Iéna : une victoire magistrale qui a mis fin à l’arrogance prussienne le 14 octobre 1806

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Vous préférez évoquer les victoires plutôt que les désastres comme la retraite de Russie ? Vous avez raison. Après tout, mieux vaut relire les belles pages de gloire écrites par nos ancêtres que de revivre leurs souffrances.

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Place aux victoires donc, puisque la France s’est construite dans les guerres et reste le pays qui totalise le plus de victoires devant l’Angleterre, « notre ennemi de toujours ».

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En voici une, magistrale, magnifique, qui s’est déroulée à  Iéna  le 14 octobre 1806 et mit un terme à l’insolente arrogance de la Prusse. 

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Après l’éclatante victoire d’Austerlitz le 2 décembre 1805, qui se solda par la mise hors de combat de 14 000 soldats des forces austro-russes et la perte de 7 000 grognards de la Grande Armée, Napoléon pouvait espérer la paix.

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Mais c’était sans compter sur la haine viscérale des Prussiens envers la France et notamment sur le profond mépris de la reine de Prusse envers Napoléon.

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« Napoléon n’est qu’un monstre sorti de la fange », déclarait la ravissante Louise de Mecklembourg-Strelitz, « beauté à la taille parfaite, aux épaules et à la poitrine incomparables, aux lèvres vermeilles, aux grands yeux noirs et aux blonds cheveux flottants ».

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Une pure merveille, je veux bien, mais une véritable peste vue du côté français.

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Car cette jolie reine veut la guerre, un caprice que son bien pâle époux, Frédéric-Guillaume III de Prusse, amoureux transi, serait bien incapable de lui refuser.

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C’est ainsi que la Prusse, la Russie, la Suède et le Royaume-Uni, forment la quatrième coalition contre la France, alignant 150 000 hommes.

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À Berlin règne une forfanterie insensée. La reine, qui considère que tout accord avec Napoléon est une humiliation suprême, clame haut et fort « Nous ferons la guerre ». Excellente cavalière, elle se fait donner par le roi un régiment de dragons et défile à sa tête dans les rues de la capitale.

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L’arrogance est à son comble. Le général von Blücher se vante de pouvoir aller jusqu’à Paris avec sa seule cavalerie !

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Les officiers prussiens aiguisent leur sabre sur les marches de l’ambassade de France. Ils n’ont visiblement aucune idée de ce qui les attend…

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« Pas besoin de sabres, des gourdins suffiront pour ces chiens de Français. »

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Pour les officiers prussiens, les Français sont de « méprisables savetiers ».

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Informé de ce climat belliqueux et des préparatifs de guerre, Napoléon décide de mettre la Grande Armée en mouvement. L’ordre tombe chez des soldats qui n’étaient pas encore rentrés en France après Austerlitz.

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« Soldats ! L’ordre de votre rentrée en France était déjà donné, des fêtes triomphales vous attendaient. Mais des cris de guerre se sont fait entendre à Berlin. Nous sommes provoqués par une audace qui demande vengeance. » 

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Pour les grognards, l’affaire est entendue. L’aura de Napoléon est au zénith. « Mais qu’est-ce qu’il s’imagine, ce roi de Prusse ? Qu’il va faire mieux que les Autrichiens et les Russes réunis ? On va lui régler son compte. » Le lieutenant Putigny enfonce le clou :

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« Les Prussiens nous insultent. Nous allons les réduire en saucisses et montrer au roi de Prusse et à sa femme, cette reine en uniforme, ce dragon enjuponné, que les Français, eux, ont des culottes. »

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C’est ainsi que 128 000 fantassins, 28 000 cavaliers, 10 000 canonniers et autres hommes de troupe avec 256 canons, ainsi que la Garde, se mettent en mouvement sous les ordres de Napoléon.

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Il s’agit de prendre l’ennemi de vitesse et de barrer la route de Berlin aux armées prussiennes. Bernadotte, Davout, Lannes, Suchet, Augereau, Soult et Ney sont de la fête.

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Comme à son habitude, Napoléon supervise tout à la veille de la bataille. Il ne dort que deux heures et dès l’aube fait sa dernière inspection.

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Du côté français 50 000 hommes. En face à peu près autant sous les ordres du prince de Hohenlohe. Des renforts français arriveront vers midi.

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Mais il faut savoir que l’armée prussienne, si arrogante devant l’ambassade de France à Berlin, n’a rien à voir avec la Grande Armée commandée par de jeunes généraux issus de la Révolution et promus au mérite.

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Au moment d’Iéna, cette armée prussienne a cinquante ans de retard. Elle est commandée par des vieillards et se traîne comme un escargot, se déplaçant deux fois moins vite que la Grande Armée surentraînée.

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Brunswick, général en chef, 71 ans. Moellendorf, 81 ans. Blücher, 64 ans. Hohenlohe, 60 ans.

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En face, Napoléon, 37 ans. Davout, 36 ans. Soult, Lannes, Ney, 37 ans.

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Cette armée prussienne, héritée de Frédéric II est totalement dépassée, mais elle ne le sait pas. Elle va se faire tailler en pièces.

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Dressés avec une discipline de fer, les automates prussiens montent à l’assaut sans craindre la mort, mais se montrent incapables de bouger un bras ou une jambe sans ordre, dira Georges Blond. Et à Iéna, cette belle mécanique va s’enrayer.

