Le radical modéré Merz veut claquer un trillion d’euros pour « moderniser » l’Allemagne avec les Verts

 

Friedrich Merz liebäugelt mit der SPD: Das Groko-Gespenst ist zurück - DER  SPIEGEL

Friedrich Merz, « radical modéré » qui réinvente tout, même lui-même

Qui aurait cru que Friedrich Merz, ce parangon de la rigueur budgétaire, l’homme qui voulait faire pleurer les fonctionnaires à la simple évocation du mot « dépense », allait se muer en grand architecte de la gabegie publique ? C’est pourtant ce qui se passe sous nos yeux ébahis : le chancelier fraîchement élu se lance dans un marathon de dépenses digne d’un oligarque en goguette sur la Côte d’Azur.


Merz, longtemps perçu comme l’incarnation de la droite allemande austère, vient de retourner sa veste avec un enthousiasme qui force le respect – ou l’incrédulité. Lui qui dénonçait jadis les « délires socialistes » des gouvernements précédents s’apprête, avec ses collègues du SPD, à claquer un trillion d’euros pour « moderniser l’Allemagne ». À croire qu’il a trouvé la carte bancaire illimitée du Bon Dieu lui-même.


Adieu, le fameux « Schwarze Null » (le sacro-saint équilibre budgétaire) qui faisait se pâmer les conservateurs allemands ! Désormais, Merz prône une relance XXL, avec une dette qu’il qualifie de « stratégique ». Il paraît même qu’il envisage d’embaucher un Keynésien en chef, un poste qui n’existait même pas avant son arrivée.
Le plus savoureux dans cette histoire, c’est que pour réaliser ce revirement idéologique, Merz a dû fricoter avec les Verts. Oui, ces écologistes qu’il traitait autrefois de doux rêveurs, de « végans fiscalement irresponsables ». Le deal ? Un demi-trillion d’euros pour la transition énergétique, histoire de repeindre la CDU en vert fluo et de s’assurer le soutien de ces alliés improbables.

Résultat : le gouvernement allemand s’offre une coalition baroque où des conservateurs convertis au keynésianisme devisent cordialement avec des écolos qui se prennent pour des ministres de l’économie. On se croirait dans un épisode de Black Mirror réécrit par un économiste sous LSD.

 

Mais que serait une grande relance sans un joli budget militaire ? Merz a pris soin d’y penser, en promettant un budget de défense qui ferait rougir un général américain. Des milliards d’euros vont pleuvoir sur la Bundeswehr, avec des annonces en grande pompe sur de nouveaux chasseurs, des tanks futuristes et même – tenez-vous bien – une réflexion sur un programme nucléaire européen. Qui aurait cru qu’un ex-lobbyiste de BlackRock se rêverait en De Gaulle germanique ?


Merz nous la joue donc grand stratège économique, expliquant avec son sourire carnassier qu’ »il faut savoir investir pour récolter ». En clair : après des années à nous dire que l’État dépensait trop, il s’apprête à claquer plus d’argent en un mandat que tous ses prédécesseurs réunis.
Sa justification préférée ? « On ne peut pas être la locomotive de l’Europe avec un moteur diesel fatigué ». Comprenez : il faut investir dans tout et n’importe quoi, du moment que ça brille et que ça donne l’illusion d’un renouveau.

La question que tout le monde se pose maintenant, c’est : ce virage spectaculaire fera-t-il de l’Allemagne un modèle de croissance et d’innovation, ou une usine à déficits chroniques qui finira par pleurer auprès de la BCE ?
Si ça marche, Merz entrera dans l’histoire comme le chancelier qui a réinventé la CDU et propulsé l’Allemagne dans une nouvelle ère. Si ça échoue… eh bien, il y aura toujours une place pour lui dans les conseils d’administration de quelques multinationales, histoire de se consoler.


Nicolas Faure

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19 Commentaires

  1. Le vrai danger pour l’Europe les Allemands n’aiment pas les dettes et l’appauvrissement de la population, c’est ainsi que Hitler est arrivé au pouvoir. L’Europe est en grand danger et va imploser de l’intérieur, et nul besoin de la malédiction des Russes pour cacher la misère provoquée par ce monde gauchiste irresponsable et en-dessous du niveau scolaire de la France avec quelque peu de l’escroquerie en bande organisée de la part de ceux qui festoient et s’en mettent plein les poches du matin au soir 365 jours/an.

  2. Et bientôt nous aurons droit à la nécessité pour la bochie d’augmenter son espace vital. Il suffit de leur lâcher la bride et c’est parti pour fomenter une nouvelle guerre mondiale, aidés par les USA comme dans les années trente qui pensent reconstruire après la destruction de l’europe.

  3. Faut voir le bon côté des choses et préparez vos retraites : la remilitarisation va favoriser 5 ou 6 grands acteurs cotés en bourse : Rheinmetall pour l’Allemagne, Leonardo pour l’Italie, Dassault Aviation, Safran et Thalès pour la France. Tous ces titres font plus de 60 % de hausse en bourse depuis le 1° janvier et vont probablement verser du bon dividende dans les 10 ans à venir. Les sous-traitants vont faire un bond de CA, il y aurait des pourparlers pour reprendre les fonderies de Bretagne en déshérence depuis que Renault l’a lâchée. Ces dépenses ne sont pas comme des dépenses gabegie de l’état français, ce sont des investissements et de l’emploi. On rappellera qu’Hoover aux US et Hitler en Allemagne dans les années 30 n’avaient pas fait autre chose pour sortir leurs pays de la crise. Prenez donc l’oseille que l’on vous offre en bourse, ça compensera les pertes du Livret A ou des retraites futures si on les réduit.

