Avec: AFP
L’eurodéputé LFI, longtemps vitrine de choix de l’Algérie, est devenue la cible privilégiée du régime et de ses relais médiatiques. En cause, la distinction nette qu’elle établit entre la cause palestinienne et le «combat» pour une pseudo-Rasd (République arabe sahraouie démocratique). Au passage, elle dynamite des décennies de storytelling algérien, ce qui lui vaut procès en trahison, lynchage et menaces en règle. (Par Tarik Qattab, le 24/08/2025)
Il n’aura suffi que d’une phrase, lancée à propos du Sahara occidental, pour qu’Alger retourne brutalement ses armes contre celle qu’elle bichonnait jusque-là comme sa protégée et sa voix attitrée en France:
Rima Hassan. «Il faut vraiment arrêter de comparer la Palestine à la question du Sahara», lâche-t-elle le 21 août dernier sur Instagram, jetant un pavé dans la mare.
Le député européen de LFI, incarnation des positions les plus extrêmes d’un parti ultra radical, s’était imposé comme la voix incontournable de la cause palestinienne à Paris comme à Bruxelles. Mais Rima Hassan, c’était aussi, et surtout, le relais zélé des thèses algériennes sur le Sahara, ce séparatisme qu’elle avait fait sien. La preuve, en pleine campagne des européennes, le 9 juin 2024, elle paradait à Paris avec des membres du Polisario, keffieh palestinien autour du cou. Un parti pris clair. Sauf que tout cela semble désormais appartenir au passé.
L’appel de Rima Hassan à séparer la cause palestinienne de la thèse séparatiste a eu l’effet d’un couperet. Elle a signé son propre arrêt de mort politique aux yeux d’un régime qu’elle s’était pourtant appliquée à flatter sans relâche. À peine élue en juillet 2024, c’est à Alger qu’elle choisit de faire son premier déplacement officiel en tant qu’eurodéputé, ressuscitant un slogan poussiéreux des années 1960. («La Mecque des révolutionnaires et de la liberté est et restera Alger»). Mais l’égérie d’hier est devenue l’ennemie du jour. Naguère portée aux nues, Rima Hassan est aujourd’hui vouée aux gémonies par le pouvoir algérien, ses médias aux ordres et ses escadrons numériques.
Le «crime» du député insoumis arrive qui plus est au lendemain d’une sortie, le 20 août sur le même Instagram, où elle livre une analyse du Sahara d’une nuance inattendue. Hassan y reconnaît qu’avant la colonisation, «les tribus arabes et berbères sahraouies sont liées au Royaume chérifien et à l’Empire almoravide (qui s’étendait sur la Mauritanie actuelle)», par des liens «culturels, religieux et même économiques».
Elle rappelle aussi que «plus de 300.000 Marocains et Marocaines volontaires et non armés» ont participé à une marche «pacifique» pour le Sahara, souligne que l’option référendaire pose «problème» puisqu’«à ce jour il n’y a toujours pas consensus sur la liste des électeurs», et note enfin que «ces dernières années, le Maroc a investi une dizaine de milliards d’euros dans ce territoire (services publics, écoles, université, énergies renouvelables, infrastructures, tourisme, etc.)».
Une tiédeur insupportable pour Alger, mais qui suffit à faire basculer la pasionaria du statut d’icône à celui de paria. Si, à chaque argument avancé, Rima Hassan oppose tantôt la version du Polisario, tantôt celle de son parrain algérien, son effort apparent d’objectivité lui vaut aujourd’hui le bûcher aux yeux d’un «Système» qu’elle s’échinait encore hier à défendre bec et ongles. Ce qui fait hurler Alger n’est pas tant son rappel factuel, et somme toute banal, que la ligne rouge qu’elle ose tracer: distinguer, séparer, nuancer. La Palestine est une chose. Le Sahara en est une autre. Crime impardonnable.
Dans la tempête, les relais habituels du régime s’activent. Le site Algérie patriotique, porte-voix d’un clan de généraux, brandit l’accusation suprême: Hassan «roule pour les services marocains». Et d’ajouter, dans une comparaison aussi outrancière que grotesque: «C’est comme si un sioniste justifiait la conquête des terres palestiniennes au détriment des droits inaliénables du peuple palestinien». L’attaque, évidemment, ne s’arrête pas à elle. Son «boss marocain»– comprenez Jean-Luc Mélenchon– est également cloué au pilori, tout comme l’ensemble de LFI. Décidément, même les Français les plus alignés sur Alger n’échappent pas aux insultes dès qu’ils osent dévier d’un millimètre. Le discours de propagande est rôdé. «La déclaration récente de Rima Hassan n’est pas anodine. Elle a été mandatée pour parler aux Algériens. Tout le cirque pro-algérien de LFI a un seul but: séduire la communauté algérienne en France tout en imposant un agenda politique calculé. Le message est limpide: nous défendons l’Algérie dans les médias et à l’Assemblée nationale, mais le Sahara Occidental est marocain».Une autre voix du régime, La Patrie News, va jusqu’à affirmer que «Mélenchon sacrifie son égérie pour amadouer le Makhzen et (bien sûr, NDLR) l’entité israélienne». «Le mec, ne l’oublions pas, est né au Maroc», précise-t-on. Le refrain tourne en boucle dans les colonnes du site militaire. Et quand ce n’est pas Algérie patriotique, c’est Algérie Gate qui enfonce le clou, traitant le député Hassan de «caméléon», insulte suprême dans la culture arabe, accusée d’avoir «trahi» la cause… sahraouie, évidemment
PATRIOTES ALGÉRIENS
@dzpatriotsFR
Sur les réseaux sociaux, la curée est encore plus violente. Les «mouches électroniques» algériennes, unique réussite tangible du duo Tebboune-Chengriha, déversent leur fiel sans retenue. Pour elles, Rima Hassan doit absolument tout à l’Algérie: sa carrière, son ascension, jusqu’à sa notoriété. Et gare à l’ingrate qui «oublie que c’est la communauté algérienne qui a propulsé ce néant au sommet». L’insulte redouble. On promet de la renvoyer «d’un trait de plume» dans «les égouts de Paris pour y retrouver les rats de la capitale française». La grande classe, en effet. Le régime brandit également la menace de sortir le linge sale de celle qu’il a lui-même sponsorisée, manière brutale de rappeler qu’en Algérie, même les voix discordantes ne sont tolérées que tant qu’elles récitent à la virgule près le catéchisme officiel.
