
Patrick Dewaere avec Lino Ventura et Pierre Granier-Deferre pendant le tournage du film « Adieu poulet », 1975 (lien de visionnage du film ici)
Pierre Granier-Deferre occupe une place singulière dans le paysage cinématographique français. Il a dirigé plus de 20 films entre 1968 et 1991, collaborant avec des acteurs majeurs comme Simone Signoret, Jean Gabin, Alain Delon et Philippe Noiret.
Né à Paris en 1927, marqué par une grave maladie dans sa jeunesse, il se tourne vers le cinéma après avoir envisagé d’autres voies, tel l’architecture ou la musique. Élève à l’IDHEC, il apprend le métier auprès de maîtres comme Marcel Carné, avant de se démarquer par une approche classique opposée à la Nouvelle Vague, mais sincère et respectueuse du public.
Un cinéma d’artisan et d’émotion
Pierre Granier-Deferre tourne dès 1961 « Le Petit Garçon de l’ascenseur », puis s’impose dans le paysage avec « La Métamorphose des cloportes » ou « La Horse », ses films s’ancrant dans le polar ou le drame avec une authenticité rare. Ce refus du spectaculaire ou de l’esbroufe fait de lui un cinéaste discret, presque pudique, préférant s’effacer derrière ses histoires et ses personnages plutôt que de s’exhiber en auteur théorique.
Le règne des grands acteurs et des adaptations littéraires

Lien de visionnage en ligne ici
Pierre Granier-Deferre excelle dans la direction d’acteurs et l’adaptation d’œuvres littéraires, en particulier celles de Georges Simenon. Il offre à des monstres sacrés comme Jean Gabin, Simone Signoret, Alain Delon, Romy Schneider ou Lino Ventura des rôles à la hauteur de leur talent – des personnages souvent fatigués, désenchantés, confrontés au déclin ou à la solitude.

Que ce soit dans « Le Chat », « La Veuve Couderc », « Le Train » ou « Adieu poulet », le cinéaste retisse le fil d’une France rurale, provinciale ou populaire, en pleine mutation, mais encore reliée à ses vieux rites et ses murs épais.

Sa “trilogie du regret” (« Le Chat », « La Veuve Couderc », « Le Fils ») creuse ce thème du bonheur d’hier et de la transmission silencieuse.

Récompenses
Considéré comme un « artisan du samedi soir », Granier-Deferre ne recherchait ni le coup d’éclat, ni la polémique. Sa discrétion se double d’une exigence technique et narrative qui lui vaudra le Prix Louis-Delluc pour « Une étrange affaire » en 1981, puis le César du meilleur scénario pour « L’Etoile du Nord » deux ans plus tard. Il consacre ensuite les dernières années de sa carrière à la télévision, notamment en adaptant plusieurs épisodes de « Maigret » avec Bruno Crémer, gardant intacte sa passion de la transposition des univers littéraires à l’écran.

Jean-Louis Trintignant et Romy Schneider dans « Le Train » de Pierre Granier-Deferre (1972)

Noyade interdite (1987) polar avec Philippe Noiret, Guy Marchand
Voici quelques compositeurs qui ont signé les musiques des films de Pierre Granier-Deferre :
Philippe Sarde – Le compositeur le plus récurrent de Granier-Deferre, collaborant sur de nombreux films dont Le Chat (1971), La Horse (1970), Le Train (1973), Adieu poulet (1975), et Une étrange affaire (1981). Sarde a créé des partitions mélancoliques parfaitement accordées à l’atmosphère des polars du réalisateur.
Georges Delerue – A composé la musique d’Un homme est mort (1972) et L’Albatros (1971).
Michel Magne – Pour Le Grabuge (1973).
Ennio Morricone – Le maestro italien a exceptionnellement travaillé avec Granier-Deferre sur La Cage (1975).
Les musiques de Philippe Sarde, en particulier, sont devenues indissociables de l’univers cinématographique de Granier-Deferre, renforçant la dimension nostalgique et sombre de ses films noirs.
Philippe Sarde – Pour Pierre (musique du film « L’ étoile du Nord »)

Disparu en 2007, Pierre Granier-Deferre laisse derrière lui une œuvre de plus de quarante films, reflet fidèle d’une époque où le cinéma savait encore prendre le temps de s’attarder sur les détails, les silences et les failles de l’âme humaine. Ceux qui visionnent aujourd’hui ses films retrouvent, le temps d’une histoire, l’atmosphère de la France d’avant, mémoire sensible et précieuse d’un certain art de vivre, et la lucidité d’un créateur qui n’a jamais renié la simplicité, la pudeur et l’émotion vraie en art

Pierre Granier-Deferre (droite) en compagnie d’Alain Delon pendant le tournage du Toubib en 1979.
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Maintenant le samedi soir on bouffe du navet avec des pubs qui n’en finissent pas et qui nous bouffe la moitié du filme. Ma télé est souvent fermé. Quand au ciné la place est de plus en plus chère et là aussi on bouffe de pub (20 mn) et avec les weshs weshs qui foutent le bordel, je n’y vais plus. L’époque du bon cinéma c’est fini.
Une époque hélas révolue. Le cinéma actuel, de la 💩. Et la plupart des acteurs et actrices actuels également. Merci Jules.