  4. Il sort d’où le pognon dans une Allemagne qui n’est pas beaucoup plus en forme que la France ?
    Ah oui, suis-je bête, la dette… la bonne dette. La grosse dedette.

  5. S’il se contente d’une réflexion sur le nucléaire, on n’est pas prêts d’être libéré de ses centrales à charbon !! Mais il a raison, il n’y a pas assez de gaz carbonique dans l’air (seulement 0,4 litre de CO2 dans mille litres d’air), ce qui est très insuffisant pour la croissance des plantes qui nous nourrissent. Il en faudrait dix fois plus … (quant à l’effet de serre, il est le bienvenu et en plus, il est dû très majoritairement à la vapeur d’eau).

      • Je ne parle pas de votre article mais de l’argent consacré à cette gabegie. Vous auriez dû le comprendre car j’ai employé l’expression je fais ça pour moins cher (allusion aux dérives écologiques qui veulent nous ramener à l’âge de pierre. Et vous n’êtes guère poli non plus, de plus je n’accepte le tutoiement que de ceux que je connais. Décidément ce site n’est plus ce qu’il était. Je me casse ailleurs. Parfois on se fait un ennemi en insultant ceux qui vous soutiennent.

        • Non, cher Argo, il est vrai que tout le monde n’est pas toujours en mesure de comprendre. Un peu de détails pourraient éclairer votre point de vue. Vous me rappelez ce groupe musical, Jethro Tull, dont les paroles, bien que profondes, semblent parfois réservées à la seule compréhension de son créateur, Ian Anderson. C’est précisément pour véhiculer le sens de vos propos que j’ai pris la liberté de poster mon commentaire. Je vous prie de ne pas vous sentir offensé et d’accueillir ce constat avec bienveillance.

          • Aaaah si on prenait le temps de lire tranquillement, de mettre son égo et sa susceptibilité un peu en veille ; tout serait plus simple.
            Gardez vos forces et vos énergies.
            Regardez le nombre de fois où chacun veut imposer ses idées car il croit dévoiler une révélation. Ecoutez votre voisin et prenez le temps de la réflexion, ici dans le sens de réfléchir…

      • Bonjour Nicolas et Argo, j’ai beau relire vos échanges je ne comprends pas cette agressivité réciproque ! Argo ne parlait pas de vous, Nicolas, mais de ce qui est évoqué dans l’article. Si vous ne vous comprenez pas ne vous parlez pas, de commentez pas vos articles réciproques, et basta, on a assez de gauchos partout sans que les patriotes s’entre-déchirent. Et, je le répète, je ne comprends strictement rien à ces disputes et je n’ai pas le temps de chercher midi à 14 h.

      • Oui Nicolas, je pense que Argo n’avait aucune intention à votre endroit. Il a un style spécial certes, mais il est respectueux de ceux qui comme nous prennent le temps de diffuser divers sujets. Retrouvons le calme et merci d’avance. Cordialement.

    • Salut Argo,

      Je tiens à vous faire part d’une préoccupation. Il semble parfois que vos commentaires désobligeants puissent décourager certains collaborateurs. M. Nicolas Faure a consacré du temps à rédiger un article. Certes, il se peut qu’il ne corresponde pas à vos attentes, mais le renvoyer de manière peu élégante n’est pas très agréable.
      Ne serait-il pas intéressant d’avancer quelques arguments constructifs, lisibles pour l’auteur, afin de favoriser un échange constructif et enrichissant. Je vous sais assez perspicace pour user de vos explications. Bon Dimanche l’ami.

  6. Pour être plus clair et voir la stupidité établissons un comparatif
    Dette française :
    3.300.000.000.000 €
    3,3 x 10 puissance 12
    Budget du « modéré »
    1.000.000.000.000.000.000 €
    1. x 10 puissance 18
    En l’écrivant c’est plus clair !!

    • Merci pour ces précisions qui me conviennent parfaitement. C’est plus expressif que le mot trillion … Avec les milliards, les billiards ou les trilliards ainsi que les billions, les trillions et les lions d’Afrique, je suis paumé !! Il me faudrait un tableau de correspondance! Est-ce que ça existe quelque part sur le net ?

      • 1 BILLON = 1 MILLIARD ou 10 puissance 9
        1 TRILLION = 1000 BILLIONS ou 1000 MILLIARDS ou 10 puissance 12

        J’ai cru entendre 500 milliards sur 10 ans…
        Cela fait 50 milliards par an, rien de démentiel… pour l’Allemagne !
        La France, pour se relever, va devoir faire 200 milliards d’économies par an, 150 pour cesser de creuser notre dette, 50 pour se réindustrialiser, moderniser, dont nos infrastructures vieillissantes que l’on a abandonnées durant au moins 40 ans (évaluations 6000 milliards* ??? J’ai quand même un doute…).
        * actuellement la SNCF investit plus 10 milliards/an pour sa modernisation
        * EDF avec le retard pris sur le nucléaire non entretenu, non renouvelé, en ayant perdu une partie de la technologie, c’est 20 milliards par an
        * nous avons 25 000 ponts en mauvais état (rapport Sénat 2019)…
        Notre déficit sur les infrastructures n’est pas dans les comptes de notre dette d’Etat !!!

        Alors, je n’ai pas de craintes pour l’Allemagne, par contre pour la France !!!