Ô « Gens du Livre », savez-vous ce que l’islam dit de vous ?

Gens du Livre : Cette formule qui revient une trentaine de fois dans le Coran, désigne principalement les juifs et les chrétiens car ils ont reçu « le Livre » = la Thora et l’Evangile. (Des interprétations plus tardives incluent parmi les Gens du Livre les sabéens, les zoroastriens et les hindous.)

L’islam proclame la continuité entre la Thora, l’Evangile et le Coran. Le Coran se donne pour un « Rappel »(4, 90 ; 7, 2… en tout 68 fois). Le prophète Mahomet serait « le sceau des prophètes » venant clore et parachever la mission de tous ceux qui l’ont précédé . « Dis : Nous croyons en Allah, à ce qu’on a fait descendre sur nous, à ce qu’on a fait descendre sur Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et les Tribus, et à ce qui a été apport à Moïse, à Jésus et aux prophètes, de la part de leur Seigneur : nous ne faisons aucune différence entre eux ; et c’est à Lui que nous sommes soumis. » (3, 84).

Le Coran affirme la culpabilité des Gens du Livre

Les juifs sont coupables pour avoir falsifié le message divin :« Eh bien,  espérez-vous [musulmans], que de pareils gens (les juifs) vous partageront la foi alors qu’un groupe d’entre eux, après avoir entendu et compris la parole d’Allah, la falsifièrent sciemment ?» (2, 75). Les chrétiens ne sont pas moins coupables pour avoir associé d’autres divinités à Allah, en faisant de Jésus le fils de Dieu et en révérant la Trinité : «Ô gens du Livre (chrétiens), n’exagérez  pas dans votre religion, et ne dites d’Allah que la vérité. Le Messie Jésus, fils de Marie, n’est qu’un Messager d’Allah, Sa parole qu’il envoya à Marie, et un souffle (de vie) venant de Lui. Croyez donc en Allah et en Ses messagers. Et ne dites pas ‹Trois›. Cessez !» (3, 171). Rejeter la loi du talion par charité chrétienne est également un péché grave : « Et Nous y avons prescrit pour eux vie pour vie, oeil pour oeil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Les blessures tombent sous la loi du talion. Après, quiconque y renonce par charité, cela lui vaudra une expiation».(45, 45).

Juifs et chrétiens sont des menteurs : “Ô gens du Livre, pourquoi mêlez-vous le faux au vrai et cachez-vous sciemment la vérité ? » (3, 71). Mais là ne s’arrête pas leur nocivité car ils n’ont de cesse que d’égarer les fidèles (3, 69), ils sont mus par la cupidité (3, 75 ; 5, 42), par les diables (2, 102) par le mépris envers le Prophète (2, 101).

Ils se montrent arrogants envers les Arabes musulmans car ils se croient les favoris de Dieu : « Les juifs et les chrétiens ont dit: ‹Nous sommes les fils d’Allah et Ses préférés.› (5, 18). Mais ils sont surtout jaloux des musulmans : « Ni les mécréants parmi les Gens du Livre ni les Associateurs n’aiment qu’on fasse descendre sur vous un bienfait de la part de votre Seigneur… »(3, 105). « Nombre de Gens du Livre aimeraient par jalousie de leur part, pouvoir vous rendre mécréants après que vous ayez cru » (3, 109).

Le rejet des Gens du Livre est explicite

La rupture des alliances avec les Gens du Livre est présentée comme une obligation : « Ô les croyants! Ne prenez pas pour alliés les juifs et les chrétiens ; ils sont alliés les uns des autres. Et celui d’entre vous qui les prend pour alliés, devient un des leurs. Allah ne guide certes pas les gens injustes. » (5, 51). Allah s’emporte , s’exhortant lui-même à supprimer cette engeance : « Les juifs disent: ‹Uzayr est fils d’Allah› et les chrétiens disent: ‹Le Christ est fils d’Allah›. Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Qu’Allah les anéantisse ! » (9, 230). La tradition la plus fiable  explique d’ailleurs très nettement que ceux qui sont désignés dans la Fatiha, pour avoir causé la colère d’Allah, sont les juifs et les chrétiens [1]. Cette prière est récitée 5 fois par jour : « … Guide-nous dans le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés. » (1, 7).

