Gertrude Bell : First Lady of the Middle East

D’emblée le plan de 20 points du Président américain Donald Trump était voué à l’échec, et cela pour la simple raison que les Occidentaux connaissent si peu le monde arabo-musulman, ses caractéristiques, ambitions, prétendue fraternité, conflits mais aussi solidarité face à un ennemi commun.

Entre fripons on s’entend bien.

Qui sont les ennemis des Arabes ? Les Occidentaux avec leur damnée démocratie, leur liberté d’expression, leur émancipation, homosexualité ouverte aux quatre vents, leurs femmes dévergondées… en un mot leur occidentalisme.

Leur second ennemi est Israël, dont la foi juive, notamment leur Bible/Tanakh représente une menace réelle à la véracité des écrits du Coran. En outre, ils veulent Jérusalem, pour tout pour ce qu’elle représente aux yeux du monde et qu’il faut arracher des mains de mécréants.

Pour les Juifs israéliens issus de l’Europe de l’est, les Arabes de confession musulmane sont des chameliers, des bédouins, des nomades qui traversent les terres désertiques de la Palestine abandonnée sans jamais s’ancrer, à la recherche d’un gagne-pain. Pour les Occidentaux et les Européens, c’est des bledards analphabètes faciles à manipuler et même à extorquer. De pauvres bougres qu’il faut éduquer. Ils n’ont jamais pris en considération leurs divisions ethniques, leurs tribus, leurs clans et leur hiérarchie.

C’est en majorité cette carence dans leur connaissance des us et coutumes qui mena les Européens à prendre à la légère la répartition des terres moyen-orientales… répartition exécutée par une certaine Anglaise nommée Gertrude Bell.

Gertrude Bell, née le 14 juillet 1868 à Washington, dans le compté de Durham, au nord de l’Angleterre et morte dans la nuit du 12 juillet 1926 à Bagdad, sous mandat britannique de Mésopotamie, est écrivain, femme politique, espionne, archéologue, qui dessina les frontières des futurs royaume arabes – l’Arabie saoudite, la Palestine – une véritable ignorante et amateur que Churchill nomma pour cette besogne. On comprend mieux les sources de tous les conflits régionaux.

Photograph taken near the pyramids; Bell is between Churchill and T. E. Lawrence beneath the Sphinx

Rattachée au Foreign Office, proche de Fayçal I^er à partir de 1919, elle joue un rôle important dans l’installation au pouvoir de la dynastie hachémite en  Irak en 1921. Pendant la conférence, elle ne ménage pas ses efforts pour que la Transjordanie et l’Irak soient dirigés par Abdallah I^er de Jordanie et Fayçal I^er d’Irak, deux fils de Hussein ben Ali, chérif de la Mecque, roi du Hedjaz, qui fut l’un des promoteurs de la révolte arabe de 1916 contre l’Empire ottoman. Elle reste à la cour du roi où elle s’engage dans la préservation du patrimoine irakien. On lui doit la création du musée national d’Irak. Elle meurt d’une overdose médicamenteuse alors que sa famille connaissait une passe difficile.  

Revenons au sujet principal :

Lorsque je pris connaissance des vingt points de ce fameux plan de paix, ma première réaction a été une déception indescriptible. En relisant les clauses, je constate :

6 : Une fois que tous les otages seront rendus, les membres du Hamas qui s’engagent à coexister pacifiquement et à rendre leurs armes seront amnistiés. Les membres du Hamas qui souhaitent quitter Gaza bénéficieront d’un passage sûr vers les pays d’accueil.

13 : Toutes les infrastructures militaires, terroristes et offensives, y compris les tunnels et les installations de production d’armes, seront détruites et non reconstruites. Il y aura un processus de démilitarisation de Gaza sous la supervision d’observateurs indépendants, qui comprendra la mise en place permanente d’armes hors d’usage par le biais d’un processus de démantèlement convenu, et soutenu par un programme de rachat et de réintégration financé par la communauté internationale, le tout vérifié par des observateurs indépendants.

14 : Une garantie sera fournie par les partenaires régionaux pour s’assurer que le Hamas et les factions respectent leurs obligations et que la nouvelle Gaza ne représente aucune menace pour ses voisins ou son peuple.

15 : Les États-Unis travailleront avec leurs partenaires arabes et internationaux pour mettre en place une Force de stabilisation internationale (FSI) temporaire qui sera déployée immédiatement à Gaza.

C’est le moment où tout le plan vacille et tend à s’effondrer. L’intelligent dira que la charrette va beaucoup plus vite que le coche. Manque de précaution, amateurisme, arrogance, ignorance des faits sur les lieux.

Le Hamas déclare à qui veut l’entendre, qu’il ne rendra pas les armes et refuse toute démilitarisation de la Bande de Gaza.  En parallèle les partenaires arabes se rebiffent et annoncent : Nous ne lutterons pas contre nos frères arabes du Hamas. Nos soldats ne pourront jamais tuer leurs coreligionnaires.

Et c’est là que tout s’achève.

Il fallait s’y attendre. Je plains Trump et cesIsraéliens qui vivent dans le cocon occidental et croient que le monde arabo-musulman pourrait les suivre. Ce qui est certain c’est que les Arabes ne lèveront pas un pouce pour sortir les Occidentaux de l’ornière, surtout en période d’expansion rapide de l’islam à travers le monde occidental fragilisé. C’était la logique même… Chiite, alaouite, wahhabite, tous musulmans ne seront poursuivis et tués que lorsque leurs coreligionnaires viendront picoter dans leur assiette… mais pas pour aider les Occidentaux qui sont en réalité leur cible providentielle.

Nul besoin d’être stratège, diplomate, pour assumer qu’un plan pareil n’a aucune chance d’achever sa course.

Thérèse Zrihen-Dvir

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