« Clochemerle » (1948) de Pierre Chenal : chronique d’un village en ébullition

Affiche du film par Dubout, encre de Chine et aquarelle. Le film existe en DVD

🔵 À la redécouverte de Pierre Chenal

Pierre Chenal, de son vrai nom Philippe Cohen, est un réalisateur français né le 5 décembre 1904 à Bruxelles et décédé le 23 décembre 1990 à La Garenne-Colombes. Formé initialement dans un cursus scientifique et diplômé des Arts et Métiers, il débute sa carrière dans le cinéma en tant que dessinateur et concepteur d’affiches avant de passer à la réalisation.

Pierre Chenal s’impose dès les années 1930 comme un cinéaste majeur du réalisme français, notamment avec ses adaptations marquantes du roman noir. Son film Le Dernier Tournant (1939) est célèbre pour être la première adaptation du roman Le Faucon maltais, influençant durablement le genre du film noir à la française.

Film malchanceux d’un cinéaste malchanceux, il fut présenté au public au début de 1940, en pleine drôle de guerre. Les critiques étaient, pour beaucoup, sous les drapeaux, les journaux s’occupaient peu de cinéma, et il n’y eut guère d’articles. Après l’armistice, Chenal étant juif fut frappé d’interdit, et ses films avec lui. Pourtant « Le Dernier tournant » ressortit sous l’occupation, sans nom de metteur en scène, tout comme « L’Empreinte de Dieu » de Leonid Moguy ou « Les Misérables » de Raymond Bernard.

Sa carrière est caractérisée par une alternance entre films à suspense, drames sociaux et adaptations littéraires, souvent avec une atmosphère sombre et une grande rigueur narrative.

Après la Seconde Guerre mondiale, il continue à tourner, mais son nom est aujourd’hui moins connu du grand public, malgré une filmographie riche et une influence notable sur le cinéma français des années 30 et 40.

Il demeure une figure importante méritant une redécouverte pour comprendre l’évolution du cinéma français entre les deux guerres et juste après.

🔵 Clochemerle (1947) : un succès populaire

Célèbre roman récompensé dès sa parution en 1934 par le prix Courteline, « Clochemerle » est ici introduit en voix off par son auteur lui-même, Gabriel Chevallier.

Ce film de 1947, adapté du roman de Gabriel Chevallier, raconte la controverse dans un village du Beaujolais autour de la construction d’une vespasienne publique près de l’église, thème devenu une source de satire réjouissante sur les tensions sociales et culturelles de l’époque.

Dans un pays de viticulteurs, cet urinoir est bien pratique pour soulager les vessies masculines, mais insupporte les femmes vertueuses dont les fenêtres s’ouvrent sur la place, qui cachées derrière leurs rideaux, assistent à des « exhibitions » qu’elles jugent indécentes !

Mais le Beaujolais nouveau s’avérera le meilleur des remèdes et rétablira l’ordre, à sa manière…

🔵 On  prend encore un certain plaisir à revoir cette France d’avant. La distribution y est pour beaucoup : on compte au générique une quinzaine de grands seconds rôles du cinéma français des années 30 à 50. Pour une fois, Maximilienne, Armontel, Oudart, Brochard ou Jane Marken passent au premier plan et leurs visages familiers, dessinés par Dubout, ornaient les affiches du film en 1948.

Le film, volontiers grivois et sans nuances, tire son humour de ses excès et d’audaces de langage et de situation (ah, Saturnin Fabre !) qui seraient jugées inacceptables aujourd’hui. En témoigne le pâle remake télévisé de 2004 par Daniel Losset, qui a dû censurer tous les dialogues et situations scabreuses.

Odette Talazac et Judith Magre.

Simone Dupuis, dite Judith Magre, ou Simone Chambord à ses débuts : au passage, nous souhaitons un  bon anniversaire à notre chère actrice et chanteuse française, née le 20 novembre 1926 ! Quelle longévité !

Elle est, à ce jour, l’actrice française active la plus âgée après Brigitte Auber (née en 1925).

En décembre 2023, elle est signataire de la tribune « N’effacez pas Gérard Depardieu » visant notamment à défendre la présomption d’innocence de Gérard Depardieu. Chapeau !

Félix Oudart (Au cinéma, il figure dans plus de cent films entre 1919 et 1953) et Maximilienne (Son rôle le plus connu est celui de la vieille romancière dans L’Assassin habite au 21. Elle a aussi fréquenté la troupe d’acteurs marseillais de Marcel Pagnol : Raimu, Dullac, Charpin, Charblay, Robert Vattier…).

Les notables réagissent à cette provocation : unis autour du sabre et du goupillon, réussiront-ils à faire triompher la raison et à raser l’édicule ?

Si cet édifice est considéré comme un progrès pour les républicains de la commune, il n’en va pas de même des réactionnaires, emmenés par mademoiselle Putet (Maximilienne) – « une vraie jeune fille » – qui voient en cette vespasienne un outrage aux bonnes mœurs.

Orbal et Etienne Decroux 

Jack Gauthier et Mady Berry : le chaos augmente et la soldatesque est dépêchée sur les lieux. !

Simone Michels

Albert Malbert

Série de huit photographies d’époque en noir et blanc, sur papier épais, issues de la sortie britannique de 1949 du film français de 1948.

Et vive le Beaujolais nouveau ! 

Ecoutons Pierre Cassen sur la fête du Beaujolais nouveau ! Lien ici. 

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