A Saint-Pierre-d’Oléron, la Russie honore le sacrifice de ses soldats pour la libération de l’île

Hommage aux  quatre Russes qui reposent dans le Cimetière communal de la commune de Saint-Pierre-d’Oléron. Le 24 novembre 1944, deux des quatre soldats en question avaient détruit le dépôt de munitions de la batterie de la Perroche-Saint-Séverin avant d’être fusillés par des nazis le 30 avril 1945, jour de la libération d’Oléron.

Le 25 novembre, l’Ambassade de Russie en France a organisé une cérémonie solennelle pour déposer des fleurs sur les tombes de citoyens soviétiques ayant participé à la Résistance française et morts lors de la libération de l’île d’Oléron pendant la Seconde Guerre mondiale.

.

La libération de l’Île d’Oléron, baptisée Opération Jupiter, fut l’une des dernières batailles de la Seconde Guerre mondiale sur le sol français, se déroulant les 30 avril et 1er mai 1945, quelques jours seulement avant la capitulation de l’Allemagne. Cet assaut victorieux mené par les Forces Françaises Libres (FFL) et les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) est étroitement lié à une histoire de résistance souvent méconnue : celle des soldats et prisonniers soviétiques et russes enrôlés de force par l’armée allemande.

L’implication des soldats de l’Est

Les fortifications allemandes du Mur de l’Atlantique, dont celles d’Oléron, étaient partiellement tenues par des unités composées de prisonniers de guerre soviétiques ou d’émigrés russes contraints à servir sous l’uniforme allemand. Stationnés dans des batteries clé, ces hommes formaient ce que l’on appelait les « Volontaires de l’Est ».

Loin d’être loyaux à l’occupant, beaucoup de ces soldats ont établi des contacts secrets avec la Résistance française locale. Ils ont joué un rôle crucial en amont de l’assaut final :

Renseignement et sabotage : ils ont fourni des informations précieuses sur les positions et la logistique allemandes. Des actes de sabotage, de démoralisation, et de désertion ont affaibli la garnison de l’intérieur.

Soutien à l’Opération Jupiter : lors du débarquement français, ces résistants russes ont facilité l’avancée des troupes, parfois en désarmant des postes allemands ou en assurant la sécurité des infrastructures clés pour éviter leur destruction.

Cet engagement héroïque eut un coût tragique, illustré par l’exécution de résistants d’origine russe, tels que Vladimir Antonenko et Evgueni Krasnoperov, fusillés par les Allemands le 30 avril 1945, le jour même où les troupes françaises prenaient pied sur l’île.

Nicolas (ou Nikolaï) Levchenko et Nicolas (ou Nikolaï) Shilov  sont morts au combat pour la Libération, également autour du 30 avril – 1er mai 1945.

L’Opération Jupiter et sa réussite

Après la prise de la Poche de Royan, l’Opération Jupiter visait à neutraliser la dernière résistance allemande dans l’estuaire de la Gironde. L’attaque, lancée après de lourds bombardements préparatoires, a vu les troupes françaises débarquer à la pointe sud (Gatseau). La résistance interne fournie par les Russes et les actions coordonnées de la FFI locale ont permis une progression rapide, conduisant à la reddition de la garnison allemande le 1er mai 1945.

Ce chapitre de l’histoire, marqué par la fraternité d’armes franco-russe contre l’ennemi commun, est notamment raconté dans le documentaire « Les Voix d’Oléron », un témoignage essentiel qui honore la mémoire de ces combattants de l’ombre. (Sur You Tube mais avec des sous-titres en anglais).

Les blockhaus du Mur de l’Atlantique

Les îles des pertuis charentais, Ré et Oléron, prennent part au dispositif militaire du « Mur de l’Atlantique » imaginé par les Allemands, de la Norvège à l’Espagne contre un éventuel débarquement de forces alliées venant de l’ouest. Une trentaine de sites de défense voient le jour sur Oléron. Ils sont bâtis dès 1942 par des travailleurs, salariés ou réquisitionnés, Oléronais, Charentais, Vendéens et des prisonniers de guerre étrangers, notamment des Russes. 

Jules Ferry

 4 total views,  2 views today

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Soyez le premier à commenter