Alain Delon, le Napoléon du cinéma français
 est mort à la… Sainte-Hélène !

Ce que je retiens de la vie ou plutôt de la personnalité qui habitait Alain Delon, celui qui était en quelque sorte le Napoléon du cinéma français -ayant d’ailleurs choisi de nous quitter le jour de la… Sainte-Hélène !-, ce sont son patriotisme et son goût pour la solitude.
D’ailleurs Napoléon n’a-t-il pas été patriote et, lui aussi, n’a-t-il pas connu la solitude -certes imposée- durant 5 années sur les seulement 51 années de sa courte vie ?

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Et Alain Delon, durant sa vie qui passe pour merveilleuse, n’a pas vécu qu’au paradis, de son enfance à sa vie d’homme !
Dès ses 4 ans, il a été séparé de ses parents pour vivre dans une famille dont le père était fonctionnaire aux prisons de Fresnes, dans l’actuel Val-de-Marne. Le 15 octobre 1945, il entendra la salve du peloton d’exécution (on lui expliquera par le détail -alors qu’il n’a pas encore 10 ans !- le pourquoi des tirs qu’il vient d’entendre.

Salve ayant exécuté Pierre Laval, ancien homme d’État, membre de la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), proche de l’URSS donc homme de gauche (1).

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Toute sa vie d’ado, il restera en région parisienne : après avoir été placé dans une institution catholique à Saint-Nicolas d’Igny, il se fera renvoyer de six écoles avant de retrouver sa mère à Bourg-la-Reine, alors épouse d’un charcutier. Il passera son CAP de charcuterie : imagine-t-on maintenant qu’Alain Delon aurait très bien pu passer sa vie à préparer et à servir de la charcuterie à des mamans impatientes d’aller faire la chaîne jusque dans la rue pour voir le beau charcutier du coin !!!

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Premier contact avec une… caméra : à 14 ans pour un film… muet ! Là aussi, imagine-t-on un Delon muet ?
Peu après, il fugue pour aller à Chicago ! Mais il est stoppé à Bordeaux !
À 17 ans, pour gagner 6 mois sur le temps du service militaire, il s’engage plus jeune que le veut l’incorporation : il entre dans la Marine nationale ! Mais, soupçonné d’avoir détourné du matériel radio, il a le choix entre quitter la Marine ou signer pour 3 ans et se retrouver en Indochine.

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Et c’est là que son patriotisme semble l’emporter : il aurait pu retrouver la vie civile, non, il préfère aller combattre pour la France à Saïgon ! 
Mais, là encore, le côté enfant rebelle -peut-être venant de sa prime enfance détruite par l’absence de maman et papa- refait surface : son 20e anniversaire, il le passera en cellule ! Après qu’il eut volé et détruit une jeep lors d’une virée, son brevet de technicien radio est annulé et surtout il est exclu de la Marine.

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À 25 ans, il est renvoyé à Paris mais il le reconnaîtra, cela a forgé en lui le sens de la fidélité au drapeau tricolore, sens qu’il conservera toute sa vie ! Jusqu’à partager nombre de positions politiques de Jean-Marie Le Pen :

« Jean-Marie Le Pen avait l’avantage de dire tout haut ce que nombre de personnes disent tout bas, » avait-il le courage de dire même à la presse.
Vient ensuite la période de sa vie qui aurait pu, en raison de son physique des plus attirants auprès des jeunes femmes, l’amener à être soit du mauvais côté (il a, faute de moyens, vécu un temps avec des prostituées et donc de leurs revenus) soit, ce qui a changé le cours de toute sa vie, du bon, que dis-je, du merveilleux côté !

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À Saint-Germain-des-Près, il entame une vie de couple avec d’une actrice venant de tourner dans le célèbre « La main au collet » d’Alfred Hitchcock !
Par une simple rencontre -grâce tout de même à son charme !-, il quitte sa vie risquant de le mener tout droit à devenir tout simplement proxénète, pour mettre un pied -ou plutôt son joli minois !- dans le monde du cinéma qui ne le quittera plus !

