Je reçois ce jour, via dhimmi watch, une invitation à une visio conférence du M.A.K.
Avec Ferhat Mehenni (président du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie) et Charlotte Touati (historienne).
Le colonialisme djihadiste met aujourd’hui l’Afrique et le Moyen-Orient à feu et à sang. Pour sauvegarder leur identité culturelle, nos amis Kabyles vont proclamer pacifiquement l’indépendance de la Kabylie en décembre. Dans cette visioconférence, ils nous raconteront leurs souffrances, leur démarche et leurs espoirs. Les militants antiracistes, qui devraient les soutenir, sont aveuglés par les théories décoloniales qui réduisent le racisme à l’islamophobie et aux rapports de pouvoir issus de la colonisation occidentale. L’extrême gauche et une partie de la gauche sont-ils tellement inféodés à l’Algérie, qu’ils ne se mobilisent même pas pour la libération de Boualem Sansal ?
Inscription à la visioconférence gratuite https://dhimmi.watch/2025/11/11/colonialisme-islamique-et-effacement-identitaire-la-kabylie-une-visioconference-de-dhimmi-watch-le-18-novembre-2025-19h30-heure-paris/
Dimanche 14 septembre, le pape Léon XIV a honoré les martyrs du XXIe siècle lors d’une cérémonie œcuménique. Le souverain pontife a déjà exprimé son inquiétude concernant le regain de persécutions envers les chrétiens dans le monde ainsi que sa solidarité avec les fidèles opprimés et trop souvent oubliés. Les chrétiens d’Orient, de Chine ou d’Afrique subsaharienne vivent des heures dramatiques relatées parfois, quoique toujours trop sommairement, dans la presse. Il est toutefois une communauté privée de voix, celle des chrétiens de Kabylie. Et pourtant, aujourd’hui, à quarante-cinq minutes du Vatican et de la France, on opprime, on arrête, on torture des chrétiens pour leur foi dans un silence savamment construit.
Le 24 août, Mgr Vesco, cardinal et archevêque d’Alger, qui devrait pourtant être leur protecteur, a signé un appel dans Le Monde avec le recteur de la Grande Mosquée de Paris. Remplie de bonnes intentions et animée de principes auxquels toute personne guidée par la raison ne peut que souscrire, appelant à baser les relations entre l’Algérie et la France sur la fraternité, et ce dans l’optique de la paix, cette tribune finalement hautement politique témoigne d’une déconnexion de la réalité vécue au quotidien par les chrétiens de l’autre côté de la Méditerranée, tout spécialement en Kabylie. Loin de l’autosatisfaction lénifiante de Mgr Vesco, la situation des chrétiens, catholiques et protestants, des christianismes, y est dramatique.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, une cinquantaine de chrétiens, pour la plupart Kabyles, fait l’objet de poursuites judiciaires en Algérie pour « exercice de culte sans autorisation ». Pour mémoire, en novembre 2021, le pasteur Salaheddine Chalah, président de l’Église Protestante d’Algérie (EPA) est arrêté ; en septembre 2022 l’ONG catholique Caritas doit fermer ses portes ; le 27 novembre 2023, le pasteur Youssef Ourahmane, vice-président de l’EPA, est condamné à un an de prison en même temps que cinq fidèles condamnés eux à trois ans de prison. Et ce ne sont que les exemples les plus visibles, touchant des chefs de communauté, mais la terreur est quotidienne pour les fidèles.
Une bible dans une sacoche ou un prénom chrétien sont considérés comme du prosélytisme et peuvent mener en prison
Quarante-sept églises ont été fermées en Kabylie, peut-être davantage car il s’agit d’églises de maison. Cette réalité s’explique d’une part par la nature des communautés, protestantes réformées, mais surtout évangéliques qui suivent le modèle des premiers chrétiens qui n’ont pas à proprement parler de sanctuaires, leur culte n’étant pas centré autour d’un autel consacré. De l’autre, les autorités algériennes ont rejeté toutes les demandes pour ouvrir de nouveaux lieux de culte depuis 2006. Les offices se tiennent donc chez les fidèles. Et dans une logique kafkaïenne, les autorités algériennes ferment ces lieux, puisqu’il n’y a pas d’autorisation. « Ce sont des garages, des poulaillers, des écuries et des habitations anarchiques transformés en lieux de culte que nous avons fermés. La Constitution algérienne reconnaît la liberté de culte, mais dans le cadre et le respect de la loi », expliquent-elles.
La loi en l’occurrence, c’est l’ordonnance 06-03 de 2006 qui interdit tout ce qui pourrait « ébranler la foi d’un musulman ». Une bible dans une sacoche ou un prénom chrétien sont considérés comme du prosélytisme et peuvent mener en prison. Par ailleurs, le harcèlement professionnel et administratif est quotidien. Des enfants se sont vus privés de scolarité à cause de leur prénom, de même que des complications se présentent aux familles lors de décès. Des églises ont été prises d’assaut manu militari et des coups de feu tirés en présence de familles.
