On en est, à Paris, à la troisième « votation citoyenne ». En 2023, la consultation sur les trottinettes électriques en libre-service n’avait recueilli que 7,5 % des inscrits. Un an plus tard, en 2024, la consultation sur la tarification spéciale contre les très méchants propriétaires de SUV (véhicules surélevés) n’avait recueilli que 5,7 % de participation. La consultation de dimanche dernier, pour la piétonisation et la végétalisation de 500 nouvelles rues n’a recueilli que 4 % des inscrits, malgré un appel, de légalité douteuse, aux 16-18 ans. C’était vraiment prendre les jeunes pour des mickeys : à peine 300 d’entre eux se sont déplacés.
Avec un tel score de participation, dans une démocratie « normale », un tel vote serait nul et non avenu. Mais la question d’un seuil au-dessous duquel une telle consultation serait invalidée ne semble guère effleurer les esprits.
Il faut s’appeler Pascal Praud pour aller raconter dans « L’heure des pros » que les Parisiens qui ne s’étaient pas déplacés étaient coupables de ne pas avoir profité de l’occasion qui leur était donnée pour donner leur avis, tout en faisant semblant de ne pas voir la supercherie de l’opération !
Mais revenons à la question binaire qui était posée : « Végétaliser et rendre piétonnes 500 nouvelles rues dans Paris réparties dans tous les quartiers : POUR ou CONTRE ? »
On voit déjà dans la formulation toute la dimension démagogique de la consultation.
C’est comme si on demandait aux gens : « Voulez-vous qu’il fasse beau dimanche ? » Qui dirait non ? D’évidence, il aurait été plus honnête de poser ainsi la question : « Souhaitez-vous que la piétonisation de Paris continue, quoi qu’il en coûte ? »
Crédit France Bleue
En effet, rien n’est dit sur le coût du projet pour le contribuable. On ne sait pas quelles rues seront concernées (ce sera réservé à une cuisine ultérieure entre copains) ni les dommages collatéraux qui pourront en résulter : suppression de places de parking, impact sur les commerces de proximité, sur la circulation, sur la sécurité, etc.
Rappelons tout de même au passage que la dette de la ville de Paris est passée de 4,1 milliards d’euros à 9,3 milliards d’euros entre 2014 et 2025. Merci qui ? Les électeurs n’avaient donc pas vraiment toutes les données en main pour donner un avis éclairé. Et si cette opération de com’ n’avait d’autre but que de donner un blanc-seing aux élus, et fermer le caquet à une opinion publique de plus en plus sceptique sur le devenir de la capitale qui a perdu 60.000 habitants en dix ans ?
https://www.paris.fr/pages/nouvelle-votation-reninnettdez-vous-aux-urnes-le-23-mars-2025-29900
Les résistants étaient pris dans le dilemme suivant : aller voter CONTRE tout en sachant que le POUR l’emporterait (ben oui, les bobos sont un peu plus mobilisés que les résistants) ou bien boycotter cette consultation-bidon. C’est cette deuxième option qui a massivement été choisie.
La presse aux ordres n’a pas manqué de se réjouir. Avec un titre profondément fallacieux, Le Monde (que certains appellent L’Im-Monde) titre : « LES PARISIENS votent largement pour plus de rues piétonnes ! » Même son de cloche pour Le Figaro, comme s’il fallait prendre pour argent comptant, le résultat d’un vote pour lequel à peine 4 % des électeurs se sont prononcés (soit 2 % de l’ensemble des Parisiens).
Notons au passage que 66 % de POUR, ce n’est pas franchement un raz-de-marée !
Les réactions ne sont pas tendres envers ces consultations-spectacle organisées sous le signe de la démocratie locale.
Dans un article du 26 février 2025 paru dans le FigaroVox, deux architectes Tanguy Le Dantec et Dominique Dupré-Henri dénoncent « une question simpliste et spécieuse qui évite d’aborder les problèmes de la capitale ».
Dans L’Express du 24 mars 2025, le directeur de la rédaction Eric Chol titre : « De la com’ déguisée en charabia participatif ». Tout est dit !
En attendant la suite, les contribuables parisiens seront ravis d’apprendre que cette consultation leur aura coûté près de 400.000 euros ! Mais, pour les socialauds et les écolos gauchistes, l’argent ne compte pas, surtout celui des autres !
Hector Poupon
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