Après l’attaque par le Hamas en 2023
Comment la vie juive et le regard porté sur Israël ont changé en Allemagne
Jessica Brautzsch, MDR Aktuell
Depuis l’attaque d’Israël par le Hamas le 7 octobre 2023, l’antisémitisme en Allemagne a fortement augmenté. En particulier dans les écoles supérieures sont intervenus conflits et incidents. De plus, Israël est considéré d’un œil critique. Ce changement de position est également visible dans les discussions politiques et la prise de conscience par la population.
Reinhard Schramm est bouleversé. On perçoit dans la voix du président de la Communauté régionale juive en Thuringe à quel point les juifs ont été victimes d’hostilités depuis l’attaque d’Israël par le Hamas en 2023. L’atmosphère s’est détériorée de mois en mois. « Après une pitié initiale pour les juifs assassinés et enlevés est vite intervenu un revirement victime-criminels. Les juifs n’ont plus été pris en pitié pour leurs morts mais on les a fait passer pour des criminels », dit-il.
Au cours de ces derniers mois, les juifs ont été attaqués physiquement dans les universités, dans la rue et même à Erfurt, affirme Schramm. « Cette augmentation de l’antisémitisme comme résultat de ce 7 octobre est la chose la plus stupéfiante. »
Cette évolution est également confirmée par le récent rapport de la Rias, la Bundesverband der Recherche- und Informationsstellen Antisemitimus – Fédération des centres de recherche et d’information sur l’antisémitisme. En Thuringe, la fédération avait compté l’an passé quelque 400 cas d’antisémitisme visant Israël, soit 100 de plus que l’année précédente.
Antisémitisme dans les écoles supérieures
Le rapport de la Rias met l’accent sur les écoles supérieures à l’échelle fédérale. Là, il y a eu ces derniers temps particulièrement souvent des conflits et des incidents antisémites. À l’université de Halle, un point de contact en matière de racisme et d’antisémitisme avait été mis en place avec clairvoyance déjà peu de temps après le 7 octobre 2023. Depuis lors, aucun cas d’une certaine importance n’est effectivement connu dans cette université.
Et pourtant, Ellias Zarrad, coprésident du conseil des étudiants constate un changement de position par rapport à Israël : « Cela a changé dans la mesure où on remarque qu’on y jette un regard plus critique. Avant tout sur la méthode de guerre du gouvernement israélite et le gouvernement d’extrême-droite en soi. » On y ferait toutefois une différence entre le gouvernement et la population israélites.
Changement de traitement d’Israël dans la politique allemande
Ce comportement semble également avoir pénétré entre-temps le niveau politique le plus élevé. C’est ainsi qu’en mai, le Chancelier fédéral, Friedrich Merz, avait souligné lors d’une interview en table ronde être conscient de l’histoire allemande et vouloir exprimer une critique appropriée : « Si des limites sont franchies, là où le droit international humanitaire est violé, le Chancelier fédéral doit également se prononcer à ce sujet. »
Le changement de comportement par rapport à Israël a également frappé une étudiante de Leipzig au regard de l’histoire allemande. Elle-même a adopté déjà longtemps avant le 7 octobre une position propalestinienne. Pendant longtemps, elle était minoritaire avec cette opinion : « Ce n’est pas toujours très agréable, mais c’était simplement ce que je devais supporter », dit-elle. Entre-temps, l’image a changé. « Je crois que les gens ont compris que, si on veut tirer des leçons de l’histoire allemande – ce que nous devons –, il s’agit de s’opposer fondamentalement à tout génocide. »
L’étudiante fait référence à cet égard à une évaluation de la commission indépendante d’enquête du Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies. Elle-même a cessé ces deux dernières années de croire à une solution à deux États, dit-elle. Elle croit : Palestiniens et Israélites doivent trouver la paix ensemble dans un État commun.
Traduction de Jean Schoving pour Résistance républicaine
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