Malgré elle, Rima Hassan a commis l’irréparable.
Elle a dynamité des décennies de storytelling; le mythe algérien s’échinait à faire croire que la Palestine et la pseudo-Rasd (République arabe sahraouie démocratique) partageaient un destin commun. Elle a brisé le mythe fondateur, celui que le régime a martelé jusqu’à l’absurde en alignant une lutte légitime pour un État palestinien avec le simulacre grotesque d’un «combat» sahraoui pour une république qui n’a jamais existé ailleurs que dans l’imaginaire de ses inventeurs. Cette manipulation est dans l’ADN d’Alger. Elle remonte à Houari Boumédiène lui-même, qui, dans un geste d’un cynisme confondant, avait ordonné de plagier le drapeau palestinien pour bricoler le chiffon du Polisario. Les seuls ajouts? L’étoile et le croissant… directement piochés sur le drapeau algérien. Depuis, rien n’a changé, si ce n’est que la cause palestinienne continue d’occuper la scène internationale, tandis que la propagande surannée sur «l’autodétermination du peuple sahraoui» n’a plus d’écho que dans les communiqués creux des apparatchiks du régime. En réalité, le «crime» de Rima Hassan n’est pas d’avoir pris position, mais d’avoir fissuré le décor de carton-pâte qu’Alger s’acharne à brandir depuis des décennies. En distinguant la Palestine du Sahara, elle a détruit l’illusion soigneusement entretenue d’un parallèle historique et moral qui n’a jamais tenu debout. Depuis, la supercherie n’a guère évolué. Si même Rima Hassan en vient à la contester, c’est qu’elle a méchamment vieilli.
Mais qu’on ne s’y trompe pas. Entre la Palestine et la chimérique Rasd, Alger a depuis longtemps choisi son camp. La cause palestinienne n’est qu’un alibi, un décor commode pour servir de rampe aux obsessions très locales du régime, celles d’un impossible État sahraoui. Comme le souligne Le Point dans son analyse consacrée à «La bataille d’Alger (perdue) de Rima Hassan», «Entre le Sahara et Gaza, l’Algérie a ses priorités stratégiques, qui ne coïncident pas avec les priorités cosmétiques de la cause palestinienne défendue par Rima Hassan».
Là est la bévue majeure du député LFI, avoir cru que la Palestine était réellement au cœur des préoccupations algériennes. En vérité, elle n’est qu’un instrument, un bouton de diversion pour apaiser la rue en colère ou un chiffon brandi au Conseil de sécurité. Rien de plus. Sa seconde erreur? Penser que l’allégeance à Alger pouvait être modulable, négociée, nuancée. Illusion fatale. Comme le rappelle Le Point, «Alger exige une vassalité entière, sans nuance. Sa Mecque révolutionnaire réclame fidélité totale, pas seulement sympathie intellectuelle». Le sponsoring algérien a un prix: une soumission absolue. Au moindre faux pas, on coupe les vivres, on déclenche la meute médiatique et on lâche les bataillons numériques sur les réseaux sociaux. Rima Hassan l’a appris à ses dépens.
Source :
N.B.: Sujet cornélien pour Mélenchon ! Quelle est sa position sur le Sahara (RASD) Marocain ou Algérien ? Qui osera lui poser cette question gênante pour son électorat islamique ? Oui, quel journaliste ?
Pcc : Juvénal de Lyon
71 total views, 71 views today
rima la nulle a perdu son masque ?? les algeriens sont moins …. que nous qui en avons fait une i conne !!
Merci pour ces informations et leur analyse, Juvénal de Lyon!
Merci pour cet article très étayé et In Fine très nuancé
La figure mythologique de Rima Hassan commence à se fissurer de l’intérieur
C’est la meilleure décomposition que nous puissions lui souhaiter !
Bah elle peut toujours remonter au nord où elle est adulée.
https://www.fdesouche.com/2025/08/22/belgique-les-etudiants-de-la-promotion-2025-de-la-faculte-de-droit-et-de-criminologie-de-lulb-ont-choisi-le-nom-rima-hassan/
qu’elle retourne en croisière avec sa bande d’escrocslogistes
Oui, je pense que les poubelles de l’histoire l’attendent – PLUS UTILE