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L’autre aspect que j’ai retenu concernant la vie d’Alain Delon, c’est son amour pour la solitude : il ne se sentait mieux que seul, loin de tout autre être humain même de sa famille, même de ses enfants enfants qui, et c’est parfait, étaient tous autour de lui quand il les a quittés.

Solitude que sa fille Anouchka dont la mère est Rosalie van Breemen, actrice et journaliste hollandaise, actuellement épouse d’Alain Afflelou a décrite lors d’entretiens à la presse :

”Il avait besoin d’être seul après nos visites, seul avec ses chiens. »
Ses chiens dont une trentaine sont enterrés à Douchy ! Il se sentait d’ailleurs si bien avec eux qu’il souhaitait être enterré aux côtés de ses chiens.

Il aimait d’ailleurs la ville de Douchy et ses habitants qui pouvaient le rencontrer, seul, lorsqu’il faisait lui-même ses courses chez les commerçants, comme l’a rappelé dimanche BFMTV:
« Dans le petit village du Gâtinais de 1.373 habitants, tout le monde avait déjà vu l’acteur, propriétaire depuis 1971. »

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C’était « un citoyen comme un autre. »
« Alain déjeunait souvent à l’Auberge du Terroir. (…) On le voyait à la pharmacie, chez les commerçants, il faisait ses courses comme tout le monde. C’était un citoyen comme un autre », a raconté le maire Abel Martin, « il participait aux fêtes de village, à la fête des écoles. »
Comme l’a confirmé Maxime, maintenant âgé de 57 ans :
« Lorsque j’étais écolier, Alain Delon et Mireille Darc venaient tous les ans pour les fêtes de fin d’année dans l’école. Ils jouaient les Pères Noël et offraient à chacun de nous un cadeau. »

Je n’aurais jamais imaginé Delon en Père Noël au milieu de gamins d’une école !
Vivre comme tout le monde et éviter les foules, c’était la vie d’Alain Delon le solitaire : même lorsqu’il joua une pièce de théâtre avec sa fille Anouchka, celle-ci raconte qu’une fois la pièce terminée, dans les cinq à dix minutes après la chute du rideau, il était déjà parti bien souvent sans même dire au revoir à quiconque, ni même à elle ! Il lui tardait de retrouver la plus grande compagne de sa vie : la solitude !
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Et pourquoi ai-je été frappé par ce patriotisme et cette solitude ? Tout simplement, parce que ce sont deux caractéristiques importantes de ma vie : l’amour de la France et l’amour de la solitude. Et comme lui, la vie me gâte sur ces deux amours, quant aux autres, elles, elles sont, bel et bien, passées…

Jacques MARTINEZ, journaliste, 
à RTL, de stagiaire à chef d’édition des informations de nuit (1967-2001), pigiste à l’AFP, le FIGARO, le PARISIEN…

 

(1) Pierre Laval était un élu de gauche et non de droite comme le laissent entendre certains : en effet, il était, à l’image de l’Union Soviétique ayant passé un accord de non agression avec Hitler dès le début de l’occupation de la France. Laval et tous les élus communistes ont cessé toute opposition au régime nazi laissant faire les déportation de juifs. C’est d’ailleurs une Assemblée Nationale à majorité de gauche -et non de droite- qui a donné les pleins pouvoirs à Pétain.
Ce n’est qu’une fois le changement d’attitude de l’URSS se retournant contre les nazis, que le Parti Communiste Français et la gauche sont passés, pour certains, dans la Résistance contre les Allemands. Sauf quelques-uns -dont Pierre Laval- qui sont restés collaborateurs et ont donc subi les foudres de la Résistance et des autorités françaises nouvellement installées par le général de Gaulle.
À noter qu’il est un corps de fonctionnaires qui n’a guère changé entre le temps de la collaboration et celui de la libération, c’est -étonnant ?- celui des… juges !

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