Théâtre : « Les races » de Ferdinand Bruckner (1)

Bonjour les amis ,

Je vous  propose une pièce de théâtre très rare écrite en 1933 par l’écrivain autrichien  Theodor Tagger, dit Ferdinand Bruckner, né le à Sofia en Bulgarie et mort le à Berlin. Il avait fui l’Allemagne en 1933 pour Paris, puis pour les Etats-Unis.

L’oeuvre, interdite en Allemagne, fut  jouée pour la première fois à  Paris au théâtre de l’oeuvre le 8 mars 1934.

L’action se situe dans une ville universitaire allemande,  sur le Rhin en mars et avril 1933

l’histoire repose sur l’histoire d’amour d’un jeune homme avec une jeune fille juive, et les événements malheureux qui s’annoncent !

PERSONNAGES

Karlanner…………      Raymond Maurel

Tessow…………….       Roger Maxime

Siegelmann……..       Julien Bertheau

Rossloh…………….       Raymond Rouleau

Marx…………………      Jacques Berlioz

Le Procureur……      Edouard Tressy

Le président des

Étudiant……………      Jacques Ferreol

Un petit garçon…     André  Saoul

L’Obersecrétaire…   Jean d’Arcante

Une voix………           Lorrière

Hélène…………           Tania Balachova

L’institutrice…..        Suzanne Serge

L’étudiante…….         Annie Morène

La servante……         Rolande

LES RACES

ACTE PREMIER

PREMIER TABLEAU

Le jardin de l’université

Karlanner et Tessow sont assis sur un banc

 

Karlanner : Selon toi, je ne devrais pas l’épouser parce qu’elle est juive ?

Tessow (affectueusement) : Ne fais pas l’idiot.

Karlanner : Je suis libre d’agir comme il me plaît.

Tessow  : C’est fini ça.  Pour nous tous. T’es-tu jamais assis, en mars dans ce petit jardin? Les branches dégarnies se 0profilent sur le ciel  et l’on pourrait y chercher des ressemblances anatomiques.  Un bon exercice ça,  mon vieux.

Karlanner (s’enveloppant dans son manteau)  : Il y a longtemps que je n’avais mis les pieds ici.

Tessow  (avec un signe de tête affirmatif) : Et longtemps que l’on ne s’était pas vus.

Karlanner  : Depuis que la politique règne à l’université,  je préfère piocher dans ma chambre.

Tessow  : Tu aurais pu, au moins,  répondre à mes lettres. J’aurais grimpé chez toi depuis longtemps si je n’avais craint de rencontrer la demoiselle.  Mais aujourd’hui, je me suis décidé malgré tout.  Aujourd’hui une voix de plus ou de moins,  c’est important.

Karlanner  : Ne compte pas trop sur la mienne.

Tessow : Je compte aussi sur toi-même . Il faut que tu nous reviennes. Il y a assez longtemps que tu es en Palestine.  (Karlanner rit.) Tu peux rire tant que tu veux.  Mais qui a bondi hors du lit, ce matin en me voyant entrer? Qui sait? Tu m’attendais peut-être depuis longtemps  (il le regarde) . Dis le, personne ne peut t’entendre ici.

Karlanner  : Alors tu prends part à leurs chahuts? Tu étais avec eux dans les bagarres de l’autre jour ici? Qui sait si tu n’es pas devenu toi-même un Rossloh ?

Tessow  : Dans tout les cas,  j’ai perdu l’habitude  de me moquer de Rossloh

Karlanner  :  C’est déjà quelque chose

Tessow  : l’envie de rire va te passer à  toi aussi.

Karlanner  : Je n’ai qu’à me rappeler qu’après quatorze semestres, il n’avait pas encore passé un examen

Tessow : Si tu savais comme cela à peu d’importance à present.

Karlanner  : Mais par contre,  il remplit les salles de ses exploits.  Je m’en fiche d’ailleurs.  Il ne m’intéresse pas.  Dans deux mois,  je passe mon doctorat.

Tessow : Si les élections d’aujourd’hui nous apportent la victoire,  tu verras comme tout va changer.

Karlanner  : Nous crèverons de faim encore plus vite.

Tessow  : Nous ne crèverons plus du tout de faim

Karlanner  : Les Rossloh nous auront peut être sauvés.

Tessow ( avec un signe de tête affirmatif  ) : Les combattants ?

Karlanner  (riant)  : Les combattants ?

Tessow  : Ils nous ont sauvés.

Karlanner  : ces espèces de tambours.  Ces gueulards.

Tessow  : Il fallait g…. pour réveiller le sentiment national dans ce qu’était l’Allemagne d’hier.

Karlanner  : Je ne me serais pas enfermé chez moi si il n’y avait pas eu de ces marchands de sentiment national plein les rues,  de ces crieurs sans esprit.

Tessow  : Dis plutôt  : si tu n’avais pas eu ta juive qui a tant d’esprit.

Karlanner  :  Si tu veux.

Tessow  (affectueusement) : Karlanner ! Je la connais superficiellement,  il est vrai.

Karlanner  : Alors?

Tessow  : Je sais ce qu’elle a été pour toi.  Mais ça ne change rien.

Karlanner  : Elle est seule au monde. Brouillée avec les siens  à cause de moi.

Tessow  : On le reconnaît.

Karlanner  : Elle avait sa voiture à elle. Une « Mercedes « . Et elle s’ esquinte à présent à faire de la sténographie.

Tessow  ( avec un signe de tête affirmatif  ) : on le reconnaît.  Elle a toute mon estime.

A SUIVRE

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2 Commentaires

  1. Pour moi, il n’y a que trois races, les cons, les fumiers, et les autres. Merci le chti français. Bonne journée à toi, mon ami.

    • Bonjour Argo, ce n’est pas faux! Attends la suite tu verras de quoi est capable l’humanité dans cette pièce rare et non censurée. Je fais tout ce que je peux pour produire la suite le plus rapidement possible, la source est un document historique que j’ai en ma possession, vu l’état du papier et de l’impression, je n’ai pas d’autre choix que de tout retaper manuellement ce qui me prend un temps fou, j’espère que les lecteurs RR apprécieront. Bonne journée à toi aussi mon ami, le temps à l’air de se maintenir.