« En France, tout commence et tout finit par des chansons » ( Instrumentistes N° 19)

Des chanteurs qui célèbrent les musiciens qui les accompagnent, il y en a depuis toujours, et souvent en imitant l’instrumentiste à l’aide d’onomatopées. Il en est une, très ancienne, que seuls les enfants chantent encore : « Trois jeunes tambours ». Ce fut, à l’origine, la création anonyme de fantassins de l’armée de Louis XV, sans doute après la victoire de Fontenoy, en 1745. Elle demeure une chanson faite pour la marche. Colette Renard l’interprète, à sa façon, moins martiale, en 1958.   

YouTube

 

Tout aussi naïf en apparence, « Le trompette en bois » est un succès durable de Georges Milton, dont le double sens échappe aux enfants de l’époque : ils adorent la chanter, à tue-tête, innocemment ! Il avait enregistré la première version de cette chanson en 1925 (1924 (paroles de Lucien Boyer et musique de Vincent Scotto). Le voici, qui la chante encore, à l’âge d’être grand-père, en 1964 :

YouTube

 

Succès de Lucienne Delyle en 1940, « L’orgue chantait toujours » fait de l’orgue de Barbarie, déjà un peu désuet, le fond sonore lancinant des idylles nées dans la rue… et les poursuit jusqu’à leur dénouement.

YouTube

 

La même année, L’accordéoniste chanté, d’abord dans les cabarets, par Édith Piaf, met en valeur celui qui est alors l’instrumentiste virtuose des bal populaires, un de ces rois de la valse, du tango, de la java, de la valse musette… Michel Emer, auteur et compositeur, signe là un morceau mémorable : il nous transmet le frisson ressenti par tous les danseurs du dimanche, en imaginant que cette exaltation musicale est la seule extase d’une fille qui en est privée. Ce réalisme un peu appuyé, sonne pourtant vrai, du moins pour ceux qui sont sensibles aux ressources émotionnelles de cet instrument!

YouTube

 

En 1956, quand Gilbert Bécaud crée « Le pianiste de Varsovie » en complicité avec Pierre Delanoë (paroles), tout le monde ne sait pas qu’ils évoquent le pianiste juif Władysław Szpilman, rescapé du ghetto de Varsovie, connu par ses mémoires (publiées en 1946, republiés en 1998) et surtout aujourd’hui par le film de Roman Polanski « Le pianiste » (2002).

YouTube

En 1964, lorsque Georges Brassens a été proposé pour la Légion d’honneur (chevalier), il a refusé cette distinction, se dérobant à cette consécration officielle, estimant sans doute que « son LA se mettrait à gonfler » comme le chante « Le petit joueur de flûteau ». Modestement ? Irrévérencieusement ?

YouTube 

 

Lorsque Michel Jonasz, enregistre “La boîte de jazz” en 1985, il rencontre un énorme succès par son évocation, certainement autobiographique, des lieux devenus confidentiels, où se rencontrent, sans se concerter, les initiés du jazz, pour faire le « bœuf », improvisation codifiées autour des standards de leurs idoles.

YouTube

 

Devenu Johnny, le Jean-Philippe Smet adulé de 1964 n’était-il pas obligé de chanter « Ma guitare » ? Le chanteur ne sera pas vraiment reconnu comme instrumentiste, même si son réel talent de guitariste se manifestera occasionnellement par la suite. Il montrera également qu’il valait mieux, en tant qu’acteur, que le fade cow-boy camarguais du film « D’où viens-tu Johnny ?» qui enthousiasma ses premiers fans. La chanson signée Johnny Hallyday, Jil et Jan et Eddie Vartan, faisait partie du prêt à porter qu’on lui avait confectionné et dans lequel il se glissait lui-même, comme un Elvis en simili-cuir.

YouTube 

« La petite fugue » de Maxime Le Foresier 1974, sur une trame qui n’est pas sans rappeler « La petit cantate » de Barbara, parodie élégamment le style contrapuntique de Jean-Sébastien Bach ; c’est pourtant une création authentique, fruit de la solide formation classique du chanteur. Il l’exécute ici en direct, sans prétention, et sans apprêt, tandis que Nana Mouskouri lui prête un instant sa voix d’ange.

YouTube

 

« Le violon de mon père » a été coécrit par Enrico Macias et Jacques Demarny, avec une musique composée par Martial Ayela et Enrico Macias lui-même. Son père, comme son oncle, étaient, tous deux, des instrumentistes réputés de la musique dite «arabo-andalouse ». Les archives conservent trace de cette chanson qui réunissait le fils et le père, en l’absence de l’oncle, Cheikh Raymond, assassiné en 1961.

YouTube

 

Jean Hummery est l’auteur-compositeur de plus de 800 chansons, bien qu’il soit peu connu. Dans le métier, il est l’un des premiers à avoir façonné ses albums à la maison, dans un “home studio”, comme Le temps d’aimer (1978), Le monde n’est pas à ma taille (1980)Chansons pour passer une bonne journée (2010), Sans doute (2011), Boucler la boucle (2016), Derrière les étoiles (2024) . Voici, en hommage à l’instrument le plus humble, celui qu’on emporte partout, « Monsieur le joueur d’harmonica » (2016) :

YouTube

 19 total views,  18 views today

image_pdf

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


1 Commentaire

  1. Merci Agathe, il y a énormément de chansons qui parlent des instrumentistes , j’ en cite quelques une:
    Vicky Leandros : chante biuzouki
    https://youtu.be/OaUtEMq4-iE?si=mPNJ17BiNfLX9tQf
    Enrico Macias: oh guitare guitare
    https://youtu.be/2ZaD7QgTLYs?si=7bz4ZUAL6T4CsWco
    France Gall: il jouait du piano debout
    https://youtu.be/7l7eXx_8DHY?si=w85jjE3TMRKSQIz2
    Nana Mouskouri: petit tambour du roi
    https://youtu.be/gK2sp4az0Ac?si=cws0hXifIMKsmMdH
    Il y a aussi pas mal de chanson de Bourvil qui parle du sujet. Je rajoute aussi un titre « hors concours » car le titre est anglais mais c’est une des plus belle chanson d’amour entre un musicien , son instrument et son public c’est une chanson des Beatles composée par Georges Harrison avec le solo guitare joué par Eric Clapton : While my guitar gently weeps
    https://youtu.be/bI8P6ZSHSvE?si=L9wgwzDIE50Ie9uw
    Bonne journée.