
Rossloh : Et Schlageter revint une deuxième fois. Et toujours et encore il vit l’Allemagne dans l’esclavage et dans la honte. Et il s’écria pour la troisième fois : » Ce sont des traîtres ceux qui restent à leurs études comme si de rien était pendant qu’on déchire l’Allemagne dans la Rhur. » Et, le coeur rempli » d’ Allemagne au-dessus de tout « , il partit une troisième fois.
Tous : Schlageter, Heil !
Karlanner ( étant pris.) : L’Allemagne au-dessus de tout ! Au-dessus de tout au monde !
Rossloh : Mais lui aussi, dans la Ruhr, il connut la trahison, le juiif l’a montré du doigt et le Français l’a fusillé. (Grand silence). Léo Schlageter, ô toi, premier héros de la nouvelle nation, symbole immortel de la jeunesse allemande, tu nous entends ?
( il entonne la première strophe d’un chant nouveau su Schlageter ; tout le monde debout, on chante en chœur. )
Au morne bruit d’un sourd tambour
A Benrath sur le Rhin
C’est là que fut tué, un jour,
Notre héros divin.
(Puis un silence solennel)
Tessow ( en extase ) : Oh ! Si seulement il y avait encore la Haute Silésie, et encore la Ruhr et que nous puissions encore marcher, nous aussi ! Je ne peux plus attendre.
Rossloh : Faites le tou de nos frontières allemandes : y en a-t-il une seule qui n’ait été mutilée ? (Applaudissements.) Y a-t-il un seul poteau qui n’ait pas été planté en plein sol allemand ? Combien de coeurs allemands de l’autre côté gémissent et demandent la delivrance? (Il déclame ces vers en un paroxysme déchaîné 🙂
La Haute Silésie, le Schleswig et le Rhin,
La Prusse occidentale, Eupen et Malmédy
Veulent être délivrées.
Les terres du Danube, la Suisse alémanique,
Le pays d’Alsace, le pays de la Sarre,
Tous anneaux d’une même chaîne
Tiennent l’un à l’autre et ne sont qu’un pays !
Pensez à tout ce qu’on nous à fait!
Aux armes, jeunesse allemande !
Défendez l’honneur allemand !
( Enthousiasme, cris, délire, applaudissements, etc…) Si tu veux être un héros, l’ennemi est vite trouvé car l’important, c’est que l’étudiant allemand ne soit pas un bourgeois mais qu’il soit un soldat. (Applaudissements.) L’Allemand a fini par comprendre ce qui est conforme à sa véritable nature. Il a compris que c’est en se battant qu’il apprend quelque chose, non en piochant des heures entières. Va le dire au juif.
( rires, chacun retourne à sa table. On se rassoit Rossloh très entouré).
Le gendarme ( à son petit.) : N’oublie jamais cette heure, grave-là dans ta mémoire.
Tessow : c’est en se battant, Karlanner et non en piochant. (Karlanner fait un signe de tête affirmatif. ) Je l’avais deviné, ces études étaient superflues A quoi nous servent elles, tant que la nation n’est pas refaite dans sa grande unité ? Tu comprends, à présent ? ( signe de tête affirmatif de Karlanner, Tessow se serre contre lui.) Un cabinet de consultation aux murs dégarnis ? L’afflux bruyant des malades de caisses d’assurances ? Leurs lamentations ? Ce devrait être là le but de notre vie ?
Karlanner : ce serait du beau.
Tessow : J’oppose à cela : le Reich. L’empire carlovingien, l’empire de Hohenstaufen ! Tu te rends compte de ce que serait alors la vie ?
Karlanner ( avec un signe de tête affirmatif.) : oui, quoique tu mettes différents empires sens dessus dessous.
Tessow (riant.) : Ne raisonne pas.
Karlanner ( commençant à fredonner quelques mots des chants nouveaux.) : Non. Je sens.
Tessow : quelle importance peut-on donner à présent aux sciences ? Je vois un monde uniforme, je l’ai devant les yeux : le Reich ! Je le vois dans son ensemble, sans m’attarder aux détails, je le vois nettement, ce monde vers lequel nous nous acheminons. Oh ! Risquer ma vie pour lui ! Je saurai, alors, pourquoi j’aurai vécu !
Karlanner : Tais-toi, ne dis plus rien. Il n’y a pas une demi-heure, je me serais encore demandé : que vais-je devenir si je n’ai pas Goldberg pour passer mon doctorat ?
Tessow ( étonné.) : Tu peux encore, en ce moment, penser à l’existence de ce Goldberg ?
Karlanner : Je me suis souvenu vaguement de ce que tu avais dit toi-même à midi.