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Lannes attaque dès 6 heures du matin. Les troupes de Hohenlohe sont très vite en difficulté. Comme dans toutes les batailles napoléoniennes, les hommes tombent sous la mitraille et les boulets. Mais les régiments continuent d’avancer.

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Les Français arrivent de tous côtés tambour battant, sans respecter de formation rigide. Déconcertés, les Prussiens vont rapidement  être bousculés par ces diables de grognards, que le feu nourri et meurtrier n’arrête pas.

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On ne détaillera pas le schéma de cette confrontation sanglante, mais la charge finale de Murat, à la tête de sa cavalerie de dragons et de cuirassiers, va tout emporter en décimant les restes de l’armée de Hohenlohe.

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C’est encore Murat, qui, à la tête de 12 000 cavaliers, lancera la plus grande charge de cavalerie de l’Histoire, lors de la difficile bataille d’Eylau contre les Russes, le 8 février 1807. On imagine le grondement de tonnerre que peuvent engendrer 12 000 chevaux lancés au galop ! Épique !

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La victoire d’Iéna est totale. Une victoire éclair diront les historiens.

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Sur le champ de bataille jonché de cadavres et de blessés, on vit des grognards mutilés, les deux jambes coupées ou les bras arrachés, crier « Vive l’Empereur ! » La légende est déjà en marche… pour des siècles.

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Le sergent Lavaux témoigne : « En moins de deux minutes, par une volée de coups de canon, nous perdîmes 300 hommes de notre régiment… Je tombai à la renverse sans pouvoir me relever car sept ou huit hommes étaient tombés sur moi… La terre était couverte de morts et de blessés, au point qu’on ne pouvait avancer sans marcher sur ces malheureux. »

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La Grande Armée a aligné plus de victoires en quelques années que toute autre armée au monde. Mais elle laissa plus d’un million de morts derrière elle, sans parler des pertes ennemies.

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L’armée prussienne quant à elle ressemblait « à un fleuve de fuyards ».

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Napoléon ordonna à ses maréchaux de les poursuivre et conclut :

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« La bataille d’Iéna sera l’une des plus célèbres de l’Histoire ».

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Le bilan d’Iéna est sans appel :

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« Les troupes coalisées subissent de lourdes pertes : 49 généraux (dont 19 saxons), 263 officiers et 12 000 hommes, tués ou blessés, 14 000 prisonniers, 40 drapeaux et 200 canons capturés. »

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« Les Français perdent 6 087 hommes tués ou blessés, dont 6 officiers supérieurs et 288 officiers. »

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Parallèlement, le même jour. Davout, avec 25 000 hommes, l’emportait sur les 70 000 hommes commandés par Frédéric-Guillaume en personne. La bataille d’Auerstaed, une victoire moins célèbre mais tout aussi remarquable. Un triomphe.

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À l’issue de ces deux batailles, c’est toute l’armée prussienne qui est anéantie. Elle perd 40 000 hommes et toute son artillerie. Ces deux défaites simultanées jettent les Prussiens dans le désarroi.

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Le poète allemand Heinrich Heine dira : « Napoléon souffla sur la Prusse et la Prusse cessa d’exister ».
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Le 27 octobre 1806, Napoléon entre dans Berlin. 

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L’armistice est signé le 30 novembre. La Prusse est amputée et perd cinq millions d’habitants. Elle doit payer une indemnité de guerre colossale de 120 millions de francs.

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Inutile de dire que la haine des Prussiens envers la France ne fera que se renforcer et que nous paierons Iéna au prix fort avec la défaite de 1870.

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Mais en attendant, l’arrogante reine de Prusse avait perdu de sa superbe ! Celle-ci mourut très jeune, en 1810, à l’âge de 34 ans.

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https://ripostelaique.com/iena-une-victoire-magistrale-qui-a-mis-fin-a-larrogance-prussienne.html

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3 Commentaires

  1. Comme quoi, il suffit d’un chef, d’un vrai , pour entraîner les Français au combat et redresser leur courage,
    Un grand chef avec un mâle courage, de la bravoure, de l’intelligence organisatrice, une idée directrice,

    nos palots couilles molles , au cul défoncé par la dhimmitude, ne suscitent aucun enthousiasme,
    ces pitoyables marionnettes dirigées par l’Etranger, et on ne sait même pas lequel, tant ils sont girouettes, car ils n’ont aucune des valeurs qui prévalaient à l’époque napoléonienne

  2. Extraordinaire vidéo rappelant le courage des Français à Iéna. Bravo JacquesG.@ de nous rappeler que l’héroïsme c’est certes le courage au mépris de sa vie, mais aussi la confiance totale en un chef reconnu de qui dépend l’issue de la bataille !

  3. Zemmour le rappelle fort bien dans ses intervention, la France de 1800 est encore cette « Chine de l’Europe » , ce « grand animal ».
    Et que dire sinon que Napoléon fut à l’origine de nombreuse fondations , institutions, et d’un droit qui restaurèrent le prestige de la France après les affres de la Révolution.
    Quelle décadance deux siècles plus tard, l’illusion de la paix , la soumission à divers maîtres extérieurs et l’anomie, la perte de tous repères.
    Il faut en sortir, même si les batailles ont pris un tour plus politique (quoique le risque de guerre civile ne soit nullement à exclure).

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