Dès lors, le combat contre les Gens du Livre s’impose aux fidèles : «Combattez ceux qui ne croient point en Allah ni au Dernier Jour, qui ne déclarent pas illicite ce qu’Allah et son Apôtre ont déclaré illicite, qui ne pratiquent pas la religion de Vérité, parmi ceux ayant reçu l’Écriture! Combattez-les jusqu’à ce qu’ils payent la jizya, directement et alors qu’ils sont humiliés.» (9.29).

Juif ou chrétien payant la jizyia en s’humiliant.

La condition de dhimmi Sous domination musulmane, juifs et chrétiens pouvaient avoir la vie sauve et n’étaient pas obligés de se convertir, en échange du versement de la jizyia et de mesures discriminatoires. Ainsi, les musulmans pouvaient circuler à cheval, alors que les chrétiens et les juifs n’étaient autorisés à monter que sur des ânes. Ou bien, les musulmans étaient autorisés à porter des vêtements en tissu fin, tandis que les chrétiens et les juifs n’étaient autorisés à porter que des vêtements en tissu grossier. Les Gens du Livre n’étaient pas autorisés à porter des armes, à construire des habitations qui dépassent en hauteur celles des voisins musulmans, ou à posséder un esclave musulman[2]. De même, il leur était interdit de construire de nouveaux lieux de culte[3]. Bien que cela n’ait pas été toujours appliqué, les Gens du Livre étaient exclus de l’armée et de l’administration[4]. Le femmes musulmanes leur étaient interdites. Enfreindre ces règles pouvait valoir la mort.

L’amalgame entre Occidentaux et Gens du Livre. L’islam ne peut pas penser l’athéisme, ni l’agnosticisme[5], il ne dispose que du concept de « mécréance ». Si bien que toute personne blanche, non-musulmane, est considérée comme faisant partie des « chrétiens » et peut être désignée sous le vocable « gwer »(« mécréant »), ce qui, dans le contexte présent en France, est un synonyme péjoratif  de “Français“. De même, les juifs détachés de la religion hébraïque n’en demeurent pas moins des « juifs ».

Actes de vandalisme contre juifs et chrétiens, exemples :

Un employé municipal nettoie le « mur des Justes » couvert de graffitis de mains rouges devant le mémorial de la Shoah à Paris, le 14 mai 2024, après que le monument a été vandalisé pendant la nuit. © Antonin Utz / AFP

Le 11 mars 2024,  au cimetière de Clermont-d’Excideuil, 58 tags ont été découverts sur 52 tombes.  Les messages retrouvés se réfèrent à l’islam.

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Takkyia et mirage du dialogue interreligieux

Lorsque le Coran parle paisiblement des Gens du Livre, il s’adresse à ceux qui ont abandonné judaïsme et christianisme pour se fondre dans l’islam ou à ceux qu’on appelle à la conversion. – « Dis : ‹Ô Gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous : que nous n’adorions qu’Allah, sans rien Lui associer et que nous ne prenions point les uns les autres pour seigneurs en dehors d’Allah.› » (2, 64.). De tels versets sont des miroirs-aux-alouettes pour les tenants du dialogue interreligieux. Parmi les Gens du Livre, on y trouve surtout les chrétiens rompus à l’oecuménisme depuis le milieu du XXe siècle.

14 mai 1999 – Jean-Paul II embrasse le Coran au Vatican

Les partisans du dialogue interreligieux se trouvent aussi parmi les musulmans soucieux d’innocenter leur religion de l’intolérance qu’elle contient. Ils entretiennent alors la fable d’un islam qui ménagerait la liberté religieuse. Ils ne tarissent pas d’émerveillement devant ce verset qu’ils citent fièrement[6] : «  Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement. Donc, quiconque mécroît au Rebelle tandis qu’il croit en Dieu saisit l’anse la plus solide, qui ne peut se briser. Et Dieu est Audient et Omniscient. » (5, 256). 

Pourtant plusieurs remarques devraient en cerner la portée.

– Il s’agit d’un verset dit « mecquois », dans lequel la tolérance est peut-être une revendication à sens unique : en position de faiblesse à la Mecque, face aux cultes déjà installés, le Prophète aurait réclamé le droit de ses premiers sympathisants à se convertir à sa nouvelle religion, affirmant qu’il ne fallait pas les contraindre, c’est-à-dire les empêcher de devenir musulmans.