Tessow : Oui, à midi.
Karlanner : N’en parlons plus. C’est une affaire réglée. Qu’importe à présent ?
Tessow : Une révolution doit être déchaînée, frénétique. Sans quoi elle n’en est pas une.
Karlanner : C’est réglé.
Tessow : fais une croix sous le chapitre Marcus.
Karlanner : J’ai déjà fait une croix, aujourd’hui, et sur un plus grand chapitre.
( Rossloh est à sa table.)
Le procureur : Qu’est-ce que l’autorité ? C’est toujours dieu et un homme. Pas plus.
Rossloh : L’homme est là.
Le procureur : Et dieu aussi est là, à nouveau.
Rossloh : Et puisque l’homme est là, toute l’Allemagne est là à nouveau.
(Tessow regarde Karlanner. Signe de tête affirmatif de Karlanner.)
Le procureur : C’est la seule condition de las’arrêtant ettgrandeur de l’Allemagne. En politique, être humain, c’est toujours être traitre.
Rossloh ( riant.) : Être humain !
(Il chuchote à l’oreille du procureur.)
Karlanner ( commençant à fredonner le chant nouveau, puis s’arrêtant.) : Comment est-ce après, Tessow ?
Tessow : Ecoute parler plutôt.
Karlanner : Chante-le-moi tout bas. Je veux apprendre ces chants nouveaux avant tout. Avant tout.
Tessow : Écoute-les parler. Chaque mot de ce qu’ils disent t’instruira davantage encore que les chants.
Karlanner ( déjà ivre, secouant Tessow.) : chante ! Faut-il t’arracher les mots de la bouche ?
Tessow : Il ne peut plus attendre à présent.
( il commence à chanter à voix basse.)
Karlanner ( fredonnant après Tessow, puis s’arrêtant brusquement.) : J’ai trop bu.
( Tessow continuant à chanter tout bas.)
Au morne bruit d’un sourd tambour,
Karlanner ( répétant le dernier mot du chant, puis.) : Je ne supporte pas la bière.
Tessow ( continuant toujours à chanter.)
A Benrath sur le Rhin.
(Karlanner reprend le dernier mot chanté par Tessow, souriant : ) Quand on pense qu’il n’y a pas longtemps il s’est trouvé en Allemagne un organe officiel pour dire du mal de Schlageter ! Et aujourd’hui !
Karlanner ( avec un signe de tête affirmatif.) : Si je pouvais dormir !
Tessow ( riant.) : Mais pas aujourd’hui !
karlanner ( avec un signe de tête affirmatif.) : laisse moi comme ça, assis.
Le procureur (debout devant Rossloh, d’un air solennel.) : Cette soi-disant Allemagne qu’on a voulu nous imposer pendant quatorze ans, elle tombe dans le gouffre du passé. Mais l’Allemagne d’autrefois, la vraie, lègue à l’Allemagne de demain le seul génie qui lave de la honte : le génie de la guerre !
( ils trinquent.)
Le président des étudiants : Silentium! ( la table est déjà entourée de serveuses avec des verres pleins.) : A l’Allemagne de demain ! (Toute la salle debout.) A l’Allemagne qui s’éveille ! Incarnée ici en la personne du studiosus medicus M. Hans Hinz Rossloh, le premier membre de notre alma mater qui ait appartenu au Parti ouvrier national-socialiste allemand. Ex ! ( ils boivent ; saluts nouveaux verres.) Ex ! ( même jeu.) Ex !
Le procureur ( ayant trinqué le verre vide.) :O toi, esprit allemand qui nous as déjà menés à la gloire ! O toi, esprit belliqueux, assiste nous !
( Le Haut Parleur : » Allô, Allô, d’après des sources certaines, quoique non officielle, les résultats obtenus dans trente trois arrondissements électoraux donnent jusqu’ici une majorité de presque 52% au Parti gouvernemental. ( Karlanner ne s’est pas arrêté de chanter ; puis il laisse tomber la tête sur la table.) Nous reprendrons notre émission dans un instant, dès que nous aurons la liste complète. Mais en aucun cas la victoire du Parti gouvernemental ne saurait en être diminué. «
Rossloh ( déchaîné.) : Vive la nouvelle Allemagne ! Vive l’esprit nouveau !
(Il entonne encore une fois le chant hitlérien. Tous en chœur, déchaînés comme Rossloh, chantent avec lui. Les cloches commencent à sonner. Le choeur semble s’éloigner et comme sortant des sons des cloches : )
Karlanner ( douloureusement.) : Allemagne ! O mon Allemagne !
RIDEAU
A SUIVRE.
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