Le bel article de Jacques Martinez du 14 novembre a beaucoup plu à nos lecteurs et aux internautes en général. Nous relayons avec plaisir ce message posté sur Facebook par Philippe Bonifaci qui rejoint tout à fait la position de Jacques.
Philippe Bonifaci
Lettre ouverte à Alain Souchon.
Cher Alain,
Tu veux quitter la France en cas de victoire du RN, et tu l’annonces avec gravité, comme si tu proclamais l’ultime vérité du monde : s’ils passent, je quitte la France. Artiste engagé, toujours prompt à te draper dans la moralité, tu brandis la menace d’exil comme d’autres exhibent leurs décorations. On croirait entendre un héros tragique prêt à se sacrifier. Mais en réalité, tu n’es qu’une vedette qui tremble à l’idée de ne plus évoluer dans un décor politique à son goût.
Depuis tes salons bien chauffés, tu sermonnes, tu insultes presque, un pays que tu ne vois qu’à travers les vitres fumées de ta voiture avec chauffeur. Tu expliques au « peuple » ce qui est bon pour lui, toi qui ne subit ni les fins de mois difficiles, ni l’insécurité. Et maintenant, tu menaces de partir, comme si ton départ serait une perte historique, un drame national, un séisme culturel.
La vérité, c’est que personne ne retiendra celui qui ne tient à la France qu’à condition qu’elle épouse ses convictions.
Ton engagement ? Un costume. Ta parole ? Un coup de menton sans risque. Quitter le pays ? Tu en parles comme on annonce une tournée internationale, sans réaliser que ceux qui restent n’ont pas ce luxe. Tu te dis courageux, alors que ton geste n’a rien d’une résistance : c’est une fuite, tout simplement. Une fuite dorée, enveloppée d’une posture morale qui sonne faux.
Tu veux incarner une conscience politique mais tu ne supportes pas que la démocratie produise un résultat qui te contrarie. Quelle ironie : prêcher la tolérance, mais refuser le verdict de la majorité ; défendre la liberté, mais menacer de partir dès qu’elle ne sert plus tes idées. Tu as le courage de ceux qui ne risquent rien et l’arrogance de ceux qui croient que leur absence serait une punition pour le pays.
Alors pars, si tu le souhaites. La France survivra. Elle a connu plus grave que le départ d’un artiste qui confond convictions et caprices, engagement et confort, démocratie et idées personnelles. Ici, restent ceux qui vivent, travaillent, doutent, et continuent quel que soit le résultat des urnes. Ceux pour qui aimer la France ne dépend pas du nom inscrit sur un bulletin.
Alors va s’en crainte, personne ne te regrettera. Et si tu peux, emmène avec toi toutes celles, et tous ceux de ton acabit.
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