Ce fut notamment le cas au Synode sur l’avenir de l’Eglise, en 2024 et 2025. Comment lui présenter positivement la monogamie ? En réponse à cette demande, le dicastère a fait le choix d’élargir le propos, associant dans cette note « polygamie, adultère ou polyamour », présentés comme reposant sur une même « illusion que l’intensité de la relation peut se trouver dans la succession des visages ».
Le couple, une image de la communion trinitaire
Ce décalage est voulu. Selon deux sources romaines concordantes, le dicastère a ainsi voulu éviter une note « géographiquement ciblée » qui pourrait être perçue comme une stigmatisation d’un continent ou de pays à majorité musulmane. D’où le repositionnement doctrinal : la question de la note n’est plus la polygamie en tant que telle, mais la monogamie comme structure chrétienne du mariage.
Le cœur du texte consiste ainsi en une défense structurée de la monogamie. L’unité conjugale – vivre une union « unique et exclusive » – est définie comme la propriété essentielle du mariage, dont découle l’indissolubilité. La relation conjugale implique une appartenance réciproque si « totale » ou « totalisante » qu’elle ne peut être partagée avec un tiers, explique le dicastère. « L’expression “totalisante” ne se réfère pas seulement au fait qu’elle va jusqu’à l’union sexuelle (…) Une union totalisante implique de se donner réciproquement le temps, la maison, le projet personnel que chacun a pour sa propre histoire et même son propre corps », a expliqué le cardinal Fernandez, lors de la conférence de presse, insistant sur le fait que, « étant ainsi totalisante, cette union n’est possible qu’entre deux ».
Pour étayer cette position, la note relit longuement l’Écriture : les paroles de Jésus renvoyant à la Genèse (Mt 19,4), saint Paul reliant l’union des époux au mystère du Christ, les Pères de l’Église… La tradition orientale, citée notamment à travers le théologien contemporain Paul Evdokimov, est mobilisée pour décrire dans le couple une image de la communion trinitaire.
« Manifestation existentielle »
S’appuyant largement sur saint Thomas d’Aquin, la note rappelle encore que la monogamie correspond à « l’inclination naturelle » de la personne humaine et favorise une amitié plus profonde. Elle protège la justice et le bien des enfants, prévient les jalousies et les rivalités, dit encore le dicastère. Ainsi, l’union monogame n’est pas seulement présentée comme une norme morale : elle devient une « manifestation existentielle » de la communion divine. Tout mariage authentique suppose par conséquent « une amitié spirituelle et corporelle » qui ne peut être élargie à d’autres sans se dénaturer.
Reste que le document ne dit pas comment agir dans les situations concrètes liées à la polygamie : aux conférences épiscopales africaines donc d’en tirer elles-mêmes des orientations pastorales. Et, du point de vue de Rome, la même responsabilité vaut pour tous les autres évêques confrontés aujourd’hui à des formes d’unions non monogames. source
Juvénal de Lyon
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