Le cas emblématique de Slimane Bouhafs
Seule une poignée d’églises catholiques a été maintenue (dont celle de Mgr Vesco), essentiellement fréquentées par des étrangers, travailleurs, expatriés, membres du personnel diplomatique. Leur influence est circonscrite, rien à voir avec le christianisme populaire de Kabylie. Cette région montagneuse du nord de l’Algérie plonge ses racines dans un substrat amazigh préislamique incluant des composantes juives et chrétiennes. Le propre du droit et de la démocratie kabyles est de garder le religieux à distance. Les marabouts restant hors de l’assemblée villageoise (Tajmaât) ne participent pas à la vie politique.
La religion est donc d’ordre privé, d’où une très grande tolérance exprimée par le serment kabyle Jmaâ Liman, « au nom de toutes les croyances », ce qui ne cadre pas avec la politique d’identité islamique d’État imposée par Alger. Les Kabyles de manière générale sont en permanence accusés de menacer l’unité nationale, a fortiori les chrétiens dont les offices sont vus comme autant de réunions séditieuses où l’on comploterait en kabyle.
Le cas de Slimane Bouhafs est particulièrement emblématique. Militant kabyle et chrétien, il est condamné en 2016 à deux ans de prison pour « offense au prophète » et « dénigrement du dogme et des préceptes de l’islam » en relation avec des publications sur Facebook. Libéré en 2018, il s’enfuit en Tunisie, où il obtient le statut de réfugié.
Il faut que les chrétiens de Kabylie se sentent soutenus par les athées, les musulmans et les chrétiens qui vivent dans l’Hexagone
Et le 25 août 2021, malgré son statut de protection de l’UNHCR, il est enlevé par les services secrets algériens et ramené en Algérie dans un coffre de voiture où il est alors placé en détention préventive pour « appartenance à une organisation terroriste » et « atteinte à l’intégrité du territoire national » en raison de ses liens présumés avec le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK). Le glissement politique est saisissant. Condamné à trois ans de prison, il est libéré en le 1er septembre 2024. Constamment menacé, lui et sa famille, il a interdiction de quitter le territoire et peine à subvenir à ses besoins.
Il faut que les Français sachent. Il faut que les chrétiens de Kabylie se sentent réellement compris et soutenus par les athées, les musulmans et les chrétiens qui vivent dans l’Hexagone et dans le monde entier. Comment ? Mettant en pratique leurs excellentes intentions explicites, M. Chems-Eddine Hafiz et Mgr Jean-Paul Vesco, pourraient appeler à délivrer les fameuses autorisations pour l’établissement des lieux de culte afin de permettre à chacun de vivre sa foi scellant ainsi une fraternité effective. La Conférence des Évêques de France – au discours souvent feutré et minimaliste – pourrait contourner la timidité politique de Mgr Vesco en répercutant d’une voix vigoureuse les faits ici rapportés, appelant à de rapides changements et à la libération des prisonniers de conscience. Il faut que le monde sache et en premier lieu sa Sainteté le pape Léon XIV que Mgr Vesco est un ami de l’oppresseur Tebboune, qu’il fréquente et qu’il a introduit au Vatican en sa qualité de cardinal et donc de conseiller du pape. En effet, le président algérien a été reçu le 24 juillet 2025 à Rome par Léon XIV… Comment ne pas entendre la dissonance entre le dessein politique de Mgr Vesco et son rôle de conseiller d’un pape protecteur des chrétiens partout dans le monde ? * Charlotte Touati, Dr ès Lettres et théologie, est professeur à l’université de Lausanne, et spécialiste des religions d’Afrique du Nord. Robert Redeker est agrégé de philosophie et auteur de Descartes : Le miroir aux fantômes (Le Cerf, prix des Rencontres Écossaises 2025).
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Ce n’est pourtant pas l’avis du Cardinal Jean Paul Vesco, archevêque d’Alger qui affirme les chrétiens catholiques en Algérie ne connaissent aucun problème.
Quant à l’Eglise protestante dite l’Eglise des Saints de derniers jours qui a trouvé un terrain favorable en Kabylie, elle est combattue partout dans le monde y compris au Maroc parce que son message est plus politique que religieux.
Bonjour,
Ah, l’admirateur de Tebboune est parmi nous, à nouveau !
France 2 (!!!), il y a quelques années, avait montré la situation abominable des catholiques en Algérie.
Vous vous f*** de notre g*** : France 2 a même montré, plus récemment, que la vente de bûches de Noël (!!!) , à Alger, était réprimée par vos copains.
Vous continuez, donc, à vous f*** de notre g*** mais vous allez constater , assez vite, que ce temps est fini …
Tebboune pas être content…