Pour Benjamin Morel, 
Marine Le Pen embrasse Michel Barnier pour l’étouffer !

S’il en est un qui a parfaitement résumé en une phrase la situation actuelle du Rassemblement National et en particulier de sa patronne Marine Le Pen vis-à-vis de celui qui apparaît comme « son ennemi » à savoir le nouveau Premier Ministre Michel Barnier, c’est le spécialiste en politique, souvent présent lors de débats télévisés, Benjamin Morel, par ailleurs docteur en sciences politiques et maître de conférences en droit public à l’Université Paris II Panthéon-Assas… S’inspirant de Racine, il a résumé un entretien au Point publié lundi en donc cette phrase…
« Marine Le Pen embrasse son ennemi, mais c’est pour mieux l’étouffer… »

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Lors d’un entretien accordé au journaliste du Point Etienne Campion, Benjamin Morel qui vient de publier “Le Parlement, temple de la République” (Ed. Passés composés), a estimé que la nomination de Michel Barnier par le président Emmanuel Macron entraîne la «dépendance» du Premier Ministre à Marine Le Pen ! Selon lui, il s’agit là d’une défaite du Président de la République puisque cette nomination par lui, donc, « sonne définitivement le glas du front républicain. Le nouveau gouvernement devra composer en grande partie avec le Rassemblement National, dont il est pourtant censé être un opposant, mais dont il est désormais dépendant. »
À la question d’Etienne Campion, « le profil d’un Michel Barnier, âgé, libéral bon teint, très madré dans les gouvernements de la Ve République, n’est-il pas contradiction avec les aspirations exprimées par les électeurs tant du NFP et du RN ? », le politologue juge que « Michel Barnier représente un ancien monde qui n’a plus tant mauvaise presse. Surtout, le RN pourra rapidement pointer le caractère plus technique et politique de son profil, en avançant que le vrai choix politique devra être fait lors des prochaines élections et qu’il ne soutient Michel Barnier que comme pis-aller. »

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Sur le fait que ce que j’appellerais un conglomérat de partis à savoir le « Nouveau Front Populaire »  réclamant la désignation d’un(e) des leurs comme Premier Ministre, Benjamin Morel fait remarquer que :
« Dans aucun régime parlementaire, le fait d’être arrivé en tête ne vous donne automatiquement accès au pouvoir. Ce qui permet d’exercer le pouvoir, c’est d’obtenir une majorité. En règle générale, lorsqu’une coalition ou un parti arrive en tête, il reçoit en premier la mission de former une majorité… mais encore faut-il qu’il y parvienne. En l’occurrence, il n’y avait pas de majorité possible dans le cadre du NFP, étant donné que les partis du centre refusaient à la fois la présence des Insoumis et le programme de ce dernier. »
Si, au second tour, « une grande partie de l’électorat de gauche s’est repliée sur des candidats macronistes ou LR, pensant réaliser un barrage républicain (…) Or, le centre et la droite s’apprêtent à gouverner avec le soutien du Rassemblement national. Cela constitue clairement une trahison de la promesse faite au second tour. » Mais « il faut aussi constater que la cohésion du NFP rendait impossible un accord avec la gauche » qui exigeait « Lucie Castets et de son programme… un programme ne reposant que sur 190 députés. »

Le politologue n’est guère optimiste quant à l’avenir de ce NFP :
« Le front républicain est probablement mort pour de bon cette fois. » D’autant que, selon lui, « le RN pourra demain dire à l’électorat centriste que si le pays est en ordre et dispose d’un budget, c’est grâce à lui et non à la gauche. »

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Et, point des plus importants venant tant du président que de « son » Premier Ministre qui, tous deux, ont ainsi laissé le RN apporter « un soutien sans participation », tant le président que Michel Barnier « ont brisé un tabou historique » ! Cela à un bon moment, à savoir « alors que leur électorat commençait déjà à douter de l’importance du cordon sanitaire. »
Quant à l’électorat de gauche qui avait accepté de voter pour un candidat « Macron » voire LR, « il sera difficile de réactiver les réflexes de vote « Castor » si, au final, ceux pour qui ils se mobilisent » (à savoir les proches de Macron, les LR et autres centristes) « peuvent composer avec le RN. »

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L’essentiel désormais est « de former un gouvernement rapidement afin de le présenter à l’Assemblée » et « le gouvernement Barnier devra désormais passer l’épreuve de la motion de censure. » Avec un risque… « tomber » ! Or, à partir du 1er octobre, il faudra « mener la bataille du budget… »

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Quant aux chapitres sur l’immigration et la sécurité, le gouvernement peut-il avancer avec le soutien du RN pour éviter une censure ?
Sur ce sujet important, Benjamin Morel est peu optimiste :
« Il est peu probable que ces sujets avancent beaucoup. Certes, il faut éviter que le RN vote une motion de censure. Cependant, il ne faudrait pas non plus que l’aile gauche de Renaissance et le MoDem se désolidarisent du gouvernement. »

Et compte tenu de la position des macronistes sur ce sujet et de celle des LR, « les marges de manœuvre sont donc limitées. »
Le politologue a cette remarque :

« Le RN ne soutient pas ce gouvernement dans l’espoir qu’il applique sa politique. Cela serait d’ailleurs contre-productif pour lui, puisqu’il souhaite incarner l’alternance dans le futur. » 
Bien au contraire, puisque, selon Benjamin Morel, « ces sujets pourraient demain servir de prétexte pour renverser le gouvernement » !!! Mais comment ? 
« Notamment s’il s’agit de déclencher une nouvelle dissolution dans huit mois » !
Et à la question du journaliste de savoir si le RN ne détiendrait pas, en fait, « une sorte de droit de veto ? » voire s’il a déjà, par le passé, « eu autant de pouvoir ? »
L’universitaire est formel :

« Le Rassemblement national est effectivement dans une position tout à fait exceptionnelle, profitant d’un positionnement stratégique très avantageux. »

Et il ajoute :
« Son besoin de respectabilité fait de lui le seul acteur politique ayant un intérêt à soutenir un tel gouvernement tout en s’en dissociant. »
Et les partis de ce gouvernement à savoir les LR et les centristes -qui, au second tour, n’ont pas hésité à appeler à voter CONTRE LE RN et EN FAVEUR de Macron mais aussi de la gauche et en particulier des LFI dont un fiché « S » !- vont devoir marcher sur un fil. Ils ne peuvent pas donner l’impression de s’aligner ou de trop céder au RN, dont ils sont censés être les opposants… mais dont ils dépendent également, » note Benjamin Morel qui termine donc par… 
« Marine Le Pen embrasse son ennemi, mais c’est pour mieux l’étouffer, comme l’aurait écrit Racine » !!!
En ce cas d’urgence, vais-je appeler au secours ?… Et si je le fais
, sera-ce 15 ? Le 17 ? Le 18 ? Le 112 ? Le 115 ? Le 119 ? Le 196 ? Ou encore le 3018 ? Euh… non… aucun !!! Ah, pardon, oui, j’appellerai le… 3919, pour quelle raison ? Mais parce que c’est le numéro d’urgence quand il y a… violences conjugales !
Jacques MARTINEZ, journaliste, 
à RTL, de stagiaire à chef d’édition des informations de nuit (1967-2001), pigiste à l’AFP, le FIGARO, le PARISIEN…

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