– De plus, selon le système de l’abrogation, des versets ultérieurs viennent contredire l’idée que la tolérance à l’égard des autres religions doit être la règle de l’islam[7]. Ce sont, par exemple, le verset 29 de la sourate 9 (voir plus haut) ou le « verset du Sabre” : « Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. Si ensuite ils se repentent, accomplissent la Salat et acquittent la Zakat, alors laissez-leur la voie libre, car Dieu est Pardonneur et Miséricordieux. » (9, 5).

– Enfin on peut très bien comprendre que, si la foi intérieure ne peut se commander par la contrainte, le fait de ne pas se soumettre uniquement à Allah et à son messager en vrai musulman demeure néanmoins passible des pires châtiments, sur terre comme dans l’au-delà. « Alors, s’ils croient à cela même à quoi vous croyez ils seront certainement sur la bonne voie. Et s’ils s’en détournent, ils seront certes dans le schisme ! Alors Allah te suffira contre eux. Il est l’Audient, l’Omniscient » (3, 137).« Les infidèles parmi les gens du Livre, ainsi que les Associateurs iront au feu de l’Enfer pour y demeurer éternellement. De toute la création, ce sont eux les pires.“(98, 6).[8]

L’slam imite les monothéismes précédents mais veut les supplanter

On peut donc affirmer la parenté de l’islam avec les deux monothéismes qui le précèdent, mais sans refuser de voir qu’il est en position de rivalité avec eux. Le célèbre Dôme du Rocher, le manifeste assez bien. L’édifice, achevé à peine 60 ans après l’année de la mort officielle de Mahomet, est bâti sur le modèle de l’église du Saint-Sépulcre et dans les mêmes dimensions. Ce n’est pas une mosquée, mais un marquage symbolique de l’espace : il imite ce qui le précède et proclame la suprématie de l’islam sur le judaïsme et le christianisme dans la Jérusalem conquise.

En conclusion, par rapport aux « Gens du Livre », les créateurs de l’islam se sont situés à la fois dans le mimétisme et dans la rivalité, balançant entre le désir d’absorber ces fidèles et l’envie de les anéantir s’ils persistaient dans leur culte premier. Aujourd’hui, l’apparente ambigüité des textes de l’islam offre à ses défenseurs une marge d’interprétation. Elle leur permet de dénoncer en chœur, avec les Gens du Livre, les manifestations d’intolérance qui frappent ces derniers, en prétendant que « cela n’a rien à voir avec l’islam »… Cependant, au regard d’une étude détaillée des textes, cette posture, n’est plus guère tenable, quand bien même elle serait réellement sincère.

[1] ALBANI, Silsila Sahiha , volume 7, page 0781 n°3263.

[2] Françoise MICHEAZU, « Dhimma, Dhimmi », dans Mohammad Ali Ammir-MOEZZI (dir), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, Paris, 2007, p. 216.

[3] Cl. CAHEN”Dhimma”, Encyclopedia of islam, 1991, Brill, p. 227 et Ss ;

[4] Françoise MICHEAU, op. cit.

[5] Angeline MONTOYA, « L’athéisme, ce tabou du monde musulman », Le Monde, 20 décembre 2017.  https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/12/20/l-atheisme-ce-tabou-du-monde-musulman_5232132_3232.html

[6] Al AJAMI, : « Le Coran est sans nul doute le seul fondateur d’une religion mentionnant explicitement le principe de la liberté religieuse. » in « Nulle contrainte en religion », in Que dit vraiment le Coran ? https://www.alajami.fr/2018/12/13/nulle-contrainte-en-religion/

[7] D’après le tafsir (exégèse cornique) de Ibn KATHIR, le verset 5, 256 est abrogé par sourate 48, v 16 ; sourate 9, v 73 ; sourate 9, v 123) ce qui est omis dans certaines éditions. Cf. David WOOD, « Nulle contrainte en religion », video https://www.youtube.com/watch?v=3FZVLzT2vHs

[8MESSIN-ISSA, « Les musulmans vénèrent Jésus et Moïse, mais haïssent et massacrent les chrétiens et les juifs”,  in Résistance républicaine,15 juin 2023. https://resistancerepublicaine.com/2023/06/15/les-musulmans-venerent-jesus-et-moise–mais-haissent-et-massacrent-les-chretiens-et-les-juifs/

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