Et si on passait la cinquième ? (Deuxième partie)

Les oiseaux aussi ont droit à leur intimité !

Avant de poursuivre le voyage en Tchéquie, je reviens sur les grandes cinquièmes du répertoire symphonique avec Tchaïkovski, Mahler, Sibelius et Chostakovitch. Concernant ce dernier, je vous propose son ouverture festive, interprétation 100% russe sous la direction d’un chef dont il est interdit de parler dans notre Europe des Lumières :

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C’est le 17 novembre 1888, à Saint-Pétersbourg, que fut créée la cinquième symphonie, op.64 de Tchaïkovski. Si l’accueil du public fut favorable, il n’en fut pas de même pour celui de la presse, au point que le compositeur en vint à douter de la qualité de son œuvre. Heureusement, en 1889 à Hambourg celle-ci reçut l’accueil qu’elle méritait. La cinquième symphonie est la seule des six symphonies de Tchaïkovski à posséder un thème cyclique revenant dans chacun des quatre mouvements, symbolisant la « providence » (source Wikipédia). Il existe une pléthore de versions disponibles sur YouTube et il a bien fallu faire un choix ! Il s’est porté sur une version 100% française, l’Orchestre National de France dirigé par Emmanuel Macron, non Krivine :oy!

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Au début des années 70, j’avais lu un article écrit par un critique musical présentant la cinquième symphonie de Mahler qui devait être donnée un peu plus tard dans une salle de concert parisienne, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas mâché ses mots, « une œuvre lourde, pleine de poncifs, de longueurs, de redites », du moins c’est dont je me souviens. À cette époque on était en pleine redécouverte du compositeur et de toute évidence « son temps n’était pas encore venu ». Je dois avouer que la dernière fois que j’ai visionné la symphonie, j’étais presque d’accord avec ce critique (dont j’ai oublié le nom en fait). Il faudra que je la revoie, avec Bernstein à Vienne ou Abbado à Lucerne ? Cette cinquième a été écrite en 1901-1902 et créée à Cologne le 18 octobre 1904 avec un succès très mitigé.

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Jean Sibelius, lui, écrivit sa cinquième en 1914 et la première eut lieu à Helsinki le 8 décembre 1915. Le compositeur remania l’œuvre à deux reprises, en 1916 et 1919. À l’origine elle comprenait quatre mouvements et Sibelius regroupa les deux premiers en un seul lors de la révision de 1916. Je l’ai découverte, un peu par hasard, en août 1975 au Festspielhaus de Salzbourg. J’avais réussi à tromper la surveillance du gardien pour m’introduire dans le bâtiment et après avoir erré un peu partout, je suis arrivé devant la loge du maestro (quelques autres personnes attendaient). Le maestro est sorti d’un pas décidé, baguette et partition à la main. Il nous a mené à la grande salle de l’édifice, où l’Orchestre symphonique de Londres était en répétition générale de la cinquième de Sibelius. Mince, je n’ai pas cité le nom du chef mais le voici avec l’Orchestre symphonique de Londres :

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C’était ma toute première rencontre avec le chef américain avec qui j’ai pu discuter après la répétition. On s’est revu trois semaines après à Paris lors d’un concert Ravel et on s’est serré la main.

Et maintenant avançons dans le temps jusqu’aux années 1930. La symphonie numéro cinq de Chostakovitch date de 1937 et fut créée à Leningrad le 21 novembre de la même année. Le compositeur essayait de rentrer dans les bonnes grâces de Staline. Il faut dire que depuis 1936, le compositeur avait été persécuté par l’Union des compositeurs soviétiques avant de devenir officiellement un ennemi du peuple ; en juin 1937 il est convoqué par le redoutable NKVD et ne doit sa survie qu’à l’exécution de l’officier chargé de son dossier. Toujours en 1937, beaucoup de proches de Chostakovitch sont exécutés ou meurent au goulag. L’attente constante du pire plonge le compositeur dans l’insomnie et la dépression. Il est hanté par des idées de suicide qui ne cesseront de le tourmenter toute sa vie, même après la mort de Staline. Et puisque j’ai évoqué la persécution dont Chostakovitch a fait l’objet, il me faut parler aussi de celle que subit actuellement le chef russe Valery Gergiev. Au motif que c’est un proche de Poutine, l’UERSS l’a déclaré « persona non grata ». Ce monstre qu’est l’UERSS qui se permet de donner des leçons de tolérance et de démocratie au monde entier mais qui ne les applique pas à elle-même, selon le principe du « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Pour en revenir à la symphonie de Chostakovitch, le succès fut immédiat et tant mieux ! Après l’ouverture festive, nous retrouvons Valery Gergiev à la tête de l’Orchestre Mariinsky, dans la salle Pleyel à Paris !

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RETOUR SUR LA CINQUIÈME DE TCHAÏKOVSKI : 

Sur YouTube, il existe une chaîne intéressante créée par Dave Hurwitz ; il décortique des œuvres du répertoire classique et nous donne des conseils sur les versions qu’il faut posséder…ou pas. Dans le cas qui nous occupe, il cloue au pilori la version Bernstein de 1990 avec le New York Philharmonic. Le chef américain avait déjà enregistré la symphonie en 1960 avec le même orchestre. En 1960 son interprétation durait 47’30 » pour 52’56 » en 1990. Je pense qu’il est intéressant de connaître les deux versions pour comprendre l’évolution de la direction de Lenny. Mais d’abord, ce qu’en pense Dave Hurwitz (sous-titres français disponibles) :

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Voici la version Bernstein de 1960, jouée sur microsillon :

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Et trente ans plus tard :

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Pour le prochain article, on se retrouvera en Tchéquie.

Filoxe

 

 

 

 

 

 

 

 

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1 Commentaire

  1. Bonjour Filoxe heureux de te retrouver.ah Rudolf Kempe quel chef! Il nous à laisser un splendide lohengrin des plus poétiques interprétés par Jess Thomas. Il y a aussi la cinquième de Mendelssohn dite » reformation » composée pour fêter la réforme luthérienne, moins connue, mais intéressante car elle marque un tounant dans l’oeuvre du compositeur.
    https://youtu.be/pNRMSb1hoLw?si=j8Mdw4OSWVwhHReM
    Et aussi une cinquième symphonie que tout le monde connaît, celle de Dvorak « la symphonie du nouveau monde » qui a été rebaptisée neuvième que bien plus tard! Bonne journée et bonne fin de semaine.