En 1792, alors que La France vient de déclarer la guerre à l’Autriche, Rouget de l’Isle est officier du génie militaire dans l’armée du Rhin. Créée en 1791, l’armée du Rhin était chargée de défendre la frontière orientale de la France. Le jeune officier compose, sur commande du maire de Strasbourg, en une nuit d’avril 1792, un Chant de guerre pour l’armée du Rhin. En juillet 1792, répondant à l’appel adressé aux civils de tout le pays, un bataillon de volontaires monte, à pied, de Marseille à Paris, en chantant cet hymne, à pleine voix de méridionaux. Sur leur route, on les acclame, on les fête. On appellera désormais la chanson venue de Strasbourg, « La Marseillaise ». L’hymne, devenu national en 1795, comprenait ces 7 couplets :
Ajouts et parodies par dizaines furent crées au fil du temps, au service de telle ou telle cause[1]. En 1848, le pré-féminisme revanchard a la sienne, écrite par Louise de Chaumont, c’est La Marseillaise des cotillons » :
Le « Chant des partisans » a été crée par Anna Marly, née russe et devenue française . Elle avait rejoint Londres dès 1940. Parmi les Forces françaises Libres, elle est à la fois cantinière et, avec sa guitare, animatrice de concerts pour les troupes alliées. C’est dans ce cadre qu’elle compose une chanson de combat dont les paroles sont d’abord en russe. Maurice Druon, et Joseph Kessel signent, en 1943, la version française, devenue le symbole de la Résistance ; elle est ici chantée par Anna Marly elle-même :
On peut apprécier aussi la version à succès des Stentors, groupe de chanteurs d’opéra composé du baryton Vianney Guyonnet et des ténors Mowgli Laps et Mathieu Sempéré (clip de2013),:
On leur doit également en 2022, une belle version de « La complainte du partisan », composée en 1943 par la même Anna Marly, avec une mise en français par Emmanuel d’Astier de la Vigerie, résistant et journaliste français.
Léonard Cohen avait fait de la version anglaise un succès mondial en 1969. Les paroles sont du parolier américain Hy Zaret (plus connu pour avoir écrit Unchained Melody (immortalisée par The Righteous Brothers en 1955).
En 1961, Léo Ferré, met en musique « l’Affiche rouge« , poème écrit par Aragon (1943), qui lui-même cite la dernière lettre de Missak Manoukian à sa femme, Mélinée. La chanson rend hommage aux résistants de France, les membres du groupe Manoukian et aussi l’anonyme qui, au bas de l’affiche qui les vouait à l’opprobre, a osé griffonner, à l’intention des foules du métro : « Morts pour la France ». Un signe qui chuchotait à chaque patriote qu’il n’était pas seul et que son espoir couvait dans d’autres coeurs, français ou amoureux de la France.
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En 1985, Jean-Jacques Goldman, avec « La vie par procuration », nous parle, au contraire, d’une vie résignée à l’inaction, pour nous inciter à ne pas s’y enliser, nous secouant avec énergie mais empathie aussi. C’est ça un auteur.
« Résiste », la chanson de Michel Berger est sortie en 1981, puis a été réenregistrée et réorchestrée par France Gall pour son album France (1996). Les commentateurs peuvent toujours y voir un combat « féministe » ou « anticapitaliste », il n’en est rien… ou tout à la fois ce qu’on voudra car il s’agit, plus simplement et plus profondément, d’un cri instinctif, d’un élan vital vers la liberté ! L’enregistrement qui suit, de piètre qualité, rend mal l’effet de ce titre en concert à l’époque. Il séduisit des centaines de milliers de Français. Hasard ?
En 2003, Florent Pagny, avec une chanson de Lionel Florence et Pascal Obispo touche en plein cœur le Français de toujours, râleur, vaincu en apparence dans les périodes où il semble céder à un système fiscal trop écrasant pour lui, mais toujours jaloux de la dernière arme qui pourra le sauver, sa « Liberté de penser ». Chanson de l’année en 2004, hasard encore ?
Lors de la révolte des Gilets jaunes (2018), quelque chose résiste sourdement et parfois à haute voix. Révolte, Révolution, Récupération ? « Gilet jauné » de Kopp Johnson, livreur-camionneur, a atteint 16 millions de vues. Il en parle avec simplicité : https://youtu.be/CQN-NGHLgpk
La Cagoule, le rappeur cagoulé français le plus connu, celui qui est le plus suivi sur les réseaux sociaux a parodié « Djadja », le succès d’Aya Aya Nakamura. Il a cumulé 4,4 millions de vues, avec « Ho, Macron ». Hasard toujours ?
Et le même a récidivé en 2021 avec « Macron démission » :
N’oublions pas qu’en France tout commence par des chansons…
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[1] L’Internationale, à l’origine, se chantait sur l’air de La Marseillaise, Léo Taxil a écrit La Marseillaise anticléricale, Séraphin Cordier a écrit La Nouvelle Marseillaise des mineurs et, au Carnaval de Paris, on chanta jadis, pour rire, La Marseillaise de la Courtille.
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