des schismes internes, mais aussi par des stratégies d’ingérence occidentale, médiatique et politique.

Face à cela, les participants appellent à un sursaut spirituel et à la défense d’une orthodoxie fidèle à ses fondements. Il ne s’agit plus seulement de religion : c’est la survie d’un héritage, d’une identité et d’une cohérence spirituelle qui est en jeu.

 

Source : Centre d’études géostratégiques
Vidéo de la conférence : Conférence internationale – Église et schismes, instrumentalisation de la religion à des fins géopolitiques

Article transmis par Dragana Tifkovic,
résumé et traduit par Nicolas Faure pour Résistance Républicaine

 

https://geostrategy.rs/sr/international-conference-church-and-schisms-abuse-of-religion-for-geopolitical-purposes/

 

 

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