Voilà, François Bayrou est Premier Ministre. Mais comment et grâce à qui est-il parvenu à ce poste lui octroyant la 2e place, donc la médaille d’argent, tout en haut de la hiérarchie de la République Française ?
Des journalistes viennent, sinon de « débusquer » -ils l’avaient côtoyé puisque, lui-même, était journaliste, comme eux et moi- du moins de révéler qui est le conseiller ayant une influence sans égale sur Bayrou et les idées que celui-ci parvient à lui instiller. Et des idées plutôt de sensibilité de gauche.
Une autre proche de Bayrou, à savoir Marielle de Sarnez -qui fut, lors de la présidentielle de 2007, sa Directrice de campagne- avait admis que le fait que cet homme ait été journaliste avait ouvert nombre de portes à son candidat :« Comme journaliste, il lui ouvre des portes car il ressent mieux que d’autres ce que la presse va retenir dans les discours et les interventions… » « il est tourné vers le monde extérieur plus que vers le monde politique. »
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Mais qui est donc cet homme appelé à être désormais connu du grand public ?
C’est Philippe Lapousterle qui n’est pas né de la dernière pluie puisque c’est quasiment la même pluie que moi : il est d’avril 1945 (1). Il a été journaliste au Quotidien de Paris, au Matin pour lequel il fut envoyé spécial au Liban tout comme pour les stations de radios RMC et RTL… En 1981 et jusqu’en 2001, il sera l’un des responsables de la rédaction de RMC, station qu’il quitte lors de son rachat par le groupe Fabre… ( lors de mes recherches sur ce groupe Fabre pour écrire cet article, j’apprends que Face aux pertes financières, le groupe RMC/BFM va fermer la chaîne BFM Paris à l’horizon 2025. C’est officiel. La chaîne locale BFM Paris va fermer au premier semestre 2025, a annoncé la direction de RMC/BFM-
Dès l’année suivante, Philippe Lapouster rejoint l’équipe du candidat à la présidentielle de 2002, François Bayrou : ils ne se quitteront plus. Et les deux hommes s’entendent si bien que Lapousterle passe de plus en plus souvent de l’autre côté du micro et participe, souvent avec véhémence tant ses convictions -qu’il partage à 200% avec François Bayrou- lui sont chevillées au corps.
Le Point a fait sa une sur cet homme de l’ombre en titrant :
« Philippe Lapousterle, la tête pensante de François Bayrou ». « Ancien journaliste à RMC et conseiller de l’ombre, il a longtemps été le pourvoyeur d’idées du nouveau Premier ministre. Portrait d’un homme discret par Saïd Mahrane. » Et ce journaliste note, dès le début de son article, que François Bayrou « a une vision qui lui est propre, des idées qui lui sont chères, une morale portée en bandoulière, mais que serait ce corpus sans l’apport décisif de Philippe Lapousterle ? »
Il fait remarquer que « Peu d’observateurs de la vie politique connaissent le nom de cet ancien journaliste, 79 ans, qui est, depuis plus de deux décennies, le « sparring- partner » intellectuel de François Bayrou, nouveau Premier ministre d’Emmanuel Macron. Il est l’homme qui lui murmure à l’oreille, qui lui parle au téléphone « cinq fois par jour ». Feu Marielle de Sarnez tenait le même rôle pour les affaires politiques. »
Et il ajoute :
«quand on sait le caractère – qui laisse peu de place au doute – du maire de Pau, » il s’agit là d’une……« Tâche peu aisée et parfois bien ingrate (…) Longtemps, Lapousterle, fils de diplomate, a été cette silhouette au fond de la salle, lors des meetings de Bayrou, avec des journaux et des livres sous le bras, un vieux cuir noir patiné et une écharpe jetée sur l’épaule. » Car « Il cultive la discrétion, n’aime pas les rubriquards politiques et apprécie les amateurs d’idées. Entre Bayrou et lui, quand vient le temps des conquêtes politiques, un rituel mitterrandien s’est installé : quand Lapousterle est à Paris, ils marchent ensemble à l’aube, analysent le ciel des idées et forgent quelques concepts. »
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Quand, de retour du Liban dans les années 80, il a fait la connaissance de Bayrou pour un entretien journalistique avec lui, le futur conseiller se souvient que « À l’époque, tout le monde prenait Bayrou pour un plouc. Il est arrivé seul, on a fait l’interview, et on est restés deux heures à parler. J’ai découvert le type le plus original de la scène politique (…) Tous les deux, on sent la terre sous nos pieds. »
Il suggère alors à François Bayrou « d‘assumer et, notamment face à un Nicolas Sarkozy ancien maire de Neuilly et amateur de Ray-Ban, de jouer la carte terroir, l’authenticité et la sagesse paysanne. »
Rapidement, parce que de « sensibilité de gauche, il est le premier relecteur des discours et des livres du multiple candidat centriste à la présidentielle. »
Sa méthode : « Avant tout, ne pas lui parler comme un militant. » Lui dire la vérité, quitte à le bousculer et à froisser la susceptibilité de celui qui se vante d’avoir fait élire Emmanuel Macron en 2017. « Je ne suis pas flattable, a coutume de dire l’intéressé. J’en ai trop vu, des flagorneurs quand ça va bien, des contempteurs quand ça va mal. Ce sont les mêmes, d’ailleurs… »
Bayrou apprécie les conseils de celui qu’il qualifie de
« météorologiste de la politique » !
Quoique, en cette fin de semaine, c’est plutôt un météorologiste du temps qu’il va faire sous nos cieux qu’il faudrait !
En particulier du temps du côté de la malheureuse île de Mayotte qu’un cyclone exceptionnel semble avoir choisi pour marquer le premier jour de l’arrivée de François Bayrou à la tête du nouveau gouvernement…
Jacques MARTINEZ, journaliste,
à RTL, de stagiaire à chef d’édition des informations de nuit (1967-2001), pigiste à l’AFP, le FIGARO, le PARISIEN…
(1) détail sans aucun intérêt sinon anecdotique : Philippe Lapouster est né en avril 1945 et moi en janvier 1946, soit… 9 mois avant moi !
Je n’étais donc pas grand chose à sa naissance…
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Article très intéressant Jacques.
Vous êtes le mieux placé pour nous parler du « Kolher » de Bayrou.
Oui, je répète, article vraiment intéressant. Merci.
Il cache bien son jeu le Bairoublard. Il avait donc un negre, oh, pardon, un prête-plume pour ses discours et autres interventions. Quant à ses livres, soit-disant « relus », ils devaient sûrement beaucoup au conseiller de minuit. Politicards de tout poil, arrêtez de nous prendre pour des imbéciles qui gobent tout.
C’est curieux tous ces gens qui se prétendent matures, responsables, à haut pouvoir décisionnaire et qui ne peuvent pas aller pisser sans un ou plusieurs conseillers.
Enfin, ça permet à certains de ne pas assumer leurs responsabilités, justement.