À ceux qui osent posséder l’eau courante et des toilettes : la macronie va augmenter votre taxe foncière

Dans le paysage fiscal français, déjà si fertile en paradoxes, une nouvelle absurdité pointe son nez. Sous les oripeaux rassurants d’une « modernisation » des bases cadastrales, la taxe foncière s’apprête à sévir contre 7,4 millions de foyers à partir de 2026. Leur crime ? Avoir eu l’outrecuidance de s’équiper de ce que le XXIᵉ siècle considère comme un confort de base : l’eau courante, l’électricité ou des toilettes.

Le mirage de la modernisation

Le ministère de l’Économie ne s’en cache qu’à demi : une révision des fichiers de la Direction générale des Finances publiques (DGFiP) va intégrer des critères de « confort » jusque-là ignorés. Le procédé est d’une ingéniosité déconcertante : le simple raccordement à l’eau équivaudra désormais à une surface habitable supplémentaire de 4 m² ; l’électricité, à 2 m². Quant aux WC ou à une baignoire, ils feront flamber la valeur locative cadastrale. Derrière ce vernis technocratique se cache une réalité moins glorieuse : une hausse moyenne de 63 euros par an pour les ménages visés, offrant à l’État un pactole de 466 millions d’euros. Les principales victimes de cette chasse aux équipements ? Les logements anciens, souvent ruraux, dont les propriétaires avaient négligé de déclarer des installations pourtant vieilles de plusieurs décennies.

Le bon sens fiscal en berne

Cette opération, présentée comme un alignement sur la réalité, s’apparente en réalité à une réécriture rétroactive des règles du jeu. Pourquoi soudainement pénaliser ceux qui ont amélioré leur cadre de vie, souvent avec des moyens modestes, il y a fort longtemps ? En métropole, on estime que 25 % des maisons et 15 % des appartements seront impactés, touchant particulièrement les biens les moins cossus. L’image est saisissante : une maison rurale dont la salle d’eau a été bricolée il y a vingt ans se voit taxée comme une propriété de standing, sans le moindre rapport avec sa valeur marchande actuelle. Le progrès devient ainsi un délit fiscal.



Une contestation promise à un bel avenir

La mesure, dont le caractère fallacieux n’échappe à personne, suscite déjà des levées de boucliers. L’arbitraire est pointé du doigt : sur quelle base scientifique et économique repose cette équivalence en mètres carrés pour des installations devenues indispensables ? Le contribuable, lui, n’a d’autre choix que de se soumettre à cette correction rétrospective, sans égard pour ses contraintes budgétaires.

Les appels à la contestation se multiplient, mais les voies de recours s’annoncent labyrinthiques, décourageantes par essence. Cette réforme, qui frappe délibérément les classes moyennes et les territoires ruraux, attise un profond sentiment d’injustice. Dans un contexte où l’inflation et les charges énergétiques obèrent déjà le pouvoir d’achat, elle agit comme un cautère sur une jambe de bois.

Vers une fiscalité du non-sens ?

Au-delà du choc immédiat, cette affaire interroge la philosophie même de la taxe foncière. Héritage d’un système cadastral sclérosé, elle semble incapable de s’adapter sans générer de criantes iniquités. Si l’objectif affiché est de mieux refléter la réalité des biens, pourquoi ne pas avoir saisi l’occasion pour une réforme globale, incluant une baisse des taux ou une prise en compte des revenus ? Le choix a été fait, à l’inverse, d’une ponction ciblée et sournoise, punissant les « coupables » d’avoir rendu leur logement simplement habitable.

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2 Commentaires

  1. C’est pour quand la Taxe sur l’air qu’on respire ?
    Je ne me vois pas tout seul pour faire la Révolution, où sont les Français ?…